Serge Gainsbourg
Du Chant A La Une |
Label :
Mercury |
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1958, Gainsbourg a 30ans. Il abandonne la peinture et fréquente les clubs jazz. C'est l'année de son premier album, sorti à l'origine en 78 tours, sur lequel plane l'ombre de Boris Vian. Vian le trompettiste qui a beaucoup inspiré le jazz à la française et qui sera quasiment le seul, a cette époque, à défendre Serge Gainsbourg dans des articles élogieux parus dans le Canard Enchaîné.
C'est bien essentiellement un album de jazz qui nous est proposé ici. Une musique raffinée qui ne cède jamais à la facilité.
Aujourd'hui on se souvient essentiellement du "Poinçonneur Des Lilas" ('des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous') qui s'impose aux premières écoutes comme le titre le plus évident et qui deviendra très justement un classique. Tout ça ne doit pas laisser passer des titres comme "La Femme Des Uns Sous Le Corps Des Autres" aux accents très mambo ou "Ce Mortel Ennui" digne des plus grands jazzmen. Les textes sont noirs, parfois féroces, parfois et il pratique le sarcasme pour oublier sa timidité.
L'interprétation est à la Gainsbourg, c'est-à-dire très appliqué sans démonstration. On n'aime ou pas mais faut faire avec. Malgré l'incroyable qualité du contenu, le succès ne sera pas au rendez vous. Le surdoué est à ses débuts. Ce ne sera pas sans suite et la suite vous la connaissez aussi bien que moi.
'Écoute
Écoute un peu ça, poupée
T'entends ? Mon air préféré
Mets-moi la radio un peu plus fort'
Ces paroles extraites du titre du "Jazz Dans Le Ravin" semblent faites pour l'album. A nous d'écouter et d'apprécier.
C'est bien essentiellement un album de jazz qui nous est proposé ici. Une musique raffinée qui ne cède jamais à la facilité.
Aujourd'hui on se souvient essentiellement du "Poinçonneur Des Lilas" ('des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous') qui s'impose aux premières écoutes comme le titre le plus évident et qui deviendra très justement un classique. Tout ça ne doit pas laisser passer des titres comme "La Femme Des Uns Sous Le Corps Des Autres" aux accents très mambo ou "Ce Mortel Ennui" digne des plus grands jazzmen. Les textes sont noirs, parfois féroces, parfois et il pratique le sarcasme pour oublier sa timidité.
L'interprétation est à la Gainsbourg, c'est-à-dire très appliqué sans démonstration. On n'aime ou pas mais faut faire avec. Malgré l'incroyable qualité du contenu, le succès ne sera pas au rendez vous. Le surdoué est à ses débuts. Ce ne sera pas sans suite et la suite vous la connaissez aussi bien que moi.
'Écoute
Écoute un peu ça, poupée
T'entends ? Mon air préféré
Mets-moi la radio un peu plus fort'
Ces paroles extraites du titre du "Jazz Dans Le Ravin" semblent faites pour l'album. A nous d'écouter et d'apprécier.
Parfait 17/20 | par Mozz |
Posté le 21 mars 2007 à 12 h 34 |
Premier album d'un type qui, par son talent, allait révolutionner la musique française des 30 années à venir. C'est qu'en 1958, il avait déjà roulé sa bosse le petit serge : professeur de dessin et de chant, pianiste dans des bars, et même peintre à ses heures perdues, l'artiste peine à trouver sa voie et à se faire connaître du grand public. Seuls quelques visionnaires comme Michèle Arnaud, voient déjà en lui un ptit gars bouillonnant de talent. Ce premier album, malgré son échec commercial reste incontournable pour les fans car il a posé les bases de la musique de Gainsbourg et du cynisme qui caractériserait plus tard Gainsbarre.
Ses premiers amours vont au jazz et c'est avec son influence que cet album a été composé. Déjà l'humour caractéristique du bonhomme, comme une image sous jacente, accroche l'auditeur au travers des titres comme "Le Poinçonneur Des Lilas" (et son rythme sautillant), dans lequel il porte en dérision les petits boulots, ou "Les Femmes Des Uns Sous Le Corps Des Autres" qui pose un problème de morale à cette époque là. Imaginez ! 10 ans avant 68 ! D'une manière générale cet album sur un ton léger, livre une sévère critique de la société. Tout passe en revue : la fidélité dans les couples ("Les Femmes Des Uns Sous Le Corps Des Autres"), les écarts de classe ("Ronsard 58", "Charleston Des Déménageurs De Piano"), la condition ouvrière ("L'Alcool") et surtout ce côté visionnaire avec ce rêve de jours meilleurs, thème récurrent à toutes les chansons. Cet album est un constat donné sur le ton de la boutade, mais il est emprunt d'une tristesse et d'une pitié sans pareilles. La musique y est pour beaucoup, les mélodies inspirées contrastant avec l'ironie du chant.
Il faut saisir le sens caché des textes pour découvrir toute la profondeur de l'album. On est loin encore des chefs d'oeuvres que Gainsbourg pondra tout au long de sa vie mais cette esthète du jazz nous livre ici son inspiration, son côté 'noir', et c'est ce qui rend la galette indispensable à qui veut découvrir les origines de cet artiste hors du commun.
Ses premiers amours vont au jazz et c'est avec son influence que cet album a été composé. Déjà l'humour caractéristique du bonhomme, comme une image sous jacente, accroche l'auditeur au travers des titres comme "Le Poinçonneur Des Lilas" (et son rythme sautillant), dans lequel il porte en dérision les petits boulots, ou "Les Femmes Des Uns Sous Le Corps Des Autres" qui pose un problème de morale à cette époque là. Imaginez ! 10 ans avant 68 ! D'une manière générale cet album sur un ton léger, livre une sévère critique de la société. Tout passe en revue : la fidélité dans les couples ("Les Femmes Des Uns Sous Le Corps Des Autres"), les écarts de classe ("Ronsard 58", "Charleston Des Déménageurs De Piano"), la condition ouvrière ("L'Alcool") et surtout ce côté visionnaire avec ce rêve de jours meilleurs, thème récurrent à toutes les chansons. Cet album est un constat donné sur le ton de la boutade, mais il est emprunt d'une tristesse et d'une pitié sans pareilles. La musique y est pour beaucoup, les mélodies inspirées contrastant avec l'ironie du chant.
Il faut saisir le sens caché des textes pour découvrir toute la profondeur de l'album. On est loin encore des chefs d'oeuvres que Gainsbourg pondra tout au long de sa vie mais cette esthète du jazz nous livre ici son inspiration, son côté 'noir', et c'est ce qui rend la galette indispensable à qui veut découvrir les origines de cet artiste hors du commun.
Parfait 17/20
Posté le 26 juillet 2007 à 21 h 13 |
Avant de se lâcher complètement en composant des albums tous plus originaux les uns que les autres, Serge Gainsbourg tenta de percer dans la chanson française par la grande porte. On trouve donc dans tous ses premiers disques ce jazz de bar qu'il affectionne, des textes ciselés, des vocalises originales... La qualité est indéniable mais les critiques, toujours plein d'objectivité, lui préfèrent les mièvreries de la variété française. Tiens, mais rien n'a changé en fait!!
Dans les années 1950 en France et ailleurs, la musique n'avait pas encore explosé pour devenir un art populaire comme aujourd'hui. Le déclic se produira avec l'arrivée à maturité des enfants du baby-boom. Les seuls artistes vendant des disques sont alors inscrits dans une chanson française traditionaliste et fermée. Mais Paris ayant accueilli les artistes jazz américains, une fusion s'opère en sous-sols entre ces deux styles. Un jazz urbain se mêle à des textes puissants. Boris Vian s'y fera une place non négligeable avant de devenir mentor du petit Serge Gainsbourg qui se contentait alors, en attendant des jours meilleurs pour sa carrière de peintre, d'exercer son immense talent musical en devenir en accompagnant toute cette faune au piano.
En 1958, suite aux multiples déconvenues subies dans diverses expositions de ses oeuvres, Gainsbourg détruit toutes ses toiles et va déposer, en face de chez lui à la SACEM, quelques chansons jazzy déjà éprouvées dans les caves. Il enregistre alors son premier 78 tours Du Chant A La Une. Mais si l'artiste se cherche encore pas mal à cette époque, ce disque contient tout de même l'essence du style Gainsbourg.
Les textes tout d'abord : superbement écrits, drôles, décalés ou graves et empreints du malaise qu'il éprouvait face à lui-même. Sa fausse misogynie, découlant de son physique ingrat, est également déjà au rendez-vous. Mais ce qui tranche surtout avec ce qui se faisait à l'époque, c'est la peinture amère des moeurs dépassées de cette société pré soixante-huitarde. Amour, sexe libre, libération de la femme mais aussi emploi, mépris des artistes, gouffres entre les classes sociales... Alors qu'il faudra attendre dix ans à cette société pour s'épanouir, Gainsbourg anticipe déjà ce profond changement.
Musicalement, on sent que Serge Gainsbourg a du vécu. On est loin de la chanson à textes plan-plan. Ici les partitions valent le détour et ne sont pas juste là pour porter la voix. Il se permet même de torpiller des règles périmées : changements de rythmes, utilisation de gimmicks cinématographiques (on y pressent déjà l'excellent compositeur de bandes originales à venir)... Il pose là-dessus sa voix grave et désabusée parfaite pour déclamer ses textes acides. Pour accentuer la noirceur, il évite toute envolée et reste dans une monotonie que beaucoup lui reprocheront alors qu'elle fait tout le charme de son chant.
Visionnaire dans ses textes et ses audaces, on trouve déjà dans cet album ce qui fera le charme de Serge Gainsbourg. Tellement visionnaire d'ailleurs, qu'il faudra attendre qu'une génération qui l'a à peine connu fasse éclater au grand jour son génie unique et rare.
Dans les années 1950 en France et ailleurs, la musique n'avait pas encore explosé pour devenir un art populaire comme aujourd'hui. Le déclic se produira avec l'arrivée à maturité des enfants du baby-boom. Les seuls artistes vendant des disques sont alors inscrits dans une chanson française traditionaliste et fermée. Mais Paris ayant accueilli les artistes jazz américains, une fusion s'opère en sous-sols entre ces deux styles. Un jazz urbain se mêle à des textes puissants. Boris Vian s'y fera une place non négligeable avant de devenir mentor du petit Serge Gainsbourg qui se contentait alors, en attendant des jours meilleurs pour sa carrière de peintre, d'exercer son immense talent musical en devenir en accompagnant toute cette faune au piano.
En 1958, suite aux multiples déconvenues subies dans diverses expositions de ses oeuvres, Gainsbourg détruit toutes ses toiles et va déposer, en face de chez lui à la SACEM, quelques chansons jazzy déjà éprouvées dans les caves. Il enregistre alors son premier 78 tours Du Chant A La Une. Mais si l'artiste se cherche encore pas mal à cette époque, ce disque contient tout de même l'essence du style Gainsbourg.
Les textes tout d'abord : superbement écrits, drôles, décalés ou graves et empreints du malaise qu'il éprouvait face à lui-même. Sa fausse misogynie, découlant de son physique ingrat, est également déjà au rendez-vous. Mais ce qui tranche surtout avec ce qui se faisait à l'époque, c'est la peinture amère des moeurs dépassées de cette société pré soixante-huitarde. Amour, sexe libre, libération de la femme mais aussi emploi, mépris des artistes, gouffres entre les classes sociales... Alors qu'il faudra attendre dix ans à cette société pour s'épanouir, Gainsbourg anticipe déjà ce profond changement.
Musicalement, on sent que Serge Gainsbourg a du vécu. On est loin de la chanson à textes plan-plan. Ici les partitions valent le détour et ne sont pas juste là pour porter la voix. Il se permet même de torpiller des règles périmées : changements de rythmes, utilisation de gimmicks cinématographiques (on y pressent déjà l'excellent compositeur de bandes originales à venir)... Il pose là-dessus sa voix grave et désabusée parfaite pour déclamer ses textes acides. Pour accentuer la noirceur, il évite toute envolée et reste dans une monotonie que beaucoup lui reprocheront alors qu'elle fait tout le charme de son chant.
Visionnaire dans ses textes et ses audaces, on trouve déjà dans cet album ce qui fera le charme de Serge Gainsbourg. Tellement visionnaire d'ailleurs, qu'il faudra attendre qu'une génération qui l'a à peine connu fasse éclater au grand jour son génie unique et rare.
Parfait 17/20
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