Autechre

Nantes [Olympic] - dimanche 21 mars 2010

C'est la tête remplie des nappes atmosphériques d'(Incunabula) et d'Amber et des précieux rythmes d'Oversteps que je suis allé voir Autechre. J'en suis ressorti à moitié sourd, la cage thoracique en miettes. Accompagné de mon fidèle Wurdah, je pénétrais dans la petite salle de l'Olympic pour y trouver un DJ mixer du hip hop faisant vaguement dansoter quelques illuminés à l'avant. Le bonhomme, Rob Hall, fût présent durant plus d'une heure, proposant une setlist sympathique, tout d'abord très orientée beats et donc peu intéressante à mes nobles oreilles, puis brassant des choses plus variées voire atmosphériques, tandis que les éclairages violacés donnaient un air légèrement onirique à la performance. Puis, vers la fin de son mix, alors que retentissait le "Helter Skater" de Boards of Canada (seul morceau que je reconnus), un type un peu louche aux cheveux sales commença à s'affairer à l'autre bout de la scène, pour balancer, sitôt Rob Hall parti, un ouragan de noise dans la droite lignée de Merzbow. Le dingue (Russel Haswell) semblait s'affairer sur des machines bizarres, appuyant avec vigueur sur d'obscurs boutons, concassant soigneusement tous les tympans de la salle. Les lumières frénétiques me firent craindre une subite crise d'épilepsie, heureusement un rapide coup d'œil à mon carnet de santé me rappela que ma famille n'avait pas eu d'antécédents. Je me pris tout de même à imaginer, horrifié, que le bonhomme allait rester là à me faire souffrir pendant une heure... Mais non, au bout de deux "morceaux", soit environ dix minutes, il repartit pour laisser la place aux deuxième DJ, un dénommé Didjit, pour un mix hip-hop beatful ma foi bien dépouillé et plutôt ennuyeux... Heureusement, il ne fut pas bien long lui non plus et la première partie s'acheva enfin. Comme tout le monde s'y attendait, la salle fut alors plongée dans un noir quasi-total avant qui quiconque ne pût apercevoir Sean Booth et Rob Brown prendre place derrière leurs machines. Un beat énorme et binaire retentit alors, annonçant un concert puissant et bruyant... Le beat perdura un moment, d'abord seul, puis rejoint par un petit fouillis de notes métalliques en retrait, caractéristique du groupe. Mais lesdites notes étaient difficiles à entendre sous le godzillesque martèlement. Progressivement, la machine Autechre se mit en place, se complexifiant à chaque seconde, pour finalement aboutir à un maelström impraticable de sons et de rythmes. C'était violent, très violent, et les beats, extraordinairement en avant, aux basses énormes, écrasaient aussi bien la salle que les autres sons. Les rythmes étaient si déstructurés qu'il était impossible de s'y accrocher, ça pouvait sembler dansant, mais ça ne l'était pas, alors on la fermait, on se figeait, et on se faisait pilonner la tronche. Le concert dura une heure et demie, mais le temps semblait s'altérer sous l'avalanche de beats. Les morceaux étaient bien sûr improvisés, tenant à la fois du chaos de Gantz Graf et du fourmillement d'Oversteps, mais en terriblement plus hermétique, sans humanité à laquelle se raccrocher. Il y eut tout de même quelques accélérations impressionnantes et autres passages jouissifs pour soulager quelque peu du poids écrasant de la musique. Heureusement, l'absence de lumière conférait à la prestation quelque chose de fascinant... Chacun fixait obstinément les deux Anglais, sans les voir, mais sentant leur présence, penchés sur leurs ordinateurs, artisans d'un bombardement sonore inouï... Il m'est difficile de donné un degré d'appréciation à ce concert. Une chose est sûre, ce fut l'une de mes expériences musicales les plus extrêmes et les plus mémorables.


Sympa   14/20
par Jumbo


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