Nine Inch Nails
The Fragile |
Label :
Interscope |
||||
The Fragile de NIN est un double album aux ambitions évidentes : prouver au monde entier que Trent Reznor est toujours le maître de l'indus, se débarrasser du révérend Manson après avoir produit deux de ses albums, évoluer artistiquement et enfin sortir tout de même autre chose que des maxis, car cinq ans séparent ce double album de The Downward Spiral.
À l'écoute des deux disques, on sent la qualité au rendez-vous. L'agressivité et les pulsions malsaines n'habitent plus systématiquement les chansons, tantôt rythmées, mais souvent ambiantes, ou parfois les deux (comme "We're in this together").
Bref l'ami Trent nous sort le grand jeu avec ce disque, qui a par moment des airs post-apocalyptiques. Du solide et le meilleur disque du groupe (pardon de Trent) à ce jour.
À l'écoute des deux disques, on sent la qualité au rendez-vous. L'agressivité et les pulsions malsaines n'habitent plus systématiquement les chansons, tantôt rythmées, mais souvent ambiantes, ou parfois les deux (comme "We're in this together").
Bref l'ami Trent nous sort le grand jeu avec ce disque, qui a par moment des airs post-apocalyptiques. Du solide et le meilleur disque du groupe (pardon de Trent) à ce jour.
Excellent ! 18/20 | par BloodInMyEyes |
Au passage, je vous conseille le clip de "Starfuckers, inc.", il est très drôle !
Posté le 22 novembre 2004 à 21 h 35 |
Peu de personnes, en fin de compte, ont été capables de réaliser un bon double album. En effet, cela demande à l'artiste en question de réussir à livrer une musique passionnante et capable d'intéresser pendant au moins une heure, si ce n'est plus. Cela n'est pas donné à tout le monde. Les Beatles, les Clash, Aphex Twin, Pink Floyd l'ont réussi. Prince ne l'a pas réussi, entre autres. Et relever ce défi est devenu encore plus difficile avec l'irruption du CC dans les années 80.
Ainsi, malgré un début en fanfare, un premier cd proche de la perfection avec des chefs-d'oeuvres intemporels comme "We're In This Together", "The Fragile", "La Mer" et "Just Like You Imagined", Trent Reznor rate légèrement le coup le long du deuxième CD, qui contient malheureusement quelques passages creux et autres instrumentaux peu passionnants, ce qui n'endommage en rien la qualité de chansons comme "Starfuckers Inc." ou "Where Is Everybody?". Damned ! on y était presque... Un bon album assurément, avec d'excellents passages, mais qui souffre indéfectiblement de son ambition et accuse quelques longueurs.
Au niveau de la tonalité, sans véritablement se renier par rapport à The Downward Spiral, Nine Inch Nails élargit ici son horizon, ajoutant à sa très bonne tambouille métal-électro-indus accessible aux masses (surtout américaines, le groupe manquant un peu de popularité en nos vertes contrées) des influences lorgnant sur le prog et des passages plus contemplatifs, une rage plus contrôlée et à vrai dire mieux utilisée, ce qui renforce la complexité de la musique et sa force.
Que dire de plus ? Cet album, est une réussite globale, et je ne peux que vous conseiller de vous y intéresser, ainsi qu'au génial album de remixes Things Falling Apart.
Ainsi, malgré un début en fanfare, un premier cd proche de la perfection avec des chefs-d'oeuvres intemporels comme "We're In This Together", "The Fragile", "La Mer" et "Just Like You Imagined", Trent Reznor rate légèrement le coup le long du deuxième CD, qui contient malheureusement quelques passages creux et autres instrumentaux peu passionnants, ce qui n'endommage en rien la qualité de chansons comme "Starfuckers Inc." ou "Where Is Everybody?". Damned ! on y était presque... Un bon album assurément, avec d'excellents passages, mais qui souffre indéfectiblement de son ambition et accuse quelques longueurs.
Au niveau de la tonalité, sans véritablement se renier par rapport à The Downward Spiral, Nine Inch Nails élargit ici son horizon, ajoutant à sa très bonne tambouille métal-électro-indus accessible aux masses (surtout américaines, le groupe manquant un peu de popularité en nos vertes contrées) des influences lorgnant sur le prog et des passages plus contemplatifs, une rage plus contrôlée et à vrai dire mieux utilisée, ce qui renforce la complexité de la musique et sa force.
Que dire de plus ? Cet album, est une réussite globale, et je ne peux que vous conseiller de vous y intéresser, ainsi qu'au génial album de remixes Things Falling Apart.
Très bon 16/20
Posté le 28 octobre 2005 à 23 h 06 |
Ce disque-là, je m'étais promis de ne pas en parler. Certainement à cause de l'impression de ne pas le comprendre, d'être en face d'un truc trop grand pour moi.
Personne ne tient ses promesses.
Dans son livre d'entretiens avec Alfred Hitchcock, François Truffaut évoque les 'grands films malades', ces chef-d'œuvres ratés, victimes d'erreurs de parcours, de trop d'amour ou de haine, de trop d'ambition, ceux que les vrais fans admirent et que le public boude.
The Fragile est un grand disque malade. Double album, chaque disque porte un nom : "Left" et "Right". Et tout le disque respire cette dualité : à gauche, le passé, le NIN habituel, l'indus, les grosses guitares synthétiques, les machines parfaites et inhumaines, la batterie de Chris Vrenna. C'est celui des "Wretched", "Please", "Starfuckers, Inc.", "Pilgrimage" et autres "No, You Don't". A droite, l'avenir, le calme, les paroles sur l'amour, la faiblesse, la fragilité, les instruments classiques et leur humanité, Jérôme Dillon et son jeu groovie, c'est le Fragile de "Somewhat Damaged", "La Mer", "Into The Void" et "The Great Below" (entre autres). Trent Reznor fait l'équilibriste entre ces deux pôles, part de l'un pour atteindre l'autre, la corde sur laquelle il tente cette traversée est The Fragile. Mais cette dualité ne se réduit pas à un simple bien / mal : "The Way Out Is Through" est aussi raté que "No, You Don't", chaque partie contient ses perles et ses erreurs. En revanche, les chansons qui font l'impossible lien, le compromis, les fibres de la corde, sont toutes à niveau égal : "The Fragile", "We're In This Together", "Where Is Everybody" ... Et là, on va me dire qu'en fait de dualité, j'en arrive à une tripartie. Seulement il faut savoir une chose.
The Fragile devait être un triple album.
Une fois cette donnée intégrée, on comprend mieux le problème de ce disque : comme Touch of Evil d'Orson Welles, il a été tronqué, les transitions manquent, la continuité en souffre, malgré l'aide du grand Bob Ezrin. Au risque de me retrouver brocardé sur le profil de Poney Club, j'ose le paradoxe suivant : triple au lieu de double, The Fragile aurait moins souffert de ses longueurs.
Mais The Fragile c'est aussi Trent Reznor qui se met à nu, exprime ses émotions les plus intimes, cesse de se cacher derrière des ordinateurs, expose sa voix comme jamais et atteint le sublime dans ses erreurs. Entendre sa voix merder à la fin de la chanson "The Fragile" fait parti de ces petites choses qui le rendent humain et qui me font remercier Dieu de vivre à cette époque.
Tellement fragile que Trent Reznor a eu recours à plein d'invités : Bob Ezrin, Dr. Dre, Adrian Belew, l'immense Mike Garson (qui a vu sa contribution passer de quinze à trois morceaux), Steve Albini et Bill Rieflin.
Un disque terriblement humain, à jamais indissociable de son auteur.
J'aurais encore des centaines de choses à dire, je pourrais vanter le solo de "The Fragile", tancer certains instrumentaux faibles, dire que "Left" est moins passionnant que "Right", louer le digipack, porter aux nues "The Frail", raconter comment ce disque m'a accompagné et soutenu pendant mes mauvaises passes plus qu'aucun autre (seul The Libertines m'a autant aidé), mais je ne le ferai pas. En fait si, je viens de le faire. Ca s'appelle une prétérition, pour ceux que ça intéresse.
Viens le problème de la note. Je dois mettre moins de 17 car, suite à ma définition préliminaire, The Fragile est très loin d'être parfait. Je mets donc 13, mais dans mon coeur il a beaucoup plus.
Personne ne tient ses promesses.
Dans son livre d'entretiens avec Alfred Hitchcock, François Truffaut évoque les 'grands films malades', ces chef-d'œuvres ratés, victimes d'erreurs de parcours, de trop d'amour ou de haine, de trop d'ambition, ceux que les vrais fans admirent et que le public boude.
The Fragile est un grand disque malade. Double album, chaque disque porte un nom : "Left" et "Right". Et tout le disque respire cette dualité : à gauche, le passé, le NIN habituel, l'indus, les grosses guitares synthétiques, les machines parfaites et inhumaines, la batterie de Chris Vrenna. C'est celui des "Wretched", "Please", "Starfuckers, Inc.", "Pilgrimage" et autres "No, You Don't". A droite, l'avenir, le calme, les paroles sur l'amour, la faiblesse, la fragilité, les instruments classiques et leur humanité, Jérôme Dillon et son jeu groovie, c'est le Fragile de "Somewhat Damaged", "La Mer", "Into The Void" et "The Great Below" (entre autres). Trent Reznor fait l'équilibriste entre ces deux pôles, part de l'un pour atteindre l'autre, la corde sur laquelle il tente cette traversée est The Fragile. Mais cette dualité ne se réduit pas à un simple bien / mal : "The Way Out Is Through" est aussi raté que "No, You Don't", chaque partie contient ses perles et ses erreurs. En revanche, les chansons qui font l'impossible lien, le compromis, les fibres de la corde, sont toutes à niveau égal : "The Fragile", "We're In This Together", "Where Is Everybody" ... Et là, on va me dire qu'en fait de dualité, j'en arrive à une tripartie. Seulement il faut savoir une chose.
The Fragile devait être un triple album.
Une fois cette donnée intégrée, on comprend mieux le problème de ce disque : comme Touch of Evil d'Orson Welles, il a été tronqué, les transitions manquent, la continuité en souffre, malgré l'aide du grand Bob Ezrin. Au risque de me retrouver brocardé sur le profil de Poney Club, j'ose le paradoxe suivant : triple au lieu de double, The Fragile aurait moins souffert de ses longueurs.
Mais The Fragile c'est aussi Trent Reznor qui se met à nu, exprime ses émotions les plus intimes, cesse de se cacher derrière des ordinateurs, expose sa voix comme jamais et atteint le sublime dans ses erreurs. Entendre sa voix merder à la fin de la chanson "The Fragile" fait parti de ces petites choses qui le rendent humain et qui me font remercier Dieu de vivre à cette époque.
Tellement fragile que Trent Reznor a eu recours à plein d'invités : Bob Ezrin, Dr. Dre, Adrian Belew, l'immense Mike Garson (qui a vu sa contribution passer de quinze à trois morceaux), Steve Albini et Bill Rieflin.
Un disque terriblement humain, à jamais indissociable de son auteur.
J'aurais encore des centaines de choses à dire, je pourrais vanter le solo de "The Fragile", tancer certains instrumentaux faibles, dire que "Left" est moins passionnant que "Right", louer le digipack, porter aux nues "The Frail", raconter comment ce disque m'a accompagné et soutenu pendant mes mauvaises passes plus qu'aucun autre (seul The Libertines m'a autant aidé), mais je ne le ferai pas. En fait si, je viens de le faire. Ca s'appelle une prétérition, pour ceux que ça intéresse.
Viens le problème de la note. Je dois mettre moins de 17 car, suite à ma définition préliminaire, The Fragile est très loin d'être parfait. Je mets donc 13, mais dans mon coeur il a beaucoup plus.
Pas mal 13/20
Posté le 21 mars 2006 à 18 h 16 |
Qu'est-ce qui donne à The Fragile ce léger goût d'imperfection par rapport à son illustre prédécesseur ? Moins noir ? A l'évidence, mais plus mélancolique aussi. Moins violent ? Assurément, mais pas pour autant moins bon. La présence de certains morceaux pas indispensables ? C'est la critique la plus fréquente : double album, long, fouilli. Pourtant, aucun disque ne contient pas des titres légèrement moins intenses que d'autres ; car en outre, tout cela est affaire de subjectivité... La subjectivité : peut-être est-ce moins le disque que nous-mêmes qui doit être remis en cause. Avec le déploiement d'un tel génie, d'une telle magistralité passés, n'a-t-on pas... trop attendu ? Et attendre plus que la perfection n'est-il pas condamné à la déception ? Peut-être The Fragile est-il alors plus incompris que 'médiocre', moins écouté pour lui-même que pour un autre...
Cet album est une réussite complète, à l'univers sec, aride, brûlant. Le génie de Reznor s'y exprime sous le jour de la rétention, de la sécheresse, du halètement, de l'épuisement contenu. Un chef-d'oeuvre, un disque monumental, d'une beauté certes discrète, évanescente, négligée mais d'autant plus profonde.
Cet album est une réussite complète, à l'univers sec, aride, brûlant. Le génie de Reznor s'y exprime sous le jour de la rétention, de la sécheresse, du halètement, de l'épuisement contenu. Un chef-d'oeuvre, un disque monumental, d'une beauté certes discrète, évanescente, négligée mais d'autant plus profonde.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 30 janvier 2007 à 20 h 59 |
Après avoir révolutionné la musique électronique et le rock en général avec Broken et surtout The Downward Spiral, Trent Reznor est désormais reconnu comme un artiste hors-pair et novateur. En 1999, tout le monde attend son nouvel opus au tournant. Difficile de surpasser une oeuvre phare, fleuve et de l'avis de tous quasi inégalable. De plus la gestation devient longue (cinq ans tout de même). Qu'attendre de Nine Inch Nails ?
La réponse est tonitruante : un double-album de génie !!! Trent Reznor aurait perdu son inspiration pendant ces cinq ans ?? Ca le fait doucement marrer lui qui préparait en secret un monument comme très peu d'artistes musicaux peuvent prétendre en effleurer la perfection. Le bonhomme est peut-être caractériel et prétentieux mais bordel quel génie !! La digestion de cette oeuvre par l'auditeur est, par contre, à la mesure de la durée de sa création. Il n'était déjà pas évident de se faire un avis rapidement sur The Downward Spiral, mais là c'est quasiment impossible d'être objectif. Même après plus de sept ans d'écoute, chaque fois qu'il passe sur ma platine, de nouveaux sons, de nouvelles sensations me viennent à l'esprit. Quasiment impossible d'en faire le tour. Certains morceaux à structures ou variations complexes m'auront demandé de dizaines d'écoutes pour en apprécier pleinement la valeur ("No You Don't", "Into The Void", "Please"). D'autres plus viscéraux et rocks explosent directement dans le crâne ("We're In This Together", "Where Is Everybody", "Starfucker Inc."). Certains restent toujours obscurs à mes oreilles ("Somewhat Damaged", "Underneath It All"). Mais dans l'ensemble rien n'est à jeter. L'exercice d'un double album de rock cohérent et de qualité de bout en bout est très difficile et même les plus grands s'y sont cassé les dents (Who, Pink floyd). Mais là, Reznor prouve qu'il fait partie de l'élite et passe l'épreuve haut la main.
Autre changement de taille pour cet album, l'ambiance sombre et vénéneuse des premiers albums du groupe se mue et devient quelque peu plus douce et accueillante. Le tout reste quand même pessimiste et torturé mais quelques lueurs musicales viennent éclairer un peu l'ambiance ("La Mer").
Les arrangements ont énormément progressé eux aussi. On devine souvent la mélodie de base composée au piano, on peut alors se rendre compte de l'énorme travail de mise en place des morceaux. Mais, malgré les possibilités infinies de ce genre de musique, rien ne dépasse, chaque son, chaque note est pesée et indispensable. L'émotion dégagée n'est jamais gâchée par un fouillis électronique. Certains passages ne sont même composés que de la voix de Reznor qui se suffit à elle-même. Il reste tout de même des morceaux dans la veine des albums précédents ("We're In This Together", "No, You Don't", "Into The Void", "Just Like You Imagined"...). Mais l'évolution de Nine Inch Nails prend toute son ampleur dans des chefs d'oeuvres comme "The Day The World Went Away" : magnifique montée en puissance de la musique puis arrivée du chant seul et frêle recouvert, ensuite, par un déluge de guitares. La mer : mélodie au piano enrichie petit à petit d'une batterie assez groove, d'effets électroniques divers avant d'atteindre un climax émotionnel. "The Frail"/"The Wretched" : douce intro au piano avant que celui-ci devienne plus puissant enrichi d'un beat martial et finalement explosion grâce à un riff bien grave et aux paroles scandées de Trent Reznor. The great below : à nouveau une magnifique mélodie de piano et synthés et des paroles magistrales ('I can still feel you / Even so far away')...
Les morceaux purement instrumentaux sont parfaits eux aussi et distillent cette ambiance nouvelle pour le groupe ("Pilgrimage", "The Mark Has Been Made", "Just Like You Imagined"). Ils permettent de replonger dans les tréfonds de cet album labyrinthique et de relancer l'exploration de l'univers torturé créé par Reznor.
Quelques morceaux vraiment électroniques prouvent que de ce côté aussi, l'évolution est nette et maitrisée. "The Big Come Down" en est le plus bel exemple. Des flots de samples s'entremêlent à un beat et des nappes de synthé pour former un ensemble cohérent et parfaitement en place. Tout simplement irrésistible pour peu qu'on fasse l'effort d'y plonger les yeux fermés.
Musicalement, Trent Reznor prouve donc à tout le monde que le sommet n'était pas encore atteint avec The Downward Spiral. Il a su faire évoluer ses propres innovations pour arriver à une maîtrise totale de son sujet. The Fragile reste, pour moi, un sommet musical hallucinant, incontournable et, pour le moment, inégalé. Très difficile d'accès, certes, mais regorgeant de perles qu'il faut savoir apprivoiser l'une après l'autre pour enfin pouvoir tenter d'apprécier l'inestimable valeur de l'album.
La réponse est tonitruante : un double-album de génie !!! Trent Reznor aurait perdu son inspiration pendant ces cinq ans ?? Ca le fait doucement marrer lui qui préparait en secret un monument comme très peu d'artistes musicaux peuvent prétendre en effleurer la perfection. Le bonhomme est peut-être caractériel et prétentieux mais bordel quel génie !! La digestion de cette oeuvre par l'auditeur est, par contre, à la mesure de la durée de sa création. Il n'était déjà pas évident de se faire un avis rapidement sur The Downward Spiral, mais là c'est quasiment impossible d'être objectif. Même après plus de sept ans d'écoute, chaque fois qu'il passe sur ma platine, de nouveaux sons, de nouvelles sensations me viennent à l'esprit. Quasiment impossible d'en faire le tour. Certains morceaux à structures ou variations complexes m'auront demandé de dizaines d'écoutes pour en apprécier pleinement la valeur ("No You Don't", "Into The Void", "Please"). D'autres plus viscéraux et rocks explosent directement dans le crâne ("We're In This Together", "Where Is Everybody", "Starfucker Inc."). Certains restent toujours obscurs à mes oreilles ("Somewhat Damaged", "Underneath It All"). Mais dans l'ensemble rien n'est à jeter. L'exercice d'un double album de rock cohérent et de qualité de bout en bout est très difficile et même les plus grands s'y sont cassé les dents (Who, Pink floyd). Mais là, Reznor prouve qu'il fait partie de l'élite et passe l'épreuve haut la main.
Autre changement de taille pour cet album, l'ambiance sombre et vénéneuse des premiers albums du groupe se mue et devient quelque peu plus douce et accueillante. Le tout reste quand même pessimiste et torturé mais quelques lueurs musicales viennent éclairer un peu l'ambiance ("La Mer").
Les arrangements ont énormément progressé eux aussi. On devine souvent la mélodie de base composée au piano, on peut alors se rendre compte de l'énorme travail de mise en place des morceaux. Mais, malgré les possibilités infinies de ce genre de musique, rien ne dépasse, chaque son, chaque note est pesée et indispensable. L'émotion dégagée n'est jamais gâchée par un fouillis électronique. Certains passages ne sont même composés que de la voix de Reznor qui se suffit à elle-même. Il reste tout de même des morceaux dans la veine des albums précédents ("We're In This Together", "No, You Don't", "Into The Void", "Just Like You Imagined"...). Mais l'évolution de Nine Inch Nails prend toute son ampleur dans des chefs d'oeuvres comme "The Day The World Went Away" : magnifique montée en puissance de la musique puis arrivée du chant seul et frêle recouvert, ensuite, par un déluge de guitares. La mer : mélodie au piano enrichie petit à petit d'une batterie assez groove, d'effets électroniques divers avant d'atteindre un climax émotionnel. "The Frail"/"The Wretched" : douce intro au piano avant que celui-ci devienne plus puissant enrichi d'un beat martial et finalement explosion grâce à un riff bien grave et aux paroles scandées de Trent Reznor. The great below : à nouveau une magnifique mélodie de piano et synthés et des paroles magistrales ('I can still feel you / Even so far away')...
Les morceaux purement instrumentaux sont parfaits eux aussi et distillent cette ambiance nouvelle pour le groupe ("Pilgrimage", "The Mark Has Been Made", "Just Like You Imagined"). Ils permettent de replonger dans les tréfonds de cet album labyrinthique et de relancer l'exploration de l'univers torturé créé par Reznor.
Quelques morceaux vraiment électroniques prouvent que de ce côté aussi, l'évolution est nette et maitrisée. "The Big Come Down" en est le plus bel exemple. Des flots de samples s'entremêlent à un beat et des nappes de synthé pour former un ensemble cohérent et parfaitement en place. Tout simplement irrésistible pour peu qu'on fasse l'effort d'y plonger les yeux fermés.
Musicalement, Trent Reznor prouve donc à tout le monde que le sommet n'était pas encore atteint avec The Downward Spiral. Il a su faire évoluer ses propres innovations pour arriver à une maîtrise totale de son sujet. The Fragile reste, pour moi, un sommet musical hallucinant, incontournable et, pour le moment, inégalé. Très difficile d'accès, certes, mais regorgeant de perles qu'il faut savoir apprivoiser l'une après l'autre pour enfin pouvoir tenter d'apprécier l'inestimable valeur de l'album.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 16 septembre 2008 à 17 h 49 |
Rien, mais alors rien à voir avec ce qu'a fait Reznor précédemment. The Fragile est donc inévitablement décevant au début, malgré un sensationnel début : "Somewhat Damaged", une extraordinaire chanson, long crescendo qui aboutit à un déchaînement de brutalité digne de "Eraser". Le reste de l'album propose une musique très variée, alternant violence extrême et douceur infinie. Les moments épiques ou simplement beaux à pleurer ne manquent pas. A écouter "The Fragile" ou "We're In This Together", on a l'impression de se remémorer des moments extraordinaire avec une douloureuse nostalgie.
The Fragile est un album insaisissable, on se perdrait sans doute à vouloir trop le décortiquer tant sa complexité et sa richesse sont grandes. Une chose est sûre : qui que l'on soit, quoi qu'on aime, on devrait écouter cet immense album. Passer à côté serait un crime, et s'il vous faut une cinquantaine d'écoutes attentionnées pour réussir à l'apprécier pleinement, soit. Mais par pitié, ne passez pas à côté de quelque chose comme ça.
The Fragile est un album insaisissable, on se perdrait sans doute à vouloir trop le décortiquer tant sa complexité et sa richesse sont grandes. Une chose est sûre : qui que l'on soit, quoi qu'on aime, on devrait écouter cet immense album. Passer à côté serait un crime, et s'il vous faut une cinquantaine d'écoutes attentionnées pour réussir à l'apprécier pleinement, soit. Mais par pitié, ne passez pas à côté de quelque chose comme ça.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 14 septembre 2022 à 10 h 16 |
Trois années et demi s'écoulent entre la fin de la tournée des clubs qui clôtura la promotion de Further Down The Spiral et la sortie de The Fragile (TF). Dans l'entre-faite, Reznor a fait joue-joue avec la B.O. de Lost Highway de David Lynch (pour laquelle il écrit, entre autres, le culte The Perfect Drug, accompagné de son clip qui l'est tout autant). Trois ans et demi, c'est finalement peu pour un double mais c'est une éternité pour les fans qui n'ont jamais attendu aussi longtemps entre deux offrandes du projet. Reznor accouche des 23 titres de la version CD dans la douleur. En proie aux addictions et à la dépression, il passera des heures, des jours et des mois dans son studio à travailler, modifier, recommencer, s'acharner, détruire, recommencer, enregistrer, ... En résulte l'œuvre la plus personnelle du projet à ce jour.
Ce qui manquait à Trentounet pour rentrer dans la légende était de claquer un deuxième chef-d'œuvre mais à contre courant, qu'il brille là où on ne l'attend pas. Il s'exécute. Les instruments acoustiques ou electromécaniques, avec leurs fragilités et leurs aspérités, se substituent au visage le plus indus du groupe. Au lieu de les créer de toutes pièces de façon électronique, le groupe va rechercher les imperfections dans la nature même des cordes. Ce qui reste, c'est cette recherche du son, avec l'utilisation parfois très détourné des instruments ou de sources sonores. Tout au long de ce disque qui se repose entièrement sur les contrastes, certains thèmes, motifs ou thématiques viennent et reviennent, à la volée ou à la dérobée, d'un morceau à l'autre, d'un disque à l'autre.
L'ouverture Somewhat Damaged, avec ce motif rythmique répété, augmenté par de plus en plus d'intervenants, jusqu'à ce final catharsistique, est une véritable explosion émotionnelle.
L'émotion et les contrastes sont les maîtres mots de TF, s'exprimant sous des formes plus ou moins brutes. Comme dans ce The Day The World Went Away, tout en spleen qui nous surprend avec ce mur de son à la puissance dramatique. La charge émotive de We're In This Together (un grand classique presque jamais joué en live) nous prend à la gorge. Le rock (le tube organique indus The Frail/The Wretched ; le volcanique et rock'n'roll No, You Don't), côtoie des instrumentaux inspirés, entre trip hop et histoire sans parole (l'intense Just Like You Imagined, le nostalgique La Mer, la décadente procession Pilgrimage). Les balades rock hantées ne sont pas oubliées avec le protéiforme The Fragile, le tout en mesure Even Deeper ou l'absolument sublime The Great Below, qui clôture cette première partie, nommée Left.
Il serait culotté de contredire ceux qui trouvent que Right perd en intensité par rapport à son voisin de digipack. Cependant, ne vous trompez pas et prenez votre temps, car il ne manque pas de bonnes idées et de quelques surprises. L'halluciné The Way Out Is Through (qui rappel un peu le titre The Downward Spiral, surtout dans leur approche live) reprend magnifiquement le sujet là on l'avait laissé. S'ensuit l'hypnotique basse d'Into The Void, le groovy Where Is Everybody? (un morceau sous-estimé) et l'inquiétant instrumental The Mark Has Been Made. Le easy-listening rock Please ouvre gentiment la voie aux hit rock indus Starfuckers, Inc. (et son clip bien provoc). L'album se termine sur un instrumental sonic (Complication), et quelques curiosités (dont l'excellente baffe rock The Big Come Down), et ce long et malsain dernier morceau, l'ambiant Ripe (With Decay), un véritable pied de nez, où Mike Garson, claviériste de Bowie, vient martelé quelques notes glaçantes.
Bref, un opus imposant, titanesque, aux multiples facettes, aux multiples contrastes, aux multiples émotions, aux multiples lectures, qui se redécouvre et se laisse redécouvrir longtemps. Un petit suicide commercial et artistique qui sera soutenue tambour battant par une tournée plastique et destructrice, qui représentera aux mieux la vision et les interets de cette (double-)galette. Le temps et une fan-base prédicatrice finiront par éclairer cet album sur sa fascinante beauté, subtilité, variété, fragilité...
Ce qui manquait à Trentounet pour rentrer dans la légende était de claquer un deuxième chef-d'œuvre mais à contre courant, qu'il brille là où on ne l'attend pas. Il s'exécute. Les instruments acoustiques ou electromécaniques, avec leurs fragilités et leurs aspérités, se substituent au visage le plus indus du groupe. Au lieu de les créer de toutes pièces de façon électronique, le groupe va rechercher les imperfections dans la nature même des cordes. Ce qui reste, c'est cette recherche du son, avec l'utilisation parfois très détourné des instruments ou de sources sonores. Tout au long de ce disque qui se repose entièrement sur les contrastes, certains thèmes, motifs ou thématiques viennent et reviennent, à la volée ou à la dérobée, d'un morceau à l'autre, d'un disque à l'autre.
L'ouverture Somewhat Damaged, avec ce motif rythmique répété, augmenté par de plus en plus d'intervenants, jusqu'à ce final catharsistique, est une véritable explosion émotionnelle.
L'émotion et les contrastes sont les maîtres mots de TF, s'exprimant sous des formes plus ou moins brutes. Comme dans ce The Day The World Went Away, tout en spleen qui nous surprend avec ce mur de son à la puissance dramatique. La charge émotive de We're In This Together (un grand classique presque jamais joué en live) nous prend à la gorge. Le rock (le tube organique indus The Frail/The Wretched ; le volcanique et rock'n'roll No, You Don't), côtoie des instrumentaux inspirés, entre trip hop et histoire sans parole (l'intense Just Like You Imagined, le nostalgique La Mer, la décadente procession Pilgrimage). Les balades rock hantées ne sont pas oubliées avec le protéiforme The Fragile, le tout en mesure Even Deeper ou l'absolument sublime The Great Below, qui clôture cette première partie, nommée Left.
Il serait culotté de contredire ceux qui trouvent que Right perd en intensité par rapport à son voisin de digipack. Cependant, ne vous trompez pas et prenez votre temps, car il ne manque pas de bonnes idées et de quelques surprises. L'halluciné The Way Out Is Through (qui rappel un peu le titre The Downward Spiral, surtout dans leur approche live) reprend magnifiquement le sujet là on l'avait laissé. S'ensuit l'hypnotique basse d'Into The Void, le groovy Where Is Everybody? (un morceau sous-estimé) et l'inquiétant instrumental The Mark Has Been Made. Le easy-listening rock Please ouvre gentiment la voie aux hit rock indus Starfuckers, Inc. (et son clip bien provoc). L'album se termine sur un instrumental sonic (Complication), et quelques curiosités (dont l'excellente baffe rock The Big Come Down), et ce long et malsain dernier morceau, l'ambiant Ripe (With Decay), un véritable pied de nez, où Mike Garson, claviériste de Bowie, vient martelé quelques notes glaçantes.
Bref, un opus imposant, titanesque, aux multiples facettes, aux multiples contrastes, aux multiples émotions, aux multiples lectures, qui se redécouvre et se laisse redécouvrir longtemps. Un petit suicide commercial et artistique qui sera soutenue tambour battant par une tournée plastique et destructrice, qui représentera aux mieux la vision et les interets de cette (double-)galette. Le temps et une fan-base prédicatrice finiront par éclairer cet album sur sa fascinante beauté, subtilité, variété, fragilité...
Exceptionnel ! ! 19/20
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