Shane Macgowan & The Popes
The Snake |
Label :
ZTT |
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Ils ont osé. Leur leader, leur âme, leur voix, celui qui leur permettait de se distinguer de n'importe quel groupe local essayant d'avoir une place régulière au Temple Bar. Viré comme le malpropre qu'il était. Certes, il fallait avoir des nerfs d'acier pour le supporter le bougre, mais comment espérer continuer sans lui?
Les Pogues, si l'on pouvait encore les appeler ainsi, ont donc essayé sans Shane McGowan. Et comme prévu, même avec Joe Strummer pour donner un coup de main sur les tournées, les 2 albums suivants, plus qu'anecdotiques, eurent raison du groupe.
Et notre tête cramée dans tout ça? Eh bien toujours fidèle à lui-même, après s'être entouré d'un groupe au nom ressemblant furieusement à son précédent combo (manière de faire comprendre à ses anciens compères qu'il pouvait reformer un équivalent Pogues quand il voulait), il a continué d'écrire ce que son smooooth whisky et sa coke ont bien voulu lui dicter. Et ça nous donne The Snake, son premier album solo.
L'occasion d'un peu d'introspection et de maturité? "Pogue mahone", comme dirait l'autre, pour la maturité, et la sagesse, c'est à côté. Et il le dit d'ailleurs lui-même sur le morceau d'ouverture ("The Church Of The Holy Spook") : "I ruined my life by drinking, bad wives, taking pills and cursing, rock and Roll you crucified me, Left me all alone ". Plus sex and drugs, and rock'n'roll, tu meurs. Et il n'est pas question que ça cesse, s'arrêter, c'est mourir.
Ce qui le différencie de ses contemporains : la manière d'en parler. Sans la moindre indulgence pour lui-même. Juste des regrets et un terrible sentiment d'impuissance à remonter la pente. A 36 ans, il nous offre ses derniers éclairs de lucidité. C'est le disque de quelqu'un qui sait et qui n'en retire aucune fierté, mais qui se couperait un bras pour offrir une mélodie ou un riff digne de ce nom.
L'album dans tout ça? Il est du même niveau que les Pogues de la grande époque, mais plus personnel, il y est question de femmes les 3/4 du temps, et n'est-ce pas le plus beau des sujets? Niveau musique, le punk celtique est de mise. Niveau chant, c'est une joyeuse alternance entre ce grain généreux qui fit les grandes heures des Pogues, et quelques éructations jouissives et néanmoins ravageuses pour le gosier moyen.
Les chansons de The Snake ne bénéficient certes pas de la subtilité d'un Spider Stacy et d'un Jem Fearnley aux instruments, mais elles permettent à McGowan de faire ressortir les aspects simple et brut de sa musique et de sa personalité, et c'est bien là la force du disque : hormis 2-3 traditionnels réadaptés, tout le reste provient de la plume trempée dans la Guinness posée sur le comptoir. Celle capable de pondre en 4 accords basiques une mélodie qui fera la joie de tout pub traditionnel, du magnifique "The Song With No Name", au ravagé "That Woman's Got Me Drinking", en passant par les brillants arrangements cuivrés de "A Mexican Funeral In Paris". Fait très rare : il autorise même un solo de guitare simpliste, mais bien senti sur "Victoria", écrit pour sa douce de l'époque, et où il en profite pour tacler Van Morrisson ou U2, suivant qui on veut bien associer au "fat monk singing Gloria" (probablement le 1er à mon avis). Autre perle de l'album qu'on ne peut oublier : "The Snake With Eyes of Garnett" qui fera merveille sous la douche, dans un bar ou l'autoradio, suivant l'endroit où on préfère siffloter un morceau.
Quitte à jouer les comparaisons, il est à la discographie de McGowan ce que "Blood On The Tracks" ou "Tonight's The Night" sont à Bob Dylan ou Neil Young : la représentation de la fin d'une époque, une terrible gueule de bois où l'on se rend compte que le meilleur est derrière.
Pour la dernière fois, notre Assurancetourix irlandais met un point d'honneur à sortir des morceaux capables d'être repris par tout l'auditoire à la fin de la chanson alors que personne ne la connait au début. "Rum, Sodomy & The Lash" des Pogues parodiait dans sa couverture le "Radeau de la Méduse". Shane McGowan a préféré sauter sur le tonneau qui flottait à côté. Et maintenant qu'il l'a entièrement sifflé, debout et tanguant dessus, il s'éclate, nous oppose un doigt bien tendu, alors qu'autour de lui, tout n'est qu'épave. Le dernier instant de fierté avant les noyades annoncées de sa fameuse plume et de sa voix et hélas confirmée par ce qu'il fera après, hormis les 2-3 collaborations avec Nick Cave.
Encore maintenant, un proprio de bar irlandais sur 2 n'attend qu'une seule chose : qu'il meurt pour pouvoir renommer sa taverne en hommage à ce (im)pur génie.
Les Pogues, si l'on pouvait encore les appeler ainsi, ont donc essayé sans Shane McGowan. Et comme prévu, même avec Joe Strummer pour donner un coup de main sur les tournées, les 2 albums suivants, plus qu'anecdotiques, eurent raison du groupe.
Et notre tête cramée dans tout ça? Eh bien toujours fidèle à lui-même, après s'être entouré d'un groupe au nom ressemblant furieusement à son précédent combo (manière de faire comprendre à ses anciens compères qu'il pouvait reformer un équivalent Pogues quand il voulait), il a continué d'écrire ce que son smooooth whisky et sa coke ont bien voulu lui dicter. Et ça nous donne The Snake, son premier album solo.
L'occasion d'un peu d'introspection et de maturité? "Pogue mahone", comme dirait l'autre, pour la maturité, et la sagesse, c'est à côté. Et il le dit d'ailleurs lui-même sur le morceau d'ouverture ("The Church Of The Holy Spook") : "I ruined my life by drinking, bad wives, taking pills and cursing, rock and Roll you crucified me, Left me all alone ". Plus sex and drugs, and rock'n'roll, tu meurs. Et il n'est pas question que ça cesse, s'arrêter, c'est mourir.
Ce qui le différencie de ses contemporains : la manière d'en parler. Sans la moindre indulgence pour lui-même. Juste des regrets et un terrible sentiment d'impuissance à remonter la pente. A 36 ans, il nous offre ses derniers éclairs de lucidité. C'est le disque de quelqu'un qui sait et qui n'en retire aucune fierté, mais qui se couperait un bras pour offrir une mélodie ou un riff digne de ce nom.
L'album dans tout ça? Il est du même niveau que les Pogues de la grande époque, mais plus personnel, il y est question de femmes les 3/4 du temps, et n'est-ce pas le plus beau des sujets? Niveau musique, le punk celtique est de mise. Niveau chant, c'est une joyeuse alternance entre ce grain généreux qui fit les grandes heures des Pogues, et quelques éructations jouissives et néanmoins ravageuses pour le gosier moyen.
Les chansons de The Snake ne bénéficient certes pas de la subtilité d'un Spider Stacy et d'un Jem Fearnley aux instruments, mais elles permettent à McGowan de faire ressortir les aspects simple et brut de sa musique et de sa personalité, et c'est bien là la force du disque : hormis 2-3 traditionnels réadaptés, tout le reste provient de la plume trempée dans la Guinness posée sur le comptoir. Celle capable de pondre en 4 accords basiques une mélodie qui fera la joie de tout pub traditionnel, du magnifique "The Song With No Name", au ravagé "That Woman's Got Me Drinking", en passant par les brillants arrangements cuivrés de "A Mexican Funeral In Paris". Fait très rare : il autorise même un solo de guitare simpliste, mais bien senti sur "Victoria", écrit pour sa douce de l'époque, et où il en profite pour tacler Van Morrisson ou U2, suivant qui on veut bien associer au "fat monk singing Gloria" (probablement le 1er à mon avis). Autre perle de l'album qu'on ne peut oublier : "The Snake With Eyes of Garnett" qui fera merveille sous la douche, dans un bar ou l'autoradio, suivant l'endroit où on préfère siffloter un morceau.
Quitte à jouer les comparaisons, il est à la discographie de McGowan ce que "Blood On The Tracks" ou "Tonight's The Night" sont à Bob Dylan ou Neil Young : la représentation de la fin d'une époque, une terrible gueule de bois où l'on se rend compte que le meilleur est derrière.
Pour la dernière fois, notre Assurancetourix irlandais met un point d'honneur à sortir des morceaux capables d'être repris par tout l'auditoire à la fin de la chanson alors que personne ne la connait au début. "Rum, Sodomy & The Lash" des Pogues parodiait dans sa couverture le "Radeau de la Méduse". Shane McGowan a préféré sauter sur le tonneau qui flottait à côté. Et maintenant qu'il l'a entièrement sifflé, debout et tanguant dessus, il s'éclate, nous oppose un doigt bien tendu, alors qu'autour de lui, tout n'est qu'épave. Le dernier instant de fierté avant les noyades annoncées de sa fameuse plume et de sa voix et hélas confirmée par ce qu'il fera après, hormis les 2-3 collaborations avec Nick Cave.
Encore maintenant, un proprio de bar irlandais sur 2 n'attend qu'une seule chose : qu'il meurt pour pouvoir renommer sa taverne en hommage à ce (im)pur génie.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Francislalanne |
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