Serge Gainsbourg

N°4

N°4

 Label :     Philips 
 Sortie :    mercredi 21 mars 1962 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

Je vais vous toucher deux mots d'une rareté miraculeuse... D'un petit machin en vinyle... Machin qui fait du bruit dans les enceintes et de l'art mordant dans les oreilles...

Voici donc le dernier 25 cm de Gainsbourg chez Philips, dans la droite lignée de ses trois premiers LP, encore bien antérieur à la pop des p'tits gars de Liverpool, qui vont changer à jamais la donne pour Serge. Bossa nova ("Baudelaire") et jazz ("Quand Tu T'y Mets") sont donc toujours du voyage, accompagnant ces fameuses paroles mêlées de glace et de tendresse ("Ce Grand Méchant Vous") qui font, depuis ses débuts, hurler de bonheur les critiques.

On est d'accord: Il est fou le talent de ce petit mec.

Mais quand on n'est ni Brel, ni Piaf, ni Greco, il faut savoir se contenter de restes: Serge ne trouve pas son public et l'oeuvre du lascar qui avait l'outrecuidance d'être laid, passe à la trappe.

Tant pis donc pour "Les Goémons" (un de ses plus beaux morceaux), "Black Trombone", "Intoxicated Man" et autres, chansons parfaites qui savaient avec élégance faire sourire et aimer.


Exceptionnel ! !   19/20
par Judas


 Moyenne 18.00/20 

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Posté le 27 juillet 2007 à 17 h 03

Quatrième et dernier essai de percée dans la chanson française pour Serge Gainsbourg. N°4 représente en effet l'adieu quasi définitif du chanteur-compositeur à la norme. Il tente une dernière fois de s'imposer grâce à ce style de chanson jazzy de mise sur ses premiers disques.

Et c'est encore un coup de maître! Ce disque renferme des pépites inestimables. "Les Goémons" atteint le niveau de Ferré ou Brel. "Black Trombone", "Quand Tu T'y Mets" et surtout "Intoxicated Man" sont des sommets dans son style jazzy. Et Gainsbourg commence à montrer un intérêt certain pour les rythmes exotiques divers sur les autres morceaux; ouvrant la voie à ses futures compositions. Un album varié, aux morceaux travaillés et aux textes pertinents, tour à tour graves ou enjoués. Que demander de mieux ? Mais le public et les critiques français ne sont pas prêts comme d'habitude. Trop aveuglés par leur chauvinisme détestable et un manque cruel d'ouverture d'esprit.

Donc ce disque, comme tant d'autres de Serge Gainsbourg, est passé complètement à la trappe. Mais cet abandon critique est peut-être la bénédiction de sa carrière artistique. Il lui a permis de se rendre à l'évidence : malgré un talent gigantesque, il n'est pas fait pour le succès. Même si la télé n'a pas encore stéréotypé les artistes, il n'est pas assez glamour et s'écarte trop des sentiers battus pour 'devenir quelqu'un'. Pour vivre, il devra donc composer des sucreries vouées à faire vendre des stères de 45 tours à des interprètes cul-cul pas foutus d'écrire eux-mêmes. Mais le grand Serge soignera du coup plus que jamais son propre répertoire, une aubaine pour la chanson française: n'en ayant (presque) plus rien à foutre du succès, il expérimentera à tout va devenant le personnage musical français le plus important et le plus intéressant et ce jusqu'à sa mort.

A noter qu'à la même époque, 1963 pour être précis, Gainsbourg enregistre un de ses morceaux les plus somptueux: "La Javanaise". Titre d'une beauté noire magnifique, empli de choeurs éthérés et d'un sentiment nostalgique profond à faire froid dans le dos et, avis personnel, une des plus belles chansons françaises. Ce bijou est également disponible sur la réédition de ce disque. Il n'est donc pas possible de passer à côté.
Parfait   17/20







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