Lou Reed

Pour les 20 ans des Vieilles Charrues, les organisateurs ont vu gros : Scorpions, Snoop Dog, Pulp, David Guetta, Cypress Hill, Supertramp, Pj Harvey, les Chemical Brothers, Lou Reed... Et j'en passe. Il y a à boire et à manger, cela ne s'arrangeant pas au fil des éditions. Pour ma première visite à Carhaix, le dimanche me paraît être le jour du moindre mal afin de découvrir cette grosse machine bretonne. 18h l'heure de la soupe et Lou Reed débarque sur la grande scène Glenmor. Le visage marqué, pas vraiment à l'aise dans son blouson en cuir synthétique et ses baskets toutes neuves, il entame "Who Loves The Sun". On s'aperçoit bien vite que ses 70 ans sont une réalité et que sa voix certes identifiable a elle aussi pris un coup. Le set sera alors de l'ordre de la compassion, pas plus. L'air absent, un œil toujours vissé à son prompteur, sa guitare en collier, fétiche de ses gloires passées ("Sweet Jane" sera une des seules honorées correctement), le père Lewis déchiffre son texte tant bien que mal, passant les titres des Velvet et les siens comme s'il était mis à l'épreuve. Il abat sa main de temps en temps, brassant l'air comme s'il avait quelconque contrôle sur le backing band irréprochable, avec un "Venus in Furs" exaltant. Sa reprise de John Lennon lancinante n'améliore pas l'idée de voir un papi boire lentement la tasse, vidé de toute force. Seule "Ecstasy" fait son petit effet, par pure nostalgie. Ma déception est proportionnelle à mon respect pour cet homme. Lou Reed a perdu sa superbe et ne brillera plus qu'au panthéon des artistes de sa génération... sur vinyles.