The Arcade Fire
Newcastle - Royaume-Uni [Metro Radio Arena] - lundi 29 octobre 2007 |
J'arrive avec seulement une heure d'avance. Pourtant il n'y a personne ou presque. Je suis la huitième personne plantée devant la Metro Radio Arena. Devant moi, six garçons et une fille échangent leurs histoires (réelles et fantasmées) d'Arcade Fire. Le grand type devant moi est venu de Dublin ; il voit le groupe pour la troisième fois en dix jours. Ce soir, il dormira sur un banc à l'aéroport. Un petit chevelu à lunettes s'impatiente - son huitième concert d'Arcade Fire va bientôt commencer.
Pour l'instant, personne n'a remarqué la supercherie. Je ne suis pas une fan; je ne porte pas le t-shirt de ralliement et possède à peine un disque. Je suis là par hasard. Pour voir. Le Dublinois s'enquiert de mes b-sides préférées. Je grommelle une réponse qui se perd dans le vent. Visiblement satisfait, il me tend généreusement un morceau de sa barre de chocolat.
Quand les portes s'ouvrent, vers 18H15, la foule est déjà plus dense. Le Dublinois et moi nous faufilons au premier rang.
Subitement un garçon à visage lisse – tout sourire - s'empare de ma paluche par-dessus la rambarde de sécurité : "Nice to meet you !". Je souris, légèrement interloquée, avant de réaliser qu'il s'agit du chanteur d'Arcade Fire venu saluer ses 'fans'. Son nom m'est à peu près aussi inconnu que son visage.
Je suis venue voir Arcade Fire car quelque part, un jour, des chansons m'ont touchée. Il me semblait que dans ces chansons-là quelque chose arrivait; une douleur profonde, un cri; un truc sincère, un secret. Si Funeral ne m'a emmenée nulle part, j'ai bien aimé Neon Bible, et surtout la chanson "Windowstill". Ce soir je vais voir le groupe qui joue "Windowstill". C'est une chanson simple, une simple chanson, un folk menaçant, lancinant – c'est la chanson qui m'a ramenée à Arcade Fire.
Ils sont dix sur scène, des garçons et des filles tissés de sapes qui brillent. Ils sourient beaucoup – derrière eux des écrans ronds multiplient leurs images, multiplient leurs sourires. Ils sont dix sur scène, mais on les croirait bien plus nombreux, tellement ils courent, se précipitent, échangent les instruments. Ça me fait mal aux yeux, la musique se noie; on entend mal les voix, quelque chose se perd, ça me fait mal au cœur.
Ils jouent "No Cars Go" et "Keep The Car Running" d'affilée ; la foule s'affole.
Ils jouent comme des performers. C'est-à-dire sans faux pas, c'est-à-dire sans fausse note.
La fille brune en robe de bal chante "In the backseat", un des premiers morceaux du groupe ; c'est une très belle chanson brisée, nue, mais la fille en fait trop avec ses airs de poupée boudeuse ; à la fin elle s'essuie les yeux. A la fin elle fait comme si elle pleurait, mais l'instant d'après un sourire est de nouveau scotché sur ses lèvres.
Je reconnais des chansons. En live cependant elles semblent dépouillées de toute la profondeur, toute la gravité qu'elles avaient sur disque : en live ce sont de bonnes chansons pour danser et sauter comme des kids. Rien de moins, rien de plus. Un évanouissement dans le public. Des filles qui se trémoussent. Des garçons qui braillent.
Quand le groupe se lance dans une reprise joyeuse et colorée de "Still Ill" des Smiths, je suis un peu malade. Le Dublinois (et sans doute n'est-il pas le seul) croit qu'il s'agit d'une chanson inédite. Liesse.
La salle est immense, une des plus grandes d'Angleterre, et les chansons résonnent dans le vide, elles sonnent fort, mais elles sonnent creux.
Je ne m'attendais à rien, ou plutôt je m'attendais à un concert de rock, un peu chaviré, un concert sur la brèche, joué dans la vitesse et l'émotion. Il y a la vitesse, mais elle est contrôlée. Il y a l'émotion, mais elle est surjouée (sinon simulée). Rien n'est immédiat : tout est déjà mort.
Comment faire confiance à des types qui jouent pendant près de deux heures en gardant de bout en bout la même expression faciale ?
Ils font leur rappel sur une version de "Wake Up" et, n'étaient les coups de coude assénées en rythme par le public (mes bras couverts de bleus s'en souviendront), je m'endormirais bien.
Au final, j'ai l'impression de n'avoir assisté à ce concert qu'à moitié, sans jamais me sentir concernée – un flot d'images, de gestes vides. Naturellement ils n'ont pas joué "Windowstill", mais ce n'est qu'un détail.
La première partie était assurée par un groupe de poseurs affublés de futes moulants et d'un ridicule patronyme (Wild Light). Les quatre Clinic ont ensuite investi la scène, blouses, chapeaux haut de forme et masques de chirurgiens de rigueur : ils ont joué vite, la basse bien en avant - hymnes fébriles traversés de passages au clavier ou au mélodica, emportés par la voix aiguë du chanteur. Clinic a joué pour de vrai. Clinic a sauvé ma soirée.
J'aurais dû partir après eux.
Mais je ne pouvais pas deviner. Voilà. J'ai vu Arcade Fire : il n'y a rien à voir.
Pour l'instant, personne n'a remarqué la supercherie. Je ne suis pas une fan; je ne porte pas le t-shirt de ralliement et possède à peine un disque. Je suis là par hasard. Pour voir. Le Dublinois s'enquiert de mes b-sides préférées. Je grommelle une réponse qui se perd dans le vent. Visiblement satisfait, il me tend généreusement un morceau de sa barre de chocolat.
Quand les portes s'ouvrent, vers 18H15, la foule est déjà plus dense. Le Dublinois et moi nous faufilons au premier rang.
Subitement un garçon à visage lisse – tout sourire - s'empare de ma paluche par-dessus la rambarde de sécurité : "Nice to meet you !". Je souris, légèrement interloquée, avant de réaliser qu'il s'agit du chanteur d'Arcade Fire venu saluer ses 'fans'. Son nom m'est à peu près aussi inconnu que son visage.
Je suis venue voir Arcade Fire car quelque part, un jour, des chansons m'ont touchée. Il me semblait que dans ces chansons-là quelque chose arrivait; une douleur profonde, un cri; un truc sincère, un secret. Si Funeral ne m'a emmenée nulle part, j'ai bien aimé Neon Bible, et surtout la chanson "Windowstill". Ce soir je vais voir le groupe qui joue "Windowstill". C'est une chanson simple, une simple chanson, un folk menaçant, lancinant – c'est la chanson qui m'a ramenée à Arcade Fire.
Ils sont dix sur scène, des garçons et des filles tissés de sapes qui brillent. Ils sourient beaucoup – derrière eux des écrans ronds multiplient leurs images, multiplient leurs sourires. Ils sont dix sur scène, mais on les croirait bien plus nombreux, tellement ils courent, se précipitent, échangent les instruments. Ça me fait mal aux yeux, la musique se noie; on entend mal les voix, quelque chose se perd, ça me fait mal au cœur.
Ils jouent "No Cars Go" et "Keep The Car Running" d'affilée ; la foule s'affole.
Ils jouent comme des performers. C'est-à-dire sans faux pas, c'est-à-dire sans fausse note.
La fille brune en robe de bal chante "In the backseat", un des premiers morceaux du groupe ; c'est une très belle chanson brisée, nue, mais la fille en fait trop avec ses airs de poupée boudeuse ; à la fin elle s'essuie les yeux. A la fin elle fait comme si elle pleurait, mais l'instant d'après un sourire est de nouveau scotché sur ses lèvres.
Je reconnais des chansons. En live cependant elles semblent dépouillées de toute la profondeur, toute la gravité qu'elles avaient sur disque : en live ce sont de bonnes chansons pour danser et sauter comme des kids. Rien de moins, rien de plus. Un évanouissement dans le public. Des filles qui se trémoussent. Des garçons qui braillent.
Quand le groupe se lance dans une reprise joyeuse et colorée de "Still Ill" des Smiths, je suis un peu malade. Le Dublinois (et sans doute n'est-il pas le seul) croit qu'il s'agit d'une chanson inédite. Liesse.
La salle est immense, une des plus grandes d'Angleterre, et les chansons résonnent dans le vide, elles sonnent fort, mais elles sonnent creux.
Je ne m'attendais à rien, ou plutôt je m'attendais à un concert de rock, un peu chaviré, un concert sur la brèche, joué dans la vitesse et l'émotion. Il y a la vitesse, mais elle est contrôlée. Il y a l'émotion, mais elle est surjouée (sinon simulée). Rien n'est immédiat : tout est déjà mort.
Comment faire confiance à des types qui jouent pendant près de deux heures en gardant de bout en bout la même expression faciale ?
Ils font leur rappel sur une version de "Wake Up" et, n'étaient les coups de coude assénées en rythme par le public (mes bras couverts de bleus s'en souviendront), je m'endormirais bien.
Au final, j'ai l'impression de n'avoir assisté à ce concert qu'à moitié, sans jamais me sentir concernée – un flot d'images, de gestes vides. Naturellement ils n'ont pas joué "Windowstill", mais ce n'est qu'un détail.
La première partie était assurée par un groupe de poseurs affublés de futes moulants et d'un ridicule patronyme (Wild Light). Les quatre Clinic ont ensuite investi la scène, blouses, chapeaux haut de forme et masques de chirurgiens de rigueur : ils ont joué vite, la basse bien en avant - hymnes fébriles traversés de passages au clavier ou au mélodica, emportés par la voix aiguë du chanteur. Clinic a joué pour de vrai. Clinic a sauvé ma soirée.
J'aurais dû partir après eux.
Mais je ne pouvais pas deviner. Voilà. J'ai vu Arcade Fire : il n'y a rien à voir.
Sans intérêt 8/20 | par Pixy |
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