Anathema
We're Here Because We're Here |
Label :
Kscope |
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L'océan et les lumières aveuglantes de l'illumination sont devenus des éléments récurrents dans l'illustration des albums d'Anathema. Judgement, A Fine Day To Exist, A Natural Disaster, autant de déclinaisons d'une même vision céleste. La différence majeure entre ces œuvres passées et le dernier-né, We're Here Because We're Here, est la sensation de sérénité et d'apaisement infini qui se dégage de cet homme posté à la frontière des quatre éléments.
Fini, le temps de la mélancolie. Les retrouvailles sont douces, amicales, et empreintes d'une forme de joie à laquelle Anathema ne nous que très rarement habitué.
"Thin Air" pose d'emblée les bases d'un rock atmosphérique inspiré, à la fois épuré et d'une structure assez simple, mais doté d'une montée en puissance extraordinaire culminant dans un final somptueux et dominateur, enlevé par la voix sublime de Vincent, toujours aussi émotive.
Il semble évident qu'Anathema a définitivement tourné le dos au metal atmosphérique et, à ce titre, les habitués des dernières productions ne seront pas surpris par le style pratiqué ici. En revanche, la qualité des morceaux, elle, est nettement supérieure, le groupe ayant, selon moi, retrouvé le génie d'un "Alternative 4." Il suffit d'écouter "Summer Night Horizon" pour en être convaincu : une mélodie au piano tendue, nerveuse, et d'un coup la batterie, sèche, sur un tempo très élevé, contre point idéal à la voix charmeuse, sensuelle. Puis les guitares, véloces, qui viennent se greffer à l'ensemble en une harmonie divine... Cela faisait des années qu'un titre d'Anathema ne m'avait pas autant touché, fait percevoir la grâce d'aussi près. Une intensité palpable se dégage de ces accords parfaits, mais l'aspect dramatique a disparu. Le groupe laisse désormais s'exprimer le calme, la sérénité et la joie d'une amitié renouée après de trop longues années d'éloignement.
Album principalement dominé par le piano et faisant la part belle aux compositions aériennes, j'ai dû mal à comprendre comme il se fait qu'Anathema ne jouisse pas d'une plus ample reconnaissance. Sont-ce ses origines métalliques qui lui portent préjudice ? Il est pourtant évident que quiconque appréciant des groupes tels que Radiohead, Muse, voire Coldplay, trouverait chez le quatuor anglais une musique de choix, une pièce rare.
Les minutes défilent à la vitesse d'un rendez-vous amoureux, de ceux où l'on se quitte trop vite en ayant le sentiment de ne pas avoir tout dit, de ne pas avoir tout entendu. Le bonheur n'y est jamais parfait, y compris dans ce mélange des chants masculins et féminins ("Everything") qui, en dépit de la réunion des principes, ne se départit jamais d'un fond de mélancolie, de celle qui se construit sur l'acceptation et non plus la douleur. Anathema a appris de ses souffrances intérieures et cet enseignement, il nous le fait partager au cours de dix chapitres éthérés.
Certes, l'on pourrait regretter les envolées guitaristiques de jadis mais, au final, la perfection de l'offrande balaie les éventuelles pensées négatives. We're Here Because We're Here s'adresse à l'anima, c'est une rêverie ineffable où les sentiments prennent le pas sur l'aspect purement musical. Il n'est pas question de refrains entraînants, de tubes en puissance : seul le ressenti importe. Je conçois difficilement quelqu'un pouvant rester insensible à "A Simple Mistake" ou "Hindsight", compositions de huit minutes, seules véritablement porteuses de désespoir et où la lourdeur des guitares et l'apesanteur des claviers renvoient directement à l'ancien temps.
Point de grandeur et décadence pour Anathema, le génie est toujours là. On sort de cet album reposé, les yeux grands ouverts, prêts à voir pour la première toute la beauté des choses dans leur dénuement, leur simplicité, leur quotidienneté...
Fini, le temps de la mélancolie. Les retrouvailles sont douces, amicales, et empreintes d'une forme de joie à laquelle Anathema ne nous que très rarement habitué.
"Thin Air" pose d'emblée les bases d'un rock atmosphérique inspiré, à la fois épuré et d'une structure assez simple, mais doté d'une montée en puissance extraordinaire culminant dans un final somptueux et dominateur, enlevé par la voix sublime de Vincent, toujours aussi émotive.
Il semble évident qu'Anathema a définitivement tourné le dos au metal atmosphérique et, à ce titre, les habitués des dernières productions ne seront pas surpris par le style pratiqué ici. En revanche, la qualité des morceaux, elle, est nettement supérieure, le groupe ayant, selon moi, retrouvé le génie d'un "Alternative 4." Il suffit d'écouter "Summer Night Horizon" pour en être convaincu : une mélodie au piano tendue, nerveuse, et d'un coup la batterie, sèche, sur un tempo très élevé, contre point idéal à la voix charmeuse, sensuelle. Puis les guitares, véloces, qui viennent se greffer à l'ensemble en une harmonie divine... Cela faisait des années qu'un titre d'Anathema ne m'avait pas autant touché, fait percevoir la grâce d'aussi près. Une intensité palpable se dégage de ces accords parfaits, mais l'aspect dramatique a disparu. Le groupe laisse désormais s'exprimer le calme, la sérénité et la joie d'une amitié renouée après de trop longues années d'éloignement.
Album principalement dominé par le piano et faisant la part belle aux compositions aériennes, j'ai dû mal à comprendre comme il se fait qu'Anathema ne jouisse pas d'une plus ample reconnaissance. Sont-ce ses origines métalliques qui lui portent préjudice ? Il est pourtant évident que quiconque appréciant des groupes tels que Radiohead, Muse, voire Coldplay, trouverait chez le quatuor anglais une musique de choix, une pièce rare.
Les minutes défilent à la vitesse d'un rendez-vous amoureux, de ceux où l'on se quitte trop vite en ayant le sentiment de ne pas avoir tout dit, de ne pas avoir tout entendu. Le bonheur n'y est jamais parfait, y compris dans ce mélange des chants masculins et féminins ("Everything") qui, en dépit de la réunion des principes, ne se départit jamais d'un fond de mélancolie, de celle qui se construit sur l'acceptation et non plus la douleur. Anathema a appris de ses souffrances intérieures et cet enseignement, il nous le fait partager au cours de dix chapitres éthérés.
Certes, l'on pourrait regretter les envolées guitaristiques de jadis mais, au final, la perfection de l'offrande balaie les éventuelles pensées négatives. We're Here Because We're Here s'adresse à l'anima, c'est une rêverie ineffable où les sentiments prennent le pas sur l'aspect purement musical. Il n'est pas question de refrains entraînants, de tubes en puissance : seul le ressenti importe. Je conçois difficilement quelqu'un pouvant rester insensible à "A Simple Mistake" ou "Hindsight", compositions de huit minutes, seules véritablement porteuses de désespoir et où la lourdeur des guitares et l'apesanteur des claviers renvoient directement à l'ancien temps.
Point de grandeur et décadence pour Anathema, le génie est toujours là. On sort de cet album reposé, les yeux grands ouverts, prêts à voir pour la première toute la beauté des choses dans leur dénuement, leur simplicité, leur quotidienneté...
Parfait 17/20 | par Arno Vice |
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