The Fall
Extricate |
Label :
Fontana |
||||
Contrairement à une idée reçue, The Fall n'est pas l'apanage d'une maigre portion de fanatiques élitistes réunis au sein d'une pseudo-secte. Non, The Fall s'il n'a pas et n'aura jamais le poids commercial d'un U2, est tout de même, après quelques années de dur labeur, le lauréat d'un joli succès. Du moins dans son pays où quelques singles se sont incrustés insidieusement dans les charts. Une (modeste) assise commerciale qui lui permet de briguer un contrat avec un nouveau label en ce début des années 90.
Extricate, premier album de la période Fontana, est également le premier album post-Brix. La californienne divorçant de son Jules avant l'enregistrement de l'album. Elle restera quand même marié près de 7 longues années avec Mark E Smith. Ce qui n'est pas un mince exploit si l'on s'en tient à la misanthropie légendaire du mancunien. Quoi qu'il en soit, Extricate est marqué par ce départ impromptu. Tout d'abord parce qu'il entraîne le retour au sein de la formation du guitariste Martin Bramah, disparu depuis Live At The Witch Trials (11 ans quand même !). Puis aussi par une nouvelle orientation musicale de fait imposée, Brix ayant pas mal avec son clavier bubblegum et son chant sucré contribué à la coloration pop de The Fall entreprise depuis Perveted By Language.
Tout cela reste cependant très accessible. Pas question de revenir tête baissée à une formule bâtarde de post-punk et krautrock, ou alors plutôt sur la pointe des pieds ("Extricate"). Parce qu'il s'agit avant tout ici d'appâter le chaland et pourquoi pas de le faire danser. On a peine à croire en entendant des titres comme "Popcorn, Double Feature", "Hilary" et surtout le single "Telephone Thing" que Mark E Smith n'est pas été directement influencé par sa Manchester natale alors en pleine ébullition baggy.
Même quand The Fall retrouve ses racines garage-punk avec les cultissimes Monks et leur "Black Monk Theme Pt I/ II", il les passe à la moulinette dance. Surprenante la première fois, cette reprise devient lassante dès la deuxième. Un peu à l'image de l'album d'ailleurs, qui contient pas mal de déchets comme la navrante "British People In Hot Weather" (rien que le titre...). Parmi les bonnes choses de ce disque, 2 morceaux à retenir qui empêchent de le classer dans les mauvais albums de The Fall: la chanson d'amour "Bill Is Dead" où Mark E Smith se fend d'un tendresse jusqu'alors inédite, et surtout "Chicago, Now!" ressemblant à du Go-Betweens qui aurait viré expérimental.
The Fall commence doucement la décennie 90. Décennie qui lui réservera de meilleurs moments qu'Extricate. Mais en attendant mieux les fans de l'époque pouvaient très bien se contenter de cet Extricate qui au final se laisse écouter, sans plus.
Extricate, premier album de la période Fontana, est également le premier album post-Brix. La californienne divorçant de son Jules avant l'enregistrement de l'album. Elle restera quand même marié près de 7 longues années avec Mark E Smith. Ce qui n'est pas un mince exploit si l'on s'en tient à la misanthropie légendaire du mancunien. Quoi qu'il en soit, Extricate est marqué par ce départ impromptu. Tout d'abord parce qu'il entraîne le retour au sein de la formation du guitariste Martin Bramah, disparu depuis Live At The Witch Trials (11 ans quand même !). Puis aussi par une nouvelle orientation musicale de fait imposée, Brix ayant pas mal avec son clavier bubblegum et son chant sucré contribué à la coloration pop de The Fall entreprise depuis Perveted By Language.
Tout cela reste cependant très accessible. Pas question de revenir tête baissée à une formule bâtarde de post-punk et krautrock, ou alors plutôt sur la pointe des pieds ("Extricate"). Parce qu'il s'agit avant tout ici d'appâter le chaland et pourquoi pas de le faire danser. On a peine à croire en entendant des titres comme "Popcorn, Double Feature", "Hilary" et surtout le single "Telephone Thing" que Mark E Smith n'est pas été directement influencé par sa Manchester natale alors en pleine ébullition baggy.
Même quand The Fall retrouve ses racines garage-punk avec les cultissimes Monks et leur "Black Monk Theme Pt I/ II", il les passe à la moulinette dance. Surprenante la première fois, cette reprise devient lassante dès la deuxième. Un peu à l'image de l'album d'ailleurs, qui contient pas mal de déchets comme la navrante "British People In Hot Weather" (rien que le titre...). Parmi les bonnes choses de ce disque, 2 morceaux à retenir qui empêchent de le classer dans les mauvais albums de The Fall: la chanson d'amour "Bill Is Dead" où Mark E Smith se fend d'un tendresse jusqu'alors inédite, et surtout "Chicago, Now!" ressemblant à du Go-Betweens qui aurait viré expérimental.
The Fall commence doucement la décennie 90. Décennie qui lui réservera de meilleurs moments qu'Extricate. Mais en attendant mieux les fans de l'époque pouvaient très bien se contenter de cet Extricate qui au final se laisse écouter, sans plus.
Pas mal 13/20 | par Sirius |
Posté le 31 janvier 2009 à 18 h 55 |
Depuis 2004, Narmack avait reédité avec pertinence en double Cd's et double vinyles 180 gr les premiers disques de The Fall, rendant les nouvelles versions de Hex Enduction Hour ou Grotesque (After The Gramme) définitives et indispensables. Il n'y avait pas de raison que les autres albums de The Fall ne soient pas également disponibles dans des versions généreuses leur rendant enfin justice. C'est donc Universal qui s'est chargée en 2007 de reéditer la trilogie Fallienne marquant leur première signature sur une major (Fontana). Extricate, sorti à l'aube des années 90 sera suivie par Shiftwork (91) et Code Selfish (92), 3 disques racés et inventifs qui forment aujourd'hui un ensemble qui a plutôt fière allure.
Les précédentes reéditions de Extricate en CD (99 et 2002) étaient minables. Je me demandais pourquoi je n'y retrouvais pas le son lourd et "crunchy" de ma cassette audio d'origine. Cette nouvelle version est enfin scotchante, comme l'album, qui demeure une pierre angulaire, un tournant dans le parcours de Mark e Smith ainsi qu'un objet de fierté pour son auteur, à l'instar de Hex Enduction Hour ou du plus tardif Country on the Click (voir sa vibrante "autobiographie" Renegade sortie l'an dernier).
Après la mort de son père, le divorce d'avec Brix et le retour de Martin Bramah, The Fall retrouve une densité un peu perdue avec les 2 précédents albums, malgré leurs très bons moments. Extricate est un disque au son clair mais lourd, faussement carré et calibré FM. Une série de chansons drôles et émouvantes ("Bill Is Dead", "Hilary", ...) toutes investies et soutenues par une section rythmique en béton qui n'empêche pas les grooves hybrides de faire merveille: "Telephone Thing", grand single issu d'une rencontre "contre nature" avec Coldcut, "Black Monk Theme", reprise réécrite des Monks, tapageuse à souhait, "Chicago Now!" un des très grands morceaux de The Fall, dont la classieuse version de chez Peel est offerte ici sur le CD bonus. "I'm Frank, And Therein" ou le single Pop Corn "Double Feature" sont irrésistibles, truffées d'humour de trouvailles sonores et possèdent des mélodies sur lesquelles Smith pose une voix plus grave et fragile qu'à l'accoutumée, quitte à chanter pour de bon sur la tendre et mélancolique "Bill Is Dead", à propos de son père disparu. Les moments plus foutraques et détraqués enrichissent la palette: "Extricate", disco Kraut répétitif et hilarant, "The Litllest Rebel" ou le fracturé et noisy "Arms Control Poseur" (livré ici sur le cd bonus, le premier disque reprenant uniquement les morceaux du Vinyle d'époque.)
Extricate, un disque tourneboulant plus "facile" que d'habitude mais pas moins exigeant. Un disque de printemps en plus, reédition 2007 recommandée .
Les précédentes reéditions de Extricate en CD (99 et 2002) étaient minables. Je me demandais pourquoi je n'y retrouvais pas le son lourd et "crunchy" de ma cassette audio d'origine. Cette nouvelle version est enfin scotchante, comme l'album, qui demeure une pierre angulaire, un tournant dans le parcours de Mark e Smith ainsi qu'un objet de fierté pour son auteur, à l'instar de Hex Enduction Hour ou du plus tardif Country on the Click (voir sa vibrante "autobiographie" Renegade sortie l'an dernier).
Après la mort de son père, le divorce d'avec Brix et le retour de Martin Bramah, The Fall retrouve une densité un peu perdue avec les 2 précédents albums, malgré leurs très bons moments. Extricate est un disque au son clair mais lourd, faussement carré et calibré FM. Une série de chansons drôles et émouvantes ("Bill Is Dead", "Hilary", ...) toutes investies et soutenues par une section rythmique en béton qui n'empêche pas les grooves hybrides de faire merveille: "Telephone Thing", grand single issu d'une rencontre "contre nature" avec Coldcut, "Black Monk Theme", reprise réécrite des Monks, tapageuse à souhait, "Chicago Now!" un des très grands morceaux de The Fall, dont la classieuse version de chez Peel est offerte ici sur le CD bonus. "I'm Frank, And Therein" ou le single Pop Corn "Double Feature" sont irrésistibles, truffées d'humour de trouvailles sonores et possèdent des mélodies sur lesquelles Smith pose une voix plus grave et fragile qu'à l'accoutumée, quitte à chanter pour de bon sur la tendre et mélancolique "Bill Is Dead", à propos de son père disparu. Les moments plus foutraques et détraqués enrichissent la palette: "Extricate", disco Kraut répétitif et hilarant, "The Litllest Rebel" ou le fracturé et noisy "Arms Control Poseur" (livré ici sur le cd bonus, le premier disque reprenant uniquement les morceaux du Vinyle d'époque.)
Extricate, un disque tourneboulant plus "facile" que d'habitude mais pas moins exigeant. Un disque de printemps en plus, reédition 2007 recommandée .
Excellent ! 18/20
Posté le 22 juin 2009 à 23 h 08 |
Le hasard a voulu que j'aborde ce groupe par cet album... Au vu de la discographie pléthorique de Mark E Smith avec sa formation au personnel très changeant, je ne sais pas encore aujourd'hui si Extricate est une bonne entame pour se lancer à commenter le personnage aux humeurs ravageuses (vu en live à Reading en 1991 s'engueuler devant 50.000 personnes avec une personne venue lui redresser le micro en plein concert sur scène). Quoiqu'il en soit je reste attaché à cet album, car il m'a permis d'ouvrir largement mon horizon musical grâce une palette large de styles et de son... Ce qui surprend et qui reste la marque de fabrique est celle voix nasillarde de Smith, immédiatement reconnaissable. Je sais que cet album n'est sans doute pas leur meilleur (j'en ai trouvé d'autres plus brillants par la suite), mais je retiens des morceaux inscrits en moi comme "I'm Frank" avec son rythme entraînant et sa ligne hésitante de flûte sur lit de guitare épineuse, "Bill Is Dead" dans lequel Smith chante enfin sans rage, mélancolique et poignant, "Pop Corn Double Feature" avec des cassures de rythmes à base de cordes géniales et une basse profonde, "Arms Control Poseur" bien déglingué avec comme seule base conductrice la section rythmique, "Chicago Now !" restant sans doute LE morceau de cet album, tournoyant, poisseux, décalé, typique.
Je suis resté longtemps rêveur face à cette musique, ouverte à beaucoup de styles, mélangeant disco décalé, rock noisy, groove entêtant, expérimentations en tout genre. Et pourtant l'unité dans ce disque existe, sans doute car au moment de sa création, des changements de line-up interviennent.
Mais qu'importe, les modes passent et The Fall persiste, gratouillant mon oreille à chaque album découvert, comme pour me rappeler que le conformisme ne mène à rien et que l'expérimentation n'est pas l'apanage de certains jeunes blancs becs...
Je suis resté longtemps rêveur face à cette musique, ouverte à beaucoup de styles, mélangeant disco décalé, rock noisy, groove entêtant, expérimentations en tout genre. Et pourtant l'unité dans ce disque existe, sans doute car au moment de sa création, des changements de line-up interviennent.
Mais qu'importe, les modes passent et The Fall persiste, gratouillant mon oreille à chaque album découvert, comme pour me rappeler que le conformisme ne mène à rien et que l'expérimentation n'est pas l'apanage de certains jeunes blancs becs...
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