Cloud Nothings

Pour ce troisième et dernier jour de Route du Rock, rien de mieux que d'entamer avec Cloud Nothings pour se décrasser les méninges et être d'aplomb pour le reste de la soirée. Complètement libéré par Attack On Memory, Dylan Baldi libère sa rage et son énergie dans son post hardcore sans détour aux doux accents juvéniles – et ses légères dérives comme "Fall In" avec lequel il attaque. Il affirme par la même occasion la rupture avec ce qu'il a pu présenter l'année dernière à travers un album éponyme bridé et voilant tout ce qui sortait de son gosier. Cloud Nothings est a présent un vrai groupe qui tonne et fouette sévère dans des compos à bras-le-corps dépassant parfois les deux cents à l'heure. Le batteur avec son tee-shirt Hard Rock Café Oslo (c'est vrai que c'est ce qui sonne le plus proche de Saint Malo) martèle sans économie une batterie aussi maigre que celle de Patrick Doyle de Veronica Falls (la Charleston en plus) tandis que les guitares fusent, comme sur "Separation" éviscéré par son riff, et crissent sans état d'âme. Baldi s'esquinte alors la voix de tout son soûl, comme si la vérité qui lui brule les lèvres s'embrasait complètement une fois libérée. Sa voix déraille à la moindre inflexion comme s'il était encore en train de muer à moins qu'elle soit volontairement malmenée pour sonner crado, beugler 'is he gonna work out ?' sur "Cut You" ou éructer "Our Plans". "No Future/No Past" fera exception, chantée plus joliment pour clôturer leur set dans ce marasme d'un autre monde qui dépareille du reste de la nouvelle mouture. En point d'orgue, "Wasted Days" occupera un quart d'heure de set et toute l'attention, et vaut à elle seule le détour. Massive, hypnotique, maladive, toutes têtes dans les amplis (chapeau au bassiste pour être resté ainsi à jouer la même note sans fléchir) et le batteur haletant, les yeux exorbités par l'effort. Tous animés par la même pugnacité et le même cri de révolte qui explose littéralement sous les décibels et la sueur : I thought I would be more than this !!!!