Radiohead
Paris [Bercy] - mardi 10 juin 2008 |
Inutile de faire un dessin, Radiohead, légende pas (encore?) couverte de poussière, a rempli Bercy 2 fois, et pouvait continuer 2 fois de plus sur sa lancée. Mais pourtant, il règne dans Bercy une atmosphère différente des "grands rendez vous" de légendes (sur le retour, elles), le public est calme, concentré. En un mot : ne vient pas pour "Creep", ni pour le charisme de l'oeil à moitié ouvert de Tom Yorke mais pour la musique.
Bat For Lashes fera donc l'ouverture, défi façe à ce public exigeant, avec son personnage intriguant et excentrique. La musique suit, mélange de voix superbes, d'instrumentaux barrés : cette fille prépare le décollage pour Radiohead à merveille, avec des chansons obsédantes et bizarres, et n'a rien d'une anecdote juste sympathique.
Quand son tour se termine, on commence à comprendre pourquoi les places étaient aussi chères : les techniciens qui s'affairent installent un énorme dispositif lumière/projections, massif comme un bon vieux concert de stade à l'américaine, mais manié avec art et pas du tout en cache misère.
La preuve dès la première chanson, "15 Step", c'est le son qui nous sautera plus à la gorge, ample et fin, pour Bercy, ça relève du miracle.
Alors pendant 2h10, en ajoutant un son miraculeux, des jeux de lumière et de vidéos qui hypnotisent, et un groupe habité, on se retrouve à la messe.
Même pas besoin de jouer avec le public, les morceaux sont tellement exécutés finement et Tom Yorke est tellement juste que dans la salle (à part devant la scène, où l'on pousse méchamment) c'est un grand calme respectueux, amoureux. L'impression nette d'assister à un moment rarissime, une messe de pop déstructurée.
Même si ces jours-ci c'est de leur Best-Of dont on parle, Radiohead va défendre In Rainbows en priorité, et surtout pas ses vieux tubes encombrants : si l'on en entendra quelques-uns ("Karma Police" notamment), c'est le reste qui sera le plus fascinant, ces chansons qui mélangent rythmes électroniques, effets étranges, et structures cassées ("Pyramid Song", "Everything In Its Right Place"). Quand le groupe entame parfois ses morceaux historiques, on se rappelle que Radiohead jouait, il y a longtemps, des standards du rock de 1990 : des ballades lentes ("Fake Plastic Trees") ou des guitares puissantes ("Just" - leçon de rock intelligent).
Jonny Greenwood là dedans est déjà le petit génie visionnaire, avec des guitares hallucinantes, bordées de riffs et d'arpèges de classique revisités.
Le constat se fait peu à peu : même si aucun morceau n'est facile, on sent parfois le grand écart entre The Bends et Kid A, plus les morceaux sont récents, plus le groupe devient subtil, et les chansons sinueuses.
En 3 minutes, 15 mélodies s'échappent et se superposent en château de carte, et l'on n'en garde que l'impression frappante. Ca l'est plus encore avec ces chansons dont on en connaît pas grand chose, n'en reste que des bribes, toutes superbes, que ce soit pour un morceau plus rock comme "Bodysnatchers" ou une merveille de finesse acoustique comme "Faust Arp" : il en reste surtout à la sortie l'envie pressante de les réécouter, de les savourer à répétition.
Pas de "Creep", pas de "No Surprises", pas de "Exit Music (for a film)", Radiohead est un grand groupe qui a mieux à faire qu'une tournée best-of. Il continue à avancer, fort de dizaines de chansons, et d'autant de setlist possibles, et ce concert, assez différent de celui de la veille, est comme un instantané d'un groupe en perpétuel mouvement. A l'image de la fin du concert et de ces deux rappels sans fin, où "Karma Police" va succéder à une nouvelle chanson, jouée dépouillée au piano : une véritable apothéose après laquelle on ne demandera plus rien.
Le coup marketing présenté comme libération de la musique (le dernier album et sa distribution) a fait grogner, l'opportunisme écolo qui oblige les journalistes à aller chercher leurs places en vélo aussi, et je ne parle pas des drapeaux tibétains placés sur scène, qui ont du en faire soupirer certains. Mais musicalement, visuellement, dans le choix des chansons, dans l'interprétation, Radiohead était impérial, pour ceux qui les suivent au jour le jour comme pour ceux qui les connaissent de loin, pour les intellos du rock comme pour les autres.
Alors plus d'un mois après, on en parle encore, aux amis, à ses parents. Grosse séquelle musicale et concert exceptionnel : Talking 'bout my 00's generation.
Bat For Lashes fera donc l'ouverture, défi façe à ce public exigeant, avec son personnage intriguant et excentrique. La musique suit, mélange de voix superbes, d'instrumentaux barrés : cette fille prépare le décollage pour Radiohead à merveille, avec des chansons obsédantes et bizarres, et n'a rien d'une anecdote juste sympathique.
Quand son tour se termine, on commence à comprendre pourquoi les places étaient aussi chères : les techniciens qui s'affairent installent un énorme dispositif lumière/projections, massif comme un bon vieux concert de stade à l'américaine, mais manié avec art et pas du tout en cache misère.
La preuve dès la première chanson, "15 Step", c'est le son qui nous sautera plus à la gorge, ample et fin, pour Bercy, ça relève du miracle.
Alors pendant 2h10, en ajoutant un son miraculeux, des jeux de lumière et de vidéos qui hypnotisent, et un groupe habité, on se retrouve à la messe.
Même pas besoin de jouer avec le public, les morceaux sont tellement exécutés finement et Tom Yorke est tellement juste que dans la salle (à part devant la scène, où l'on pousse méchamment) c'est un grand calme respectueux, amoureux. L'impression nette d'assister à un moment rarissime, une messe de pop déstructurée.
Même si ces jours-ci c'est de leur Best-Of dont on parle, Radiohead va défendre In Rainbows en priorité, et surtout pas ses vieux tubes encombrants : si l'on en entendra quelques-uns ("Karma Police" notamment), c'est le reste qui sera le plus fascinant, ces chansons qui mélangent rythmes électroniques, effets étranges, et structures cassées ("Pyramid Song", "Everything In Its Right Place"). Quand le groupe entame parfois ses morceaux historiques, on se rappelle que Radiohead jouait, il y a longtemps, des standards du rock de 1990 : des ballades lentes ("Fake Plastic Trees") ou des guitares puissantes ("Just" - leçon de rock intelligent).
Jonny Greenwood là dedans est déjà le petit génie visionnaire, avec des guitares hallucinantes, bordées de riffs et d'arpèges de classique revisités.
Le constat se fait peu à peu : même si aucun morceau n'est facile, on sent parfois le grand écart entre The Bends et Kid A, plus les morceaux sont récents, plus le groupe devient subtil, et les chansons sinueuses.
En 3 minutes, 15 mélodies s'échappent et se superposent en château de carte, et l'on n'en garde que l'impression frappante. Ca l'est plus encore avec ces chansons dont on en connaît pas grand chose, n'en reste que des bribes, toutes superbes, que ce soit pour un morceau plus rock comme "Bodysnatchers" ou une merveille de finesse acoustique comme "Faust Arp" : il en reste surtout à la sortie l'envie pressante de les réécouter, de les savourer à répétition.
Pas de "Creep", pas de "No Surprises", pas de "Exit Music (for a film)", Radiohead est un grand groupe qui a mieux à faire qu'une tournée best-of. Il continue à avancer, fort de dizaines de chansons, et d'autant de setlist possibles, et ce concert, assez différent de celui de la veille, est comme un instantané d'un groupe en perpétuel mouvement. A l'image de la fin du concert et de ces deux rappels sans fin, où "Karma Police" va succéder à une nouvelle chanson, jouée dépouillée au piano : une véritable apothéose après laquelle on ne demandera plus rien.
Le coup marketing présenté comme libération de la musique (le dernier album et sa distribution) a fait grogner, l'opportunisme écolo qui oblige les journalistes à aller chercher leurs places en vélo aussi, et je ne parle pas des drapeaux tibétains placés sur scène, qui ont du en faire soupirer certains. Mais musicalement, visuellement, dans le choix des chansons, dans l'interprétation, Radiohead était impérial, pour ceux qui les suivent au jour le jour comme pour ceux qui les connaissent de loin, pour les intellos du rock comme pour les autres.
Alors plus d'un mois après, on en parle encore, aux amis, à ses parents. Grosse séquelle musicale et concert exceptionnel : Talking 'bout my 00's generation.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Pandanloeil |
En ligne
307 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages