Nine Inch Nails
Bad Witch |
Label :
The Null Corporation |
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Annoncé dès l'an 2016 comme le dernier volet d'une trilogie d'EPs de Nine Inch Nails, ce Bad Witch était attendu comme le messie par les fans les plus fervents du projet solo de Trent Reznor. Que dis-je ! NIN n'est désormais plus un projet solo, mais un duo, puisque Reznor a décidé d'embaucher le producteur et musicien américain Atticus Ross en tant que second membre officiel du projet. En réalité, cela ne semble pas changer grand chose puisque Reznor reste en grande partie le leader et principal porte-parole du "groupe".
Bref, Nine Inch Nails est de retour, et ne fait pas dans la dentelle. Si Bad Witch était à la base annoncé comme un EP, Reznor change d'avis et décide de le publier en tant qu'album, quitte au passage à passer un savon à ses fans sur le forum officiel du groupe. Selon lui, les EPs sont bien moins visibles au public que les albums, surtout ces temps derniers, puisque Youtube et Spotify demeurent les principaux moyens d'accéder à de la musique et favorisent en termes de promotions les albums aux EPs.
"L'album", qui n'est (du coup) long que d'une petite demi-heure, deviens donc l'entrée discographique majeure la plus courte de la discographie de NIN, et propose six nouveaux titres dans la lignée des derniers EPs Not The Actual Events (2016) et Add Violence (2017), à savoir un savant mélange entre indus puissant, sound-design froid, petits passages synth-pop bienvenus et allusions à des choses plus sages (et étonnantes de la part de Trent Reznor) comme du jazz, du krautrock ou de l'ambient.
Le disque démarre à toute berzingue sur le très indus "Shit Mirror", situé quelque part entre le premier album de Suicide et l'album Hesitation Marks. On remarque un accent assez grunge également, et une production typée 90's qui sera d'ailleurs encore plus marquée sur le titre suivant, "Ahead Of Ourselves". En effet, après une intro évoquant ce que Joy Division aurait pu faire dans un registre drum'n'bass industriel, la voix distordue de Reznor résonne, évoquant toute l'amertume et le ressentiment de ce dernier envers la société et son incapacité à s'y adapter. Le titre retrouve également la violence du côté métal indus dans le refrain, fragmenté en petites parties brutales avant le retour à la normale. La première moitié du disque se conclut avec "Play The Goddamned Part", morceau emplie d'une lente progression jazz-noise instrumentale qui rappelle que Trent Reznor est également un très grand compositeur de bandes-sons pour le cinéma, et que ce titre n'aurait pas dépareillé au milieu d'un épisode de la dernière saison de Twin Peaks.
La seconde moitié du disque s'ouvre sur le premier "single" du disque (paru en mai dernier), à savoir le très jazzy "God Breaks Down The Door". Comme certains ont pu le dire lors de sa sortie il y a plus d'un mois, il est vrai que le titre rappelle furieusement ce que David Bowie a pu faire sur des albums comme Outside ou Blackstar : sur fond d'une rythmique plutôt post-punk et d'une ligne de basse hypnotique, les saxophones emplissent l'espace musical pendant quatre minutes, laissant également de la place pour les vocalises, les moins retouchées de tout l'album. Le morceau dans son ensemble reste en tout cas un bel hommage de la part de Reznor à son ami et mentor décédé il y à déjà deux ans, avec qui il avait pu travailler au milieu des années 90. Le morceau suivant, "I'm Not From This World", est une plage ambient-noise-indus très cinématographique encore, et permet de mettre l'auditeur en tension pour mieux terminer le disque avec "Over And Out", titre situé quelque part entre les "She's Gone Away" et "Less Than" des deux derniers EPs. Démarrant sur une rythmique digne de Pretty Hate Machine, la ligne de basse ronde suivis des saxophones (le côté jazzy) et de nombreuses nappes de synthés froids (le côté ambient) ramènent le morceau en 2018.
Si le disque me paraît au final un poil trop court, il permet de conclure en beauté cette trilogie démarrée en 2016. Dans la continuité de ce que le duo Ross/Reznor ont pu proposer ces deux dernières années, Bad Witch va là où on ne l'attends pas forcément. C'est un album unique dans la discographie de Nine Inch Nails, autant dans le fond que dans la forme, qui risque de ne pas forcément plaire aux fans de la première heure. Avec un tel disque, il s'agit certainement pour Reznor d'asseoir définitivement le renouvellement musical entamé cinq/six ans plus tôt avec la sortie de Hesitation Marks, quitte à devoir se séparer d'une partie de ses fidèles qui semblent rejeter cette nouvelle orientation. Quoiqu'il en soit, qu'on aime ou pas, on ne pourra pas dire que Nine Inch Nails est un groupe qui a peur de se renouveler. Me concernant, ce côté là de NIN me plaît énormément et me fait dire que cette trilogie Not The Actual Events/Add Violence/Bad Witch est leur plus grande œuvre musicale depuis The Fragile.
Bref, Nine Inch Nails est de retour, et ne fait pas dans la dentelle. Si Bad Witch était à la base annoncé comme un EP, Reznor change d'avis et décide de le publier en tant qu'album, quitte au passage à passer un savon à ses fans sur le forum officiel du groupe. Selon lui, les EPs sont bien moins visibles au public que les albums, surtout ces temps derniers, puisque Youtube et Spotify demeurent les principaux moyens d'accéder à de la musique et favorisent en termes de promotions les albums aux EPs.
"L'album", qui n'est (du coup) long que d'une petite demi-heure, deviens donc l'entrée discographique majeure la plus courte de la discographie de NIN, et propose six nouveaux titres dans la lignée des derniers EPs Not The Actual Events (2016) et Add Violence (2017), à savoir un savant mélange entre indus puissant, sound-design froid, petits passages synth-pop bienvenus et allusions à des choses plus sages (et étonnantes de la part de Trent Reznor) comme du jazz, du krautrock ou de l'ambient.
Le disque démarre à toute berzingue sur le très indus "Shit Mirror", situé quelque part entre le premier album de Suicide et l'album Hesitation Marks. On remarque un accent assez grunge également, et une production typée 90's qui sera d'ailleurs encore plus marquée sur le titre suivant, "Ahead Of Ourselves". En effet, après une intro évoquant ce que Joy Division aurait pu faire dans un registre drum'n'bass industriel, la voix distordue de Reznor résonne, évoquant toute l'amertume et le ressentiment de ce dernier envers la société et son incapacité à s'y adapter. Le titre retrouve également la violence du côté métal indus dans le refrain, fragmenté en petites parties brutales avant le retour à la normale. La première moitié du disque se conclut avec "Play The Goddamned Part", morceau emplie d'une lente progression jazz-noise instrumentale qui rappelle que Trent Reznor est également un très grand compositeur de bandes-sons pour le cinéma, et que ce titre n'aurait pas dépareillé au milieu d'un épisode de la dernière saison de Twin Peaks.
La seconde moitié du disque s'ouvre sur le premier "single" du disque (paru en mai dernier), à savoir le très jazzy "God Breaks Down The Door". Comme certains ont pu le dire lors de sa sortie il y a plus d'un mois, il est vrai que le titre rappelle furieusement ce que David Bowie a pu faire sur des albums comme Outside ou Blackstar : sur fond d'une rythmique plutôt post-punk et d'une ligne de basse hypnotique, les saxophones emplissent l'espace musical pendant quatre minutes, laissant également de la place pour les vocalises, les moins retouchées de tout l'album. Le morceau dans son ensemble reste en tout cas un bel hommage de la part de Reznor à son ami et mentor décédé il y à déjà deux ans, avec qui il avait pu travailler au milieu des années 90. Le morceau suivant, "I'm Not From This World", est une plage ambient-noise-indus très cinématographique encore, et permet de mettre l'auditeur en tension pour mieux terminer le disque avec "Over And Out", titre situé quelque part entre les "She's Gone Away" et "Less Than" des deux derniers EPs. Démarrant sur une rythmique digne de Pretty Hate Machine, la ligne de basse ronde suivis des saxophones (le côté jazzy) et de nombreuses nappes de synthés froids (le côté ambient) ramènent le morceau en 2018.
Si le disque me paraît au final un poil trop court, il permet de conclure en beauté cette trilogie démarrée en 2016. Dans la continuité de ce que le duo Ross/Reznor ont pu proposer ces deux dernières années, Bad Witch va là où on ne l'attends pas forcément. C'est un album unique dans la discographie de Nine Inch Nails, autant dans le fond que dans la forme, qui risque de ne pas forcément plaire aux fans de la première heure. Avec un tel disque, il s'agit certainement pour Reznor d'asseoir définitivement le renouvellement musical entamé cinq/six ans plus tôt avec la sortie de Hesitation Marks, quitte à devoir se séparer d'une partie de ses fidèles qui semblent rejeter cette nouvelle orientation. Quoiqu'il en soit, qu'on aime ou pas, on ne pourra pas dire que Nine Inch Nails est un groupe qui a peur de se renouveler. Me concernant, ce côté là de NIN me plaît énormément et me fait dire que cette trilogie Not The Actual Events/Add Violence/Bad Witch est leur plus grande œuvre musicale depuis The Fragile.
Très bon 16/20 | par EmixaM |
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