The Brian Jonestown Massacre
My Bloody Underground |
Label :
A |
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On a toujours su qu'Anton Newcombe penchait vers la folie. Et on a aussi souvent décelé, chez lui, une forme de génie. Jusqu'ici, c'était clairement son talent qui s'exprimait, avant le reste, sur ses albums. Néanmoins, ils n'étaient jamais parfaits, car toujours alourdis par quelques morceaux trop pesants qui empêchaient ces œuvres bruitistes et sublimes de s'envoler. Mais que dire de toutes ces chansons, belles comme autant de joyaux, gouttes étincelantes d'un poison que l'on prend plaisir à consommer, dont on devient dépendant dans une joie malsaine et pure, mis à part qu'elles sont l'œuvre d'une des figures les plus intéressantes, les plus séduisantes, de la musique actuelle. Difficile de ne pas être fasciné par cet Antonin Artaud du rock, cet authentique aliéné, ce messie obscur au regard suintant la folie mystique d'un prophète moderne. Alors, que penser de ce dernier album en date ? My Bloody Underground... On comprend tout de suite les références contenues dans ce titre ; My Bloody Valentine - on s'en doutait - et, bien sûr, le Velvet Underground : le bruit, les larsens, et le poison, enveloppés d'une beauté parfois pure, souvent brutale, toujours fascinante. Que penser de cet album, donc ? D'abord, on remarque son unité, une forme de qualité qui englobe l'ensemble des titres, le choix n'est plus possible, plus de tri, comme dans les précédents efforts du Brian Jonestown Massacre. Ensuite, on est frappé par la quasi-disparition de la voix d'Anton. Déroutant au départ, voire décevant. Et puis, le bruit, les fausses notes. Beaucoup plus qu'à l'accoutumé. Les grésillements. Une sorte de nouveau White Light/White Heat ? Peut-être. On dirait que la folie d'Anton prend le pas sur, non pas son talent, son génie, mais sur les conventions. Cet album peut être un hymne au grand n'importe quoi, aussi bien qu'un chef-d'œuvre. Il peut-être l'œuvre d'un fou, le laisser aller d'un artiste en perte d'inspiration et de lui-même, comme un coup de pied dans la gueule du conformisme. Encore un coup de Newcombe pour échapper au commerce. Il ne faut pas s'y tromper, My Bloody Underground contient de vraies chansons, seulement, elles sont toutes sabotées. Comme sur le deuxième (et meilleur) album du Velvet. Peu importe l'impression qu'on retire de l'écoute de ce disque, l'important est que l'impression sera forte. Inévitablement.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Black Régis |
Posté le 13 juillet 2008 à 18 h 33 |
Ouais, 20 sur 20. Parce que ce qui peut sembler un gros brouillon pour celui qui l'écoute à la va-vite est réellement un disque plein de charmes. D'abord, la beauté. La beauté forte et limpide d'ambiances profondes et toujours maitrisées ("Bring Me The Head Of Paul Mc Cartney" ; "Who Cares Why" ; Dark Wive Driver" ), la beauté simple, presque coulant de source de "We Are The Niggers Of The World", "Ljósmyndir", "Yeah-Yeah"). Et puis, la folie, au paroxysme de "Golden Frost" ou "Infinite Wisdow Tooth", folie qui est le sang même du disque en entier. Non pas une folie trop obscure, mais qui représente l'oeuvre tout à fait originale et intemporelle de celui qui veut offrir quelque chose d'absoluement concret, tout en étant très sprituel, et qui inscrit des sensations ultimes au plus profond de celui qui ose s'en approcher au plus près.
Car ce disque, il faudra l'écouter au casque, seul et totalement ouvert à un grand voyage. Et croyez-moi, ce voyage ne sera pas douloureux, on n'est pas dans le noise, mais dans le plaisir fantastique d'avoir atteint une musique si extérieure au monde (on n'est pas si proche du Velvet ou de My Bloody Valentine, cette oeuvre n'est la fille de personne) et qui caresse si délicieusement notre âme. Ouais, je m'emporte, mais ce n'est rien par rapport à l'effet que peut faire cette musique, si réussie, si belle, sachant être légère ou ténébreuse, toujours ultime. Merci Anton Newcombe d'avoir pris le temps de nous livrer ce chef d'oeuvre.
Car ce disque, il faudra l'écouter au casque, seul et totalement ouvert à un grand voyage. Et croyez-moi, ce voyage ne sera pas douloureux, on n'est pas dans le noise, mais dans le plaisir fantastique d'avoir atteint une musique si extérieure au monde (on n'est pas si proche du Velvet ou de My Bloody Valentine, cette oeuvre n'est la fille de personne) et qui caresse si délicieusement notre âme. Ouais, je m'emporte, mais ce n'est rien par rapport à l'effet que peut faire cette musique, si réussie, si belle, sachant être légère ou ténébreuse, toujours ultime. Merci Anton Newcombe d'avoir pris le temps de nous livrer ce chef d'oeuvre.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 18 juillet 2008 à 14 h 08 |
Artiste maudit s'il en est, Anton Newcombe, à l'écoute de ce nouvel album de Brian Jonestown Massacre, a semble-t-il définitivement décidé de saborder sa propre carrière commerciale. En éternel insatisfait perfectionniste à l'égo surdimensionné, il s'enfonce dans les limbes d'un art élitiste comme tant d'autres artistes avant lui. Las du buzz ? Las des critiques ? Las de devoir expliquer sa vision du rock à des masses ignares façonnées par les médias aseptisés ? On ne le saura sans doute jamais. A moins qu'il ne retrouve un jour une attitude un minimum sociable.
Pour le moment, à l'écoute de My Bloody Underground, il est au fond du trou. Tout s'accumule sur ses épaules bien trop frêles pour supporter à elles seules tant de pression: perte de ses musiciens (dont certains amis de longue date), perte de sa crédibilité après des albums moyens et des concerts catastrophiques, paranoïa exacerbée par la consommation de substance psychotropes diverses... Comme bien d'autres compositeurs grandiloquents avant lui, il se lance dans un projet personnel et égoïste dans se soucier un instant des répercussions sur sa carrière. Pour les cancres du fond, le titre en dit long sur sa démarche : sur les traces de Lou Reed et autre Kevin Shields, il entre dans un autisme impénétrable dont il ne ressortira (peut-être) qu'une fois ses démons envolés.
Et qu'en est-il du résultat ? Pénible, agaçant, décourageant, énervant, ce disque provoque des réactions diverses devant un tel gâchis. Car le talent de composition d'Anton Newcombe n'est plus à démontrer. Véritable Midas, dès qu'il se lance dans un projet hasardeux, les étincelles dorées fusent par paquets. Son talent est à la hauteur du personnage emblématique de son groupe : touche à tout, multi-instrumentiste, il sublime tout ce qu'il entreprend... quand il le veut. Et cette fois le but recherché semble être justement l'inverse. Mission accomplie : mal joué, pas carré, produit avec les pieds, My Bloody Underground est atroce. Pourtant à quelques exceptions près ("We Are The Niggers Of The World", c'est quoi ce Clayderman au titre graveleux ?), les titres regorgent toujours d'idées, restent variés, inspirés mais massacrés par une production excessivement horrible : accordages, défilement de bande inutile, prise unique, débordements de micros, fausses notes... Rien ne nous est épargné. Le pire étant atteint dans les hommages ostensibles au shoegaze. Ce style est déjà par définition un calvaire à écouter, il est devient ici littéralement atroce. Ecouter "Auto-Matic-Faggot For The People" (attention le jeu de mot minable !) ou "Who Cares Why" en entier tient lieu de l'exploit. Les autres morceaux abordant des styles différents ne sont pas en reste non plus. On fatigue littéralement en tentant sans succès de discerner les instruments, les mélodies ou la voix au milieu de ce capharnaüm. Certains y voient un retour au lo-fi mais il existe un gouffre entre une production cheap et un sabordage volontaire. Les premiers albums du groupe sont lo-fi mais parfaitement écoutables.
My Bloody Underground vient donc étayer le fait qu'Anton Newcombe a pété sa dernière durite. C'est peu rassurant et sans doute définitif. Un disque loin d'être brillant donc le but est pleinement accompli... Cependant, ne le remisons pas trop vite aux oubliettes. Comme beaucoup de caprices d'artistes mégalos, il pourrait bien s'avérer incontournable dans quelques années. C'est fort peu probable mais on ne sait jamais...
Pour le moment, à l'écoute de My Bloody Underground, il est au fond du trou. Tout s'accumule sur ses épaules bien trop frêles pour supporter à elles seules tant de pression: perte de ses musiciens (dont certains amis de longue date), perte de sa crédibilité après des albums moyens et des concerts catastrophiques, paranoïa exacerbée par la consommation de substance psychotropes diverses... Comme bien d'autres compositeurs grandiloquents avant lui, il se lance dans un projet personnel et égoïste dans se soucier un instant des répercussions sur sa carrière. Pour les cancres du fond, le titre en dit long sur sa démarche : sur les traces de Lou Reed et autre Kevin Shields, il entre dans un autisme impénétrable dont il ne ressortira (peut-être) qu'une fois ses démons envolés.
Et qu'en est-il du résultat ? Pénible, agaçant, décourageant, énervant, ce disque provoque des réactions diverses devant un tel gâchis. Car le talent de composition d'Anton Newcombe n'est plus à démontrer. Véritable Midas, dès qu'il se lance dans un projet hasardeux, les étincelles dorées fusent par paquets. Son talent est à la hauteur du personnage emblématique de son groupe : touche à tout, multi-instrumentiste, il sublime tout ce qu'il entreprend... quand il le veut. Et cette fois le but recherché semble être justement l'inverse. Mission accomplie : mal joué, pas carré, produit avec les pieds, My Bloody Underground est atroce. Pourtant à quelques exceptions près ("We Are The Niggers Of The World", c'est quoi ce Clayderman au titre graveleux ?), les titres regorgent toujours d'idées, restent variés, inspirés mais massacrés par une production excessivement horrible : accordages, défilement de bande inutile, prise unique, débordements de micros, fausses notes... Rien ne nous est épargné. Le pire étant atteint dans les hommages ostensibles au shoegaze. Ce style est déjà par définition un calvaire à écouter, il est devient ici littéralement atroce. Ecouter "Auto-Matic-Faggot For The People" (attention le jeu de mot minable !) ou "Who Cares Why" en entier tient lieu de l'exploit. Les autres morceaux abordant des styles différents ne sont pas en reste non plus. On fatigue littéralement en tentant sans succès de discerner les instruments, les mélodies ou la voix au milieu de ce capharnaüm. Certains y voient un retour au lo-fi mais il existe un gouffre entre une production cheap et un sabordage volontaire. Les premiers albums du groupe sont lo-fi mais parfaitement écoutables.
My Bloody Underground vient donc étayer le fait qu'Anton Newcombe a pété sa dernière durite. C'est peu rassurant et sans doute définitif. Un disque loin d'être brillant donc le but est pleinement accompli... Cependant, ne le remisons pas trop vite aux oubliettes. Comme beaucoup de caprices d'artistes mégalos, il pourrait bien s'avérer incontournable dans quelques années. C'est fort peu probable mais on ne sait jamais...
A éviter 6/20
Posté le 03 février 2010 à 13 h 38 |
Homme, descends de ton piédestal, pose le vinyle sur ta platine, et embarque pour le manège tourbillonnant... c'est ainsi que l'on entame le voyage.
Cet album s'est révélé à moi avec le temps, enfin, l'efficacité de certains titres m'avaient quand même immédiatement touché ("Golden Frost" et "Monkey Powder" notamment - on entend la musique fatale, on entre dans la danse macabre, et on se sent entraîné dans le tourbillon du vertige, les guitares et le chant se confondent...), mais ce qui me renverse désormais ne m'est apparu que bien après la sortie officielle. et, attention, je ne dis pas ça afin de m'opposer à votre sensibilité musicale, et je ne veux pas non plus vous apprendre à penser, mais c'est un album qui me semble très profond, difficile à comprendre, que l'on ne peut pas réellement conceptualiser.. .la perception peut se faire négative ou positive, mais il est impossible de saisir la véritable essence de cette musique, on peut, si l'on veut, s'opposer plus simplement à l'enregistrement etc., mais on ne traite pas l'ivresse et la confusion comme ça, parce qu'on le décide et que l'on emploie les quelques mots que l'on associe souvent à ces idées.
Justement ce qui me plait ici, c'est l'authenticité de la démarche, et, une fois encore, attention, je ne dis pas cela par opposition au "non-authentique", tout ce que je veux dire, c'est que le naturel et la simplicité sans limites de la composition me plaisent, me libèrent et m'enrichissent en tant que musicien. Après tant pis si ça ne plait pas à tout le monde, tant mieux si cela enrichit verbalement les critiques, il en faut bien pour tous, après tout l'univers artistique n'est qu'un désert d'opinions. En tout cas, dans My Bloody Underground, j'entends un véritable rejet des bases de la musique, on acquiert une forme inhabituelle de conscience, on se sent pris dans la flamme d'une bougie qui va s'éteindre... et c'est un état si transparent que celui qui n'y est pas préparé passera à travers sans même le remarquer. C'est peut-être mon imagination, mais, je ne prétends pas partager autre chose que mon opinion.
À chaque fois que je passe l'album à des amis, la terreur d'être lâchés dans un univers inconnu les empêche de reconnaître quoi que ce soit, ils se sentent désorientés, comme nous le sommes parfois quand nous nous réveillons trop brutalement. Bref, il n'est pas question de vénération, mais l'esprit d'Anton Newcombe m'apparait comme génial et intrépide... parce qu'à bord de son Brian Jonstown Massacre il va, courageusement, à l'encontre du courant, car c'est bien dans les épreuves et les sacrifices qu'il forge son propre refuge, la musique de son putain d'underground : indéfinissible (à l'image de la claire obscurité de la fantastique Dark Wave Driver), au-delà des dualités du fini et de l'infini du temps et de l'éternité, en un mot, une expérience auditive hors du commun... if only it lasted for eternity...
Cet album s'est révélé à moi avec le temps, enfin, l'efficacité de certains titres m'avaient quand même immédiatement touché ("Golden Frost" et "Monkey Powder" notamment - on entend la musique fatale, on entre dans la danse macabre, et on se sent entraîné dans le tourbillon du vertige, les guitares et le chant se confondent...), mais ce qui me renverse désormais ne m'est apparu que bien après la sortie officielle. et, attention, je ne dis pas ça afin de m'opposer à votre sensibilité musicale, et je ne veux pas non plus vous apprendre à penser, mais c'est un album qui me semble très profond, difficile à comprendre, que l'on ne peut pas réellement conceptualiser.. .la perception peut se faire négative ou positive, mais il est impossible de saisir la véritable essence de cette musique, on peut, si l'on veut, s'opposer plus simplement à l'enregistrement etc., mais on ne traite pas l'ivresse et la confusion comme ça, parce qu'on le décide et que l'on emploie les quelques mots que l'on associe souvent à ces idées.
Justement ce qui me plait ici, c'est l'authenticité de la démarche, et, une fois encore, attention, je ne dis pas cela par opposition au "non-authentique", tout ce que je veux dire, c'est que le naturel et la simplicité sans limites de la composition me plaisent, me libèrent et m'enrichissent en tant que musicien. Après tant pis si ça ne plait pas à tout le monde, tant mieux si cela enrichit verbalement les critiques, il en faut bien pour tous, après tout l'univers artistique n'est qu'un désert d'opinions. En tout cas, dans My Bloody Underground, j'entends un véritable rejet des bases de la musique, on acquiert une forme inhabituelle de conscience, on se sent pris dans la flamme d'une bougie qui va s'éteindre... et c'est un état si transparent que celui qui n'y est pas préparé passera à travers sans même le remarquer. C'est peut-être mon imagination, mais, je ne prétends pas partager autre chose que mon opinion.
À chaque fois que je passe l'album à des amis, la terreur d'être lâchés dans un univers inconnu les empêche de reconnaître quoi que ce soit, ils se sentent désorientés, comme nous le sommes parfois quand nous nous réveillons trop brutalement. Bref, il n'est pas question de vénération, mais l'esprit d'Anton Newcombe m'apparait comme génial et intrépide... parce qu'à bord de son Brian Jonstown Massacre il va, courageusement, à l'encontre du courant, car c'est bien dans les épreuves et les sacrifices qu'il forge son propre refuge, la musique de son putain d'underground : indéfinissible (à l'image de la claire obscurité de la fantastique Dark Wave Driver), au-delà des dualités du fini et de l'infini du temps et de l'éternité, en un mot, une expérience auditive hors du commun... if only it lasted for eternity...
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