Autechre
Elseq 1-5 |
Label :
Warp |
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"On dirait...que c'est au-delà de l'humain..."
Mais oui! C'est ça! Le pote avec qui j'étais ce jour-là fut des plus inspirés après avoir écouté quelques pistes de ce nouveau quintuple disque de Autechre.
Passionné par l'immensité des territoires sauvages du Grand Nord, je me suis souvent fait la réflexion que ce qui m'envoûtait lorsqu'on y faisait face, c'était ce sentiment unique, excitant et effrayant à la fois, d'avoir devant soit une vaste étendue sans rien d'humain, sans rien de fait pour l'homme. Mais avec une vie d'une diversité et d'une richesse folle, bien au-delà de notre monde humano-humain, qui se déroule malgré notre absence, malgré notre éventuel désintérêt. Les paysages sonores élaborés par Autechre semblent suivre les mêmes règles. Chaque morceau est un univers qui s'ouvre à nous, étranger à l'humain, un monde au-delà de l'humain. On s'en approche tout d'abord, on le devine...puis on s'y s'enfonce pour découvrir toutes les richesses le composant et l'habitant. Puis on s'en ré-éloigne... Mais on sait que cet univers que l'on vient de quitter continue de vivre sans nous.
Le duo anglais a donc surpris tout le monde en début d'année en sortant un quintuple disque, et de surcroit sans sortie physique, uniquement en format digital. Voilà donc la bête: 21 morceaux, regroupés en 5 parties différentes. Se présentent alors à nous Elseq-1 (5 morceaux), Elseq-2 (3 morceaux), Elseq-3 (3 morceaux), Elseq-4 (5 morceaux) et...Elseq-5 (5 morceaux), chacun durant entre 45 et 54 minutes. Rajoutons que le morceaux le plus court fait 4min05 et le plus long, 27min10. Autant le dire dès le départ: c'est conséquent, c'est même effrayant lorsque l'on sait l'investissement en écoute que demande un album de Autechre! On restait sur le fantastique double album Exai, sorti en 2013, disque que certains n'avaient pas encore fini d'explorer, et on les comprend. Après la parenthèse moyenne qu'était Quaristice , sans doute néanmoins nécessaire pour s'extirper de leurs 3 disques précédents, étouffants et conceptuels, ils étaient revenus en 2010 avec un Oversteps au son beaucoup plus classique et mélodique, mais qui se révélaient sur le long terme d'une grande beauté. Il marquait le début d'une nouvelle période pour Autechre, qu'on pourrait communément appeler période de maturité. Ils revenaient à des univers déjà explorés au début de leur carrière mais en y intégrant tout ce qu'ils avaient expérimenté depuis. Exai reprenait quant à lui le son de leur discographie de la fin des années 90. Un gigantesque disque qui en a rebuté plus d'un: pas très spectaculaire, il se découvrait, encore plus que les autres, sur le long terme, et ses trésors ne se dévoilaient qu'après un certain temps passé en sa compagnie.
Les 5 parties de Elseq sont dans la continuité directe des 2 disques précédents, mais des dominantes s'affirment. L'influence hip hop est très présente (comme dans Exai), l'ambient aussi (comme dans Oversteps) avec en parallèle une influence non négligeable de la musique classique moderne. Précisons tout de même que nous nous trouvons à la base dans la musique électronique la plus pure et radicale qui soit. Et si le monstre est divisé en 5 parties, il est honnêtement difficile d'y voir une logique franche. Le duo est friand de petits jeux de piste qu'il laisse à ses fans, au travers des titres des morceaux par exemple. Peut-être que c'est ici le cas, l'avenir nous le dira. On peut par contre user de qualificatifs assez généraux pour chaque partie. Si Elseq-1 et Elseq-4 sont les disques qui s'imposent le plus rapidement à nos oreilles (plus de mélodies?), le Elseq-2 est au contraire le plus dur à cerné, le plus froid. Le Elseq-3 et le Elseq-5 sont quant à eux sous forte dominante ambient plutôt minimaliste.
Quoiqu'il en soit, chaque morceau de Autechre est finalement comme un disque en soit. A chaque fois, tu entres dans un monde unique et spécifique qui fonctionne selon ses propres règles. Alors oui, parfois c'est déroutant car il faut du temps pour les déchiffrer ces règles, même pour un habitué. Mais l'immédiateté n'a jamais été l'amie de Autechre et c'est très bien comme ça. Car on aime se plonger en aveugle dans ces sons indescriptibles, parfois totalement organiques, parfois totalement robotiques...mais à chaque fois ne renvoyant à rien d'humain. Et on veut explorer, découvrir... Alors découvrons...
C'est par "Feed1" que tout commence, et c'est le seul morceau du disque à explorer aussi nettement l'aspect noise de la musique de Autechre. Une noirceur menaçante faite de grésillements, de chaos...et de langueur. Mais une langueur sombre de hip hop downtempo expérimental comme le faisait Scorn dans les années 90. Un genre cher à Autechre qu'on retrouve tout au long du disque régulièrement, et notament sur un morceau incroyable de Elseq-1, "Pendulu Hv Moda". Plus de 12 minutes d'un hip-hop instrumental céleste et sublime, drapé de grands voiles ambient aux couleurs changeantes. Il faut l'entendre pour le croire. Cette rythmique au martèlement hypnotique qui donne la direction et qui jamais ne dévie d'un millimètre, alors que tout autour, un monde aérien et immense semble onduler à l'infini. Inexorable, elle ne se taira brièvement qu'une fois, et c'est à ce moment là qu'une sorte de voix mi-électronique, mi-organique survient, comme une présence indescriptible nous dominant, de très haut. C'est très troublant et le morceau atteint des cimes franchement mystiques. Quand Autechre allie émotion de premier degré et émotion esthétique, c'est bouleversant. Un morceau dingue donc, dans lequel on retrouve des traces d'un genre qu'affectionne aussi beaucoup Autechre: le dub.
Et c'est sur un autre morceau que l'on retrouve ce genre musical de manière bien plus affirmée: "7th Slip" sur Elseq-4. Un dub halluciné et mutant sur lequel se greffent des choeurs bien triturés dans tous les sens...forcément! Et qui au final renvoie à des sonorités quasi gabber des années 90! Tout comme le génial morceau précédent d'ailleurs, "Artov Chain". Complètement déglingué et bizarrement dansant, flippant et perché. On s'aperçoit au fil des écoutes que ce quintuple Elseq est d'une richesse telle qu'il contient en son sein des emprunts à toute la musique électronique, y compris la plus populaire. Ainsi on croise dans l'épique "Latencall", toujours sur Elseq-4, une électronique funk fantastique qui rappelle rythmiquement le tube "Windowlicker" de Aphex Twin. Le groove est redoutable malgré l'abrasivité sonore qui l'entoure. Et c'est sur un de ces grands moments de romantisme mélancolique qu'affectionne notre duo que tout se termine: une ambient à peine esquissée et pourtant à l'émotion fulgurante...
Sur "Freulaeux" (Elseq-5), le groupe nous parle d'un autre genre musical électronique important à ses yeux: l'acid techno. Il est l'héritier de l'élégantissime "Y7" présent sur l'ep Move of Ten, sorti juste après Oversteps. Là encore, nous ne sommes pas dans le coeur stéréotypé du genre. L'ambiance est sourde, les sons électroniques prennent, comme souvent dans ce quintuple disque, des teintes de musique classique. On n'est finalement ici pas si éloigné que ça des plus belles réussites de The Field! L'envoûtement, tout en sonorités étouffées, est en tout cas complet!
Mais le plus bel envoûtement se trouve peut-être sur Elseq-3: "Mesh Cinereal", un long morceau de 24 minutes qui s'impose sur le long terme. Une longue mélopée ondulante, cinématographique, presque chaloupée, sur un rythme downtempo là encore, qui va voir sa texture se désagréger, lentement mais sûrement, comme rongée par un bain d'acide. Et lorsqu'elle finit par disparaitre, c'est pour mieux réapparaitre en orgasme sonique magnifique, un chant du cygne plein d'éclat, comme une messe jouée par un orgue électronique buggé entrain de mourir. Dramatique et de toute beauté encore une fois! Mais il s'agit comme à chaque fois de beauté dont on n'a pas idée qu'elle puisse exister, tellement Autechre s'attache à une recherche esthétique forte et singulière. Comme si leur but était de trouver des nouvelles formes de beauté justement. Les ambitions esthétiques sont réelles dans leur musique! Ce n'est pas nouveau ceci dit, mais le lâcher prise dans ce quintuple album est peut-être plus fort qu'auparavant. Ils le disent eux-même dans les entretiens: ils veulent s'affranchir de toutes les limites, y compris de format. Faire des pistes de 27 minutes si ça leur chante donc, voir beaucoup plus selon leurs dires!
Il serait possible de continuer ainsi pour chaque morceau du disque. "13x0 step", "Curvcaten" (et son superbe groove à la fois langoureux et insectoide), "Eastre", le sublime "Foldfree Casual", "Oneum",etc,....sont autant de beaux morceaux à découvrir et qui apportent aussi leur lot de richesses absolument fabuleuses! Un travail énormes sur les textures, sur les rythmes aussi, et dans un cadre formel qui n'a désormais plus beaucoup de limites. Des influences venues du jazz aussi, ainsi que de la musique concrète. Il faudrait aussi parler de ce morceau, "Elyc6 0nset", terriblement froid, si dur à accrocher, le plus long des 5 Elseq. Bien sûr il y a des morceaux bien moins tape à l'œil, bien sûr certains sont donc si austères qu'ils sonnent pâles faces aux sommets génialissimes décris précédemment... Mais ce quintuple disque est à ce prix. C'est le prix d'un génie en roue libre, qui tente tout et qui s'en fout de ce qu'on attend de lui. Et qui se paye le luxe d'être hyper inspiré après 25 ans de carrière. C'est proprement hallucinant de sortir un tel disque à ce moment. Son exigence et son absence de compromis, ainsi que l'extrême réussite de la majorité des morceaux, rattrapent toutes ses faiblesses éventuelles.
Pour finir, un rappel de premier ordre pour le novice en matière de Autechre: il faut prendre son temps pour découvrir cette musique, ne pas chercher à s'imposer. L'approcher, s'y soumettre, accepter de ne pas avoir de prises, la laisser....et puis y revenir bien plus tard. C'est toujours ainsi que j'ai pu apprécier cette musique, sur le long terme, même si de prime abord j'étais dubitatif. Comme avec ce disque d'ailleurs, ou Exai le précédent...que je tiens tous deux maintenant en très haute estime.
Mais oui! C'est ça! Le pote avec qui j'étais ce jour-là fut des plus inspirés après avoir écouté quelques pistes de ce nouveau quintuple disque de Autechre.
Passionné par l'immensité des territoires sauvages du Grand Nord, je me suis souvent fait la réflexion que ce qui m'envoûtait lorsqu'on y faisait face, c'était ce sentiment unique, excitant et effrayant à la fois, d'avoir devant soit une vaste étendue sans rien d'humain, sans rien de fait pour l'homme. Mais avec une vie d'une diversité et d'une richesse folle, bien au-delà de notre monde humano-humain, qui se déroule malgré notre absence, malgré notre éventuel désintérêt. Les paysages sonores élaborés par Autechre semblent suivre les mêmes règles. Chaque morceau est un univers qui s'ouvre à nous, étranger à l'humain, un monde au-delà de l'humain. On s'en approche tout d'abord, on le devine...puis on s'y s'enfonce pour découvrir toutes les richesses le composant et l'habitant. Puis on s'en ré-éloigne... Mais on sait que cet univers que l'on vient de quitter continue de vivre sans nous.
Le duo anglais a donc surpris tout le monde en début d'année en sortant un quintuple disque, et de surcroit sans sortie physique, uniquement en format digital. Voilà donc la bête: 21 morceaux, regroupés en 5 parties différentes. Se présentent alors à nous Elseq-1 (5 morceaux), Elseq-2 (3 morceaux), Elseq-3 (3 morceaux), Elseq-4 (5 morceaux) et...Elseq-5 (5 morceaux), chacun durant entre 45 et 54 minutes. Rajoutons que le morceaux le plus court fait 4min05 et le plus long, 27min10. Autant le dire dès le départ: c'est conséquent, c'est même effrayant lorsque l'on sait l'investissement en écoute que demande un album de Autechre! On restait sur le fantastique double album Exai, sorti en 2013, disque que certains n'avaient pas encore fini d'explorer, et on les comprend. Après la parenthèse moyenne qu'était Quaristice , sans doute néanmoins nécessaire pour s'extirper de leurs 3 disques précédents, étouffants et conceptuels, ils étaient revenus en 2010 avec un Oversteps au son beaucoup plus classique et mélodique, mais qui se révélaient sur le long terme d'une grande beauté. Il marquait le début d'une nouvelle période pour Autechre, qu'on pourrait communément appeler période de maturité. Ils revenaient à des univers déjà explorés au début de leur carrière mais en y intégrant tout ce qu'ils avaient expérimenté depuis. Exai reprenait quant à lui le son de leur discographie de la fin des années 90. Un gigantesque disque qui en a rebuté plus d'un: pas très spectaculaire, il se découvrait, encore plus que les autres, sur le long terme, et ses trésors ne se dévoilaient qu'après un certain temps passé en sa compagnie.
Les 5 parties de Elseq sont dans la continuité directe des 2 disques précédents, mais des dominantes s'affirment. L'influence hip hop est très présente (comme dans Exai), l'ambient aussi (comme dans Oversteps) avec en parallèle une influence non négligeable de la musique classique moderne. Précisons tout de même que nous nous trouvons à la base dans la musique électronique la plus pure et radicale qui soit. Et si le monstre est divisé en 5 parties, il est honnêtement difficile d'y voir une logique franche. Le duo est friand de petits jeux de piste qu'il laisse à ses fans, au travers des titres des morceaux par exemple. Peut-être que c'est ici le cas, l'avenir nous le dira. On peut par contre user de qualificatifs assez généraux pour chaque partie. Si Elseq-1 et Elseq-4 sont les disques qui s'imposent le plus rapidement à nos oreilles (plus de mélodies?), le Elseq-2 est au contraire le plus dur à cerné, le plus froid. Le Elseq-3 et le Elseq-5 sont quant à eux sous forte dominante ambient plutôt minimaliste.
Quoiqu'il en soit, chaque morceau de Autechre est finalement comme un disque en soit. A chaque fois, tu entres dans un monde unique et spécifique qui fonctionne selon ses propres règles. Alors oui, parfois c'est déroutant car il faut du temps pour les déchiffrer ces règles, même pour un habitué. Mais l'immédiateté n'a jamais été l'amie de Autechre et c'est très bien comme ça. Car on aime se plonger en aveugle dans ces sons indescriptibles, parfois totalement organiques, parfois totalement robotiques...mais à chaque fois ne renvoyant à rien d'humain. Et on veut explorer, découvrir... Alors découvrons...
C'est par "Feed1" que tout commence, et c'est le seul morceau du disque à explorer aussi nettement l'aspect noise de la musique de Autechre. Une noirceur menaçante faite de grésillements, de chaos...et de langueur. Mais une langueur sombre de hip hop downtempo expérimental comme le faisait Scorn dans les années 90. Un genre cher à Autechre qu'on retrouve tout au long du disque régulièrement, et notament sur un morceau incroyable de Elseq-1, "Pendulu Hv Moda". Plus de 12 minutes d'un hip-hop instrumental céleste et sublime, drapé de grands voiles ambient aux couleurs changeantes. Il faut l'entendre pour le croire. Cette rythmique au martèlement hypnotique qui donne la direction et qui jamais ne dévie d'un millimètre, alors que tout autour, un monde aérien et immense semble onduler à l'infini. Inexorable, elle ne se taira brièvement qu'une fois, et c'est à ce moment là qu'une sorte de voix mi-électronique, mi-organique survient, comme une présence indescriptible nous dominant, de très haut. C'est très troublant et le morceau atteint des cimes franchement mystiques. Quand Autechre allie émotion de premier degré et émotion esthétique, c'est bouleversant. Un morceau dingue donc, dans lequel on retrouve des traces d'un genre qu'affectionne aussi beaucoup Autechre: le dub.
Et c'est sur un autre morceau que l'on retrouve ce genre musical de manière bien plus affirmée: "7th Slip" sur Elseq-4. Un dub halluciné et mutant sur lequel se greffent des choeurs bien triturés dans tous les sens...forcément! Et qui au final renvoie à des sonorités quasi gabber des années 90! Tout comme le génial morceau précédent d'ailleurs, "Artov Chain". Complètement déglingué et bizarrement dansant, flippant et perché. On s'aperçoit au fil des écoutes que ce quintuple Elseq est d'une richesse telle qu'il contient en son sein des emprunts à toute la musique électronique, y compris la plus populaire. Ainsi on croise dans l'épique "Latencall", toujours sur Elseq-4, une électronique funk fantastique qui rappelle rythmiquement le tube "Windowlicker" de Aphex Twin. Le groove est redoutable malgré l'abrasivité sonore qui l'entoure. Et c'est sur un de ces grands moments de romantisme mélancolique qu'affectionne notre duo que tout se termine: une ambient à peine esquissée et pourtant à l'émotion fulgurante...
Sur "Freulaeux" (Elseq-5), le groupe nous parle d'un autre genre musical électronique important à ses yeux: l'acid techno. Il est l'héritier de l'élégantissime "Y7" présent sur l'ep Move of Ten, sorti juste après Oversteps. Là encore, nous ne sommes pas dans le coeur stéréotypé du genre. L'ambiance est sourde, les sons électroniques prennent, comme souvent dans ce quintuple disque, des teintes de musique classique. On n'est finalement ici pas si éloigné que ça des plus belles réussites de The Field! L'envoûtement, tout en sonorités étouffées, est en tout cas complet!
Mais le plus bel envoûtement se trouve peut-être sur Elseq-3: "Mesh Cinereal", un long morceau de 24 minutes qui s'impose sur le long terme. Une longue mélopée ondulante, cinématographique, presque chaloupée, sur un rythme downtempo là encore, qui va voir sa texture se désagréger, lentement mais sûrement, comme rongée par un bain d'acide. Et lorsqu'elle finit par disparaitre, c'est pour mieux réapparaitre en orgasme sonique magnifique, un chant du cygne plein d'éclat, comme une messe jouée par un orgue électronique buggé entrain de mourir. Dramatique et de toute beauté encore une fois! Mais il s'agit comme à chaque fois de beauté dont on n'a pas idée qu'elle puisse exister, tellement Autechre s'attache à une recherche esthétique forte et singulière. Comme si leur but était de trouver des nouvelles formes de beauté justement. Les ambitions esthétiques sont réelles dans leur musique! Ce n'est pas nouveau ceci dit, mais le lâcher prise dans ce quintuple album est peut-être plus fort qu'auparavant. Ils le disent eux-même dans les entretiens: ils veulent s'affranchir de toutes les limites, y compris de format. Faire des pistes de 27 minutes si ça leur chante donc, voir beaucoup plus selon leurs dires!
Il serait possible de continuer ainsi pour chaque morceau du disque. "13x0 step", "Curvcaten" (et son superbe groove à la fois langoureux et insectoide), "Eastre", le sublime "Foldfree Casual", "Oneum",etc,....sont autant de beaux morceaux à découvrir et qui apportent aussi leur lot de richesses absolument fabuleuses! Un travail énormes sur les textures, sur les rythmes aussi, et dans un cadre formel qui n'a désormais plus beaucoup de limites. Des influences venues du jazz aussi, ainsi que de la musique concrète. Il faudrait aussi parler de ce morceau, "Elyc6 0nset", terriblement froid, si dur à accrocher, le plus long des 5 Elseq. Bien sûr il y a des morceaux bien moins tape à l'œil, bien sûr certains sont donc si austères qu'ils sonnent pâles faces aux sommets génialissimes décris précédemment... Mais ce quintuple disque est à ce prix. C'est le prix d'un génie en roue libre, qui tente tout et qui s'en fout de ce qu'on attend de lui. Et qui se paye le luxe d'être hyper inspiré après 25 ans de carrière. C'est proprement hallucinant de sortir un tel disque à ce moment. Son exigence et son absence de compromis, ainsi que l'extrême réussite de la majorité des morceaux, rattrapent toutes ses faiblesses éventuelles.
Pour finir, un rappel de premier ordre pour le novice en matière de Autechre: il faut prendre son temps pour découvrir cette musique, ne pas chercher à s'imposer. L'approcher, s'y soumettre, accepter de ne pas avoir de prises, la laisser....et puis y revenir bien plus tard. C'est toujours ainsi que j'ai pu apprécier cette musique, sur le long terme, même si de prime abord j'étais dubitatif. Comme avec ce disque d'ailleurs, ou Exai le précédent...que je tiens tous deux maintenant en très haute estime.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Pab |
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