Pulp
Different Class |
Label :
Island |
||||
L'album le plus connu dePulp. His'n'Hers était déjà un sacré succès, Different Class va faire du groupe un des plus gros vendeurs de disques, tout en gardant leur intégrité artistique. Ce qui est en soi une performance.
"Common People" est LA chanson de ce disque, un titre qui n'était pour moi au départ que l'idylle d'un été et qui m'a fait découvrir Pulp et qui au final à changer ma vie. Les chansons sont toutes incroyables, énergiques. Jarvis Cocker n'a rarement été aussi cynique, aussi fascinant. Les textes atteignent la perfection l'incroyable "Disco2000" ou "Mis-Shapes" et sa déclaration de guerre 'we want your house, we want your life'. Les "Common People" se rebellent.
Tout en étant très accessible, les chansons sont des monuments pop variant de la bombe dansante à la ballade très calme. Malgré le nombre incalculables de fois que j'ai du l'écouter, je ne m'en lasse pas, c'est un océan de fraîcheur, une perfection mélodique. Rétrospectivement, je retiens un titre absolument fabuleux "Feeling Called Love" sa variation rythmique incessante qui fait des miracles le tout couronné de la voix de JC qui nous fait partager ce feeling.
Tout semblait dit pour Pulp, il ne semblait plus pouvoir faire mieux. Le point de non retour semble atteint. Et pourtant This Is Hardcore allait arriver. Pulp plus grand groupe des années 90 ?
"Common People" est LA chanson de ce disque, un titre qui n'était pour moi au départ que l'idylle d'un été et qui m'a fait découvrir Pulp et qui au final à changer ma vie. Les chansons sont toutes incroyables, énergiques. Jarvis Cocker n'a rarement été aussi cynique, aussi fascinant. Les textes atteignent la perfection l'incroyable "Disco2000" ou "Mis-Shapes" et sa déclaration de guerre 'we want your house, we want your life'. Les "Common People" se rebellent.
Tout en étant très accessible, les chansons sont des monuments pop variant de la bombe dansante à la ballade très calme. Malgré le nombre incalculables de fois que j'ai du l'écouter, je ne m'en lasse pas, c'est un océan de fraîcheur, une perfection mélodique. Rétrospectivement, je retiens un titre absolument fabuleux "Feeling Called Love" sa variation rythmique incessante qui fait des miracles le tout couronné de la voix de JC qui nous fait partager ce feeling.
Tout semblait dit pour Pulp, il ne semblait plus pouvoir faire mieux. Le point de non retour semble atteint. Et pourtant This Is Hardcore allait arriver. Pulp plus grand groupe des années 90 ?
Parfait 17/20 | par Mozz |
Posté le 02 mai 2009 à 18 h 26 |
Si l'on considère l'arrière du sleeve en ouvrant le boîtier, on peut lire "Please understand. We don't want no trouble. We just want the right to be different. That's All" C'est toute la portée de manifeste de Different Class qui est contenue dans cette phrase. Impression renforcée par les artworks du livret : les membres de Pulp y apparaissent en noir et blanc, prenant des postures glamours au milieu de scènes du quotidien. On a voulu donner à Different Class la valeur d'un manifeste en faveur de la lutte des classes. Ce n'est absolument pas le cas.
Car Different Class, c'est un manifeste en faveur de l'anticonformisme, rejetant aussi bien la culture bourgeoise que populaire, et prônant avant tout les valeurs esthétiques. Dès l'ouverture par l'entraînante "Mis-Shapes", Jarvis Cocker enjoint tous les esthètes à se lancer dans une guerre non-violente face aux "common people" : "Brothers, sisters, can't you see ? The future's owned by you and me. There won't be fighting in the street. They think they've got us beat, but revenge is gonna be so sweet [...] We won't use guns, we won't use bombs, we'll use the one thing thing we've got more of, that's our mind" Quel programme alléchant et jouissif! Ce thème est ensuite retrouvé dans l'inusable, l'inoubliable "Common People", où un Jarvis fasciné par une esthète, tente de l'aider à devenir normale ('Rent a flat above a shop, cut your hair and get a job, pretend you never went to school'), avant de lui expliquer que jamais elle ne pourra, à quoi bon lutter contre sa nature ?
Jarvis Cocker est on ne peut plus flamboyant dans ce rôle de dandy meneur et esthétiquement engagé. Mais son talent littéraire ne se résume pas à ce thème. Pour être le plus grand auteur anglais, il en faut plus. Pas de problème pour lui, car sa personnalité complexe nous réserve bien d'autres enchantements. Elevé dans un milieu de femmes à Sheffield, Jarvis Cocker en a conservé une fascination pour les femmes. Cette attirance mêlée de peur le pousse à se mettre dans la peau de personnages classiques mais transcendés. Dans "Pencil Skirt", il se met dans la position délicieusement dangereuse de l'amant profitant de la richesse du mari absent. Avec la primesautière "Disco 2000", il se remémore ses années d'adolescent loser, amoureux de Déborah, la fille la plus populaire du collège, en écrivant un texte aussi drôle que cruel, et absolument jouissif "You were the first girl at school to get breasts, and Martin said you were the best ! All the boys loved you but I was a mess, I had to watch them trying to get you undressed! We were friends, that was as far as it went." Il se fait aussi lubrique sur "Underwear", pervers, obsédé et jaloux sur "I Spy" ou compatissants envers les femmes délaissées sur "Live Bed Show". Enfin, Jarvis Cocker se la joue observateur de la société des années 90 en Angleterre. Avec "Sorted For E's And Wizz" qui évoque les raves, le groupe crée le scandale en expliquant dans la sleeve du single comment cacher ses cachetons ! Mais Jarvis Cocker reste lucide, et il interpelle l'auditeur en lui rappelant les effets de la redescente, que l'euphorie des ectas n'est malheureusement que de courte durée ('In the middle of the night, it fees alright but then tomorrow?)...Vous l'avez compris, avec Different Class, on tient un des albums parmi les mieux écrits de la pop anglaise. Tous les textes sont brillantissimes, impertinents, pleins d'humour décalé et éloignés des poncifs de la pop. Sur cet album, Jarvis Cocker est un personnage plein d'élégance, flamboyant et fascinant. Le dandy par excellence.
Les instructions du livret sont respectées: maintenant qu'on a lu les paroles, on peut s'attaquer à la musique. Et là encore, c'est une véritable leçon que nous livre Pulp. Different Class est un bijou pop, de mélodies léchées et malignes, parfaitement mise en valeur par des instrumentations élégantes et lumineuses. La touche Pulp se retrouve dans la batterie qui claque, la guitare stridente, les arrangements de violon discrets. Et surtout, il ya la voix de Jarvis Cocker, au charisme incroyable. Il passe tour à tour d'une voix de crooner sensuelle à des supplications à la limite de la justesse, en passant par un lyrisme parfaitement maîtrise. Les deux tubes "Disco 2000" et "Common People" ont souvent valu au groupe le qualificatif de kitsch, mais on en est vraiment loin. Tout d'abord, le reste de l'album est bien plus élégant. Et sur ces deux morceaux, ces instrumentations guillerettes plutôt que kitsch sont le parfait écrin pour les textes décalés et humoristiques (mais intelligents)! Pour vous en convaincre, écoutez l'intense et tragique "I Spy", ou le sombre "Live Bed Show". Vous verrez que Pulp est bien loin d'être une farce, et que le groupe possède des registres bien plus variés que l'aspect dansant et amusant dans lequel on a tendance à le classer. Cette noirceur s'exprimera d'ailleurs pleinement dans le chef d'œuvre qui suivra.
Different Class est un album qui m'a marqué à vie. Le charisme de cette grande asperge de Jarvis Cocker, l'intelligence et la poésie de ses textes, ses encouragements à assumer sa différence ont eu beaucoup d'influence sur moi quand j'ai découvert de disque il ya 4 ans. Musicalement inspiré, des textes brillants et parfaits, Different Class est, je le répète, l'œuvre d'un dandy flamboyant. Associé à son négatif This Is Hardcore, rempli de doutes et de noirceur, on tient à coup sûr les deux volets de l'évolution d'une personnalité qui marquera à jamais l'histoire de la pop.
Car Different Class, c'est un manifeste en faveur de l'anticonformisme, rejetant aussi bien la culture bourgeoise que populaire, et prônant avant tout les valeurs esthétiques. Dès l'ouverture par l'entraînante "Mis-Shapes", Jarvis Cocker enjoint tous les esthètes à se lancer dans une guerre non-violente face aux "common people" : "Brothers, sisters, can't you see ? The future's owned by you and me. There won't be fighting in the street. They think they've got us beat, but revenge is gonna be so sweet [...] We won't use guns, we won't use bombs, we'll use the one thing thing we've got more of, that's our mind" Quel programme alléchant et jouissif! Ce thème est ensuite retrouvé dans l'inusable, l'inoubliable "Common People", où un Jarvis fasciné par une esthète, tente de l'aider à devenir normale ('Rent a flat above a shop, cut your hair and get a job, pretend you never went to school'), avant de lui expliquer que jamais elle ne pourra, à quoi bon lutter contre sa nature ?
Jarvis Cocker est on ne peut plus flamboyant dans ce rôle de dandy meneur et esthétiquement engagé. Mais son talent littéraire ne se résume pas à ce thème. Pour être le plus grand auteur anglais, il en faut plus. Pas de problème pour lui, car sa personnalité complexe nous réserve bien d'autres enchantements. Elevé dans un milieu de femmes à Sheffield, Jarvis Cocker en a conservé une fascination pour les femmes. Cette attirance mêlée de peur le pousse à se mettre dans la peau de personnages classiques mais transcendés. Dans "Pencil Skirt", il se met dans la position délicieusement dangereuse de l'amant profitant de la richesse du mari absent. Avec la primesautière "Disco 2000", il se remémore ses années d'adolescent loser, amoureux de Déborah, la fille la plus populaire du collège, en écrivant un texte aussi drôle que cruel, et absolument jouissif "You were the first girl at school to get breasts, and Martin said you were the best ! All the boys loved you but I was a mess, I had to watch them trying to get you undressed! We were friends, that was as far as it went." Il se fait aussi lubrique sur "Underwear", pervers, obsédé et jaloux sur "I Spy" ou compatissants envers les femmes délaissées sur "Live Bed Show". Enfin, Jarvis Cocker se la joue observateur de la société des années 90 en Angleterre. Avec "Sorted For E's And Wizz" qui évoque les raves, le groupe crée le scandale en expliquant dans la sleeve du single comment cacher ses cachetons ! Mais Jarvis Cocker reste lucide, et il interpelle l'auditeur en lui rappelant les effets de la redescente, que l'euphorie des ectas n'est malheureusement que de courte durée ('In the middle of the night, it fees alright but then tomorrow?)...Vous l'avez compris, avec Different Class, on tient un des albums parmi les mieux écrits de la pop anglaise. Tous les textes sont brillantissimes, impertinents, pleins d'humour décalé et éloignés des poncifs de la pop. Sur cet album, Jarvis Cocker est un personnage plein d'élégance, flamboyant et fascinant. Le dandy par excellence.
Les instructions du livret sont respectées: maintenant qu'on a lu les paroles, on peut s'attaquer à la musique. Et là encore, c'est une véritable leçon que nous livre Pulp. Different Class est un bijou pop, de mélodies léchées et malignes, parfaitement mise en valeur par des instrumentations élégantes et lumineuses. La touche Pulp se retrouve dans la batterie qui claque, la guitare stridente, les arrangements de violon discrets. Et surtout, il ya la voix de Jarvis Cocker, au charisme incroyable. Il passe tour à tour d'une voix de crooner sensuelle à des supplications à la limite de la justesse, en passant par un lyrisme parfaitement maîtrise. Les deux tubes "Disco 2000" et "Common People" ont souvent valu au groupe le qualificatif de kitsch, mais on en est vraiment loin. Tout d'abord, le reste de l'album est bien plus élégant. Et sur ces deux morceaux, ces instrumentations guillerettes plutôt que kitsch sont le parfait écrin pour les textes décalés et humoristiques (mais intelligents)! Pour vous en convaincre, écoutez l'intense et tragique "I Spy", ou le sombre "Live Bed Show". Vous verrez que Pulp est bien loin d'être une farce, et que le groupe possède des registres bien plus variés que l'aspect dansant et amusant dans lequel on a tendance à le classer. Cette noirceur s'exprimera d'ailleurs pleinement dans le chef d'œuvre qui suivra.
Different Class est un album qui m'a marqué à vie. Le charisme de cette grande asperge de Jarvis Cocker, l'intelligence et la poésie de ses textes, ses encouragements à assumer sa différence ont eu beaucoup d'influence sur moi quand j'ai découvert de disque il ya 4 ans. Musicalement inspiré, des textes brillants et parfaits, Different Class est, je le répète, l'œuvre d'un dandy flamboyant. Associé à son négatif This Is Hardcore, rempli de doutes et de noirceur, on tient à coup sûr les deux volets de l'évolution d'une personnalité qui marquera à jamais l'histoire de la pop.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 23 février 2011 à 12 h 53 |
Parmi les disques qui marquent votre vie, il en est certains dont vous savez que vous allez éternellement y revenir. Parce qu'ils renvoient à une époque de votre vie particulière ou tout simplement pour leur magnificence. Different Class, pour moi, répond à ce profil. A vrai dire, je ne me souviens plus de la manière dont je l'ai découvert. Ce dont je me souviens par contre, ce sont ses frissons, ses sensations intenses de découvrir quelque chose de secret et de beau. La voix sublime de Jarvis Cocker, les arrangements précieux, la qualité d'écriture des chansons... Tout concorde à faire de lui un album spécial et qui aura par ailleurs marqué son époque. Pour quelle raison? Parce que Pulp est fondamentalement différent des autres. Contrairement à un Blur (grand groupe par ailleurs) ou à Oasis (un peu moins), ses références sont plus larges et mieux fusionnées.
On peut en apporter la preuve avec n'importe lequel des douze joyaux qui composent ce chef d'œuvre. Prenons "Pencil Skirt", ballade languide à la perversité évidente. Incontestablement, il y a du Bowie et du Roxy Music en son sein mais on s'aperçoit aussi que d'autres éléments viennent se greffer dessus. Autre pépite du genre, la conclusion "Bar Italia" rappelle incontestablement le génie du premier, sans non plus que cela soit une simple copie. "Live Bed Show" ou "Something Changed" sont dans la même veine. N'oublions pas non plus que Pulp fait aussi du rock et avec classe qui plus est: "Misshapes" et son refrain fédérateur, le bizarroïde "Feeling Called Love" ou le protéiforme "Monday Morning". Enfin, impossible de ne pas revenir sur le cultissime "Common People", une anomalie dans la discographie du groupe de Sheffield par son rythme soutenu et son succès. Il s'agit certes d'un tube, mais à la complexité structurelle et à l'ironie qui annihilent toute idée de compromission. Avec "I Spy", il est l'emblème d'une musique sublime et qui n'a pour seul but que son accomplissement.
En relisant ces quelques lignes, je me rends compte que je n'ai pas abordé toutes les chansons. Pas grave dans la mesure où chaque commentaire peut s'appliquer à celles qui manquent. Par sa richesse et sa singularité, Different Class s'est imposé à moi immédiatement, comme une part de ma vie que je ne rejetterai jamais. Et le pire dans l'histoire est que Jarvis et sa troupe vont aller à contre-courant et livrer avec This Is Hardcore leur disque ultime. Et celui-ci aussi, je ne m'en passerai pour rien au monde.
On peut en apporter la preuve avec n'importe lequel des douze joyaux qui composent ce chef d'œuvre. Prenons "Pencil Skirt", ballade languide à la perversité évidente. Incontestablement, il y a du Bowie et du Roxy Music en son sein mais on s'aperçoit aussi que d'autres éléments viennent se greffer dessus. Autre pépite du genre, la conclusion "Bar Italia" rappelle incontestablement le génie du premier, sans non plus que cela soit une simple copie. "Live Bed Show" ou "Something Changed" sont dans la même veine. N'oublions pas non plus que Pulp fait aussi du rock et avec classe qui plus est: "Misshapes" et son refrain fédérateur, le bizarroïde "Feeling Called Love" ou le protéiforme "Monday Morning". Enfin, impossible de ne pas revenir sur le cultissime "Common People", une anomalie dans la discographie du groupe de Sheffield par son rythme soutenu et son succès. Il s'agit certes d'un tube, mais à la complexité structurelle et à l'ironie qui annihilent toute idée de compromission. Avec "I Spy", il est l'emblème d'une musique sublime et qui n'a pour seul but que son accomplissement.
En relisant ces quelques lignes, je me rends compte que je n'ai pas abordé toutes les chansons. Pas grave dans la mesure où chaque commentaire peut s'appliquer à celles qui manquent. Par sa richesse et sa singularité, Different Class s'est imposé à moi immédiatement, comme une part de ma vie que je ne rejetterai jamais. Et le pire dans l'histoire est que Jarvis et sa troupe vont aller à contre-courant et livrer avec This Is Hardcore leur disque ultime. Et celui-ci aussi, je ne m'en passerai pour rien au monde.
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 20 mars 2015 à 19 h 33 |
Je n'étais pas prêt. Le souvenir, vieux d'un peu plus de 5 ans, est encore tout frais dans ma mémoire. Un jeudi au ciel grisâtre, la matinée bien entamée, en plein effort pour me trainer, à mon corps défendant, en fac de médecine. Une bonne heure de trajet à envisager depuis ma banlieue, tout ça pour quoi ? Gueuler "SUCE !" depuis le dernier rang à la première occasion ? Siffler au moindre malheureux lapsus ? Jouer à quel bijou de l'aéronautique en papier saura dessiner la plus belle courbe en frôlant l'épaule du type en costume sur l'estrade ? À cette époque, je suis en pleine exploration de cette étrange bestiole indéfinissable qu'on a nommé, faute de mieux, "rock indé". Les guitares saturées, les distorsions tonitruantes, les connards à longs-cheveux qui ne sauraient pas chanter juste si on leur demandait d'entonner Au clair de la lune. Du vrai rock quoi. Revenu du prog, mais pas encore tout à fait, je crache sur Yes tout en laissant King Crimson me bercer la nuit. Entre KC et SY j'oscille, et si l'éclectisme déjà me guette, rien ne m'aurait préparé à une telle rencontre.
Je foule donc le bitume, les yeux rivés sur l'écran de mon bon vieil iPod, ne sachant pas trop quoi me passer ce matin. L'avantage de mettre une plombe à voyager dans les transports, aller-retour, c'est qu'on a tout juste le temps de se passer un disque en entier pour entamer la journée. Bon, aujourd'hui ce sera Pulp. Aucune idée de ce que ça raconte, j'ai lu ça dans ce bouquin, "L'Odyssée Ultime des 500 Albums de la Discothèque Idéale et Parfaite qu'il faut avoir écouté au moins Trois Fois et Demie dans sa Vie avant de devenir Sourd ou Mourir du Cancer de la Prostate". Je jette un coup d'œil vers la Patinoire de Meudon-la-Forêt à ma droite. Allez hop, play !
Dame ! Qu'ouïs-je ? Jouis-je ? Comment se fesse ? Quel est ce son tout propre ? Ces guitares qui frappent en saccades sur le couplet et qui m'engloutissent sur le refrain ? Est-ce un synthé que j'aperçois caché au loin ? Et surtout, surtout, quel est cet insolent personnage qui gesticule (vocalement) au premier plan ? Sens-je mon cœur manquer un battement au contact de cette étrange et provocante sensualité ? D'après l'écran de ma machine, l'incriminée se nomme "Mis-Shapes". Apparemment, il y en a 11 autres à venir après celle-ci. Je crains le pire. Déjà la suivante s'entame, ça ressemble à une balade qui prendrait le train en marche, et d'ailleurs me v'là propulsé au plus près de cette andouille de chanteur qui me susurre des insanités à l'oreille. Je peux presque sentir son haleine chaude contre ma joue. Avant que ne germe en mon esprit confus l'idée d'appeler à l'aide, pour qu'on empêche ce qui est train de m'arriver, la piste suivante débarque, comme une bagnole qui dérape. Une étape est franchie dans le mauvais goût : qu'est-ce que c'est, bon Dieu de bordel de couille avariée, que cette atroce intro sautillante et ses horribles claviers aux mélodies probablement jouées avec un seul doigt. Ah tiens, revoilà l'autre imbécile qui se remet à me chuchoter dessus, ça devrait être interdit, rendez moi Tim Buckley et Tom Waits ! Je m'insurge, j'ai presque envie de porter plainte en voyant défiler le commissariat depuis la fenêtre de mon bus, d'autant que je n'arrive plus à me contrôler. Ma tête, Judas parmi les apôtres, se met à se balancer d'avant en arrière comme si j'étais un kéké dans sa boite. Comme si j'étais un de ces "Common People" ordinaires. Mon pied tape en rythme, mes yeux se ferment, mes lèvres se crispent, ma crinière de l'époque ondule sans honte alors que je reste là, à me contempler depuis l'intérieur, atterré et impuissant face à l'étrange métamorphose qui s'opère en moi.
Je ne parviens à me calmer qu'au début de "I Spy", qui lui-même calme le jeu. Tout va bien, après tout un plaisir coupable ça peut arriver à tout le monde, ça ne veut RIEN dire, absolument rien, cette espèce de pop insolente ne tardera pas à se faire refouler comme il se doit par mon psychisme affolé. Mais voilà que les violons s'élèvent, je ne peux pas m'empêcher d'écouter ce que le bonhomme raconte avec ce ton si menaçant, cette voix entre volupté et larmes. Presque 6 minutes et quelques envolées épiques plus tard, je suis à genoux et je convulse faiblement. Métaphoriquement, j'entends. Même pas le temps de reprendre mon souffle que déjà le riff assassin de "Disco 2000" (quel titre horrible, j'aurais dû prendre les jambes à mon cou rien qu'à cette vue...) me saisit et me remet sur pied. Les larmes coulent sur mes joues, mes yeux scintillent alors que je m'élève dans le firmament pour tâcher d'effleurer les étoiles sur cet air de Boum nostalgique. Métaphoriquement toujours. C'était la cinquième piste, il en reste sept.
Je n'irai pas plus loin, car je ne suis pas bien sûr d'avoir alors gardé ma santé mentale au cours des morceaux qui ont suivi. Ce quintette d'entrée me hantera longtemps, le reste viendra plus tard, petit à petit, chaque nouvelle découverte entrainant son lot de head-banging coupable, et les matinées grisâtres se suivirent en se ressemblant. Plus un matin sans Different Class, plus un trajet de bus sans Pulp, plus un pas sans Jarvis Cocker. Et encore les gars, tout ça c'était avant même de découvrir l'ampleur d'un des éléments les plus fabuleux de la musique de Pulp : ses paroles. Entre lutte des classes second degré, voyeurisme, perversion, nostalgie, moqueries et même sublime réflexion sur la condition d'artiste-compositeur ("I Spy", suivez mon regard, explorez les différents niveaux de lecture de cette symphonie pop). Aucun parolier n'aura autant touché dans le mille que Jarvis Cocker, lorsqu'il aura été question de décrire l'intime, le dérangeant, le sexuel quoi. On devrait faire un bouquin de ses paroles... on l'a même sûrement déjà fait.
C'était ma première claque qui sonnait spécifiquement de cette façon ; son poli, bien clean, accueillant guitares comme synthés, faisant sonner ces mêmes guitares comme ces mêmes synthés, des chansons qui me donnaient l'impression d'être en plein milieu de la plus délicieuse des Boum, à l'époque où ça existait encore, les Boum. Je me suis mis à aller beaucoup mieux dès que j'ai pu réaliser qu'il n'y avait rien de problématique à se laisser aller, d'aller danser un slow avec cette fille en robe blanche, pleine de paillette. Ça ne m'empêchait pas d'aller me rouler dans l'herbe une heure plus tard avec ma copine grunge, crade et souillon. Et puis, pour tout vous dire, la fille à paillette a bien meilleure haleine.
Quelque chose s'est brisé en moi ce jour là, mais une entité nouvelle s'est immédiatement construite en réaction. Different Class, symboliquement, m'aura permis d'ouvrir mes horizons vers ce qui deviendrait plus tard une des mes obsessions premières : la Pop, la vraie, l'ultime, celle qui allie écriture passionnée et textes passionnants. Et qui ne te donne qu'une seule envie : faire une pile de toutes les chaises dans la salle, grimper au sommet, lever le point en l'air, et s'élancer pour un double salto avant en hurlant "I WANNA LIVE WITH COMMON PEOPLE LIKE YOUUUUUUUUUU ..."
Je foule donc le bitume, les yeux rivés sur l'écran de mon bon vieil iPod, ne sachant pas trop quoi me passer ce matin. L'avantage de mettre une plombe à voyager dans les transports, aller-retour, c'est qu'on a tout juste le temps de se passer un disque en entier pour entamer la journée. Bon, aujourd'hui ce sera Pulp. Aucune idée de ce que ça raconte, j'ai lu ça dans ce bouquin, "L'Odyssée Ultime des 500 Albums de la Discothèque Idéale et Parfaite qu'il faut avoir écouté au moins Trois Fois et Demie dans sa Vie avant de devenir Sourd ou Mourir du Cancer de la Prostate". Je jette un coup d'œil vers la Patinoire de Meudon-la-Forêt à ma droite. Allez hop, play !
Dame ! Qu'ouïs-je ? Jouis-je ? Comment se fesse ? Quel est ce son tout propre ? Ces guitares qui frappent en saccades sur le couplet et qui m'engloutissent sur le refrain ? Est-ce un synthé que j'aperçois caché au loin ? Et surtout, surtout, quel est cet insolent personnage qui gesticule (vocalement) au premier plan ? Sens-je mon cœur manquer un battement au contact de cette étrange et provocante sensualité ? D'après l'écran de ma machine, l'incriminée se nomme "Mis-Shapes". Apparemment, il y en a 11 autres à venir après celle-ci. Je crains le pire. Déjà la suivante s'entame, ça ressemble à une balade qui prendrait le train en marche, et d'ailleurs me v'là propulsé au plus près de cette andouille de chanteur qui me susurre des insanités à l'oreille. Je peux presque sentir son haleine chaude contre ma joue. Avant que ne germe en mon esprit confus l'idée d'appeler à l'aide, pour qu'on empêche ce qui est train de m'arriver, la piste suivante débarque, comme une bagnole qui dérape. Une étape est franchie dans le mauvais goût : qu'est-ce que c'est, bon Dieu de bordel de couille avariée, que cette atroce intro sautillante et ses horribles claviers aux mélodies probablement jouées avec un seul doigt. Ah tiens, revoilà l'autre imbécile qui se remet à me chuchoter dessus, ça devrait être interdit, rendez moi Tim Buckley et Tom Waits ! Je m'insurge, j'ai presque envie de porter plainte en voyant défiler le commissariat depuis la fenêtre de mon bus, d'autant que je n'arrive plus à me contrôler. Ma tête, Judas parmi les apôtres, se met à se balancer d'avant en arrière comme si j'étais un kéké dans sa boite. Comme si j'étais un de ces "Common People" ordinaires. Mon pied tape en rythme, mes yeux se ferment, mes lèvres se crispent, ma crinière de l'époque ondule sans honte alors que je reste là, à me contempler depuis l'intérieur, atterré et impuissant face à l'étrange métamorphose qui s'opère en moi.
Je ne parviens à me calmer qu'au début de "I Spy", qui lui-même calme le jeu. Tout va bien, après tout un plaisir coupable ça peut arriver à tout le monde, ça ne veut RIEN dire, absolument rien, cette espèce de pop insolente ne tardera pas à se faire refouler comme il se doit par mon psychisme affolé. Mais voilà que les violons s'élèvent, je ne peux pas m'empêcher d'écouter ce que le bonhomme raconte avec ce ton si menaçant, cette voix entre volupté et larmes. Presque 6 minutes et quelques envolées épiques plus tard, je suis à genoux et je convulse faiblement. Métaphoriquement, j'entends. Même pas le temps de reprendre mon souffle que déjà le riff assassin de "Disco 2000" (quel titre horrible, j'aurais dû prendre les jambes à mon cou rien qu'à cette vue...) me saisit et me remet sur pied. Les larmes coulent sur mes joues, mes yeux scintillent alors que je m'élève dans le firmament pour tâcher d'effleurer les étoiles sur cet air de Boum nostalgique. Métaphoriquement toujours. C'était la cinquième piste, il en reste sept.
Je n'irai pas plus loin, car je ne suis pas bien sûr d'avoir alors gardé ma santé mentale au cours des morceaux qui ont suivi. Ce quintette d'entrée me hantera longtemps, le reste viendra plus tard, petit à petit, chaque nouvelle découverte entrainant son lot de head-banging coupable, et les matinées grisâtres se suivirent en se ressemblant. Plus un matin sans Different Class, plus un trajet de bus sans Pulp, plus un pas sans Jarvis Cocker. Et encore les gars, tout ça c'était avant même de découvrir l'ampleur d'un des éléments les plus fabuleux de la musique de Pulp : ses paroles. Entre lutte des classes second degré, voyeurisme, perversion, nostalgie, moqueries et même sublime réflexion sur la condition d'artiste-compositeur ("I Spy", suivez mon regard, explorez les différents niveaux de lecture de cette symphonie pop). Aucun parolier n'aura autant touché dans le mille que Jarvis Cocker, lorsqu'il aura été question de décrire l'intime, le dérangeant, le sexuel quoi. On devrait faire un bouquin de ses paroles... on l'a même sûrement déjà fait.
C'était ma première claque qui sonnait spécifiquement de cette façon ; son poli, bien clean, accueillant guitares comme synthés, faisant sonner ces mêmes guitares comme ces mêmes synthés, des chansons qui me donnaient l'impression d'être en plein milieu de la plus délicieuse des Boum, à l'époque où ça existait encore, les Boum. Je me suis mis à aller beaucoup mieux dès que j'ai pu réaliser qu'il n'y avait rien de problématique à se laisser aller, d'aller danser un slow avec cette fille en robe blanche, pleine de paillette. Ça ne m'empêchait pas d'aller me rouler dans l'herbe une heure plus tard avec ma copine grunge, crade et souillon. Et puis, pour tout vous dire, la fille à paillette a bien meilleure haleine.
Quelque chose s'est brisé en moi ce jour là, mais une entité nouvelle s'est immédiatement construite en réaction. Different Class, symboliquement, m'aura permis d'ouvrir mes horizons vers ce qui deviendrait plus tard une des mes obsessions premières : la Pop, la vraie, l'ultime, celle qui allie écriture passionnée et textes passionnants. Et qui ne te donne qu'une seule envie : faire une pile de toutes les chaises dans la salle, grimper au sommet, lever le point en l'air, et s'élancer pour un double salto avant en hurlant "I WANNA LIVE WITH COMMON PEOPLE LIKE YOUUUUUUUUUU ..."
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