The Brian Jonestown Massacre
Montpellier [Le Rockstore] - jeudi 02 novembre 2006 |
The Brian Jonestown Massacre est la définition même de ce que le rock devrait, aurait du toujours être : une musique de branleur. Au sens propre comme au figuré, lorsque l'on sait qu'elle peut être carrément jouissive.
Il suffit de prendre quelques instruments, les accorder pendant de longues minutes, ne pas se soucier des autres ou de la scène, et puis en avant : on sature à fond, tant pis pour la technique et on décolle aussi sec ! Les décharges de sons que Anton et sa bande envoient à la figure d'un air désabusé sont capables d'enchanter n'importe quelle salle, surtout lorsqu'elle est petite et enfumée, comme le Rockstore.
Cette attirance est lié à l'authenticité de ce groupe, qui a tout raté, tout fait de travers, mais qui a livré des albums bancals mais tous géniaux. Il faut les voir sur scène, emmêlés dans les fils des ampli, raccordant sans arrêt leur guitare, pour faire "bien", alors qu'en réalité, ils sont complètement paumés dans leur setlist, setlist qu'ils n'ont même pas écrite évidemment. Leur show se construit à l'instant au grès de leur facétie, des gorgées d'alcool ingérés ou des lattes de fumées avalées, et, miracle, les chansons accouchés sont toutes propices à l'évasion. Derrière ce brouhaha de saturations se cachent des mélodies divines et une légèreté psychédélique. Une avalanche de tubes étirés sans fin, odes à l'hédonisme.
C'est là, vibrant, on pourrait toucher du doigt. La sueur, la drogue, la musique, l'évanescence, la futilité : tous les ingrédients sont là. Mais jetés en vrac, à la dérobée, sans calcul. Ce qui rend les concerts du Brian Jonestown Massacre si uniques, c'est parce qu'on ne sait jamais à quoi s'attendre. Excellent comme carrément pourris selon la bonne disposition de ses auteurs, le concert peut même parfois cumuler les deux.
Car la folie d'Anton, caché derrière son béret, est de ne rien retenir de ce qu'il peut ressentir à l'instant. Du coup, ça sort comme ça, dru et sec. C'est tellement embrouillé dans sa tête, si contradictoire, que le concert en prend alors la forme.
Anton interrompt les chansons, engueule ses roadies (qui ne tiendront pas six mois), les traite de bons à rien, se fait insulter à son tour, avant d'annoncer au micro, avec un mauvaise foi extraordinaire, que le but de cette échange est de fournir au public la meilleur musique possible et que cela fait partie du travail. Sur scène, c'est la joyeuse pagaille. Les pauses entre deux chansons s'étirent, le temps que tout le monde décide quel titre jouer, regardant stupéfait Anton entamer une intro non prévu par la set-list, juste pour les emmerder, et essayant de la deviner pour se raccrocher à lui. Mais à chaque fois, c'est toujours le même plaisir, celui de découvrir ces titres, essentiellement électriques, et chargées de fièvre, de boucles, de distorsions, de nappes de phasing, de passages planant. Le groupe n'aura pu s'empêcher de reprendre aussi la parodie des Dandys Warhols, les frères ennemies, pour la plus grande joie du public. Le chant d'Anton est toujours aussi retiré, nonchalante et très douce. Mais à chaque fois, il est habité, comme l'indique l'opacité de ses yeux qui va en s'augmentant au fur et à mesure des boissons consommées.
En fait, on assiste à une sorte de dépotoir musical, une orgie sonore où tout est jeté en pature,à l'image de cette bouteille de whisky, prêté au premier rang du public mais vite rendu, sous la menace du poing rageur de Anton, prêt à se battre pour le coup.
C'est ça le rock : quand l'imprévisible et le mauvais goût s'incrustent dans une soirée organisée par la grâce et la beauté, dans le but inavoué de se taper l'une ou l'autre (ou les deux) dans une des chambres des parents, au milieu des cannettes de bières et des cotillons.
Il y aura eu son lot de coup de gueule, de types expulsés du concert par les vigils, de cris, de hués, de ‘Montpellier is such a beautiful city' complètement hypocrite, de fumées, mais au bout du compte, l'intensité fut là par moment. Notamment au cours du final interminable, concourt de mur de son. Elle resta même encore un peu, à la fin des deux heures de concert, lorsque les guitares, déposées soigneusement contre les amplis, continuèrent en mode automatique leurs larsens.
Il suffit de prendre quelques instruments, les accorder pendant de longues minutes, ne pas se soucier des autres ou de la scène, et puis en avant : on sature à fond, tant pis pour la technique et on décolle aussi sec ! Les décharges de sons que Anton et sa bande envoient à la figure d'un air désabusé sont capables d'enchanter n'importe quelle salle, surtout lorsqu'elle est petite et enfumée, comme le Rockstore.
Cette attirance est lié à l'authenticité de ce groupe, qui a tout raté, tout fait de travers, mais qui a livré des albums bancals mais tous géniaux. Il faut les voir sur scène, emmêlés dans les fils des ampli, raccordant sans arrêt leur guitare, pour faire "bien", alors qu'en réalité, ils sont complètement paumés dans leur setlist, setlist qu'ils n'ont même pas écrite évidemment. Leur show se construit à l'instant au grès de leur facétie, des gorgées d'alcool ingérés ou des lattes de fumées avalées, et, miracle, les chansons accouchés sont toutes propices à l'évasion. Derrière ce brouhaha de saturations se cachent des mélodies divines et une légèreté psychédélique. Une avalanche de tubes étirés sans fin, odes à l'hédonisme.
C'est là, vibrant, on pourrait toucher du doigt. La sueur, la drogue, la musique, l'évanescence, la futilité : tous les ingrédients sont là. Mais jetés en vrac, à la dérobée, sans calcul. Ce qui rend les concerts du Brian Jonestown Massacre si uniques, c'est parce qu'on ne sait jamais à quoi s'attendre. Excellent comme carrément pourris selon la bonne disposition de ses auteurs, le concert peut même parfois cumuler les deux.
Car la folie d'Anton, caché derrière son béret, est de ne rien retenir de ce qu'il peut ressentir à l'instant. Du coup, ça sort comme ça, dru et sec. C'est tellement embrouillé dans sa tête, si contradictoire, que le concert en prend alors la forme.
Anton interrompt les chansons, engueule ses roadies (qui ne tiendront pas six mois), les traite de bons à rien, se fait insulter à son tour, avant d'annoncer au micro, avec un mauvaise foi extraordinaire, que le but de cette échange est de fournir au public la meilleur musique possible et que cela fait partie du travail. Sur scène, c'est la joyeuse pagaille. Les pauses entre deux chansons s'étirent, le temps que tout le monde décide quel titre jouer, regardant stupéfait Anton entamer une intro non prévu par la set-list, juste pour les emmerder, et essayant de la deviner pour se raccrocher à lui. Mais à chaque fois, c'est toujours le même plaisir, celui de découvrir ces titres, essentiellement électriques, et chargées de fièvre, de boucles, de distorsions, de nappes de phasing, de passages planant. Le groupe n'aura pu s'empêcher de reprendre aussi la parodie des Dandys Warhols, les frères ennemies, pour la plus grande joie du public. Le chant d'Anton est toujours aussi retiré, nonchalante et très douce. Mais à chaque fois, il est habité, comme l'indique l'opacité de ses yeux qui va en s'augmentant au fur et à mesure des boissons consommées.
En fait, on assiste à une sorte de dépotoir musical, une orgie sonore où tout est jeté en pature,à l'image de cette bouteille de whisky, prêté au premier rang du public mais vite rendu, sous la menace du poing rageur de Anton, prêt à se battre pour le coup.
C'est ça le rock : quand l'imprévisible et le mauvais goût s'incrustent dans une soirée organisée par la grâce et la beauté, dans le but inavoué de se taper l'une ou l'autre (ou les deux) dans une des chambres des parents, au milieu des cannettes de bières et des cotillons.
Il y aura eu son lot de coup de gueule, de types expulsés du concert par les vigils, de cris, de hués, de ‘Montpellier is such a beautiful city' complètement hypocrite, de fumées, mais au bout du compte, l'intensité fut là par moment. Notamment au cours du final interminable, concourt de mur de son. Elle resta même encore un peu, à la fin des deux heures de concert, lorsque les guitares, déposées soigneusement contre les amplis, continuèrent en mode automatique leurs larsens.
Parfait 17/20 | par Vic |
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