Devendra Banhart
Ma |
Label :
Nonesuch |
||||
On peut consommer la musique comme des plans cul ou préférer entretenir des relations longues. Pour les baiseurs d'un soir, Bob Dylan sera toujours un petit newyorkais pondeur de protest-songs, Adam Green un gamin déguisé en Peter Pan qui chante en duo avec Kimya Dawson et Devendra Banhart un uluberlu barbu artisan de freak-folk. Je ne jugerais pas ceux qui ne jurent que par un tube et puis s'en vont. Mais j'arrive à un âge où la fidélité se révèle plus gratifiante que l'accumulation de plaisirs éphémères.
Dans le cas de Devendra, c'est même l'assurance d'un concubinage de plus en plus enrichissant avec les années. Parce que franchement, les débuts hirsutes ésotérique lo-fi, ça allait quand j'étais jeune et fougueux mais j'ai aujourd'hui besoin d'un peu plus de substance. Smokey Rolls Down Thunder Canyon, ça a vraiment été le moment clé de notre relation, celui où je me suis dis que le gars avait d'autres cordes à son arc et pouvait me séduire sur le long terme. Peu ont suivi la suite de près mais elle n'a fait que confirmer la solidité de notre union. Et quand je croyais que la magie s'essoufflait, Devendra a sorti Ape in Pink Marble, sa plus belle preuve d'amour, une œuvre qui se dévoile peu à peu, mise sur l'intime plutôt que le démonstratif, notre petit secret.
Après plus de quinze ans de vie commune et alors que je suis l'un des derniers fidèles à l'attendre au tournant, Devendra arrive encore à me surprendre avec ce dixième album. Son obsession pour les synthés vintage est derrière lui, il est revenu à la guitare, aux cordes et au piano. Sa spiritualité déborde toujours autant que son imagination. Il est toujours capable de me faire rire. De me faire danser. Comme notre ami Adam Green (qui a sorti son dernier album la même semaine, celle où Daniel Johnston s'éteignait), on sent qu'il a beaucoup écouté Harry Nilsson et les productions sixties de Burt Bucarach. "Is This Nice ?" est une question que se posait souvent Brian Wilson. Son séjour au Japon a réveillé ses instincts aventuriers ("Kantori Ongaku"). Il est à l'aise avec ses amis, généreux, reconnaissant. La marraine Vashti Bunyan est invitée sur la douce "Will I See You Tonight", la cousine Cate Le Bon harmonise sur "Now All Gone". De moins en moins occupé à faire le malin, de plus en plus capable d'écrire une poésie simple et universelle, dans la lignée des plus grands songwriters, Carole King et Leonard Cohen en parents adoptifs ("Taking A Page" leur rend directement hommage). Sa voix est plus solide que jamais. Concentrée. Apaisée. L'expérience parle plus que les pirouettes stylistiques ("Memorial", message sobre au père disparu).
Stars are just reminders of us living underground chante Devendra sur notre "Love Song". Je suis heureux d'être là pour le long terme. En grandissant ensemble, on a vécu joies et peines. En restant ensemble, on s'est invité un monde. En vieillisant ensemble, on continuera notre méditation jusqu'au bout.
Dans le cas de Devendra, c'est même l'assurance d'un concubinage de plus en plus enrichissant avec les années. Parce que franchement, les débuts hirsutes ésotérique lo-fi, ça allait quand j'étais jeune et fougueux mais j'ai aujourd'hui besoin d'un peu plus de substance. Smokey Rolls Down Thunder Canyon, ça a vraiment été le moment clé de notre relation, celui où je me suis dis que le gars avait d'autres cordes à son arc et pouvait me séduire sur le long terme. Peu ont suivi la suite de près mais elle n'a fait que confirmer la solidité de notre union. Et quand je croyais que la magie s'essoufflait, Devendra a sorti Ape in Pink Marble, sa plus belle preuve d'amour, une œuvre qui se dévoile peu à peu, mise sur l'intime plutôt que le démonstratif, notre petit secret.
Après plus de quinze ans de vie commune et alors que je suis l'un des derniers fidèles à l'attendre au tournant, Devendra arrive encore à me surprendre avec ce dixième album. Son obsession pour les synthés vintage est derrière lui, il est revenu à la guitare, aux cordes et au piano. Sa spiritualité déborde toujours autant que son imagination. Il est toujours capable de me faire rire. De me faire danser. Comme notre ami Adam Green (qui a sorti son dernier album la même semaine, celle où Daniel Johnston s'éteignait), on sent qu'il a beaucoup écouté Harry Nilsson et les productions sixties de Burt Bucarach. "Is This Nice ?" est une question que se posait souvent Brian Wilson. Son séjour au Japon a réveillé ses instincts aventuriers ("Kantori Ongaku"). Il est à l'aise avec ses amis, généreux, reconnaissant. La marraine Vashti Bunyan est invitée sur la douce "Will I See You Tonight", la cousine Cate Le Bon harmonise sur "Now All Gone". De moins en moins occupé à faire le malin, de plus en plus capable d'écrire une poésie simple et universelle, dans la lignée des plus grands songwriters, Carole King et Leonard Cohen en parents adoptifs ("Taking A Page" leur rend directement hommage). Sa voix est plus solide que jamais. Concentrée. Apaisée. L'expérience parle plus que les pirouettes stylistiques ("Memorial", message sobre au père disparu).
Stars are just reminders of us living underground chante Devendra sur notre "Love Song". Je suis heureux d'être là pour le long terme. En grandissant ensemble, on a vécu joies et peines. En restant ensemble, on s'est invité un monde. En vieillisant ensemble, on continuera notre méditation jusqu'au bout.
Parfait 17/20 | par Dylanesque |
En écoute : https://devendrabanhart.bandcamp.com/album/ma
En ligne
498 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages