Serge Gainsbourg
Jane Birkin - Serge Gainsbourg |
Label :
Fontana |
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Quand Gainsbourg avait fait écouter au directeur artistique du label Philips la chanson "Je t'aime moi non plus", celui-ci avait bien senti le scandale qui arrivait, dans ces prudes années soixante.
Il avait accepté de sortir le 45t, sur le sous-label Fontana, mais avait ajouté "Je veux bien aller en prison, mais pas pour un 45 tours. Allez à Londres, et enregistrez-moi un album pour accompagner la chanson." Ce qui fut fait.
Manquant de matériel, Serge avait bricolé quelques chansons pour la fluette voix de Jane, et recyclé quelques vieux morceaux jadis composés pour d'autres artistes ("Les Sucettes", bien sûr, pour France Gall) ou utilisés en instru pour des musiques de films ("Elisa").
L'inspiration n'est pas au rendez-vous à chaque morceau, les interventions de la très jeune Birkin sont limites, voire crispantes (le canari est sur le balcon) mais cet album charmant ne manque pas de qualités:
1) La pochette est superbe. Portrait plein cadre de Jane. Et Jane Birkin en 1969, c'est pas exactement un boudin.
2) C'est l'album de l'amour. La voix grave et lascive de Gainsbourg, les thématiques ("69, Année Erotique"). Tout est lourd de sous-entendus. Le futur homme à tête de chou développe ici son personnage de dandy sulfureux. Il chante encore, mais utilise de plus en plus le talk-over, technique qu'il fera définitive sienne avec l'album suivant, Melody Nelson.
3) Musicalement, c'est parfois l'extase, la rythmique de "69, Année Erotique" a d'ailleurs fait le bonheur d'artistes trip-hop ou french touch, d'Air à Lemon Jelly, en passant par Portishead à Burgalat. Les arrangements d'Arthur Greenslade sont d'une classe et d'une sensualité folle.
4) La version de l'album que j'ai n'inclue même pas la chanson "Je t'aime moi non plus". Allez comprendre...
Il avait accepté de sortir le 45t, sur le sous-label Fontana, mais avait ajouté "Je veux bien aller en prison, mais pas pour un 45 tours. Allez à Londres, et enregistrez-moi un album pour accompagner la chanson." Ce qui fut fait.
Manquant de matériel, Serge avait bricolé quelques chansons pour la fluette voix de Jane, et recyclé quelques vieux morceaux jadis composés pour d'autres artistes ("Les Sucettes", bien sûr, pour France Gall) ou utilisés en instru pour des musiques de films ("Elisa").
L'inspiration n'est pas au rendez-vous à chaque morceau, les interventions de la très jeune Birkin sont limites, voire crispantes (le canari est sur le balcon) mais cet album charmant ne manque pas de qualités:
1) La pochette est superbe. Portrait plein cadre de Jane. Et Jane Birkin en 1969, c'est pas exactement un boudin.
2) C'est l'album de l'amour. La voix grave et lascive de Gainsbourg, les thématiques ("69, Année Erotique"). Tout est lourd de sous-entendus. Le futur homme à tête de chou développe ici son personnage de dandy sulfureux. Il chante encore, mais utilise de plus en plus le talk-over, technique qu'il fera définitive sienne avec l'album suivant, Melody Nelson.
3) Musicalement, c'est parfois l'extase, la rythmique de "69, Année Erotique" a d'ailleurs fait le bonheur d'artistes trip-hop ou french touch, d'Air à Lemon Jelly, en passant par Portishead à Burgalat. Les arrangements d'Arthur Greenslade sont d'une classe et d'une sensualité folle.
4) La version de l'album que j'ai n'inclue même pas la chanson "Je t'aime moi non plus". Allez comprendre...
Très bon 16/20 | par Vlapush |
Posté le 04 avril 2007 à 11 h 41 |
Véritable hymne à l'amour, cet album illustre la très belle idylle qui a uni Serge Gainsbourg et Jane Birkin pendant ces années de libération sexuelle en cours !
Enorme choc à l'époque en Angleterre (il fut interdit), 'Jane et Serge' trouvera le public en se passant sous le manteau. Ouvert par la très sensuelle "Je t'aime ... moi non plus" et sa simulation d'acte sexuel (sensuel plutôt) que tout le monde connaît, il nous conquiert déjà et fait voler en éclats les derniers vestiges de la 'Morale sixties'. Heureusement qu'on ne s'arrête pas là car les perles qui suivent sont autant de joyaux dans leur écrin qui attendant d'être découverts. "69 année érotique" est dans le même esprit que "Je t'aime...", mais le sujet y est davantage suggéré. "L'anamour" est une très bonne chanson qui fait penser au style Beatles de la même période (Album Let it Be). On sent que Gainsbourg est en train de préparer son personnage cynique et sulfureux Gainsbarre, qui mettra un peu moins d'une décennie encore pour émerger complètement aux yeux du monde. Une autre remarque : cet album semble avoir été enregistré assez rapidement puisqu'il est rempli par des vieux morceaux composés en d'autres occasions. La relecture des "Sucettes à l'Anis", morceau rendu célèbre par France Gall, est intéressante car elle n'avait jamais été chantée exclusivement par le grand Serge. Appréciable. "Elisa", incluse dans une BO de film, s'est vue quand à elle attribuer des paroles, et n'en est que mieux mise en valeur ainsi. Mais faut croire qu'il n'y a pas que dans les vieux pots qu'on fait de la bonne soupe. Que dire de "Manon", pièce maîtresse de l'album, et de son introduction à pleurer? Le texte ici est chanté-parlé, style qu'il décidera d'adopter en grande majorité dans les albums qui suivront. Gainsbarre s'éveille. Un grand moment qui nous fait oublier certains vilains choeurs de Jane ("Le canari est sur le balcon") qui viennent légèrement entacher la galette, mais c'est excusable : l'amour fait faire des folies hein Serge?
Choquant à l'époque, et passé à la postérité aujourd'hui. Il est de ces artistes qui contribuent à changer les moeurs. Gainsbourg en fait partie et 'Jane et Serge' est sa porte d'accès vers le paradis des artistes maudits ! Immortel !
Enorme choc à l'époque en Angleterre (il fut interdit), 'Jane et Serge' trouvera le public en se passant sous le manteau. Ouvert par la très sensuelle "Je t'aime ... moi non plus" et sa simulation d'acte sexuel (sensuel plutôt) que tout le monde connaît, il nous conquiert déjà et fait voler en éclats les derniers vestiges de la 'Morale sixties'. Heureusement qu'on ne s'arrête pas là car les perles qui suivent sont autant de joyaux dans leur écrin qui attendant d'être découverts. "69 année érotique" est dans le même esprit que "Je t'aime...", mais le sujet y est davantage suggéré. "L'anamour" est une très bonne chanson qui fait penser au style Beatles de la même période (Album Let it Be). On sent que Gainsbourg est en train de préparer son personnage cynique et sulfureux Gainsbarre, qui mettra un peu moins d'une décennie encore pour émerger complètement aux yeux du monde. Une autre remarque : cet album semble avoir été enregistré assez rapidement puisqu'il est rempli par des vieux morceaux composés en d'autres occasions. La relecture des "Sucettes à l'Anis", morceau rendu célèbre par France Gall, est intéressante car elle n'avait jamais été chantée exclusivement par le grand Serge. Appréciable. "Elisa", incluse dans une BO de film, s'est vue quand à elle attribuer des paroles, et n'en est que mieux mise en valeur ainsi. Mais faut croire qu'il n'y a pas que dans les vieux pots qu'on fait de la bonne soupe. Que dire de "Manon", pièce maîtresse de l'album, et de son introduction à pleurer? Le texte ici est chanté-parlé, style qu'il décidera d'adopter en grande majorité dans les albums qui suivront. Gainsbarre s'éveille. Un grand moment qui nous fait oublier certains vilains choeurs de Jane ("Le canari est sur le balcon") qui viennent légèrement entacher la galette, mais c'est excusable : l'amour fait faire des folies hein Serge?
Choquant à l'époque, et passé à la postérité aujourd'hui. Il est de ces artistes qui contribuent à changer les moeurs. Gainsbourg en fait partie et 'Jane et Serge' est sa porte d'accès vers le paradis des artistes maudits ! Immortel !
Excellent ! 18/20
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