Siouxsie & The Banshees
The Rapture |
Label :
Polydor |
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Que d'étonnement en voyant que le dernier véritable album studio des Banshees n'était pas chroniqué ici ! Il est vrai que ce n'est pas forcément l'album de Siouxsie And The Banshees qui reste le plus facilement dans les mémoires, sorti à la mauvaise époque et handicapé par les tensions finales qui auront raison du groupe (un peu dans le même contexte que le Republic de New Order deux ans auparavant, même si ces derniers feront un come-back triomphal huit ans plus tard).
En 1995, il est clair que le passé glorieux des Banshees n'est plus suffisamment brûlant pour espérer que le groupe dure encore vingts ans de plus. L'album précédent, Superstition est un désastre artistique (malgré un certain succès aux Etats-Unis, le groupe étant reconnu par la nouvelle scène alternative rock 90's) et les tensions (l'alcoolisme de Budgie, la volonté de contrôle de Severin, Mc Carrick et Klein n'étant pas reconnus comme des membres à part entière du groupe et un management lui aussi désastreux) autrefois créatrices, si ce n'est nécessaires, à la puissance du groupe ne sont pas loin d'emmener celui-ci vers un final amer.
"L'ice queen" sent sûrement que The Rapture sera le dernier album du groupe. Elle sait aussi que celui-ci ne pourra avoir le même impact que Juju, A Kiss In The Dreamhouse et leurs prédécesseurs. Sachant cela, elle tente tout de même d'effectuer une sortie digne pour son groupe, à la manière des Beatles et de leur Abbey Road, que les Banshees ont tant affectionné.
Pour cela, elle essaye d'enregistrer l'album à la maison (au fin fond du Gers!), de créer une ambiance à peu près correcte, mais chaque membre, à part elle et Budgie, vit dans un point éloigné du globe. Difficile de créer une dernière fois une belle cohésion... Elle invite même John Cale du Velvet à produire quelques titres (dont "O'Baby" et "Tearing Apart") et apporter une touche douce à l'album.
Mais pour quel résultat ?
Les 3 premiers titres sont ouvertement "pop" - on peut se méfier vu l'album précédent - mais "O'Baby", "Tearing Apart" et "Stargazer" restent néanmoins très sympathiques, la production est un peu froide (mais on parle bien de Siouxsie And The Banshees), la voix n'est plus celle d'antan mais c'est bien évidemment mieux que n'importe quel groupe "pop" justement... et cela reste digne aussi.
Par la suite, Siouxsie and the Banshees optent pour un son hivernal et décharné ("Fall From Grace", "Falling Down" - le groupe sait justement qu'il se précipite vers sa chute...), il n' y a donc pas de grands effets de production mais c'est peut être là aussi ce qui fait son charme à The Rapture.
Les paroles, plus que jamais, illustrent l'état d'esprit du groupe: si les tensions ont toujours été au cœur de la musique, une chanson comme "Forever" fait figure d'épitaphe, avec ces mots très simples mais qui ne peuvent être que justes: "we couldn't stay together, this couldn't last forever". Chantés autour de motifs rêveurs et mélancoliques, ce n'est peut être pas la chanson définitive qu'ils auraient souhaités, mais il était trop tard de toute façon...
Cependant les Banshees étant ce qu'ils sont, ils ont aussi vu les choses en grand, comme pour le morceau titre "The Rapture". Si les Beatles avaient conclu Abbey Road avec différents bouts de chansons censés s'enchaîner, les Banshees signent leur chant du cygne par une quasi symphonie (merci Martin Mc Carrick) de 10 minutes décomposée en plusieurs temps, où s'alternent passages en deuil et phases de psychédélisme enneigé.
Autre temps fort sur "Not Forgotten" où sur un final diabolique et grâce aux efforts conjugués de chacun (Jon Klein n'est peut être pas Mc Geoch mais il a ses mérites), le phénix semble renaître de ces cendres (paroles scandées par la chanteuse elle-même). Siouxsie a enfin réussi à faire entendre le bruit "de chevaux galopant au dessus d'une falaise"(disait-elle à Mc Geoch à une autre époque concernant ses souhaits sur le travail du son...). Après cette explosion, telle la lave éclatant du volcan, le morceau s'apaise et clôt sur le chant mystérieux et sensuel de Siouxsie. "Sick Child" est une rêverie sous influence Beatles (le violoncelle et les progressions harmoniques qui rappellent le groupe période "Revolver"), un titre doux au royaume de la pop.
"The Double Life" et "The Lonely One" ne sont pas par contre d'aussi belles réussites (au choix des morceaux récréatifs ou de remplissage), et le thème de la dualité était bien mieux exprimé sur "Face To Face" (la B.O. de Batman Returns). Elle n'est pas Gémeaux pour rien Siouxsie Sioux, enfin je veux dire Susan Ballion...
"Love Out Me" (encore autobiographique) conclut, comme toujours dans un sommet d'urgence, au plus près de cette explosion volcanique, avec une violence qu'on n'attendait plus. Utilisant des éléments metal, gothiques, voire techno par moments, Siouxsie And The Banshees démontrent une dernière fois l'étendue de leur force, avec leur morceau le plus agressif depuis longtemps, toujours marchant sur un fil, au cœur du danger. Si ce n'est qu'ici, ils savent que c'est vraiment la fin et qu'ils y vont comme des Kamikazes.
Que conclure ? The Rapture n'est pas parfait, certes. Mais je trouve qu'il est parfait pour ce qu'il est : une lettre d'adieu, la dernière tentative d'un groupe qui sait qu'il est perdu (avec l'amertume que ça représente, tant pour le groupe que pour l'auditeur). Il n'en est donc que plus touchant.
En 1995, il est clair que le passé glorieux des Banshees n'est plus suffisamment brûlant pour espérer que le groupe dure encore vingts ans de plus. L'album précédent, Superstition est un désastre artistique (malgré un certain succès aux Etats-Unis, le groupe étant reconnu par la nouvelle scène alternative rock 90's) et les tensions (l'alcoolisme de Budgie, la volonté de contrôle de Severin, Mc Carrick et Klein n'étant pas reconnus comme des membres à part entière du groupe et un management lui aussi désastreux) autrefois créatrices, si ce n'est nécessaires, à la puissance du groupe ne sont pas loin d'emmener celui-ci vers un final amer.
"L'ice queen" sent sûrement que The Rapture sera le dernier album du groupe. Elle sait aussi que celui-ci ne pourra avoir le même impact que Juju, A Kiss In The Dreamhouse et leurs prédécesseurs. Sachant cela, elle tente tout de même d'effectuer une sortie digne pour son groupe, à la manière des Beatles et de leur Abbey Road, que les Banshees ont tant affectionné.
Pour cela, elle essaye d'enregistrer l'album à la maison (au fin fond du Gers!), de créer une ambiance à peu près correcte, mais chaque membre, à part elle et Budgie, vit dans un point éloigné du globe. Difficile de créer une dernière fois une belle cohésion... Elle invite même John Cale du Velvet à produire quelques titres (dont "O'Baby" et "Tearing Apart") et apporter une touche douce à l'album.
Mais pour quel résultat ?
Les 3 premiers titres sont ouvertement "pop" - on peut se méfier vu l'album précédent - mais "O'Baby", "Tearing Apart" et "Stargazer" restent néanmoins très sympathiques, la production est un peu froide (mais on parle bien de Siouxsie And The Banshees), la voix n'est plus celle d'antan mais c'est bien évidemment mieux que n'importe quel groupe "pop" justement... et cela reste digne aussi.
Par la suite, Siouxsie and the Banshees optent pour un son hivernal et décharné ("Fall From Grace", "Falling Down" - le groupe sait justement qu'il se précipite vers sa chute...), il n' y a donc pas de grands effets de production mais c'est peut être là aussi ce qui fait son charme à The Rapture.
Les paroles, plus que jamais, illustrent l'état d'esprit du groupe: si les tensions ont toujours été au cœur de la musique, une chanson comme "Forever" fait figure d'épitaphe, avec ces mots très simples mais qui ne peuvent être que justes: "we couldn't stay together, this couldn't last forever". Chantés autour de motifs rêveurs et mélancoliques, ce n'est peut être pas la chanson définitive qu'ils auraient souhaités, mais il était trop tard de toute façon...
Cependant les Banshees étant ce qu'ils sont, ils ont aussi vu les choses en grand, comme pour le morceau titre "The Rapture". Si les Beatles avaient conclu Abbey Road avec différents bouts de chansons censés s'enchaîner, les Banshees signent leur chant du cygne par une quasi symphonie (merci Martin Mc Carrick) de 10 minutes décomposée en plusieurs temps, où s'alternent passages en deuil et phases de psychédélisme enneigé.
Autre temps fort sur "Not Forgotten" où sur un final diabolique et grâce aux efforts conjugués de chacun (Jon Klein n'est peut être pas Mc Geoch mais il a ses mérites), le phénix semble renaître de ces cendres (paroles scandées par la chanteuse elle-même). Siouxsie a enfin réussi à faire entendre le bruit "de chevaux galopant au dessus d'une falaise"(disait-elle à Mc Geoch à une autre époque concernant ses souhaits sur le travail du son...). Après cette explosion, telle la lave éclatant du volcan, le morceau s'apaise et clôt sur le chant mystérieux et sensuel de Siouxsie. "Sick Child" est une rêverie sous influence Beatles (le violoncelle et les progressions harmoniques qui rappellent le groupe période "Revolver"), un titre doux au royaume de la pop.
"The Double Life" et "The Lonely One" ne sont pas par contre d'aussi belles réussites (au choix des morceaux récréatifs ou de remplissage), et le thème de la dualité était bien mieux exprimé sur "Face To Face" (la B.O. de Batman Returns). Elle n'est pas Gémeaux pour rien Siouxsie Sioux, enfin je veux dire Susan Ballion...
"Love Out Me" (encore autobiographique) conclut, comme toujours dans un sommet d'urgence, au plus près de cette explosion volcanique, avec une violence qu'on n'attendait plus. Utilisant des éléments metal, gothiques, voire techno par moments, Siouxsie And The Banshees démontrent une dernière fois l'étendue de leur force, avec leur morceau le plus agressif depuis longtemps, toujours marchant sur un fil, au cœur du danger. Si ce n'est qu'ici, ils savent que c'est vraiment la fin et qu'ils y vont comme des Kamikazes.
Que conclure ? The Rapture n'est pas parfait, certes. Mais je trouve qu'il est parfait pour ce qu'il est : une lettre d'adieu, la dernière tentative d'un groupe qui sait qu'il est perdu (avec l'amertume que ça représente, tant pour le groupe que pour l'auditeur). Il n'en est donc que plus touchant.
Parfait 17/20 | par Machete83 |
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