The Fall
Bend Sinister |
Label :
Beggars Banquet |
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Bend Sinister, dont le titre est tiré d'un roman de Nabokov, est le dernier album de The Fall avec le producteur John Leckie. Celui-ci avait réussi à diversifier quelque peu le post-punk martial de The Fall, notamment en lui ouvrant des sentiers plus pop. Ouverture devenue possible grâce à l'arrivée de Brix Smith au sein de la formation anglaise.
Bend Sinister ne déroge pas à la règle à l'image du surprenant "Sould Pads 1/Should Pads 2" et ses claviers bubblegum. Bend Sinister concilie en fait deux faces de The Fall. Une face légère et joyeuse représentée au mieux par la très B-52's "Terry Waite Sez". La ressemblance entre la voix de Brix Smith et celle de Kate Pierson des B-52's, est d'ailleurs très troublante sur ce titre. Et une face sombre et poisseuse. Il suffit d'écouter "Gross Chapel - British Grenadiers", "Riddler !" ou encore "Auto-Tech Pilot" (présent seulement sur la version CD): The Fall verse dans une cold-wave digne de Joy Division ou Bauhaus. Ce sont d'ailleurs pour la plupart des titres de Bend Sinister, les lignes de basse qui structurent les mélodies.
Dans cet exercice, The Fall réussit un petit chef-d'oeuvre avec l'entêtante "Dktr. Faustus". La voix de Mark E Smith qu'on dirait tout droit sortie d'un talkie walkie en mauvais état s'entremêle à celle de sa femme (Brix Smith) qui pousse elle des 'Yeaaahs' désinvoltes. Superbe... Un autre bijou de ce Bend Sinister: l'electro hip-hop "Us 80's - 90's" qui influencera forcément une bonne platée de rappeurs américains revendicatifs. Mark E Smith avec sa verve habituelle y dénonce une Amérique sécuritaire qui pue la bienséance obligatoire: 'No beer No cigarettes Slam, spikes, gin, cigarettes Beer in ban The cops are tops Welcome to the 80s 90s Welcome to US 80s 90s'. Oui, c'est un peu ce qui est arrivé à la France et à l'occident en général tout ceci... Chanson visionnaire devrait-on dire.
Bend Sinister marque également l'entrée de The Fall dans les charts puisqu'il contient la reprise "Mr Pharmacist" (premier top 75 du groupe) aux allusions narcotiques plus qu'évidentes. Mark E Smith, comme tous les érudits punks, est un passionné de la période garage punk dont il reprendra pas mal de titres. En tête, ces dingues de The Monks dont l'influence sur The Fall est peut-être encore plus importante que celle du krautrock. Mais là, il s'agit des californiens de The Other Half. Et franchement, comparée à la version originale, cette reprise se révèle bien pâle (la guitare virtuose de Randy Holden lui fait cruellement défaut). Oui, The Fall n'a pas été très inspiré sur le coup mais il paraît que c'est une de leur chanson phare sur scène alors...
Après le terrible This Nation's Saving Grace, The Fall, loin de se planter, réalise un excellent Bend Sinister. Peut-être même leur dernier grand album. En tout cas, une porte d'entrée idéale pour les novices dans la très riche discographie de The Fall.
Bend Sinister ne déroge pas à la règle à l'image du surprenant "Sould Pads 1/Should Pads 2" et ses claviers bubblegum. Bend Sinister concilie en fait deux faces de The Fall. Une face légère et joyeuse représentée au mieux par la très B-52's "Terry Waite Sez". La ressemblance entre la voix de Brix Smith et celle de Kate Pierson des B-52's, est d'ailleurs très troublante sur ce titre. Et une face sombre et poisseuse. Il suffit d'écouter "Gross Chapel - British Grenadiers", "Riddler !" ou encore "Auto-Tech Pilot" (présent seulement sur la version CD): The Fall verse dans une cold-wave digne de Joy Division ou Bauhaus. Ce sont d'ailleurs pour la plupart des titres de Bend Sinister, les lignes de basse qui structurent les mélodies.
Dans cet exercice, The Fall réussit un petit chef-d'oeuvre avec l'entêtante "Dktr. Faustus". La voix de Mark E Smith qu'on dirait tout droit sortie d'un talkie walkie en mauvais état s'entremêle à celle de sa femme (Brix Smith) qui pousse elle des 'Yeaaahs' désinvoltes. Superbe... Un autre bijou de ce Bend Sinister: l'electro hip-hop "Us 80's - 90's" qui influencera forcément une bonne platée de rappeurs américains revendicatifs. Mark E Smith avec sa verve habituelle y dénonce une Amérique sécuritaire qui pue la bienséance obligatoire: 'No beer No cigarettes Slam, spikes, gin, cigarettes Beer in ban The cops are tops Welcome to the 80s 90s Welcome to US 80s 90s'. Oui, c'est un peu ce qui est arrivé à la France et à l'occident en général tout ceci... Chanson visionnaire devrait-on dire.
Bend Sinister marque également l'entrée de The Fall dans les charts puisqu'il contient la reprise "Mr Pharmacist" (premier top 75 du groupe) aux allusions narcotiques plus qu'évidentes. Mark E Smith, comme tous les érudits punks, est un passionné de la période garage punk dont il reprendra pas mal de titres. En tête, ces dingues de The Monks dont l'influence sur The Fall est peut-être encore plus importante que celle du krautrock. Mais là, il s'agit des californiens de The Other Half. Et franchement, comparée à la version originale, cette reprise se révèle bien pâle (la guitare virtuose de Randy Holden lui fait cruellement défaut). Oui, The Fall n'a pas été très inspiré sur le coup mais il paraît que c'est une de leur chanson phare sur scène alors...
Après le terrible This Nation's Saving Grace, The Fall, loin de se planter, réalise un excellent Bend Sinister. Peut-être même leur dernier grand album. En tout cas, une porte d'entrée idéale pour les novices dans la très riche discographie de The Fall.
Excellent ! 18/20 | par Sirius |
Posté le 16 novembre 2007 à 11 h 11 |
Le chroniqueur se dit à part lui : 'Tiens! Je ferais bien une petit chronique, moi! Ca serait l'occasion de me dégourdir les doigts et d'aiguiser mon sens critique. Ce serait pas du luxe. Et que pourrais-je chroniquer, par hasard, ma chère ? The Fall? Oui, pourquoi pas, c'est sympa, The Fall, bonne ambiance, tout ça... QUOI ? Vous avez bien dit The Fall? Mais vous êtes fall ? Mais comment faire? Lequel? Concernant? Bend Sinister? Hum...pourquoi pas après tout. Il est vrai qu'aux premiers abords, il s'agit d'un des plus accessibles albums de l'irascible. Ou, plutôt, il peut prétendre au proverbial rôle de "l'album à écouter pour commencer". Parfois l'ensemble se rapproche d'une version markesmithienne de Joy Division ("Gross Chapel", hommage évident ; les "couplets" de "Bournemouth Runner"). L'entame "R.O.D", lourde et métallique comme il se doit, ouvre idéalement le tir. Le cafardeux "Faustus" est suivi par un excellent "Shoulder Pads 1"(suite en fin de disque), presque swinguant. Smith ensuite attaque les années ambiantes (années quatre-vingt, donc) dans US 80's-90's avec sa causticité habituelle, le tout annoné sur le caractéristique 'poum-tchack-poum-poum-poum-tchack-poum-tchackatchakapoum' qui a tant vicié cette période. Très drôle.
Album "facile", certes... mais bien glauque ("Riddler"! , son couplet "départ en guerre dans un paysage édenté", son refrain "à l'attaque!") sur les bords. Tout ce qui fait The Fall. Smith semble se battre contre l'influence "bénéfique" de Brix sur sa musique tout en piochant à droite à gauche son savoir-faire, comme s'il rechignait à devenir un peu plus "humain", sans pouvoir s'en empêcher. L'ensemble donc dégage parfois de la chaleur (!) et même, soyons fous, une once de tendresse refoulée ! Tout de même, Smith aura le dernier mot en offrant un final "Auto-tech Pilot" à glacer le sang, tout en décalage, comme si les musiciens soumis trébuchaient tout en jouant, occasionnant de brusques cassures de rythme et des accélérations involontaires.
Smith semblait bel et bien, avec ce disque tout à fait représentatif de son art, en plus "policé" (bien conserver les guillemets), aspirer à un certain succès commercial (rires); qu'on se rassure, il n'en fut rien. Mais ce fut tout à fait charmant (esclaffades) de sa part de créer un album génialement accessible au néophyte effarouché.
Album "facile", certes... mais bien glauque ("Riddler"! , son couplet "départ en guerre dans un paysage édenté", son refrain "à l'attaque!") sur les bords. Tout ce qui fait The Fall. Smith semble se battre contre l'influence "bénéfique" de Brix sur sa musique tout en piochant à droite à gauche son savoir-faire, comme s'il rechignait à devenir un peu plus "humain", sans pouvoir s'en empêcher. L'ensemble donc dégage parfois de la chaleur (!) et même, soyons fous, une once de tendresse refoulée ! Tout de même, Smith aura le dernier mot en offrant un final "Auto-tech Pilot" à glacer le sang, tout en décalage, comme si les musiciens soumis trébuchaient tout en jouant, occasionnant de brusques cassures de rythme et des accélérations involontaires.
Smith semblait bel et bien, avec ce disque tout à fait représentatif de son art, en plus "policé" (bien conserver les guillemets), aspirer à un certain succès commercial (rires); qu'on se rassure, il n'en fut rien. Mais ce fut tout à fait charmant (esclaffades) de sa part de créer un album génialement accessible au néophyte effarouché.
Parfait 17/20
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