Siouxsie & The Banshees
Through The Looking Glass |
Label :
Polydor |
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Si, plus le temps avançant, Siouxsie And The Banshees a pu atteindre le statut de groupe influent, il ne faut pas oublier, comme c'est le cas pour tout " petit " ou " grand " artiste, talentueux ou non, qu'au départ, et quelque soit l'originalité ou la force de la musique en place, cette musique esr le résultat d'autres influences. Le talent, la grandeur, l'originalité et la force viennent ensuite, et se conjuguent avec l'histoire, et c'est uniquement cette dernière qui retiendra ce qu'elle veut bien retenir.
En 1987, Siouxsie And The Banshees fêtent leur dixième anniversaire d'existence. 10 ans pendant lesquels le groupe est passé par tous les stades : débuts Punk, tensions intestines quasi permanentes, ouverture musicale, succès avec beaucoup de hauts et de bas, tant musicaux que critiques et commerciaux, avec un si grand défilé de guitaristes que c'est à se demander si ce n'était pas fait exprès pour faire durer le conflit et la tension, peut-être deux données, parmi d'autres, essentielles à la musique des Banshees.
10 ans de carrière donc, Siouxsie et Budgie arrivant également à l'âge de 30 ans, avec une musique qui, aussi, probablement, avait peut-être fait, à ce moment précis, le tour de sa question. Il ya avait donc de quoi faire un petit bilan. Non pas un Best Of (des compilations et des réinterprétations étant déjà sorties par le passé), mais un album de reprises donc, chose s'imposant logiquement, Severin, Siouxsie et Budgie (et les autres qui sont passés par là...) étant coutumiers de l'exercice depuis leurs débuts, et bénéficiant maintenant de l'expérience d'un groupe " mature " et de davantage de moyens. Mais il y avait aussi et surtout l'envie, tout simplement.
Through The Looking Glass reste une curiosité quant à sa qualité : la presse l'a copieusement ignoré en cette année de sorties chargée (New Order faisait aussi son premier bilan, tonitruant, avec Substance, The Cure balançait un double album (Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me) regardant à la fois vers le passé et l'avenir, Depeche Mode allait conquérir l'Amérique dans le plus pur esprit de Joe Dassin avec Music For The Masses, sans parler en détail de U2 et de son The Joshua Tree... Autant dire que les Banshees se la jouaient encore marginaux...), tandis qu'une autre partie de la presse spécialisée et des artistes repris en chantaient tous les louanges. Alors oui, sur le papier, Iggy Pop, Sparks, Television, Kraftwerk, Roxy Music, c'est très prestigieux, mais à l'époque, c'était le moment où ils étaient devenus passés (et pas encore suffisament vieux, vénérables ou légendaires pour être réhabilités par le plus grand nombre) ; du coup, ça fait quelques petits paradoxes. Est-ce que cet album de reprises est un brillant coup d'épée dans l'eau ? Un exercice incompris ? Un hommage plus qu'honorable ? Tout ça à la fois ?
Et concernant justement cet exercice de la reprise, y a-'t-'il une règle ? Faut-il comparer avec l'original ? Voir uniquement les dimensions nouvelles que l'artiste peut apporter ? Essentiellemet apprécier la force de l'interprétation ? Cette chronique tombera certainement dans tous ces travers d'analyse. Pour un avis d'expert éclairé et original, il vous faudra sûrement donc aller voir ailleurs...
Pour faire simple, jouons au jeu des questions-réponses :
Est-ce que les versions proposées ici sont meilleures que les originales ?
Définitivement, non.
Est-ce qu'elles proposent quelque chose de nouveau ou d'intéressant ?
Pour certaines, oui.
Est-ce qu'elles sont interprétées avec conviction ?
Oui, on ne peut pas leur enlever ça.
Est-ce qu'il vaut mieux écouter Siouxsie And The Banshees pour leur propre musique et leurs compositions originales ?
Oui, quand même.
Est-ce qu'il vaut mieux écouter les chansons originales au départ ?
Oui, et après aussi. Et c'est quand même mieux pour analyser un tant soit peu le truc.
Est-ce que l'album est dispensable dans l'Histoire du Rock ?
Oui, oui.
Est-ce qu'il est sincère ?
Oui, de bout en bout.
Bref, si vous êtes fan des Banshees, il est évidemment important d'y jeter une oreille (ou les deux) à Through The Looking Glass. Si vous êtes un amateur ou analyste de Rock, l'exercice peut être intéressant. Si vous aimez le Rock Mâle qui boit de la bière et qui transpire, fuyez pauvre fou.
Pour le reste, et ce n'est ici que l'avis d'un petit amateur amoureux du Rock et fan des Banshees (mais pas que), " This Town Ain't Big Enough For Both Of Us ", bien qu'enthousiaste, a bien de la peine à proposer plus qu'une relecture fidèle de la chanson d'origine. Il lui manque le feu de Dieu, le feu sacré.
Bien qu'Iggy Pop ait affirmé que la reprise de " The Passenger " était géniale, cela reste l'un des titres les plus faibles de la discographie de Siouxsie And Co' : mou, les cuivres un peu " Cheap " et malvenus, on pouvait largement attendre et atteindre autre chose. Même problème avec " This Wheel's On Fire " de Dylan, on est dans le domaine du " il fallait pas le faire ". Avec ces 2 chansons (sorties en Singles), il y a sans doute un problème de production, davantage orientée Pop du milieu des années 80 ; reprenez les avec les styles soniques explorés par le groupe entre 1978 et 1985, là oui ça aurait eu de la gueule.
Cela n'exclut pas les moments de grâce : " Hall Of Mirrors " est une réussite, avec cette fois-ci une production et instrumentation fines. On retrouve toute la beauté, le danger et la sensualité propres à Mme Susan Ballion. L'aspect robotique et volontairement désincarné de la chanson d'origine trouve ici une autre expression, tout en conservant la froideur et la majesté. " Trust In Me " parvient également haut la main à proposer une transposition maline et à amener cette reprise de Kaa (oui, ça fait bizarre de dire / écrire cela) dans d'autres sphères (danger, là encore, érotisme, volupté. La vraie charmeuse de serpents, c'est pas Jill Caplan, mais Siouxsie!). " Strange Fruit " est une autre réussite vocale, et l'instrumentation est là aussi bien sentie. Les reprises de The Doors, Roxy Music et Television sont malheureusement plus classiques. Elles respectent les originaux, restent agréables à écouter, mais plus de prise de risques aurait été bienvenu.
Les Banshees, après avoir limogé John Valentine Carruthers (pourtant très bon guitariste), s'orienteront par la suite dans leur phase la plus Pop (on sent cette direction pointer dans Through The Looking Glass), qui, contrairement à ce que le genre suppose, leur apportera au final moins de lustre que les années passées (là encore malgré des hauts et des bas en termes de succès artistiques et commerciaux). Le ver était-il déjà dans le fruit (étrange, pour coller à la chanson et aux Banshees) ?
En 1987, Siouxsie And The Banshees fêtent leur dixième anniversaire d'existence. 10 ans pendant lesquels le groupe est passé par tous les stades : débuts Punk, tensions intestines quasi permanentes, ouverture musicale, succès avec beaucoup de hauts et de bas, tant musicaux que critiques et commerciaux, avec un si grand défilé de guitaristes que c'est à se demander si ce n'était pas fait exprès pour faire durer le conflit et la tension, peut-être deux données, parmi d'autres, essentielles à la musique des Banshees.
10 ans de carrière donc, Siouxsie et Budgie arrivant également à l'âge de 30 ans, avec une musique qui, aussi, probablement, avait peut-être fait, à ce moment précis, le tour de sa question. Il ya avait donc de quoi faire un petit bilan. Non pas un Best Of (des compilations et des réinterprétations étant déjà sorties par le passé), mais un album de reprises donc, chose s'imposant logiquement, Severin, Siouxsie et Budgie (et les autres qui sont passés par là...) étant coutumiers de l'exercice depuis leurs débuts, et bénéficiant maintenant de l'expérience d'un groupe " mature " et de davantage de moyens. Mais il y avait aussi et surtout l'envie, tout simplement.
Through The Looking Glass reste une curiosité quant à sa qualité : la presse l'a copieusement ignoré en cette année de sorties chargée (New Order faisait aussi son premier bilan, tonitruant, avec Substance, The Cure balançait un double album (Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me) regardant à la fois vers le passé et l'avenir, Depeche Mode allait conquérir l'Amérique dans le plus pur esprit de Joe Dassin avec Music For The Masses, sans parler en détail de U2 et de son The Joshua Tree... Autant dire que les Banshees se la jouaient encore marginaux...), tandis qu'une autre partie de la presse spécialisée et des artistes repris en chantaient tous les louanges. Alors oui, sur le papier, Iggy Pop, Sparks, Television, Kraftwerk, Roxy Music, c'est très prestigieux, mais à l'époque, c'était le moment où ils étaient devenus passés (et pas encore suffisament vieux, vénérables ou légendaires pour être réhabilités par le plus grand nombre) ; du coup, ça fait quelques petits paradoxes. Est-ce que cet album de reprises est un brillant coup d'épée dans l'eau ? Un exercice incompris ? Un hommage plus qu'honorable ? Tout ça à la fois ?
Et concernant justement cet exercice de la reprise, y a-'t-'il une règle ? Faut-il comparer avec l'original ? Voir uniquement les dimensions nouvelles que l'artiste peut apporter ? Essentiellemet apprécier la force de l'interprétation ? Cette chronique tombera certainement dans tous ces travers d'analyse. Pour un avis d'expert éclairé et original, il vous faudra sûrement donc aller voir ailleurs...
Pour faire simple, jouons au jeu des questions-réponses :
Est-ce que les versions proposées ici sont meilleures que les originales ?
Définitivement, non.
Est-ce qu'elles proposent quelque chose de nouveau ou d'intéressant ?
Pour certaines, oui.
Est-ce qu'elles sont interprétées avec conviction ?
Oui, on ne peut pas leur enlever ça.
Est-ce qu'il vaut mieux écouter Siouxsie And The Banshees pour leur propre musique et leurs compositions originales ?
Oui, quand même.
Est-ce qu'il vaut mieux écouter les chansons originales au départ ?
Oui, et après aussi. Et c'est quand même mieux pour analyser un tant soit peu le truc.
Est-ce que l'album est dispensable dans l'Histoire du Rock ?
Oui, oui.
Est-ce qu'il est sincère ?
Oui, de bout en bout.
Bref, si vous êtes fan des Banshees, il est évidemment important d'y jeter une oreille (ou les deux) à Through The Looking Glass. Si vous êtes un amateur ou analyste de Rock, l'exercice peut être intéressant. Si vous aimez le Rock Mâle qui boit de la bière et qui transpire, fuyez pauvre fou.
Pour le reste, et ce n'est ici que l'avis d'un petit amateur amoureux du Rock et fan des Banshees (mais pas que), " This Town Ain't Big Enough For Both Of Us ", bien qu'enthousiaste, a bien de la peine à proposer plus qu'une relecture fidèle de la chanson d'origine. Il lui manque le feu de Dieu, le feu sacré.
Bien qu'Iggy Pop ait affirmé que la reprise de " The Passenger " était géniale, cela reste l'un des titres les plus faibles de la discographie de Siouxsie And Co' : mou, les cuivres un peu " Cheap " et malvenus, on pouvait largement attendre et atteindre autre chose. Même problème avec " This Wheel's On Fire " de Dylan, on est dans le domaine du " il fallait pas le faire ". Avec ces 2 chansons (sorties en Singles), il y a sans doute un problème de production, davantage orientée Pop du milieu des années 80 ; reprenez les avec les styles soniques explorés par le groupe entre 1978 et 1985, là oui ça aurait eu de la gueule.
Cela n'exclut pas les moments de grâce : " Hall Of Mirrors " est une réussite, avec cette fois-ci une production et instrumentation fines. On retrouve toute la beauté, le danger et la sensualité propres à Mme Susan Ballion. L'aspect robotique et volontairement désincarné de la chanson d'origine trouve ici une autre expression, tout en conservant la froideur et la majesté. " Trust In Me " parvient également haut la main à proposer une transposition maline et à amener cette reprise de Kaa (oui, ça fait bizarre de dire / écrire cela) dans d'autres sphères (danger, là encore, érotisme, volupté. La vraie charmeuse de serpents, c'est pas Jill Caplan, mais Siouxsie!). " Strange Fruit " est une autre réussite vocale, et l'instrumentation est là aussi bien sentie. Les reprises de The Doors, Roxy Music et Television sont malheureusement plus classiques. Elles respectent les originaux, restent agréables à écouter, mais plus de prise de risques aurait été bienvenu.
Les Banshees, après avoir limogé John Valentine Carruthers (pourtant très bon guitariste), s'orienteront par la suite dans leur phase la plus Pop (on sent cette direction pointer dans Through The Looking Glass), qui, contrairement à ce que le genre suppose, leur apportera au final moins de lustre que les années passées (là encore malgré des hauts et des bas en termes de succès artistiques et commerciaux). Le ver était-il déjà dans le fruit (étrange, pour coller à la chanson et aux Banshees) ?
Correct 12/20 | par Machete83 |
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