Autechre
NTS Session 1 |
Label :
Warp |
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[Afin de rendre hommage à la diffusion en direct par Autechre des NTS Sessions et à l'excitation que cette initiative a suscité, cette chronique a été rédigée en live elle aussi, sur des feuilles en papier avec un stylo bic bleu pendant les deux heures durant lesquelles j'ai fait l'expérience de ma première écoute de cette Session 1. Vous êtes donc invités à ne pas prendre ce texte pour autre chose que de l'écriture automatique vaguement guidée par les algorithmes du duo anglais.]
18 minutes... ils sont pas là pour niaiser... Là on dirait que quelqu'un gratte le sol à l'envers. 1'30 avant qu'une rythmique pointe le bout de son nez alien, après une sorte de collage blip-bloupesque abstrait... Je ne suis déjà plus bien sûr que mon idée de rédaction à chaud ait été si judicieuse, me voilà contraint de produire à partir de quasi rien, en roue libre, autant essayer de créer un potager sur la surface de la Lune. Il vaudrait peut-être mieux que j'attende un peu plus patiemment, de toute manière l'instant présent est déjà dépassé et gnagnagna.
Bon c'est peut-être pas si désespéré que ça mon ambition de potager... une fois l'œil (ou le tympan) habitué au paysage, on appréhende davantage ce qui se passe, les machines insondables d'ae ne seraient-elles pas en train de la terraformer, cette foutue terre lunaire sans vie ? Les robots métalliques s'appliquent à décrire des chorégraphies cryptiques avec une régularité impressionnante, presque Fordienne dans le boum-paf. Ça m'a toujours épaté ça, la capacité du duo à faire une musique qui reste dansante malgré toute sa complexité et sa tendance à l'abstraction. 13 minutes, quelque chose vient de bouger... le beat a changé de texture, plus étouffé, et tous les 4 temps une note synthétique curieuse, entre l'orgue et le clavecin (recrachée par une imprimante 3D) s'élève pour remplacer la précédente. On dirait un instrumental trip-hop qui trainerait comme un zombie, le groove en ayant été sectionné afin que seule reste la menace dissonante d'un bad trip qui se mettrait en quête de t'engloutir si par malheur tu étais amené à croiser sa route.
Le temps que je me planque pour lui échapper, le morceau suivant a déjà commencé. "bqbqbq"... bbq ? Je repense bêtement à mon vieux potager, que j'ai laissé dans le cimetière des métaphores. Curieuse bestiole que celle-ci... ça commence comme un petit apéro enjoué chez les petits hommes verts, on ne comprend pas ce qui se dit dans les conversations mais les bleeps et les bloops trahissent une certaine légèreté et une ponctuation. Bien vite, ce sont des nappes basses qui viennent nuancer l'humeur. Le ton devient incertain, selon les notes on pourrait croire à de l'apaisement ou une menace sourde. Je sais pas pourquoi je me sens si souvent menacé en écoutant Autechre, je serais pas un peu parano ? Ce n'est pas l'arrivée d'une texture plus aquatique, vers 6 minutes dans le morceau, comme si les aliens étaient allé piquer une tête dans la piscine pour poursuivre leur conversation sous l'eau, qui aidera à décrypter tout ça.
Tout de même, j'aurai bien profité du répit, à picorer des olives mauves et du champagne au polonium, et tant mieux car la guerre est à nos portes ! Dans le vide spatial, "debris funk" attaque sévère. La coque de mon petit vaisseau encaisse courageusement l'assaut désorganisé des débris stellaires glitchées. Comme souvent chez Autechre, on se croirait dans un tuyau auquel on ferait subir toutes sortes de sévices physiques et chimiques. Mais je ne me plains pas trop fort, je garde mes lèvres closes, car je sens que les débris ne sont que la partie émergée de l'iceberg, du conflit intergalactique lourdement armé qui se déroule un peu plus loin. Je sens passer non loin de moi les navires de l'Empire, avec leurs longues plages synthétiques, imposantes et abrasives. Même une fois la tempête de débris calmée, on peut les entendre rôder. Heureusement la résistance se forme ! Et le duo des anglais devient, alors que démarre "l3 ctrl", les Starsky & Hutch du futur. La rythmique est entrainante, "tapetapetapetape...", et les synthés flingués entonnent à leur manière un thème héroïque, chaque répétition ajoutant une nouvelle couche sonore à la gloire de nos protagonistes à cyber-moustaches. L'épisode déroule sa trame et on voit bien que Sean Booth & Rob Brown sont mis à mal par les escarmouches de super vilains armés d'orgues électroniques imposants. On dirait même qu'à 10 minutes tout semble désespéré pour nos héros. Le tempo se chamboule, et décroît tandis que la Résistance égraine des munitions qui se font de plus en plus rares. L'orgue maléfique se dresse dans toute son évidente supériorité... les glitchs eux-mêmes gémissent, la souffrance est perceptible. Mis en déroute, le duo parvient à s'enfuir sans tomber dans les griffes des vils orgues que l'on entend faiblir dans l'arrière-plan. Mais la retraite ne sera pas de tout repos et ils devront passer par des conduits sombres et étroits dans lesquels leurs glitchs résonnent de bien étrange manière...
... je continuerais bien à délirer mais la suivante m'a complètement prise dépourvu... "carefree counter dronal". Je suis stupéfait par cette approche sonore et ces saccades si singulières, quelque chose d'inédit même chez eux... de l'électronique contemporain, vaporeux, je pense à du James Ferraro avec tellement plus de panache, ou du Oneohtrix Point Never plus abstrait... 5 minutes en tout, le morceau semble enchainer les faux départs et pourtant atteindre sa cible émotionnelle à chaque itération. Les psychanalystes diront que c'est ça, le désir... Celui-là me hantera sans doute longtemps.
"north spiral" vient me tirer de ce nirvana trop bref. Et ne perd pas de temps : on part direct en une sorte de breakbeat non-binaire. Pure expérience rythmique dans ses premières minutes, à 3 minutes une autre piste rythmique vient se superposer à la première, plus bordélique dans le timbre, on croirait entendre la réverbération d'un hangar là où la première semble émerger directement de nos propres oreilles. Au bout de 5 minutes la deuxième piste s'en va et laisse place à une sorte de mélodie 8-bit qui n'arrive pas à s'exprimer. Elle essaye la pauvre, mais elle est sans cesse interrompue et déviée par l'intense section rythmique. Alors elle rate, et ce ratage devient lui-même mélodie par la force des choses. Le glitch est l'art de l'erreur dit-on, et en voici une démonstration échevelée. Alors que cette première piste rythmique s'avère la seule constante du morceau, les challengers s'enchainent pour décomposer des mélodies fragmentées (mais pas aussi absconses qu'on aimerait le croire). Et comme pour faire la nique à ceux qui auraient "compris" l'architecture et la séquence de la composition, et qui se targueraient de pouvoir "prévoir" sa suite et fin, le duo ménage un break à 2 minutes de la fin qui renverse tout le morceau pour s'achever dans une petite apocalypse.
Alors que "gonk steady one" part sur les chapeaux de roues, je note que sa durée (22 minutes) me laissera l'occasion de développer sereinement un propos un peu annexe : là, en à peine la moitié de l'expérience NTS Session 1, on a eu la foudroyante démonstration musicale que, contrairement à certaines mythes populaires tenaces :
- Autechre ne fait pas de la musique sans rythme ni mélodie (ça danse bizarre mais ça danse quand même)
- Autechre ne fait pas de la musique froide et inhumaine (enfin pas tout le temps)
- Autechre a le sens de l'humour.
Ce dernier point n'a pas été évoqué plus haut dans cette chronique affreusement longue (j'avais déjà mal à l'épaule avant de commencer, laissez moi vous dire que ça ne s'arrange pas), mais ce "gonk steady one" fleuve en offre une belle incarnation. On dirait une variation sur un thème de méchants de jeux vidéo, comiques dans leur virile badasserie un peu pataude ; un gang de voyous qui vous sauterait à la gueule dans un RPG japonais cyberpunk et qui se mettrait à faire des chorégraphies déstructurées et robotiques pendant 20 bonnes minutes. Je suis un peu trop dépassé par la richesse du morceau pour vous décrire ce qu'il s'y passe, mais je suis particulièrement marqué par ces textures qui par endroits me font penser à des guitares rock passées au mixeur et cette rythmique curieusement organique qui pourrait être celle qu'aurait joué Jaki Liebezeit, la machine de CAN, si quelqu'un avait eu la riche idée de coder son âme dans un algorithme.
Plus que 20 minutes, et si mon bras s'ankylose et que mon usine à métaphores est exténuée, je n'ai pas moins hâte de découvrir ce que ae a encore en stock. "four of seven" est narquoise à souhait, et ma foi elle s'impose comme la plus "conventionnelle" de la session, pour ainsi dire. N'y voyez rien de négatif, c'est juste que les thèmes synthétiques du fond et la rythmique binaire me font penser à une évolution bidouillée de Kraftwerk, pour prendre la première référence qui me vient à l'esprit. Mais bien sûr le duo ne cesse de brouiller les pistes, et dans cette bouillabaisse reposante et relativement familière, des timbres plus métalliques émergent sans crier gare (comme quand on remarque soudainement le goût du fer dans la cuiller qu'on porte à sa bouche) et donnent à la mélodie des airs de gamelan.
À deux minutes de la fin, un faux fade out emporte la rythmique, mais de tendres mélodies ambiantes viennent gentiment occuper l'espace en attendant la dernière ligne droite : "32a_reflected". La conclusion de "four of seven" aurait fait une clôture très satisfaisante, mais les ae décident de relancer le mystère. On retrouve cette sensibilité très "contemporaine vaporeuse" (même si ça n'a rien avec avec "carefree counter dronal"), des drones immaculés, réflechissants, comme si on se baladait au milieu de bâtiments vitrés ultra modernes, dans une ville design mais déserte. Sauf que la composition ne se complait pas vraiment dans ce vide vertigineux, les glitchs n'ont pas disparus, quelque chose rampe, grouille, même si on ne sait pas quoi.
[Ici s'arrête le texte, car le morceau est arrivé à sa brusque conclusion, et avec lui la NTS Session 1 s'achève. En espérant ne pas vous avoir trop barbé, chez moi en tout cas l'expérience fut passionnante, même si exténuante. Et, heureux dommage collatéral ; la concentration qu'a nécessité l'exercice a participé à faire de cette écoute la plus riche dont j'ai pu faire l'expérience à ce jour avec Autechre !]
18 minutes... ils sont pas là pour niaiser... Là on dirait que quelqu'un gratte le sol à l'envers. 1'30 avant qu'une rythmique pointe le bout de son nez alien, après une sorte de collage blip-bloupesque abstrait... Je ne suis déjà plus bien sûr que mon idée de rédaction à chaud ait été si judicieuse, me voilà contraint de produire à partir de quasi rien, en roue libre, autant essayer de créer un potager sur la surface de la Lune. Il vaudrait peut-être mieux que j'attende un peu plus patiemment, de toute manière l'instant présent est déjà dépassé et gnagnagna.
Bon c'est peut-être pas si désespéré que ça mon ambition de potager... une fois l'œil (ou le tympan) habitué au paysage, on appréhende davantage ce qui se passe, les machines insondables d'ae ne seraient-elles pas en train de la terraformer, cette foutue terre lunaire sans vie ? Les robots métalliques s'appliquent à décrire des chorégraphies cryptiques avec une régularité impressionnante, presque Fordienne dans le boum-paf. Ça m'a toujours épaté ça, la capacité du duo à faire une musique qui reste dansante malgré toute sa complexité et sa tendance à l'abstraction. 13 minutes, quelque chose vient de bouger... le beat a changé de texture, plus étouffé, et tous les 4 temps une note synthétique curieuse, entre l'orgue et le clavecin (recrachée par une imprimante 3D) s'élève pour remplacer la précédente. On dirait un instrumental trip-hop qui trainerait comme un zombie, le groove en ayant été sectionné afin que seule reste la menace dissonante d'un bad trip qui se mettrait en quête de t'engloutir si par malheur tu étais amené à croiser sa route.
Le temps que je me planque pour lui échapper, le morceau suivant a déjà commencé. "bqbqbq"... bbq ? Je repense bêtement à mon vieux potager, que j'ai laissé dans le cimetière des métaphores. Curieuse bestiole que celle-ci... ça commence comme un petit apéro enjoué chez les petits hommes verts, on ne comprend pas ce qui se dit dans les conversations mais les bleeps et les bloops trahissent une certaine légèreté et une ponctuation. Bien vite, ce sont des nappes basses qui viennent nuancer l'humeur. Le ton devient incertain, selon les notes on pourrait croire à de l'apaisement ou une menace sourde. Je sais pas pourquoi je me sens si souvent menacé en écoutant Autechre, je serais pas un peu parano ? Ce n'est pas l'arrivée d'une texture plus aquatique, vers 6 minutes dans le morceau, comme si les aliens étaient allé piquer une tête dans la piscine pour poursuivre leur conversation sous l'eau, qui aidera à décrypter tout ça.
Tout de même, j'aurai bien profité du répit, à picorer des olives mauves et du champagne au polonium, et tant mieux car la guerre est à nos portes ! Dans le vide spatial, "debris funk" attaque sévère. La coque de mon petit vaisseau encaisse courageusement l'assaut désorganisé des débris stellaires glitchées. Comme souvent chez Autechre, on se croirait dans un tuyau auquel on ferait subir toutes sortes de sévices physiques et chimiques. Mais je ne me plains pas trop fort, je garde mes lèvres closes, car je sens que les débris ne sont que la partie émergée de l'iceberg, du conflit intergalactique lourdement armé qui se déroule un peu plus loin. Je sens passer non loin de moi les navires de l'Empire, avec leurs longues plages synthétiques, imposantes et abrasives. Même une fois la tempête de débris calmée, on peut les entendre rôder. Heureusement la résistance se forme ! Et le duo des anglais devient, alors que démarre "l3 ctrl", les Starsky & Hutch du futur. La rythmique est entrainante, "tapetapetapetape...", et les synthés flingués entonnent à leur manière un thème héroïque, chaque répétition ajoutant une nouvelle couche sonore à la gloire de nos protagonistes à cyber-moustaches. L'épisode déroule sa trame et on voit bien que Sean Booth & Rob Brown sont mis à mal par les escarmouches de super vilains armés d'orgues électroniques imposants. On dirait même qu'à 10 minutes tout semble désespéré pour nos héros. Le tempo se chamboule, et décroît tandis que la Résistance égraine des munitions qui se font de plus en plus rares. L'orgue maléfique se dresse dans toute son évidente supériorité... les glitchs eux-mêmes gémissent, la souffrance est perceptible. Mis en déroute, le duo parvient à s'enfuir sans tomber dans les griffes des vils orgues que l'on entend faiblir dans l'arrière-plan. Mais la retraite ne sera pas de tout repos et ils devront passer par des conduits sombres et étroits dans lesquels leurs glitchs résonnent de bien étrange manière...
... je continuerais bien à délirer mais la suivante m'a complètement prise dépourvu... "carefree counter dronal". Je suis stupéfait par cette approche sonore et ces saccades si singulières, quelque chose d'inédit même chez eux... de l'électronique contemporain, vaporeux, je pense à du James Ferraro avec tellement plus de panache, ou du Oneohtrix Point Never plus abstrait... 5 minutes en tout, le morceau semble enchainer les faux départs et pourtant atteindre sa cible émotionnelle à chaque itération. Les psychanalystes diront que c'est ça, le désir... Celui-là me hantera sans doute longtemps.
"north spiral" vient me tirer de ce nirvana trop bref. Et ne perd pas de temps : on part direct en une sorte de breakbeat non-binaire. Pure expérience rythmique dans ses premières minutes, à 3 minutes une autre piste rythmique vient se superposer à la première, plus bordélique dans le timbre, on croirait entendre la réverbération d'un hangar là où la première semble émerger directement de nos propres oreilles. Au bout de 5 minutes la deuxième piste s'en va et laisse place à une sorte de mélodie 8-bit qui n'arrive pas à s'exprimer. Elle essaye la pauvre, mais elle est sans cesse interrompue et déviée par l'intense section rythmique. Alors elle rate, et ce ratage devient lui-même mélodie par la force des choses. Le glitch est l'art de l'erreur dit-on, et en voici une démonstration échevelée. Alors que cette première piste rythmique s'avère la seule constante du morceau, les challengers s'enchainent pour décomposer des mélodies fragmentées (mais pas aussi absconses qu'on aimerait le croire). Et comme pour faire la nique à ceux qui auraient "compris" l'architecture et la séquence de la composition, et qui se targueraient de pouvoir "prévoir" sa suite et fin, le duo ménage un break à 2 minutes de la fin qui renverse tout le morceau pour s'achever dans une petite apocalypse.
Alors que "gonk steady one" part sur les chapeaux de roues, je note que sa durée (22 minutes) me laissera l'occasion de développer sereinement un propos un peu annexe : là, en à peine la moitié de l'expérience NTS Session 1, on a eu la foudroyante démonstration musicale que, contrairement à certaines mythes populaires tenaces :
- Autechre ne fait pas de la musique sans rythme ni mélodie (ça danse bizarre mais ça danse quand même)
- Autechre ne fait pas de la musique froide et inhumaine (enfin pas tout le temps)
- Autechre a le sens de l'humour.
Ce dernier point n'a pas été évoqué plus haut dans cette chronique affreusement longue (j'avais déjà mal à l'épaule avant de commencer, laissez moi vous dire que ça ne s'arrange pas), mais ce "gonk steady one" fleuve en offre une belle incarnation. On dirait une variation sur un thème de méchants de jeux vidéo, comiques dans leur virile badasserie un peu pataude ; un gang de voyous qui vous sauterait à la gueule dans un RPG japonais cyberpunk et qui se mettrait à faire des chorégraphies déstructurées et robotiques pendant 20 bonnes minutes. Je suis un peu trop dépassé par la richesse du morceau pour vous décrire ce qu'il s'y passe, mais je suis particulièrement marqué par ces textures qui par endroits me font penser à des guitares rock passées au mixeur et cette rythmique curieusement organique qui pourrait être celle qu'aurait joué Jaki Liebezeit, la machine de CAN, si quelqu'un avait eu la riche idée de coder son âme dans un algorithme.
Plus que 20 minutes, et si mon bras s'ankylose et que mon usine à métaphores est exténuée, je n'ai pas moins hâte de découvrir ce que ae a encore en stock. "four of seven" est narquoise à souhait, et ma foi elle s'impose comme la plus "conventionnelle" de la session, pour ainsi dire. N'y voyez rien de négatif, c'est juste que les thèmes synthétiques du fond et la rythmique binaire me font penser à une évolution bidouillée de Kraftwerk, pour prendre la première référence qui me vient à l'esprit. Mais bien sûr le duo ne cesse de brouiller les pistes, et dans cette bouillabaisse reposante et relativement familière, des timbres plus métalliques émergent sans crier gare (comme quand on remarque soudainement le goût du fer dans la cuiller qu'on porte à sa bouche) et donnent à la mélodie des airs de gamelan.
À deux minutes de la fin, un faux fade out emporte la rythmique, mais de tendres mélodies ambiantes viennent gentiment occuper l'espace en attendant la dernière ligne droite : "32a_reflected". La conclusion de "four of seven" aurait fait une clôture très satisfaisante, mais les ae décident de relancer le mystère. On retrouve cette sensibilité très "contemporaine vaporeuse" (même si ça n'a rien avec avec "carefree counter dronal"), des drones immaculés, réflechissants, comme si on se baladait au milieu de bâtiments vitrés ultra modernes, dans une ville design mais déserte. Sauf que la composition ne se complait pas vraiment dans ce vide vertigineux, les glitchs n'ont pas disparus, quelque chose rampe, grouille, même si on ne sait pas quoi.
[Ici s'arrête le texte, car le morceau est arrivé à sa brusque conclusion, et avec lui la NTS Session 1 s'achève. En espérant ne pas vous avoir trop barbé, chez moi en tout cas l'expérience fut passionnante, même si exténuante. Et, heureux dommage collatéral ; la concentration qu'a nécessité l'exercice a participé à faire de cette écoute la plus riche dont j'ai pu faire l'expérience à ce jour avec Autechre !]
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
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