Anathema
Serenades |
Label :
Peaceville |
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Platitude, désespoir, obscurité, pesanteur : ce sont les mots qui viennent à l'esprit à l'écoute du premier album d'Anathema.
Bien loin encore de la sorte d'apaisement lyrique atteint sur les plus récents opus, le groupe anglais navigue encore en eaux troubles, dans les pires recoins du monde métal. Visiblement torturé, le groupe exposera de manière crue toute une tristesse et une violence sourde, car inutilement exutoire.
Oblongue, lourde et pessimiste, cette musique viscérale évoque des atmosphères sombres, viciées et difficilement soutenables par les âmes sensibles. Rien n'est propre ici : les riffs bas, ne dépassant jamais le Do dièse, assomment plus qu'ils élèvent. Et le tempo ralenti glisse la violence de la musique vers des abîmes d'abomination et de beauté ténébreuse.
Les riffs se feront fracassants, bien que mélodieux, comme sur les géniaux "The Sweet Suffering" ou "Lovelorn Rhapsody", mais resteront ancrées dans une lourdeur écrasante. Agressif souvent, non pas par sa vitesse ou sa virtuosité, mais plutôt par sa noirceur, le doom metal d'Anathema retranscrit une forme de dépression tout aussi mystérieuse que gracieuse. S'envolant dans des contrées majestueuses juste à l'aide de riffs bien sentis, de solos planant et de chant gutturaux à glacer les sangs, les chansons de la formation anglaise, première mouture (avec Darren White au chant, enfin, aux grognements), laissent pantois d'admiration. Beauté sourde, mélancolie tenace, exposée violemment et brutalement à grand coup de riffs assommants, se déployant sur plusieurs niveaux ou des ambiances atmosphériques, comme en fin de guerre ou de fin de carnage, lorsqu'il ne reste plus que des champs de ruines et des cadavres.
Parfois cette tristesse rattachée au groupe est mise à nue de manière plus dépouillée, comme sur "Scars of old dream" avec ces claviers étranges ou "Under a veil (of black lace)" au cours duquel la voix de Darren se double entre grognement et chant clair, tout en conservant une mélancolie dont la ténacité est contagieuse.
Malgré la gravité et l'austérité d'un metal aussi sombre, qui allait annoncer la vague de doom/death anglaise, l'effet d'hypnose est quasi-immédiat. Le très accrocheur "Sleepless", et ses guitares hésitant entre cold-wave et metal, enchaîne avec une fluidité parfaite une succession de riffs complexes et presque planant. Même s'il reste encore bien ancré dans le metal extrême de par ses chants gutturaux et ces rythmes martelant, ce premier essai n'en demeure pas moins stupéfiant. Malgré des redites et un manque de diversité, parfois même jusqu'à l'ennui (Cf : le morceau final : ving-trois minutes sur un même accord), il permet de plonger instantanément dans un monde ténébreux. Démonstratif et émotionnel, le metal d'Anathema dégageait alors une force sans pareille.
Bien loin encore de la sorte d'apaisement lyrique atteint sur les plus récents opus, le groupe anglais navigue encore en eaux troubles, dans les pires recoins du monde métal. Visiblement torturé, le groupe exposera de manière crue toute une tristesse et une violence sourde, car inutilement exutoire.
Oblongue, lourde et pessimiste, cette musique viscérale évoque des atmosphères sombres, viciées et difficilement soutenables par les âmes sensibles. Rien n'est propre ici : les riffs bas, ne dépassant jamais le Do dièse, assomment plus qu'ils élèvent. Et le tempo ralenti glisse la violence de la musique vers des abîmes d'abomination et de beauté ténébreuse.
Les riffs se feront fracassants, bien que mélodieux, comme sur les géniaux "The Sweet Suffering" ou "Lovelorn Rhapsody", mais resteront ancrées dans une lourdeur écrasante. Agressif souvent, non pas par sa vitesse ou sa virtuosité, mais plutôt par sa noirceur, le doom metal d'Anathema retranscrit une forme de dépression tout aussi mystérieuse que gracieuse. S'envolant dans des contrées majestueuses juste à l'aide de riffs bien sentis, de solos planant et de chant gutturaux à glacer les sangs, les chansons de la formation anglaise, première mouture (avec Darren White au chant, enfin, aux grognements), laissent pantois d'admiration. Beauté sourde, mélancolie tenace, exposée violemment et brutalement à grand coup de riffs assommants, se déployant sur plusieurs niveaux ou des ambiances atmosphériques, comme en fin de guerre ou de fin de carnage, lorsqu'il ne reste plus que des champs de ruines et des cadavres.
Parfois cette tristesse rattachée au groupe est mise à nue de manière plus dépouillée, comme sur "Scars of old dream" avec ces claviers étranges ou "Under a veil (of black lace)" au cours duquel la voix de Darren se double entre grognement et chant clair, tout en conservant une mélancolie dont la ténacité est contagieuse.
Malgré la gravité et l'austérité d'un metal aussi sombre, qui allait annoncer la vague de doom/death anglaise, l'effet d'hypnose est quasi-immédiat. Le très accrocheur "Sleepless", et ses guitares hésitant entre cold-wave et metal, enchaîne avec une fluidité parfaite une succession de riffs complexes et presque planant. Même s'il reste encore bien ancré dans le metal extrême de par ses chants gutturaux et ces rythmes martelant, ce premier essai n'en demeure pas moins stupéfiant. Malgré des redites et un manque de diversité, parfois même jusqu'à l'ennui (Cf : le morceau final : ving-trois minutes sur un même accord), il permet de plonger instantanément dans un monde ténébreux. Démonstratif et émotionnel, le metal d'Anathema dégageait alors une force sans pareille.
Bon 15/20 | par Vic |
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