Ryan Adams

Au bar, ça parle beaucoup anglais et l'accent est très américain. Les usuelles conversations pré concerts se font entendre dans la langue d'Hemingway avec le concours de taille ("Tu ne l'as vu que 6 fois ? Moi c'est la 13eme fois") et celui d'érudition ("il a joué pas mal de chansons de Morning Glory sur la tournée, je préfèrerais qu'il fasse Nebraska ce soir"). Mais ce soir au Trianon Ryan Adams ne fera ni l'un ni l'autre. Inspiré par la ville où repose Jim Morrison –on imagine, sinon pourquoi ?- il jouera 6 chansons des Doors. D'entrée de jeu dans l'ambiance feutrée d'une scène très légèrement éclairée, Ryan annoncera une setlist étrange. Visiblement fiévreux, donnant parfois l'impression d'être désorienté, il n'en gardera pas moins énormément de gentillesse en jouant une deuxième fois "Oh My Sweet Carolina" pour les retardataires, s'inquiétant de la santé des spectateurs éternuant après cette belle après-midi printanière mais aussi un sacré paquet de vannes sur son état du jour ("I can't believe I used to pay a lot of money to feel like that when all I needed was a bad cold"), ses déboires sentimentaux ("This song is about how much I hate my ex wife" lance-t-il en riant avant "Ashes And Fire"), ses déboires professionnels ("when I used to fill arenas...") un sous-entendu qu'on imagine sur Phoebe Bridgers avant un superbe "Am I Safe ?" ou encore un monumental direct à Jason Isbell ("Hi I'm Jason Isbell, you may recognize some of my songs, they're almost as good as Ryan Adams'songs"). Entre deux, il enchaine sans temps mort les chansons à la guitare ou au piano. Ses tubes ("To Be Young (Is To Be Sad, Is To Be High)", "My Winding Wheel", "Answering Bell", "New York New York") et certains joyaux d'un répertoire qui en déborde (magnifiques "Two", "To Be Without You", "When The Stars Go Blue", "Carolina Rain", "Everybody Knows"...) et des petites surprises dont une relecture de "Gimme Something Good" très convaincante. Et donc six chansons des Doors dont "The End" ou "LA Woman" même si, à regret, il annoncera nous épargner "Riders On The Storm". Une trentaine de chansons et une fin comme à l'accoutumée avec le beau "Come Pick Me Up" pour une très belle soirée qu'on aurait pas osé imaginer 4 ans plus tôt. Ravi de le retrouver.