Lou Reed
Take No Prisoners |
Label :
Arista |
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Troisième live du bourdon à lunette noire qui suit les prestations déjà imprimées sur Street Hassle. Même formation géniale avec un saxo alto et un trio de chanteuses qui rajoutent une touche B52's sous valium à l'ensemble. Lou Reed tient la guitare, chose qu'il n'avait pas faite depuis très longtemps. On reconnait sa saturation très grasse, son jeu tout sauf bavard. Take No Prisoners (qui peut se traduire par "pas de quartier"), restitue une série de concerts donnés entre le 18 et le 21 mai 1978 au "Bottom Line", petit club cradingue de Greenwich Village, en plein New-York. Bref, Lou Reed est chez lui et se retrouve face à un petit public avec lequel il peut faire le clown et irradier comme lors des prestations intimistes des Velvet Underground 10 ans plus tôt. Cet album est le dernier du Lou Reed défoncé et maigre comme un phasme. Bientôt il fera une psychanalyse, se désintoxiquera, ce qui est tant mieux pour lui, mais beaucoup moins bon pour la musique (l'atroce Growing Up In Public de 1980). Ici c'est un chant du cygne, le Lou Reed de toujours va mourir.
Take No Prisoners est toujours présenté comme le confessionnal de Lou Reed où il parle, parle et parle encore, enchainant les sketches comme Lenny Bruce. Cette description peut en faire fuir plus d'un mais le double album renferme des perles trop souvent ignorées et qui méritent d'être considérées.
Lou Reed, comme à son habitude, démarre avec "Sweet Jane" après avoir insulté l'assistant parce qu'il avait placé le micro trop bas, insulté Patti Smith ("Radio Ethiopa"? Here it's Radio Brooklin!"), puis mouchardé le public très excité. Le son du groupe est très heavy, saturé, mais brut à la Velvet et loin des gammes pentatoniques d'Ian Hunter et sa moustache (et ses bagues en plus). Puis Lou Reed lance une version sulfureuse (et supérieure à celle de Street Hassle) d' "I Wanna Be Black". Lou y prend un bon solo puis enchaine une série de réflexions gerbantes qui font marrer un public très réceptifs à ce genre de saletés. Ensuite c'est tout simplement une succession de moments sublimes: "Satellite Of Love", "Pale Blue Eyes", "Berlin" et "Street Hassle", de longues versions, toutes submergées d'une tension nerveuse supérieure aux originaux. Le public s'en prend plein la gueule. Lou Reed hurle, sa guitare est puissante, le groupe joue sérieux. Ces versions sont indispensables, elles rajoutent une dimension nouvelle aussi essentielle que "Rock'n'Roll Animal". Les refrains sont tous cathartiques au possible! Lou Reed est au meilleur de sa forme. L'ironie se trouve dans les discours, et en tant que chanteur il donne tout son jus.
Mais le clou de cet album reste l'interprétation d'"I'm Waiting For My Man" de 10 minutes, joué comme un blues très lent. Le ton baisse, baisse pour ne laisser que la basse et la batterie, et Lou Reed qui chuchote, sa voix s'éraille, il baisse le ton, son chant se concentre à la manière d'un Morrison avant la tempête... La tension est si prégnante que le public gueule. Un homme hurle "Rock'n'Roll Heart!", Lou Reed répond "Jesus..." de son ton acide puis répond : "I'll sing when you shut up"... le public explose, heureux d'entendre Lou Reed devenir amer, puis tout le monde se tait et obéit. Lou Reed ouvre le morceau sur "Temporary Thing" de "Rock'n'Roll Heart" et fais monter la musique, ça swingue, c'est génial, l'énergie rappelle "I Cant' Stand It".
Take No Prisoners est le live favoris de Mick Jagger. C'est vrai que je le vois mal faire un truc pareil!
Take No Prisoners est toujours présenté comme le confessionnal de Lou Reed où il parle, parle et parle encore, enchainant les sketches comme Lenny Bruce. Cette description peut en faire fuir plus d'un mais le double album renferme des perles trop souvent ignorées et qui méritent d'être considérées.
Lou Reed, comme à son habitude, démarre avec "Sweet Jane" après avoir insulté l'assistant parce qu'il avait placé le micro trop bas, insulté Patti Smith ("Radio Ethiopa"? Here it's Radio Brooklin!"), puis mouchardé le public très excité. Le son du groupe est très heavy, saturé, mais brut à la Velvet et loin des gammes pentatoniques d'Ian Hunter et sa moustache (et ses bagues en plus). Puis Lou Reed lance une version sulfureuse (et supérieure à celle de Street Hassle) d' "I Wanna Be Black". Lou y prend un bon solo puis enchaine une série de réflexions gerbantes qui font marrer un public très réceptifs à ce genre de saletés. Ensuite c'est tout simplement une succession de moments sublimes: "Satellite Of Love", "Pale Blue Eyes", "Berlin" et "Street Hassle", de longues versions, toutes submergées d'une tension nerveuse supérieure aux originaux. Le public s'en prend plein la gueule. Lou Reed hurle, sa guitare est puissante, le groupe joue sérieux. Ces versions sont indispensables, elles rajoutent une dimension nouvelle aussi essentielle que "Rock'n'Roll Animal". Les refrains sont tous cathartiques au possible! Lou Reed est au meilleur de sa forme. L'ironie se trouve dans les discours, et en tant que chanteur il donne tout son jus.
Mais le clou de cet album reste l'interprétation d'"I'm Waiting For My Man" de 10 minutes, joué comme un blues très lent. Le ton baisse, baisse pour ne laisser que la basse et la batterie, et Lou Reed qui chuchote, sa voix s'éraille, il baisse le ton, son chant se concentre à la manière d'un Morrison avant la tempête... La tension est si prégnante que le public gueule. Un homme hurle "Rock'n'Roll Heart!", Lou Reed répond "Jesus..." de son ton acide puis répond : "I'll sing when you shut up"... le public explose, heureux d'entendre Lou Reed devenir amer, puis tout le monde se tait et obéit. Lou Reed ouvre le morceau sur "Temporary Thing" de "Rock'n'Roll Heart" et fais monter la musique, ça swingue, c'est génial, l'énergie rappelle "I Cant' Stand It".
Take No Prisoners est le live favoris de Mick Jagger. C'est vrai que je le vois mal faire un truc pareil!
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Toitouvrant |
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