Pulp
Mis-Shapes |
Label :
Island |
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Ce single historique, regroupant en fait deux faces-A, fut un prétexte pour permettre à "Sorted For E's and Wizz" de passer à la radio. Ce qui déclencha automatiquement une polémique : en effet, les paroles de la chanson traitaient de façon cynique et mordante de drogues. Se basant sur l'histoire fictive d'un garçon souhaitant se rendre à une rave, la chanson parle de l'ecstasy, drogue à la mode, et de la façon dont les jeunes les gobaient avant d'aller faire la fête. Et pour rajouter à la controverse, on trouve à l'intérieur de la jaquette ni plus ni moins que des instructions, schémas à l'appui, pour créer une petite pochette qui servira à transporter discrètement les cachets. Révolution en Angleterre : on n'avait jamais osé ! Et même le Daily Mirror en fera sa une, accusant Jarvis Cocker de pervertir la jeunesse !
Pari gagné : le single, au-delà d'être une description cynique du malaise provoqué par la routine chez les jeunes, est aussi une critique virulente de la presse et des tabloïds, puisque il est spécifié de se servir et de plier une feuille arrachée à un magasine. Et donc la presse de se prendre à leur propre jeu.
Mais pour les gens, peu importe, la chanson, au rythme dansant et irrésistible, fait un carton ! Aidé par le succès phénoménal de "Common People" (qui délogea des charts Michael Jackson), Pulp récidive et atteint à nouveau la deuxième place des charts, tous genres confondus !
Car Pulp, c'est bien plus qu'une farce : c'est aussi, et surtout, un des songwriting les plus inouïs des années 90. Tout en étant riche et subtile, les chansons de Pulp enchantent, enivrent et font tourbillonner les esprits de façon complètement folle. Le coup de génie de Jarvis Cocker aura été d'observer de loin les codes et usages de la Brit-Pop et de les reproduire, quitte à les grossir, à utiliser des claviers cheaps, à forcer sa voix de manière lyrique, se transformant en dandy, alors qu'il avait plus le physique d'une asperge. Mais ce n'est pas grave, se contorsionnant, balançant des hanches, qu'il avait maigres, Jarvis Cocker devint pourtant un sex-symbol. Rock dansant, chatoyant, gorgé de claviers, de guitares cristallines, le tout associé à un sens de la composition inimitable : voilà ce qu'on retrouve chez ce groupe unique. "Mis-Shape" en est le parfait exemple. Haché, porté par une guitare sèche, au rythme qui s'emballe, la chanson monte, monte, monte jusqu'à laisser exploser un refrain extraordinaire, virant dans un tourbillon de guitares à donner le vertige, et permet à Jarvis Cocker d'y laisser s'épanouir sa voix superbe, grave, éclatante, sexy, moite, emphatique. L'envie de bouger, de remuer est irrésistible. Et réussira à fédérer autour de lui des millions de gens, à les faire danser jusqu'à plus soif, à les enchanter sans que personne ne se rende compte du cynisme mordant des textes. Car "Mis-Shape", aborde pourtant le thème de la lutte des classes, entre les nantis et la Middle-Class, appelant à une révolution à venir : "Brothers and sisters can't you see that the future is own by you and me ?", qui ne laisse rien présager de charmant. Au contraire, la critique est acerbe et sans concession : "We want your house, we want your life".
Et c'est bien là qu'on retrouvera la patte de Pulp et qu'on ne retrouvera chez aucun groupe, ni pendant, ni après : cette poésie du quotidien, ces textes à la fois tendres, tristes et durs, enrobés du joli emballage, chatoyant et festif. Car les paroles de Pulp ne sont pas aussi joyeuses qu'elles peuvent le laisser paraître : sous des dehors volontiers humoristiques (il est obligatoire de traduire les textes), chacune des chansons est un compte-rendu de la réalité, un tableau acerbe du ridicule des gens, une ode au pathétisme, au sexe, aux sorties en boite, mais aussi une description juste de la routine, du manque de saveur, de la superficialité de la société de consommation. Empreinte d'une certaine mélancolie attachante, les paroles décrivent à justesse la Middle-Class et ses affres. Et Jarvis Cocker se fait alors le porte-parole des gens ordinaires, dans sans grade, des sans histoires.
Rien de mieux pour cela que les paroles de "Common People", ici dans une version extraordinaire au concert de Glastonbury (le groupe avait du remplacer au pied levé les Stone Roses), qui parle de la misère du quotidien, qui en fin de compte sera comblée par l'ivresse des boites de nuit, la drogue ou le sexe mais qui ne fera que remettre à la semaine suivante le malaise de tous ces gens, qui ne peuvent faire autre chose "qu'être ordinaires". Ce texte sera sublimé par une musique inoubliable : un clavier entêtant, une voix soufflée, avec de nombreux râles moites et lubriques, une rythmique ultra-dynamique et un refrain qui restera à jamais gravé dans les mémoires : vif, lumineux, souligné par des éclairs de guitares, il fait tourner la tête, donne des envies de se lâcher totalement, de s'oublier et de s'abandonner, pour rejoindre le monde factice mais tellement reposant de Pulp. Ce single archi-célèbre et culte au possible sera d'autant plus apprécié que la prestation live dépasse l'entendement : c'est la folie sur scène, Jarvis se donne à fond, tous les musiciens sont au top de leur forme, et ça s'entend ! On touche là sans doute au firmament du succès de Pulp. Le final, répétitif, sera vécu comme une libération : "I wanna live like common people like you", tellement simple mais tellement vrai !
La musique de Pulp se fera alors la bande-son parfaite d'une certaine époque, mais aussi d'un certain état d'esprit : désireux de s'adonner aux plaisirs simples, mais conscients de la futilité des choses. L'humour et le second degré ne feront que rajouter au charme des compositions de Pulp, condensé de bonheur pop, à l'image du très dynamique "PTA". Pulp, c'est un cocktail de tubes en puissance, de morgue, de romantisme, de sensualité, d'humour noir, au travers de mélodies efficaces et accrocheuses.
Indispensable donc.
Pari gagné : le single, au-delà d'être une description cynique du malaise provoqué par la routine chez les jeunes, est aussi une critique virulente de la presse et des tabloïds, puisque il est spécifié de se servir et de plier une feuille arrachée à un magasine. Et donc la presse de se prendre à leur propre jeu.
Mais pour les gens, peu importe, la chanson, au rythme dansant et irrésistible, fait un carton ! Aidé par le succès phénoménal de "Common People" (qui délogea des charts Michael Jackson), Pulp récidive et atteint à nouveau la deuxième place des charts, tous genres confondus !
Car Pulp, c'est bien plus qu'une farce : c'est aussi, et surtout, un des songwriting les plus inouïs des années 90. Tout en étant riche et subtile, les chansons de Pulp enchantent, enivrent et font tourbillonner les esprits de façon complètement folle. Le coup de génie de Jarvis Cocker aura été d'observer de loin les codes et usages de la Brit-Pop et de les reproduire, quitte à les grossir, à utiliser des claviers cheaps, à forcer sa voix de manière lyrique, se transformant en dandy, alors qu'il avait plus le physique d'une asperge. Mais ce n'est pas grave, se contorsionnant, balançant des hanches, qu'il avait maigres, Jarvis Cocker devint pourtant un sex-symbol. Rock dansant, chatoyant, gorgé de claviers, de guitares cristallines, le tout associé à un sens de la composition inimitable : voilà ce qu'on retrouve chez ce groupe unique. "Mis-Shape" en est le parfait exemple. Haché, porté par une guitare sèche, au rythme qui s'emballe, la chanson monte, monte, monte jusqu'à laisser exploser un refrain extraordinaire, virant dans un tourbillon de guitares à donner le vertige, et permet à Jarvis Cocker d'y laisser s'épanouir sa voix superbe, grave, éclatante, sexy, moite, emphatique. L'envie de bouger, de remuer est irrésistible. Et réussira à fédérer autour de lui des millions de gens, à les faire danser jusqu'à plus soif, à les enchanter sans que personne ne se rende compte du cynisme mordant des textes. Car "Mis-Shape", aborde pourtant le thème de la lutte des classes, entre les nantis et la Middle-Class, appelant à une révolution à venir : "Brothers and sisters can't you see that the future is own by you and me ?", qui ne laisse rien présager de charmant. Au contraire, la critique est acerbe et sans concession : "We want your house, we want your life".
Et c'est bien là qu'on retrouvera la patte de Pulp et qu'on ne retrouvera chez aucun groupe, ni pendant, ni après : cette poésie du quotidien, ces textes à la fois tendres, tristes et durs, enrobés du joli emballage, chatoyant et festif. Car les paroles de Pulp ne sont pas aussi joyeuses qu'elles peuvent le laisser paraître : sous des dehors volontiers humoristiques (il est obligatoire de traduire les textes), chacune des chansons est un compte-rendu de la réalité, un tableau acerbe du ridicule des gens, une ode au pathétisme, au sexe, aux sorties en boite, mais aussi une description juste de la routine, du manque de saveur, de la superficialité de la société de consommation. Empreinte d'une certaine mélancolie attachante, les paroles décrivent à justesse la Middle-Class et ses affres. Et Jarvis Cocker se fait alors le porte-parole des gens ordinaires, dans sans grade, des sans histoires.
Rien de mieux pour cela que les paroles de "Common People", ici dans une version extraordinaire au concert de Glastonbury (le groupe avait du remplacer au pied levé les Stone Roses), qui parle de la misère du quotidien, qui en fin de compte sera comblée par l'ivresse des boites de nuit, la drogue ou le sexe mais qui ne fera que remettre à la semaine suivante le malaise de tous ces gens, qui ne peuvent faire autre chose "qu'être ordinaires". Ce texte sera sublimé par une musique inoubliable : un clavier entêtant, une voix soufflée, avec de nombreux râles moites et lubriques, une rythmique ultra-dynamique et un refrain qui restera à jamais gravé dans les mémoires : vif, lumineux, souligné par des éclairs de guitares, il fait tourner la tête, donne des envies de se lâcher totalement, de s'oublier et de s'abandonner, pour rejoindre le monde factice mais tellement reposant de Pulp. Ce single archi-célèbre et culte au possible sera d'autant plus apprécié que la prestation live dépasse l'entendement : c'est la folie sur scène, Jarvis se donne à fond, tous les musiciens sont au top de leur forme, et ça s'entend ! On touche là sans doute au firmament du succès de Pulp. Le final, répétitif, sera vécu comme une libération : "I wanna live like common people like you", tellement simple mais tellement vrai !
La musique de Pulp se fera alors la bande-son parfaite d'une certaine époque, mais aussi d'un certain état d'esprit : désireux de s'adonner aux plaisirs simples, mais conscients de la futilité des choses. L'humour et le second degré ne feront que rajouter au charme des compositions de Pulp, condensé de bonheur pop, à l'image du très dynamique "PTA". Pulp, c'est un cocktail de tubes en puissance, de morgue, de romantisme, de sensualité, d'humour noir, au travers de mélodies efficaces et accrocheuses.
Indispensable donc.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Vic |
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