The Kinks
The Kink Kontroversy |
Label :
Sanctuary |
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Sur cette réedition de 2011 on trouve les douze morceaux de l'album The Kink Kontroversy sorti le 26 novembre 1965 sur le premier disque puis une quinzaine en complément sur le second. Chose rare à cette époque, la setlist américaine est identique à l'anglaise, seule la pochette diffère, mais c'est bien la pochette anglaise qui passera à la postérité, puisqu'on retrouvera la même disposition sur Dig Me Out de Sleater-Kinney.
Le titre de l'album vient de la réputaion sulfureuse du groupe et surtout des bagarres, voire des émeutes qu'il génère (provoque ?) partout où il passe.
La face A s'ouvre sur une tuerie ! "Milk Cow Blues" est un vieux titre de Sleepy John Estes, popularisé par Elvis Presley quelques années avant, mais plus qu'une reprise c'est une véritable réappropriation qu'opèrent les Kinks. Ils jouent un blues vicieux, rêche qui rappelle ce qu'ils faisaient quelques mois plus tôt en sortant "You Really Got Me". Ce blues asséné par Dave Davies deviendra très vite un classique sur scène. C'est le seul titre à dépasser les 3 minutes, et l'unique reprise de l'album, tout le reste à une exception est l'oeuvre de Ray Davies.
Dans le même genre que "Milk Cow Blues", à la fin de la première face on a un autre titre bien méchant et beaucoup plus connu : "Till The End Of The Day" démarre sur un riff haché et casse tout en à peine 2 minutes. C'est l'unique single issu de l'album, il se classera bien que ce soit en Angleterre ou ailleurs. La face B de ce single, "Where Have All The Good Times Gone" a lui aussi toutes les qualités du bon single et figurera sur Pinups de Bowie en 1973. Ray Davies a une longue histoire avec la nostalgie, c'est un des thèmes sur lequel il a énormément composé, et c'est véritablement avec cette chanson que ça commence, alors qu'il n'a que 21 ans.
Hormis les deux titres à tendance garage, Kontroversy, comme il est appelé couramment, est un disque plutôt homogène, ce qui fait qu'on en parle souvent comme du véritable premier album des Kinks. Cette homogénéité est un tour de force parce que l'enregistrement s'est effectué dans la douleur. Le groupe n'a cessé de tourner durant l'année 1965, et quand ils n'étaient pas sur scène, ils étaient en studio ou sur des plateaux de télé, partout en Europe, en Amérique du Nord, en Océanie. Cette vie à quatre en permanence a généré des tensions à plusieurs reprises, avec à son comble un concert en Irlande qui s'est terminé en bagarre sur scène entre Dave Davies et le batteur Mick Avory, au point que ce dernier sera remplacé plusieurs jours par un mercenaire lors de l'enregistrement. Mais le résultat est là, Kontroversy est un bon album, on n'y trouve pas de morceaux de remplissage, sauf peut-être le brouillon "I'm Free" composé par Dave Davies. Kontroversy est la preuve que fin 1965, les Kinks ne sont plus seulement un groupe à singles.
Un bout de "Ring The Bells" sera réutilisé quelques mois plus tard sur "Ruby Tuesday" des Rolling Stones, sans que cela pose problème. Dans le Swinging London c'est monnaie courante, il s'agit souvent plus d'influences partagées que de plagiat véritable. Autre emprunt des Stones, le pianiste Nicky Hopkins qui joue sur plusieurs titres de Kontroversy, deviendra un de leurs pianistes à partir de 1967.
Il est proprement aberrant qu'un titre comme "The World Keeps Going Round" ne soit jamais sorti en single, c'est un des trèsors de ce disque et une des meilleures chansons de Ray Davies. On peut dire exactement la même chose de "When I See That Girl Of Mine" ! Et "I'm On An Island" ? Un chef d'oeuvre d'ironie et de mélancolie douce-amère.
L'album se termine avec "You Can't Win", un très bon morceau de soul auquel Dave Davies a rajouté une excellente partie de guitare typique de l'époque.
Bien que l'album est très bien marché, Kontroversy sera longtemps indisponible ; il faudra attendre le début des années 80 pour le revoir dans les bacs. Comme pour les autres albums du groupe, Pye Records a fait n'importe quoi pendant les années 70 en se contentant de sortir à tour de bras des compilations faites de bric et de broc. Il est maintenant régulièrement et correctement réedité.
Sur le second disque figurent les sorties du début de l'année 1966 qui ne seront reprises sur aucun album, plus quelques démos et différentes émissions de fin 1965 pour la BBC.
D'abord une satire sur les victimes de la mode, "Dedicated Follower Of Fashion" est la face A du premier 45 tours à sortir en février 1966. C'est un titre sur lequel le groupe a énormément travaillé sans jamais en être satisfait, changeant sans arrêt l'introduction et différentes parties du guitares. Une autre version, plus countrysante et moins enjouée est présente sur ce disque. En face B, un titre soul au possible, l'accrocheur "Sittin'on My Sofa", une terrible machine à danser !
Composé par Ray Davies pour les Animals qui l'ont refusé, "I'm Not Like Everybody Else" a finalement été enregistré par les Kinks et deviendra au mois de mai suivant la face B de "Sunny Afternoon". C'est un titre faussement calme, la guitare et le chant de Dave Davies sont remplis de colère. Une seconde version est proposée, le chant est légèrement différent au début, plus sussuré. Le bassiste Pete Quaife assure un gros travail sur ce titre, son jeu est tout à la fois incisif et inquiétant. Bien qu'initialement paru en face B ce titre connaîtra une grande postérité auprès du public, encore récemment Ray et Dave Davies la jouait lors de leurs concerts respectifs.
Suivent quelques morceaux inédits et plus ou moins anecdotiques, enregistrés entre décembre 1965 et le premier trimestre 1966 dont on peut retenir "Time Will Tell" pour son utilisation du Fuzz et "And I Love You" pour un inhabituel orgue Hammond et son rythme bossa-nova.
Les concerts connus de l'époque sont généralement inaudibles, le pauvre matériel de scène ne couvre pas le vacarme du public. Mais grâce à la BBC et à ses archives on peut écouter six titres joués en direct dont un sauvage "Milk Cow Blues" plus court et encore plus méchant que l'original !
Le livret de cette réédition est, comme pour les autres albums, riche en documents. Sont reproduites les différentes pochettes de l'album, des pochettes de 45 tours de tous les pays, le texte de présentation original, des photos du groupe, une chronologie des enregistrements, etc, etc. Du très beau travail !
Comme beaucoup de groupes anglais de cette seconde partie des 60's, l'histoire des Kinks se joue à toute vitesse. En 1965, les singles et les EP s'enchaînent sans interruption, auxquels il faut ajouter deux albums. Mais les Kinks doivent compter avec d'autres choses, une maison de disques foireuse : Pye Records ; un producteur, Shel Talmy, à qui ils sont attachés bien malgré eux ; et surtout leur comportement. Les frères Davies se battent entre eux ou avec Pete Quaife et Mick Avory et ce même sur scène, leur arrogance et leur insolence sont sources de problèmes avec tout les artistes qu'ils cotoient en tournée ou ailleurs. Les incidents se multiplient lors de leur tournée américaine et la sanction tombe. Bien qu'ils soient le fer de lance de la British Invasion, le puissant syndicat des musiciens américains leur interdit de se produire aux Etats-Unis pour 4 ans. Ils y retourneront en 1969, pratiquement oubliés du public local. Les conséquences sur leur carrière seront importantes, ils ne pourront pas se séparer de Pye Records comme ils l'avaient envisagé, et surtout il n'exploseront jamais comme ceux avec qui ils étaient en concurrence à ce moment précis, Stones, Who, etc. Musicalement, leur orientation va changer, les influences rythm'n blues vont s'effacer au profit d'une pop beaucoup plus élaborée et surtout bien plus intimiste.
Le titre de l'album vient de la réputaion sulfureuse du groupe et surtout des bagarres, voire des émeutes qu'il génère (provoque ?) partout où il passe.
La face A s'ouvre sur une tuerie ! "Milk Cow Blues" est un vieux titre de Sleepy John Estes, popularisé par Elvis Presley quelques années avant, mais plus qu'une reprise c'est une véritable réappropriation qu'opèrent les Kinks. Ils jouent un blues vicieux, rêche qui rappelle ce qu'ils faisaient quelques mois plus tôt en sortant "You Really Got Me". Ce blues asséné par Dave Davies deviendra très vite un classique sur scène. C'est le seul titre à dépasser les 3 minutes, et l'unique reprise de l'album, tout le reste à une exception est l'oeuvre de Ray Davies.
Dans le même genre que "Milk Cow Blues", à la fin de la première face on a un autre titre bien méchant et beaucoup plus connu : "Till The End Of The Day" démarre sur un riff haché et casse tout en à peine 2 minutes. C'est l'unique single issu de l'album, il se classera bien que ce soit en Angleterre ou ailleurs. La face B de ce single, "Where Have All The Good Times Gone" a lui aussi toutes les qualités du bon single et figurera sur Pinups de Bowie en 1973. Ray Davies a une longue histoire avec la nostalgie, c'est un des thèmes sur lequel il a énormément composé, et c'est véritablement avec cette chanson que ça commence, alors qu'il n'a que 21 ans.
Hormis les deux titres à tendance garage, Kontroversy, comme il est appelé couramment, est un disque plutôt homogène, ce qui fait qu'on en parle souvent comme du véritable premier album des Kinks. Cette homogénéité est un tour de force parce que l'enregistrement s'est effectué dans la douleur. Le groupe n'a cessé de tourner durant l'année 1965, et quand ils n'étaient pas sur scène, ils étaient en studio ou sur des plateaux de télé, partout en Europe, en Amérique du Nord, en Océanie. Cette vie à quatre en permanence a généré des tensions à plusieurs reprises, avec à son comble un concert en Irlande qui s'est terminé en bagarre sur scène entre Dave Davies et le batteur Mick Avory, au point que ce dernier sera remplacé plusieurs jours par un mercenaire lors de l'enregistrement. Mais le résultat est là, Kontroversy est un bon album, on n'y trouve pas de morceaux de remplissage, sauf peut-être le brouillon "I'm Free" composé par Dave Davies. Kontroversy est la preuve que fin 1965, les Kinks ne sont plus seulement un groupe à singles.
Un bout de "Ring The Bells" sera réutilisé quelques mois plus tard sur "Ruby Tuesday" des Rolling Stones, sans que cela pose problème. Dans le Swinging London c'est monnaie courante, il s'agit souvent plus d'influences partagées que de plagiat véritable. Autre emprunt des Stones, le pianiste Nicky Hopkins qui joue sur plusieurs titres de Kontroversy, deviendra un de leurs pianistes à partir de 1967.
Il est proprement aberrant qu'un titre comme "The World Keeps Going Round" ne soit jamais sorti en single, c'est un des trèsors de ce disque et une des meilleures chansons de Ray Davies. On peut dire exactement la même chose de "When I See That Girl Of Mine" ! Et "I'm On An Island" ? Un chef d'oeuvre d'ironie et de mélancolie douce-amère.
L'album se termine avec "You Can't Win", un très bon morceau de soul auquel Dave Davies a rajouté une excellente partie de guitare typique de l'époque.
Bien que l'album est très bien marché, Kontroversy sera longtemps indisponible ; il faudra attendre le début des années 80 pour le revoir dans les bacs. Comme pour les autres albums du groupe, Pye Records a fait n'importe quoi pendant les années 70 en se contentant de sortir à tour de bras des compilations faites de bric et de broc. Il est maintenant régulièrement et correctement réedité.
Sur le second disque figurent les sorties du début de l'année 1966 qui ne seront reprises sur aucun album, plus quelques démos et différentes émissions de fin 1965 pour la BBC.
D'abord une satire sur les victimes de la mode, "Dedicated Follower Of Fashion" est la face A du premier 45 tours à sortir en février 1966. C'est un titre sur lequel le groupe a énormément travaillé sans jamais en être satisfait, changeant sans arrêt l'introduction et différentes parties du guitares. Une autre version, plus countrysante et moins enjouée est présente sur ce disque. En face B, un titre soul au possible, l'accrocheur "Sittin'on My Sofa", une terrible machine à danser !
Composé par Ray Davies pour les Animals qui l'ont refusé, "I'm Not Like Everybody Else" a finalement été enregistré par les Kinks et deviendra au mois de mai suivant la face B de "Sunny Afternoon". C'est un titre faussement calme, la guitare et le chant de Dave Davies sont remplis de colère. Une seconde version est proposée, le chant est légèrement différent au début, plus sussuré. Le bassiste Pete Quaife assure un gros travail sur ce titre, son jeu est tout à la fois incisif et inquiétant. Bien qu'initialement paru en face B ce titre connaîtra une grande postérité auprès du public, encore récemment Ray et Dave Davies la jouait lors de leurs concerts respectifs.
Suivent quelques morceaux inédits et plus ou moins anecdotiques, enregistrés entre décembre 1965 et le premier trimestre 1966 dont on peut retenir "Time Will Tell" pour son utilisation du Fuzz et "And I Love You" pour un inhabituel orgue Hammond et son rythme bossa-nova.
Les concerts connus de l'époque sont généralement inaudibles, le pauvre matériel de scène ne couvre pas le vacarme du public. Mais grâce à la BBC et à ses archives on peut écouter six titres joués en direct dont un sauvage "Milk Cow Blues" plus court et encore plus méchant que l'original !
Le livret de cette réédition est, comme pour les autres albums, riche en documents. Sont reproduites les différentes pochettes de l'album, des pochettes de 45 tours de tous les pays, le texte de présentation original, des photos du groupe, une chronologie des enregistrements, etc, etc. Du très beau travail !
Comme beaucoup de groupes anglais de cette seconde partie des 60's, l'histoire des Kinks se joue à toute vitesse. En 1965, les singles et les EP s'enchaînent sans interruption, auxquels il faut ajouter deux albums. Mais les Kinks doivent compter avec d'autres choses, une maison de disques foireuse : Pye Records ; un producteur, Shel Talmy, à qui ils sont attachés bien malgré eux ; et surtout leur comportement. Les frères Davies se battent entre eux ou avec Pete Quaife et Mick Avory et ce même sur scène, leur arrogance et leur insolence sont sources de problèmes avec tout les artistes qu'ils cotoient en tournée ou ailleurs. Les incidents se multiplient lors de leur tournée américaine et la sanction tombe. Bien qu'ils soient le fer de lance de la British Invasion, le puissant syndicat des musiciens américains leur interdit de se produire aux Etats-Unis pour 4 ans. Ils y retourneront en 1969, pratiquement oubliés du public local. Les conséquences sur leur carrière seront importantes, ils ne pourront pas se séparer de Pye Records comme ils l'avaient envisagé, et surtout il n'exploseront jamais comme ceux avec qui ils étaient en concurrence à ce moment précis, Stones, Who, etc. Musicalement, leur orientation va changer, les influences rythm'n blues vont s'effacer au profit d'une pop beaucoup plus élaborée et surtout bien plus intimiste.
Très bon 16/20 | par NicoTag |
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