Fruit Bats
Spelled In Bones |
Label :
Sub Pop |
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Rétrospectivement, je me dis que c'est peut-être par cet album, Spelled in Bones, le troisième des Fruit Bats, que j'aurais dû commencer mon exploration de leur œuvre, tant il correspond à l'idée que je me faisais de leur musique à l'époque où j'écoutais compulsivement les Shins, indissociables dans mon esprit, et à raison, du groupe d'Eric D. Johnson, et que je croisais ce même Eric dans mes lectures sur la formation de James Mercer. Et les arguments ne manquent pas pour expliquer cette association : même période d'activité florissante (années 2000), deux chanteurs avec des voix claires assez similaires qui peuvent monter un peu haut, même label (le vénérable Sub Pop) et, bien entendu, un même style de musique, une espèce d'indie pop-folk ensoleillée, colorée et réjouissante. Et si j'ai privilégié l'un, c'est sûrement en raison de sa plus forte médiatisation, de ses morceaux peut-être plus accessibles et marquants au premier abord, du talent sidérant de Mercer pour composer de jolies petites choses qui n'ont l'air de rien mais qui sont en fait géniales (et puis bon, la pochette de Chutes Too Narrow donne tellement envie !). Et donc si j'ai un temps délaissé l'autre, c'est peut-être à cause de ce spleen plus aisément détectable dans ses chansons, du temps plus conséquent pour le cerner, l'apprivoiser et le savourer comme il se doit.
Mais je me suis bien rattrapé et maintenant que je connais mieux les Fruit Bats, je peux dire qu'ils valent bien plus que le rôle de faire-valoir des Shins dont j'ai l'air de les affubler, de groupe secondaire moins doué et intéressant, car il n'y a, à l'évidence, rien de plus faux. Et ce Spelled in Bones est là pour le confirmer. D'emblée, les trois premiers morceaux, "Lives of Crime", "Silent Life" et "TV Waves" instaurent une ambiance particulière qui saisit instantanément, leur lyrisme mystérieux jouant pour beaucoup là-dedans. Les trois suivants, "Canyon Girl" (avec ce banjo qui rappelle leurs premières heures), "Born in the '70s" (avec ce falsetto que Johnson n'aillait dès lors cesser de perfectionner) et "Legs of Bees", illustrent eux à merveille la nouvelle sensibilité pop du groupe originaire de Chicago, désormais tout à fait intégrée et utilisée au mieux, notamment pour ce qui est des refrains et des différents arrangements (piano, claviers...). "The Earthquake of '73", "Traveler's Song" et "Spelled in Bones" renouent avec une certaine mélancolie parfaitement distillée où les arrangements charment de nouveau pleinement, alors que "The Wind That Blew My Heart Away" revient à un rythme plus soutenu. Enfin "Every Day That We Wake Up It's a Beautiful Day" est un court et charmant final bucolique, chants d'oiseaux à l'appui, qui n'aurait pas dépareillé sur une BO de film (peut-être une première tentative de la part de Johnson avant qu'il ne se consacre vraiment, à partir de 2010 et ensuite pendant la pause des Fruit Bats, de 2013 à 2015, à cette occupation).
Avec ce troisième album, on sent que les Fruit Bats se sont solidifiés en tant que groupe. Plus encore, ils se sont même bonifiés puisque Spelled in Bones était tout simplement, à l'époque de sa sortie, leur meilleur disque. Encore une fois, le temps se trouve être leur allié le plus précieux, cet album se dévoilant au fur et à mesure et grandissant à chaque écoute. Ils creusent ici avec intelligence et classe un sillon pop désormais plus affirmé et assumé et finissent par atteindre une certaine épure dans la forme comme dans le fond, tout en innovant par moments et en ne délaissant évidemment pas leurs premières amours folk et country. Et donc plutôt qu'une pâle copie des Shins, il faut davantage les voir comme des cousins modestes et discrets, doués et passionnés, œuvrant dans l'ombre et livrant des disques toujours plus intéressants et réussis. Ce qui n'est pas le cas de tous les groupes, et il s'en faut de beaucoup.
Mais je me suis bien rattrapé et maintenant que je connais mieux les Fruit Bats, je peux dire qu'ils valent bien plus que le rôle de faire-valoir des Shins dont j'ai l'air de les affubler, de groupe secondaire moins doué et intéressant, car il n'y a, à l'évidence, rien de plus faux. Et ce Spelled in Bones est là pour le confirmer. D'emblée, les trois premiers morceaux, "Lives of Crime", "Silent Life" et "TV Waves" instaurent une ambiance particulière qui saisit instantanément, leur lyrisme mystérieux jouant pour beaucoup là-dedans. Les trois suivants, "Canyon Girl" (avec ce banjo qui rappelle leurs premières heures), "Born in the '70s" (avec ce falsetto que Johnson n'aillait dès lors cesser de perfectionner) et "Legs of Bees", illustrent eux à merveille la nouvelle sensibilité pop du groupe originaire de Chicago, désormais tout à fait intégrée et utilisée au mieux, notamment pour ce qui est des refrains et des différents arrangements (piano, claviers...). "The Earthquake of '73", "Traveler's Song" et "Spelled in Bones" renouent avec une certaine mélancolie parfaitement distillée où les arrangements charment de nouveau pleinement, alors que "The Wind That Blew My Heart Away" revient à un rythme plus soutenu. Enfin "Every Day That We Wake Up It's a Beautiful Day" est un court et charmant final bucolique, chants d'oiseaux à l'appui, qui n'aurait pas dépareillé sur une BO de film (peut-être une première tentative de la part de Johnson avant qu'il ne se consacre vraiment, à partir de 2010 et ensuite pendant la pause des Fruit Bats, de 2013 à 2015, à cette occupation).
Avec ce troisième album, on sent que les Fruit Bats se sont solidifiés en tant que groupe. Plus encore, ils se sont même bonifiés puisque Spelled in Bones était tout simplement, à l'époque de sa sortie, leur meilleur disque. Encore une fois, le temps se trouve être leur allié le plus précieux, cet album se dévoilant au fur et à mesure et grandissant à chaque écoute. Ils creusent ici avec intelligence et classe un sillon pop désormais plus affirmé et assumé et finissent par atteindre une certaine épure dans la forme comme dans le fond, tout en innovant par moments et en ne délaissant évidemment pas leurs premières amours folk et country. Et donc plutôt qu'une pâle copie des Shins, il faut davantage les voir comme des cousins modestes et discrets, doués et passionnés, œuvrant dans l'ombre et livrant des disques toujours plus intéressants et réussis. Ce qui n'est pas le cas de tous les groupes, et il s'en faut de beaucoup.
Très bon 16/20 | par Poukram |
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