Serge Gainsbourg
Le Cinéma De Serge Gainsbourg |
Label :
Emarcy |
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Pour subsister face à l'accueil plus que froid remporté par ses albums solo, Gainsbourg officia dans deux catégories : le nègre musical (sans qui des dizaines de chanteurs variétoches n'auraient jamais vendu une galette) et les bandes originales de films. Et c'est dans ce dernier exercice que l'homme à la tête de chou s'avère, à posteriori, le plus créatif. Véritable laboratoire où on lui laissait souvent une carte blanche totale, il pu expérimenter tous azimuts et laisser éclater son amour pour les musiques ‘exotiques'. Malheureusement, ces BOs n'étant que rarement éditées, ou à un nombre d'exemplaires dérisoires, ces trésors furent pendant des années introuvables.
Injustice réparée par l'édition de ce coffret triple CDs dont la sortie coïncide avec le dixième anniversaire de la mort de cet artiste inégalable. Une opportunité commerciale flagrante mais un objet complètement indispensable pour qui veut pousser un peu plus loin l'exploration de l'énorme oeuvre de Gainsbourg. Classés chronologiquement de 1959 à 1990, des films L'Eau A La Bouche à Stan The Flasher, les morceaux défilent suivant la progression artistique des albums solos. Passées les partitions jazz relativement classiques et proches des trois premiers albums solos, l'expressivité des morceaux explose réellement sur la BO de Strip-Tease dont six morceaux sont ici présents. La base reste jazz mais, années 1960 aidant, les arrangements donnent un visage nouveau à la musique de Gainsbourg : effluves sud-américaines, guitares pops, orchestrations... Ce coup d'essai bouscule complètement la façon d'écrire du compositeur. La fin des années 1960 sera alors d'une créativité folle. Elans baroques ("Valse Du Jardinier" sur Le Jardinier D'Argenteuil), yéyé bêta ("Comment Trouvez-Vous Ma Soeur?"), folk ("Chanson Du Forçat" sur Vidocq) et ce "Breakdown Suite" de Si J'Etais Un Espion qui marrie John Barry à une opulence classique. Succulent.
Par la suite, la nouvelle vague partant en fumée et avec elle les désirs arty d'une bonne partie du cinéma français, Gainsbourg fut sollicité pour des films érotiques portés par la vague "Emmanuelle". La sensualité affichée par sa rencontre avec Jane Birkin sera alors étirée sur les musiques de Sex-Shop, Madame Claude, Goodbye Emmanuelle... Les troupes de cafés-théâtres parisiens, férus du personnage public et se reconnaissant en sa verve et sa provocation, firent également appel à lui quand ils eurent les poches assez remplies pour passer de la scène à l'écran. Gainsbourg ouvrit alors la vanne de la potacherie pour des films tels Les Bronzés, Trop Jolies Pour Etre Honnêtes ou Vous N'Aurez Pas L'Alsace Et La Lorraine.
On retrouve bien évidemment au milieu de ces curiosités, des titres devenus classiques après réhabilitation à coup de compilations diverses ("Elisa", "Requiem Pour Un Con", "Manon"...). On notera également que la trame instrumentale de "Je T'Aime, Moi Non Plus" et en fait la "Scène De Bal 1" du film Les Coeurs Verts de 1967. Mais, encore enfouis dans les tréfonds d'une oeuvre décidemment gargantuesque, des pépites chantées ressurgissent ici. Le plus bel exemple est sans hésiter "La Chanson De Slogan", premier duo Birkin-Gainsbourg, porté par un clavecin et une orchestration divine. C'est sur le tournage de ce film que le couple s'est rencontré et ça se sent : amoureux, Gainsbourg fait des étincelles et engendre sûrement l'un de ses plus magnifiques duos. La fin du troisième disque propose des morceaux rares interprétés par Anna Karina, Juliette Greco et Nico (dans un français sans accent).
Au milieu des 72 morceaux que compte cette compilation, on trouve tout de même quelques plages anecdotiques. En effet, comme dans beaucoup de BOs, l'intérêt de certains titres s'évapore sans les images qu'ils illustrent. Reste tout de même plusieurs dizaines de joyaux inédits ou presque dont certains sont au panthéon des compositions de Monsieur Serge Gainsbourg.
Injustice réparée par l'édition de ce coffret triple CDs dont la sortie coïncide avec le dixième anniversaire de la mort de cet artiste inégalable. Une opportunité commerciale flagrante mais un objet complètement indispensable pour qui veut pousser un peu plus loin l'exploration de l'énorme oeuvre de Gainsbourg. Classés chronologiquement de 1959 à 1990, des films L'Eau A La Bouche à Stan The Flasher, les morceaux défilent suivant la progression artistique des albums solos. Passées les partitions jazz relativement classiques et proches des trois premiers albums solos, l'expressivité des morceaux explose réellement sur la BO de Strip-Tease dont six morceaux sont ici présents. La base reste jazz mais, années 1960 aidant, les arrangements donnent un visage nouveau à la musique de Gainsbourg : effluves sud-américaines, guitares pops, orchestrations... Ce coup d'essai bouscule complètement la façon d'écrire du compositeur. La fin des années 1960 sera alors d'une créativité folle. Elans baroques ("Valse Du Jardinier" sur Le Jardinier D'Argenteuil), yéyé bêta ("Comment Trouvez-Vous Ma Soeur?"), folk ("Chanson Du Forçat" sur Vidocq) et ce "Breakdown Suite" de Si J'Etais Un Espion qui marrie John Barry à une opulence classique. Succulent.
Par la suite, la nouvelle vague partant en fumée et avec elle les désirs arty d'une bonne partie du cinéma français, Gainsbourg fut sollicité pour des films érotiques portés par la vague "Emmanuelle". La sensualité affichée par sa rencontre avec Jane Birkin sera alors étirée sur les musiques de Sex-Shop, Madame Claude, Goodbye Emmanuelle... Les troupes de cafés-théâtres parisiens, férus du personnage public et se reconnaissant en sa verve et sa provocation, firent également appel à lui quand ils eurent les poches assez remplies pour passer de la scène à l'écran. Gainsbourg ouvrit alors la vanne de la potacherie pour des films tels Les Bronzés, Trop Jolies Pour Etre Honnêtes ou Vous N'Aurez Pas L'Alsace Et La Lorraine.
On retrouve bien évidemment au milieu de ces curiosités, des titres devenus classiques après réhabilitation à coup de compilations diverses ("Elisa", "Requiem Pour Un Con", "Manon"...). On notera également que la trame instrumentale de "Je T'Aime, Moi Non Plus" et en fait la "Scène De Bal 1" du film Les Coeurs Verts de 1967. Mais, encore enfouis dans les tréfonds d'une oeuvre décidemment gargantuesque, des pépites chantées ressurgissent ici. Le plus bel exemple est sans hésiter "La Chanson De Slogan", premier duo Birkin-Gainsbourg, porté par un clavecin et une orchestration divine. C'est sur le tournage de ce film que le couple s'est rencontré et ça se sent : amoureux, Gainsbourg fait des étincelles et engendre sûrement l'un de ses plus magnifiques duos. La fin du troisième disque propose des morceaux rares interprétés par Anna Karina, Juliette Greco et Nico (dans un français sans accent).
Au milieu des 72 morceaux que compte cette compilation, on trouve tout de même quelques plages anecdotiques. En effet, comme dans beaucoup de BOs, l'intérêt de certains titres s'évapore sans les images qu'ils illustrent. Reste tout de même plusieurs dizaines de joyaux inédits ou presque dont certains sont au panthéon des compositions de Monsieur Serge Gainsbourg.
Excellent ! 18/20 | par Abe-sapien |
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