Neurosis

Neurosis est devenu en quelques années une des références de ce qui se fait en matière de musique lente. Pourtant, c'est après des débuts hardcore étonnants que le groupe a entamé son existence ; cet album en signe la fin définitive, car c'est bien une musique pesante, lourde, écorchée qui nous est donnée à entendre. Mais il faut aussi bien dire une chose : Neurosis n'est pas, loin s'en faut, ce qui se fait de plus lourd et de plus lent. Sunn o))) bien sûr, mais également Corrupted, Kanathe, Teeth Of Lions et d'autres font beaucoup plus lent, beaucoup plus lourd. Mais il faut aussi rétablir une vérité : la musique la plus lourde n'est pas forcément la plus lourde, comme la musique la plus violente n'est pas nécessairement la plus rapide et inaudible (Broken de NIN n'est-il pas dix fois plus violent que n'importe quel Dying Fetus ?).
Neurosis réussit donc avec ce disque la performance de produire une des musiques les plus lourdes qui s'est faite, non réellement de façon littérale, mais latente (et peut-être cela fait-il encore plus impression). Il se dégage de ce disque une sincérité et une spontanéité qui impressionne, doublées d'un sens de l'écriture musicale déconcertant de simplicité et de complexité à la fois. Comme presque tout grand disque, Through Silver In Blood transpire la contradiction : c'est ce qui en fait son intemporalité. Une capacité à toujours paraître autre en étant le même, à joindre consonance et disharmonie.
Des sensations de confinement et de liberté s'enchevêtrent en permanence, une fraîcheur constante habite cette oeuvre, en même temps qu'un suintement continu ; le plus grand disque de ce groupe à ce jour.