The Arcade Fire
Everything Now |
Label :
Columbia |
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Allons bon. Mais qu'est ce que c'est que ce truc. Il reste pas un peu d'pinard ? C'est vraiment nul hein. Une bonne guerre, c'est c'qu'il leur faudrait à tous ces rastaquouères.
Voilà ce qu'on a (et aurait) pu entendre durant les précédentes semaines, alors qu'Arcade Fire disséminait au compte goutte quelques titres de ce nouvel album. Et nous d'imaginer que ces quelques pièces allaient pouvoir nous donner une image plus que fidèle de cet Everything Now, que l'on s'amusait à descendre avant même de l'avoir entendu en entier. Remarque, l'extrême opposé est également vrai, tant pour certains tout ce que touchent les Canadiens est forcément de l'or en barre.
Allant clairement vers un registre funky discoïsant, on n'était guère rassuré quant à la teneur de ce nouveau disque. James Murphy s'était occupé de Reflektor il y a quatre ans, cette fois, c'est une hydre à trois tête qui s'est chargée -tout du moins était présente, c'est sans doute trop tôt pour mesurer l'impact du travail fourni & demandé. Geoff Barrow (Portishead, Beak>) Steve Mackey (bassiste de Pulp & producteur pour M.I.A., The Horrors, etc) et Thomas Bangalter (le mec à gauche sous le masque dans Daft Punk) forment le triumvirat aux manettes de cet album. C'est toujours classe ce genre de name dropping n'est-ce-pas, ça en impose direct, mais faut bien se l'avouer, c'est jamais simple de distinguer le réel boulot d'un producteur sur un disque pour l'auditeur lambda.
Sur la foi de quatre extraits donc, "Everything Now", "Creature Comfort", "Sign Of Life" & enfin "Electric Blue", on pensait déjà tout connaître de ce disque, et pris comme ça un par un, tourner légitimement le dos à ce nouvel album et retourner s'enfermer en écoutant Funeral en renâclant, comme à chaque nouvel album de Win et ses potos. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on s'est bien fait avoir.
Elle s'est bien foutu de nous la bande à Régine. S'ils avaient proposé "Infinite Content" ou "Peter Pan" en guise d'amuse bouche, la réaction & par conséquent l'attente aurait été tout autre, j'en suis convaincu. L'album oscille, tangue entre les genres d'une façon épatante. On est plus vraiment chez les scandinaves en pattes d'eph' comme on aurait pu le croire, on est plutôt chez le Bowie époque Young American/Let's Dance par petites touches, le dancefloor cher à Tony Manera se range dans le coffre d'une grosse Buick pour un road movie éclatant, beaucoup moins insouciant qu'il n'y parait. Rempli de faux semblants, à l'image de la promo extrêmement bien menée en y repensant avec le recul.
Ils osent tout. Une flûte de pan par là, une intro reggae/dub, une sirène de police sortie d'on ne sait où en guise de liant entre deux morceaux, les titres s'imbriquent intelligemment entre eux, l'ambiance change mais reste moite, sexy souvent ("Good God Damn"), grave en apparence aussi ("We Don't Deserve Love" & ses nappes à la Brian Eno), se terminant sur une Outro de "Evertyhing Now (Continue)", évidente variation des deux premières pistes qui n'en font qu'une. L'album se termine là où il recommence, et avec ces deux outro/intro à la suite si vous vous le mettez en boucle, "Everything Now" prend alors encore une tout autre tournure. Vous deviendrez vite accros. Même avec sa flûte de pan, oui.
"Non mais vous voulez dire qu'on s'est planté comme des grosses buses ?" Oui Matt Houston, il faut bien le reconnaître. C'est pas très agréable hein, on se sent comme si Marcel Béliveau arrivait devant nous avec son sourire plein de dents, avec sa moustache pleine de poils gris pour nous dire que c'était pour de faux, qu'en fait le disque est tout bonnement génial. Tellement sûrs qu'on était de tenir là le disque de trop, et bien non, pas pour cette fois ! Tellement inattendu qu'il en devient encore meilleur. En plus de nous offrir un très bon disque, Arcade Fire nous donne là une belle leçon. Voire même une petite gifle.
Voilà ce qu'on a (et aurait) pu entendre durant les précédentes semaines, alors qu'Arcade Fire disséminait au compte goutte quelques titres de ce nouvel album. Et nous d'imaginer que ces quelques pièces allaient pouvoir nous donner une image plus que fidèle de cet Everything Now, que l'on s'amusait à descendre avant même de l'avoir entendu en entier. Remarque, l'extrême opposé est également vrai, tant pour certains tout ce que touchent les Canadiens est forcément de l'or en barre.
Allant clairement vers un registre funky discoïsant, on n'était guère rassuré quant à la teneur de ce nouveau disque. James Murphy s'était occupé de Reflektor il y a quatre ans, cette fois, c'est une hydre à trois tête qui s'est chargée -tout du moins était présente, c'est sans doute trop tôt pour mesurer l'impact du travail fourni & demandé. Geoff Barrow (Portishead, Beak>) Steve Mackey (bassiste de Pulp & producteur pour M.I.A., The Horrors, etc) et Thomas Bangalter (le mec à gauche sous le masque dans Daft Punk) forment le triumvirat aux manettes de cet album. C'est toujours classe ce genre de name dropping n'est-ce-pas, ça en impose direct, mais faut bien se l'avouer, c'est jamais simple de distinguer le réel boulot d'un producteur sur un disque pour l'auditeur lambda.
Sur la foi de quatre extraits donc, "Everything Now", "Creature Comfort", "Sign Of Life" & enfin "Electric Blue", on pensait déjà tout connaître de ce disque, et pris comme ça un par un, tourner légitimement le dos à ce nouvel album et retourner s'enfermer en écoutant Funeral en renâclant, comme à chaque nouvel album de Win et ses potos. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on s'est bien fait avoir.
Elle s'est bien foutu de nous la bande à Régine. S'ils avaient proposé "Infinite Content" ou "Peter Pan" en guise d'amuse bouche, la réaction & par conséquent l'attente aurait été tout autre, j'en suis convaincu. L'album oscille, tangue entre les genres d'une façon épatante. On est plus vraiment chez les scandinaves en pattes d'eph' comme on aurait pu le croire, on est plutôt chez le Bowie époque Young American/Let's Dance par petites touches, le dancefloor cher à Tony Manera se range dans le coffre d'une grosse Buick pour un road movie éclatant, beaucoup moins insouciant qu'il n'y parait. Rempli de faux semblants, à l'image de la promo extrêmement bien menée en y repensant avec le recul.
Ils osent tout. Une flûte de pan par là, une intro reggae/dub, une sirène de police sortie d'on ne sait où en guise de liant entre deux morceaux, les titres s'imbriquent intelligemment entre eux, l'ambiance change mais reste moite, sexy souvent ("Good God Damn"), grave en apparence aussi ("We Don't Deserve Love" & ses nappes à la Brian Eno), se terminant sur une Outro de "Evertyhing Now (Continue)", évidente variation des deux premières pistes qui n'en font qu'une. L'album se termine là où il recommence, et avec ces deux outro/intro à la suite si vous vous le mettez en boucle, "Everything Now" prend alors encore une tout autre tournure. Vous deviendrez vite accros. Même avec sa flûte de pan, oui.
"Non mais vous voulez dire qu'on s'est planté comme des grosses buses ?" Oui Matt Houston, il faut bien le reconnaître. C'est pas très agréable hein, on se sent comme si Marcel Béliveau arrivait devant nous avec son sourire plein de dents, avec sa moustache pleine de poils gris pour nous dire que c'était pour de faux, qu'en fait le disque est tout bonnement génial. Tellement sûrs qu'on était de tenir là le disque de trop, et bien non, pas pour cette fois ! Tellement inattendu qu'il en devient encore meilleur. En plus de nous offrir un très bon disque, Arcade Fire nous donne là une belle leçon. Voire même une petite gifle.
Excellent ! 18/20 | par X_Lok |
Posté le 26 juillet 2017 à 20 h 45 |
'NEW ALBUM OUT 28 JULY'. Placardées partout dans la gare de Bruxelles-Central, les affiches annoncent au flux quotidien de navetteurs que les Canadiens sont de retour cet été 2017. Arcade Fire est devenu à la vitesse de l'éclair, dès Funeral, un groupe incontournable, à la fois chouchou des critiques et des festivaliers. Les petits prodiges de Montréal, autrefois indés, sont aujourd'hui mainstream et l'un des groupes rock les plus regardés : c'est un constat, qu'il plaise ou non ou laisse indifférent.
Je ne sais pas vous, mais moi, un nouvel album de leur part, c'est toujours quelque chose que j'attends avec impatience. Comme beaucoup d'amateurs de rock approchant la trentaine, j'ai eu l'occasion de découvrir le groupe dès leur premier album et j'associe chacun des disques qui ont suivi à des étapes de ma vie : l'adolescence et les premiers émois rock (Funeral), les premières années à l'unif (Neon Bible), le master (The Suburbs), le premier job (Reflektor). Une bande-son de ma vie en quelque sorte ; du coup, à chaque nouvelle sortie, les exigences sont hautes.
Oui, mais voilà, Arcade Fire pouvait-il continuer son (presque) impeccable parcours ? Il y avait déjà ce Reflektor, très ambitieux, qui, même s'il survolait l'offre actuelle en matière de rock, ne remplissait pas tout mon cahier des charges personnel. J'avoue que ces dernières semaines, j'ai d'ailleurs commencé à douter pour ce cinquième opus, intitulé Everything Now. Les singles sortis nous montraient que Reflektor – et ses inflexions électro/dance – n'était pas qu'une parenthèse, mais bien un tournant pour le groupe qui a maintenant pris une nouvelle direction. Le rock des débuts ne lorgne plus seulement vers la pop et les sonorités funky et synthétiques, mais il se fond complètement dans ces influences, au point de s'effacer lui-même. Ce n'est pas l'album que je voulais écouter, disons-le clairement. Ok, Arcade Fire a changé, ok, ça me déçoit un peu... Mais cette déception-là, elle passe vite : à quoi bon après tout refaire un Funeral ou un The Suburbs ? S'ils ont été très bons dans leur style baroque caractéristique, pourquoi ne le seraient-ils pas tout autant dans un autre registre ?
Peut-être parce qu'ils n'ont pas grand-chose à apporter dans le style dans lequel ils s'essaient. On n'a pas de policier écrit par Camus, ni de disque folk sorti par Joy Division. Ça aurait pu être bien, on n'en sait rien, mais pour Arcade Fire, pour le coup, on sait ce que l'on perd et ce que l'on gagne : on perd complètement la beauté grandiloquente et organique des débuts, la richesse des instrumentations et des mélodies, mais on ne gagne rien ou si peu au change. Les chansons défilent, plutôt rapidement – Everything Now est leur album le plus court avec Neon Bible, qui, lui, contenait moins de morceaux – et, lors des premières écoutes, laissent peu de trace en tête. Au bout de quelques immersions, on garde un certain nombre d'airs en tête. "Air" est le mot, car pour certains titres, on peut difficilement parler de chansons : les idées et les gimmicks sympas sont un peu partout, mais on a parfois l'impression d'écouter des ébauches, un work-in-progess ("Peter Pan", "Chemistry", les deux "Infinite Content"). Win Butler affiche son flow – pourquoi pas ? – sur "Signs of Life" et "Creature Comfort", mais honnêtement le rendu est plutôt maladroit. Autant que Debbie Harry s'essayant au rap sur "Rapture".
Le tableau n'est pas si dramatique, pour autant : Arcade Fire signe sans aucun doute son disque le plus faible, mais l'ensemble tient plutôt bien la route, malgré tout. On retiendra surtout le funky premier single assez bien foutu "Everything Now", la synthpop à paillettes de "Electric Blue" sur lequel Régine Chassagne se la joue 'queen of disco', l'hypnotisant "Put Your Money on Me" et le touchant et un tantinet krautrock "We Don't Deserve Love", bercé par des envolées aériennes.
Everything Now : le premier faux-pas ou le début de la fin ?
Je ne sais pas vous, mais moi, un nouvel album de leur part, c'est toujours quelque chose que j'attends avec impatience. Comme beaucoup d'amateurs de rock approchant la trentaine, j'ai eu l'occasion de découvrir le groupe dès leur premier album et j'associe chacun des disques qui ont suivi à des étapes de ma vie : l'adolescence et les premiers émois rock (Funeral), les premières années à l'unif (Neon Bible), le master (The Suburbs), le premier job (Reflektor). Une bande-son de ma vie en quelque sorte ; du coup, à chaque nouvelle sortie, les exigences sont hautes.
Oui, mais voilà, Arcade Fire pouvait-il continuer son (presque) impeccable parcours ? Il y avait déjà ce Reflektor, très ambitieux, qui, même s'il survolait l'offre actuelle en matière de rock, ne remplissait pas tout mon cahier des charges personnel. J'avoue que ces dernières semaines, j'ai d'ailleurs commencé à douter pour ce cinquième opus, intitulé Everything Now. Les singles sortis nous montraient que Reflektor – et ses inflexions électro/dance – n'était pas qu'une parenthèse, mais bien un tournant pour le groupe qui a maintenant pris une nouvelle direction. Le rock des débuts ne lorgne plus seulement vers la pop et les sonorités funky et synthétiques, mais il se fond complètement dans ces influences, au point de s'effacer lui-même. Ce n'est pas l'album que je voulais écouter, disons-le clairement. Ok, Arcade Fire a changé, ok, ça me déçoit un peu... Mais cette déception-là, elle passe vite : à quoi bon après tout refaire un Funeral ou un The Suburbs ? S'ils ont été très bons dans leur style baroque caractéristique, pourquoi ne le seraient-ils pas tout autant dans un autre registre ?
Peut-être parce qu'ils n'ont pas grand-chose à apporter dans le style dans lequel ils s'essaient. On n'a pas de policier écrit par Camus, ni de disque folk sorti par Joy Division. Ça aurait pu être bien, on n'en sait rien, mais pour Arcade Fire, pour le coup, on sait ce que l'on perd et ce que l'on gagne : on perd complètement la beauté grandiloquente et organique des débuts, la richesse des instrumentations et des mélodies, mais on ne gagne rien ou si peu au change. Les chansons défilent, plutôt rapidement – Everything Now est leur album le plus court avec Neon Bible, qui, lui, contenait moins de morceaux – et, lors des premières écoutes, laissent peu de trace en tête. Au bout de quelques immersions, on garde un certain nombre d'airs en tête. "Air" est le mot, car pour certains titres, on peut difficilement parler de chansons : les idées et les gimmicks sympas sont un peu partout, mais on a parfois l'impression d'écouter des ébauches, un work-in-progess ("Peter Pan", "Chemistry", les deux "Infinite Content"). Win Butler affiche son flow – pourquoi pas ? – sur "Signs of Life" et "Creature Comfort", mais honnêtement le rendu est plutôt maladroit. Autant que Debbie Harry s'essayant au rap sur "Rapture".
Le tableau n'est pas si dramatique, pour autant : Arcade Fire signe sans aucun doute son disque le plus faible, mais l'ensemble tient plutôt bien la route, malgré tout. On retiendra surtout le funky premier single assez bien foutu "Everything Now", la synthpop à paillettes de "Electric Blue" sur lequel Régine Chassagne se la joue 'queen of disco', l'hypnotisant "Put Your Money on Me" et le touchant et un tantinet krautrock "We Don't Deserve Love", bercé par des envolées aériennes.
Everything Now : le premier faux-pas ou le début de la fin ?
Sympa 14/20
Posté le 28 juillet 2017 à 18 h 10 |
Le voici le voilà. 4 ans après Reflektor, et au terme d'une campagne de communication savamment orchestrée comme d'habitude, les canadiens d'Arcade Fire reviennent avec Everything Now, leur 5ème album studio. Je déballe le disque, jette un regard circonspect sur l'imprimé de t-shirt Primark qui fait office de jaquette, et m'installe confortablement, prêt pour le voyage.
Ca démarre pas mal, très bien même. Passée une courte intro, on plonge dans le titre éponyme. Le groupe avait déjà montré qu'il visait les dancefloors sur son précédent opus, mais il va désormais encore plus loin : oubliée la noirceur qui parcourait Reflektor, on ajoute même une touche disco bien marquée et roule ma poule. Force est de reconnaître que la chanson est ultra efficace (même si on pourra regretter le chant de la foule façon Coldplay, comme si des chœurs chantés par les 6 membres du groupe ne suffisaient plus). On enchaîne avec la non moins excellente "Signs Of Life", qui évoque avec talent le New York des Talking Heads époque Brian Eno. Si on accepte la nouvelle orientation du groupe, on peut se dire que jusqu'ici, c'est du tout bon.
Et là, patatra. Arrive "Creature Comfort", titre très mauvais et indigne d'Arcade Fire. Et encore, si c'était juste mauvais... Mais en plus, c'est agaçant. En toile de fond, un clavier insupportable semble imiter un compteur Geiger. Quant au refrain, il s'avère complètement creux et les Canadiens tentent le passage en force en beuglant de toutes leurs forces. Dommage car les paroles tiennent plutôt la route... On se remet de cette bouille avec le sympathique mais oubliable "Peter Pan", avant de replonger salement sur "Chemistry", nouveau titre d'une faiblesse insigne. D'habitude avec Arcade Fire, il se passe toujours quelque chose : même sur les titres les plus faibles de leur discographie (au hasard "Rococo" ou "Awful Sound"), on trouve toujours une ligne de mélodie ou de texte, une orchestration, bref une idée qui sauve les meubles et flatte l'oreille. Là, rien ! Le vide intersidéral. Un riff basique, une mélodie insipide, "you and me we are chemistry" martelé 20 fois, la chanson n'a strictement rien à dire et ne va nulle part. Ca commence à devenir inquiétant. Je baille et m'enfonce dans mon fauteuil. On a droit ensuite à un double intermède, "Infinite Content", d'abord énervé et prometteur mais dont le soufflet retombe sur sa 2ème partie, avant de finir sur le bruit de fond d'un supermarché dans lequel résonnent quelques notes des titres de la 1ère partie de l'album. Bien vu, les Arcade Fire, vous donnez effectivement l'impression depuis 10 minutes d'être dans un supermarché de la pop, à piocher des mélodies sans âme sur des rayonnages comme on choisit des navets en promo. Aveu de faiblesse ? Et ça repart direct sur la 3ème horreur de ce disque, "Electric Blue", chantée par Régine Chassagne. Le titre est déjà pauvre, mais bordel, est ce qu'il était vraiment nécessaire de rendre le refrain inaudible en y collant ce qui ressemble au son d'un kazoo ? Un kazoo ! Bref c'est moche, et on ne saurait trop conseiller à l'adorable Régine de réécouter "Sprawl II" afin de se souvenir à quel point sa voix peut être belle lorsqu'elle l'utilise avec maîtrise et retenue. J'hésite à baisser le volume pour supporter la fin du disque, mais je tiens bon, de plus en plus inquiet néanmoins.
Bon, "Good God Damn" est un titre honnête mais relativement plat, dont le dépouillement a le mérite de nous reposer les oreilles après le torrent de boue qu'on vient de se voir infliger. Sauf qu'au fil de l'album, à chaque fois que le groupe a fermé les vannes du mauvais goût ("Peter Pan", "Infinite Content"), c'était pour mieux les rouvrir ensuite et nous agresser avec sadisme ("Chemistry", "Electric Blue"). Je me trouve alors pris de panique, le front en sueur, l'œil fou, les ongles plantés dans les accoudoirs de mon fauteuil, attendant la fin dans une angoisse mortifère, surtout que j'ai le dos de la jaquette sur les genoux et que les titres des dernières pistes n'incitent vraiment pas à l'optimisme ("Put Your Money On Me", "We Don't Deserve Love"). Et là, au moment où on ne l'attend plus du tout, le miracle se produit. La fin de l'album est absolument superbe : 15 minutes de grâce absolue sur des titres semblant flotter gracieusement quelque part dans le ciel, portés par des mélodies simples mais belles, des paroles touchantes et des arrangements tout en retenue. De l'Arcade Fire pur jus et inspiré, baignant dans une mélancolie qui rappelle certains des meilleurs moments de The Suburbs. La troupe se retire ainsi dignement, et semble nous dire qu'elle est toujours là et que son cœur bat toujours. Something Eventually, qu'il aurait dû s'appeler, ce disque.
Plusieurs autres écoutes successives confirmeront mon impression initiale : l'album n'est pas intégralement mauvais, mais complètement bordélique, schizo, et traversé de trous d'airs d'une profondeur inédite chez Arcade Fire. Il ne s'agit pas de critiquer l'orientation plus dansante du groupe (les Canadiens ont prouvé qu'il pouvaient suivre cette voie en restant pertinent avec des titres bien troussés comme "We Exist" sur le précédent opus), mais bien la qualité intrinsèque de certaines compos. 13 titres dont 4 intros/intermèdes/outro, ça laisse au final 9 vraies chansons pour 4 excellentes, une pas mal, une que j'ai déjà oubliée et 3 que j'aimerais bien oublier. Pour un groupe de ce pedigree, c'est peu et ça ressemble quand même furieusement à une panne d'inspi (et on a même l'impression que le groupe l'admet sur certaines des photos promo de l'album). S'il n'y a pas assez de bons titres pour publier un album, il faut s'abstenir, ou bien sortir un EP. Et si vraiment on veut remplir un disque, alors il faut bien s'entourer. Là on nous vend la présence de Thomas Bangalter (Daft Punk), Steve Mackey (Pulp) et Geoff Barrow (Portishead), mais à l'écoute il n'y en a qu'un qu'on identifie clairement, inutile de préciser lequel... Alors on ne pourra pas reprocher à Arcade Fire de ne pas tenter de nouvelles choses, et on ne va pas les incendier pour 1 album bancal après quatre premiers disques oscillant entre l'excellence et le culte, mais on ne peut que les encourager à se remettre en question lorsqu'ils retourneront en studio.
Ca démarre pas mal, très bien même. Passée une courte intro, on plonge dans le titre éponyme. Le groupe avait déjà montré qu'il visait les dancefloors sur son précédent opus, mais il va désormais encore plus loin : oubliée la noirceur qui parcourait Reflektor, on ajoute même une touche disco bien marquée et roule ma poule. Force est de reconnaître que la chanson est ultra efficace (même si on pourra regretter le chant de la foule façon Coldplay, comme si des chœurs chantés par les 6 membres du groupe ne suffisaient plus). On enchaîne avec la non moins excellente "Signs Of Life", qui évoque avec talent le New York des Talking Heads époque Brian Eno. Si on accepte la nouvelle orientation du groupe, on peut se dire que jusqu'ici, c'est du tout bon.
Et là, patatra. Arrive "Creature Comfort", titre très mauvais et indigne d'Arcade Fire. Et encore, si c'était juste mauvais... Mais en plus, c'est agaçant. En toile de fond, un clavier insupportable semble imiter un compteur Geiger. Quant au refrain, il s'avère complètement creux et les Canadiens tentent le passage en force en beuglant de toutes leurs forces. Dommage car les paroles tiennent plutôt la route... On se remet de cette bouille avec le sympathique mais oubliable "Peter Pan", avant de replonger salement sur "Chemistry", nouveau titre d'une faiblesse insigne. D'habitude avec Arcade Fire, il se passe toujours quelque chose : même sur les titres les plus faibles de leur discographie (au hasard "Rococo" ou "Awful Sound"), on trouve toujours une ligne de mélodie ou de texte, une orchestration, bref une idée qui sauve les meubles et flatte l'oreille. Là, rien ! Le vide intersidéral. Un riff basique, une mélodie insipide, "you and me we are chemistry" martelé 20 fois, la chanson n'a strictement rien à dire et ne va nulle part. Ca commence à devenir inquiétant. Je baille et m'enfonce dans mon fauteuil. On a droit ensuite à un double intermède, "Infinite Content", d'abord énervé et prometteur mais dont le soufflet retombe sur sa 2ème partie, avant de finir sur le bruit de fond d'un supermarché dans lequel résonnent quelques notes des titres de la 1ère partie de l'album. Bien vu, les Arcade Fire, vous donnez effectivement l'impression depuis 10 minutes d'être dans un supermarché de la pop, à piocher des mélodies sans âme sur des rayonnages comme on choisit des navets en promo. Aveu de faiblesse ? Et ça repart direct sur la 3ème horreur de ce disque, "Electric Blue", chantée par Régine Chassagne. Le titre est déjà pauvre, mais bordel, est ce qu'il était vraiment nécessaire de rendre le refrain inaudible en y collant ce qui ressemble au son d'un kazoo ? Un kazoo ! Bref c'est moche, et on ne saurait trop conseiller à l'adorable Régine de réécouter "Sprawl II" afin de se souvenir à quel point sa voix peut être belle lorsqu'elle l'utilise avec maîtrise et retenue. J'hésite à baisser le volume pour supporter la fin du disque, mais je tiens bon, de plus en plus inquiet néanmoins.
Bon, "Good God Damn" est un titre honnête mais relativement plat, dont le dépouillement a le mérite de nous reposer les oreilles après le torrent de boue qu'on vient de se voir infliger. Sauf qu'au fil de l'album, à chaque fois que le groupe a fermé les vannes du mauvais goût ("Peter Pan", "Infinite Content"), c'était pour mieux les rouvrir ensuite et nous agresser avec sadisme ("Chemistry", "Electric Blue"). Je me trouve alors pris de panique, le front en sueur, l'œil fou, les ongles plantés dans les accoudoirs de mon fauteuil, attendant la fin dans une angoisse mortifère, surtout que j'ai le dos de la jaquette sur les genoux et que les titres des dernières pistes n'incitent vraiment pas à l'optimisme ("Put Your Money On Me", "We Don't Deserve Love"). Et là, au moment où on ne l'attend plus du tout, le miracle se produit. La fin de l'album est absolument superbe : 15 minutes de grâce absolue sur des titres semblant flotter gracieusement quelque part dans le ciel, portés par des mélodies simples mais belles, des paroles touchantes et des arrangements tout en retenue. De l'Arcade Fire pur jus et inspiré, baignant dans une mélancolie qui rappelle certains des meilleurs moments de The Suburbs. La troupe se retire ainsi dignement, et semble nous dire qu'elle est toujours là et que son cœur bat toujours. Something Eventually, qu'il aurait dû s'appeler, ce disque.
Plusieurs autres écoutes successives confirmeront mon impression initiale : l'album n'est pas intégralement mauvais, mais complètement bordélique, schizo, et traversé de trous d'airs d'une profondeur inédite chez Arcade Fire. Il ne s'agit pas de critiquer l'orientation plus dansante du groupe (les Canadiens ont prouvé qu'il pouvaient suivre cette voie en restant pertinent avec des titres bien troussés comme "We Exist" sur le précédent opus), mais bien la qualité intrinsèque de certaines compos. 13 titres dont 4 intros/intermèdes/outro, ça laisse au final 9 vraies chansons pour 4 excellentes, une pas mal, une que j'ai déjà oubliée et 3 que j'aimerais bien oublier. Pour un groupe de ce pedigree, c'est peu et ça ressemble quand même furieusement à une panne d'inspi (et on a même l'impression que le groupe l'admet sur certaines des photos promo de l'album). S'il n'y a pas assez de bons titres pour publier un album, il faut s'abstenir, ou bien sortir un EP. Et si vraiment on veut remplir un disque, alors il faut bien s'entourer. Là on nous vend la présence de Thomas Bangalter (Daft Punk), Steve Mackey (Pulp) et Geoff Barrow (Portishead), mais à l'écoute il n'y en a qu'un qu'on identifie clairement, inutile de préciser lequel... Alors on ne pourra pas reprocher à Arcade Fire de ne pas tenter de nouvelles choses, et on ne va pas les incendier pour 1 album bancal après quatre premiers disques oscillant entre l'excellence et le culte, mais on ne peut que les encourager à se remettre en question lorsqu'ils retourneront en studio.
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