Shannon Wright
Flightsafety |
Label :
Quarterstick |
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Tout commence par un pétage de plombs. En 1998, le groupe Crowdell est dissous par sa chanteuse Shannon Wright, lassée du business de la musique, bien décidée à tout planter là. La jeune fille se réfugie dans la solitude à la campagne, mais très vite, une besoin impérieux de composer se fait sentir. Peu de temps plus tard paraît ce premier album solo, Flightsafety, manifeste d'apaisement et pourtant d'une mystérieuse noirceur.
Shannon Wright joue de quasiment tous les instruments, épaulée en de brefs instants, entre autres, par Joey Burns de Calexico. Malgré sa pochette urbaine et nocturne (est-ce de l'ironie?), l'album, de par ses arrangements boisés, évoque la solitude au grand air, ce jusque dans les titres ("Rich Hum Of Air", "Yard Grass"). Il semblerait que cet album témoigne d'une prériode ou la chanteuse se ressource, sans pouvoir néanmoins faire l'impasse sur ses démons tenaces, qui apparaissent ici feutrés, tapis dans l'ombre. "Maps of Tacit" verra l'entrée d'un piano brinquebalant et nerveux qui ne la quittera pas. Mais on n'y est pas encore... Les chansons sont construites à partir d'instruments acoustiques, la guitare principalement, mais aussi le violoncelle, une batterie réduite au minimum, et des claviers aux sonorités brumeuses. L'orage n'est pas encore là. Tout au plus le ciel devient maussade par moments, mais presque rien qui puisse provoquer les accès de rage qui se mettront de plus en plus violemment en œuvre sur la trilogie "Maps Of Tacit", "Dyed In The Wool" et le jusqu'au-boutiste "Over The Sun".
Cet album est passionnant à écouter pour ce qu'il est : un album de folk très bien écrit et construit, gracieux et à fleur de peau, déjà étonnamment mature. Mais il est aussi intéressant de le mettre en parallèle avec le reste de la discographie, notamment "Maps Of Tacit". La chanson "Heavy Crown" est présente aussi sur Flightsafety, mais dans une version triste et timide, si on la compare à la véritable onde de choc provoquée par celle de l'album suivant, me glaçant le sang à chaque écoute (ce qui laisse au passage mesurer l'assurance prise par la voix sur le deuxième album). Et pourtant la colère surgit inopinément à la fin du disque. A la place de tout exprimer par sa voix, Shannon s'en prend à sa guitare sèche, jouant un motif hispanisant en boucle de manière ultra-nerveuse sur "Yard Grass". Il m'est personnellement émouvant d'entendre le premier jet de ce qui singularisera l'artiste par la suite, et impressionnera plus d'une personne l'ayant vue sur scène, une présence entière et sans calculs, rentre-dedans et habitée.
Le disque s'écoute d'une traite, rien n'est à jeter, mais pour ma part je retiendrais l'enchanteur "Rich Hum Of Air" et son riff tourbillonnant, l'extrême sensualité de la fin de "Hobos On Parade", et le chamanisme lo-fi de l'instru "Holland".
Un disque doux-amer, finalement proche de "Let in the Light", parsemé de petites éclaircies et au charme intimiste indéniable.
Shannon Wright joue de quasiment tous les instruments, épaulée en de brefs instants, entre autres, par Joey Burns de Calexico. Malgré sa pochette urbaine et nocturne (est-ce de l'ironie?), l'album, de par ses arrangements boisés, évoque la solitude au grand air, ce jusque dans les titres ("Rich Hum Of Air", "Yard Grass"). Il semblerait que cet album témoigne d'une prériode ou la chanteuse se ressource, sans pouvoir néanmoins faire l'impasse sur ses démons tenaces, qui apparaissent ici feutrés, tapis dans l'ombre. "Maps of Tacit" verra l'entrée d'un piano brinquebalant et nerveux qui ne la quittera pas. Mais on n'y est pas encore... Les chansons sont construites à partir d'instruments acoustiques, la guitare principalement, mais aussi le violoncelle, une batterie réduite au minimum, et des claviers aux sonorités brumeuses. L'orage n'est pas encore là. Tout au plus le ciel devient maussade par moments, mais presque rien qui puisse provoquer les accès de rage qui se mettront de plus en plus violemment en œuvre sur la trilogie "Maps Of Tacit", "Dyed In The Wool" et le jusqu'au-boutiste "Over The Sun".
Cet album est passionnant à écouter pour ce qu'il est : un album de folk très bien écrit et construit, gracieux et à fleur de peau, déjà étonnamment mature. Mais il est aussi intéressant de le mettre en parallèle avec le reste de la discographie, notamment "Maps Of Tacit". La chanson "Heavy Crown" est présente aussi sur Flightsafety, mais dans une version triste et timide, si on la compare à la véritable onde de choc provoquée par celle de l'album suivant, me glaçant le sang à chaque écoute (ce qui laisse au passage mesurer l'assurance prise par la voix sur le deuxième album). Et pourtant la colère surgit inopinément à la fin du disque. A la place de tout exprimer par sa voix, Shannon s'en prend à sa guitare sèche, jouant un motif hispanisant en boucle de manière ultra-nerveuse sur "Yard Grass". Il m'est personnellement émouvant d'entendre le premier jet de ce qui singularisera l'artiste par la suite, et impressionnera plus d'une personne l'ayant vue sur scène, une présence entière et sans calculs, rentre-dedans et habitée.
Le disque s'écoute d'une traite, rien n'est à jeter, mais pour ma part je retiendrais l'enchanteur "Rich Hum Of Air" et son riff tourbillonnant, l'extrême sensualité de la fin de "Hobos On Parade", et le chamanisme lo-fi de l'instru "Holland".
Un disque doux-amer, finalement proche de "Let in the Light", parsemé de petites éclaircies et au charme intimiste indéniable.
Très bon 16/20 | par Sam lowry |
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