Arctic Monkeys

Nîmes [Arènes] - dimanche 22 juillet 2007

Ah ! Qu'il est bon d'avoir vingt ans ! De pouvoir monter sur scène avant même de faire des études, de signer des tubes efficaces et fédérateurs aussi facilement que de pisser de la bière, de prendre tout ce qui vient, même le succès, comme une vaste blague, de se marrer devant toutes ces lycéennes en pavoisons devant sa sale gueule de gosse prolétaire, de ne pas se prendre au sérieux alors qu'on a tout dit en seulement deux-trois accords bien sentis, bref de pouvoir dominer le monde pour mieux lui cracher dessus.
C'est à tout cela que se résument les fougueux Arctic Monkeys. Quatre gamins qui se sont bien moqué des convenances et qui se contentent de faire danser les filles. La recette est simple mais guère personne ne s'en était occupé : une rythmique dynamique, des riffs hachés et concis et un chant pris par-dessus la jambe. On aura beau faire, il est strictement impossible de ne pas sauter, lever le bras en l'air, index pointé vers le haut et de hurler, sous le feu nourri de tempo sautillant, nonchalant bien souvent ("The View From Afternoon" ou le génial "You Probably Couldn't See For The Lights But You Were Staring Straigh At Me").
Un esprit s'échappe de ces corps malingres adolescents : un discours rebondissant, qui saute d'une idée à l'autre, sans prendre la peine de la travailler, se contentant de l'efficace. Un son un peu à l'emporte-pièce parfois, avec cette capacité fulgurante à accélérer le ton, à le réduire à la plus stricte concision pour transformer l'ensemble en mini-hymne stadier ("I Bet You Look Good On The Dancefloor" ou bien l'inoubliable "Fake Tales Of San Fransisco"). Les morceaux courts s'enchaînent, si bien que le temps défile sans s'en rendre compte, il fait déjà nuit, mais le groupe continue, s'essayant même à des morceaux plus matures, issus de leur second opus ("Old Yellow Brick"), voire romantiques. Mais bien sûr un romantisme de gamins, de rue, désoeuvré et naïf ("505" ou le final "A Certain Romance"). Avec lequel ces gosses démontrent un talent certain pour les mélodies groovy et indolentes ("When The Sun Goes Down"). Flirtant sans cesse avec la facilité, ou tout du moins, l'évidence, les Arctic Monkeys conservent au moins une chose : un certaine fougue qui transparaît dans ces guitares sans nuance et cette rythmique carrée. Le tout pour des tubes sur lesquels sauter, transpirer et crier ; pas besoin de plus quand on a vingt ans (et plus).
Et mine de rien, ces gosses deviennent les hérauts d'une jeunesse oubliée : celle d'aujourd'hui qui s'emmerde trop vite et qui n'a plus d'idéaux hormis la télé, la Playstation et la bière bon marché. Alors qu'ils les fassent vibrer en concert avec des chansons courtes et à l'orgasme précoce, c'est le moindre mal. Car c'est cela l'esprit punk.


Très bon   16/20
par Vic


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