Shannon Wright
Dyed In The Wool |
Label :
Quarterstick |
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Ce troisième album me prend à la gorge, dès " Less than a Moment " qui fait rentrer de plein pied dans une atmosphère hallucinée et sous haute tension. Shannon serre les dents, et se laissera souvent aller à une violence sans précédent. La production accentue souvent la sensation d'être confiné dans une pièce face aux démons de cette boule de nerfs : rien de mieux que Steve Albini pour donner cet effet là, lui qui préfère qu'on entende la reverbération de la pièce confinée où la batterie est enregistrée plutôt que de la masquer.
Les motifs baroques et hautement depressifs de piano ou de guitare, qui se répondent souvent, jouent au chat et à la souris avec la résistance nerveuse de l'auditeur. La voix viscérale et incroyablement puissante de Shannon enfonce définitivement le clou, et provoque une sensation de malaise. La jeune femme est en proie à ses névroses, il n'y a pas beaucoup de demi-mesure quand il s'agit de s'en libérer, et face à ce disque il est facile de se sentir piégé, comme conduit par erreur à ouvrir la porte de la pièce de refoulement, celle du fond, le cagibi de quelqu'un que l'on aurait pas forcément voulu connaître, pour ne pas réveiller nos propres névroses... Et il est impossible de s'échapper. Shannon ne cherche jamais, dans ce disque, à caresser l'auditeur dans le sens du poil, tout est à vif, il suffit d'un frôlement et la tempête se réveille. Ce disque, expéditif et sanglant, est un grand disque pour les déglingués de l'âme masochistes.
Au beau milieu d'influences noise, d'arpèges agoissants renvoyant à une musique baroque minimaliste, Shannon se livre. Sa voix peut passer en un rien de temps d'un registre de petite fille dépressive à celle d'une femme carrément meurtrie, de fragile elle devient vite convulsive. Elle me sidère par sa maîtrise, rien ne sonne maniéré ou calculé, tout fait chavirer instantanément le coeur pour mieux lui envoyer un gros coup de griffe quelques secondes plus tard...
Ma mémoire me rappelle ce jour où un chat sauvage s'était coincé la patte dans un fil barbelé entortillé, quelque part dans mon jardin. Paré de toutes mes bonnes intentions, je m'approchai pour le libérer, mais sa peur le faisait cracher, montrer les dents et tout ce que je réussis à obtenir, c'est un bon coup de griffe sur la main. Et plus il reculait, plus le fil se resserrait et lui blessait la patte. Peut-être préférait-il s'auto-mutiler plutôt que de se laisser approcher par un inconnu, ce qui est absurde, d'un certain point de vue! Quoi qu'il en soit, jamais je ne réussis à le toucher, et quelques jours plus tard le chat avait disparu, sans laisser de patte. L'histoire du chat piégé me renvoie directement à ce disque. L'envie de rassurer cet être farouche me pousse à lui tendre la main mais cet acte provoque un mouvement de recul, et je me prends un bon coup de griffe. L'être qui s'agite face à moi préfère vivre sa souffrance jusqu'au bout, bien sûr pour finir par s'en libérer.
Alors plutôt que d'avancer, j'écoute ce que Shannon a à me dire. Dès lors qu'on accepte d'écouter sa souffrance, la force avec laquelle ce petit bout de femme farouche et émotif se défend peut laisser muet de respect.
Les motifs baroques et hautement depressifs de piano ou de guitare, qui se répondent souvent, jouent au chat et à la souris avec la résistance nerveuse de l'auditeur. La voix viscérale et incroyablement puissante de Shannon enfonce définitivement le clou, et provoque une sensation de malaise. La jeune femme est en proie à ses névroses, il n'y a pas beaucoup de demi-mesure quand il s'agit de s'en libérer, et face à ce disque il est facile de se sentir piégé, comme conduit par erreur à ouvrir la porte de la pièce de refoulement, celle du fond, le cagibi de quelqu'un que l'on aurait pas forcément voulu connaître, pour ne pas réveiller nos propres névroses... Et il est impossible de s'échapper. Shannon ne cherche jamais, dans ce disque, à caresser l'auditeur dans le sens du poil, tout est à vif, il suffit d'un frôlement et la tempête se réveille. Ce disque, expéditif et sanglant, est un grand disque pour les déglingués de l'âme masochistes.
Au beau milieu d'influences noise, d'arpèges agoissants renvoyant à une musique baroque minimaliste, Shannon se livre. Sa voix peut passer en un rien de temps d'un registre de petite fille dépressive à celle d'une femme carrément meurtrie, de fragile elle devient vite convulsive. Elle me sidère par sa maîtrise, rien ne sonne maniéré ou calculé, tout fait chavirer instantanément le coeur pour mieux lui envoyer un gros coup de griffe quelques secondes plus tard...
Ma mémoire me rappelle ce jour où un chat sauvage s'était coincé la patte dans un fil barbelé entortillé, quelque part dans mon jardin. Paré de toutes mes bonnes intentions, je m'approchai pour le libérer, mais sa peur le faisait cracher, montrer les dents et tout ce que je réussis à obtenir, c'est un bon coup de griffe sur la main. Et plus il reculait, plus le fil se resserrait et lui blessait la patte. Peut-être préférait-il s'auto-mutiler plutôt que de se laisser approcher par un inconnu, ce qui est absurde, d'un certain point de vue! Quoi qu'il en soit, jamais je ne réussis à le toucher, et quelques jours plus tard le chat avait disparu, sans laisser de patte. L'histoire du chat piégé me renvoie directement à ce disque. L'envie de rassurer cet être farouche me pousse à lui tendre la main mais cet acte provoque un mouvement de recul, et je me prends un bon coup de griffe. L'être qui s'agite face à moi préfère vivre sa souffrance jusqu'au bout, bien sûr pour finir par s'en libérer.
Alors plutôt que d'avancer, j'écoute ce que Shannon a à me dire. Dès lors qu'on accepte d'écouter sa souffrance, la force avec laquelle ce petit bout de femme farouche et émotif se défend peut laisser muet de respect.
Excellent ! 18/20 | par Sam lowry |
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