Fruit Bats
Echolocation |
Label :
Perishable |
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À Chicago à la fin des années 90, alors prof à la Old Town School of Folk Music, Eric D. Johnson fait aussi partie de I Rowboat, qui s'inspire largement du Velvet Underground. Il enregistre de plus de son côté des titres qui suivent une veine folk et americana, ce qui intéresse vite deux des membres du groupe, Dan Strack et Brian Belval. Ils forment alors la première incarnation des Fruit Bats (nom d'une famille de chauves-souris) et lorsque I Rowboat se sépare peu après, les trois musiciens décident de poursuivre ce nouveau projet. Il faut néanmoins attendre 2001 pour qu'arrive leur premier album Echolocation, notamment parce que Johnson joue parallèlement dans Califone, une formation de rock expérimental également originaire de Chicago (il apparaît sur leur deuxième album, Roomsound, en 2001). Ce sont en fait ses partenaires de Califone, en premier lieu Tim Rutili et Ben Massarella, qui vont l'inciter à franchir le pas et à concrétiser son projet en sortant Echolocation sur leur label Perishable Records. On retrouve tout ce petit monde sur le disque, en plus de Brian Deck et Jim Becker qui viennent aussi de Califone, et d'autres comme John Byce ou Gillian Lisee. Et l'on croisera plus ou moins régulièrement tous ces gens sur les futurs albums des Fruit Bats.
Naviguant entre folk, rock et americana, Echolocation dégage une impression de lenteur indicible et une torpeur lancinante peut rapidement saisir l'auditeur et le plonger dans une certaine léthargie s'il n'est pas bien réveillé. Cet album me fait un peu l'effet de quelques-uns de ces films de sabre lents et stylisés venus d'Asie que j'ai pu voir (relevant du fameux genre du wu xia pian) qui peuvent provoquer quelque apathie chez le spectateur non averti qui se risquerait à en regarder un après avoir passé une mauvaise nuit. Et comme avec ces films-là (pas tous évidemment !), il faut s'accrocher et se repasser Echolocation un bon nombre de fois s'avère nécessaire pour bien tout capter.
Cette impression nébuleuse et cotonneuse concerne surtout la première moitié du disque où peu de morceaux, qui font presque tous plus de quatre ou cinq minutes, se distinguent vraiment, à part peut-être "Glass In Your Feet", plus entraînant que le reste avec son banjo et ses douces guitares. D'autres, comme "Black Bells (Make Me Ok)" ou "Strange Little Neck Of The Woods", étirent le temps de façon un peu déraisonnable. Mais on sent tout de même quelque chose là-dessous, il y a un certain plaisir à se perdre dans ces chansons. Le groupe fait preuve de plus de vigueur dans la deuxième moitié de l'album, bien que la forme ne change pas tellement (plusieurs titres dépassent là aussi les cinq minutes), mais l'ensemble paraît plus fluide, mieux construit et donc plus agréable à écouter, comme si les musiciens parvenaient enfin à mettre le doigt sur ce qu'ils recherchaient depuis le début. Les deux instrumentaux "Echolocation Stomp" et "Coal Age" les mettent sur de bons rails et la suite est nettement plus aboutie que ce qui précède. Des morceaux comme "A Dodo Egg" (qui invente peut-être la "country bruitiste"), "Dragon Ships" et "Blue Parachute", vraiment réussis, témoignent bien de cette volonté.
Et si ces titres passionnent davantage que le reste, ils arrivent tout de même trop tard pour nous empêcher de conclure sur un sentiment passablement mitigé, laissant penser que si Johnson et ses amis étaient parvenus plus tôt à cet équilibre, Echolocation en aurait été bien meilleur et captivant. Mais je vais être indulgent, c'est un premier album, avec ses qualités et ses défauts, et il ne faisait guère de doute qu'en arrondissant les angles, les Fruit Bats trouveraient leur voix. Et au vu de la suite de leur belle discographie, je crois ne pas m'être trompé.
Naviguant entre folk, rock et americana, Echolocation dégage une impression de lenteur indicible et une torpeur lancinante peut rapidement saisir l'auditeur et le plonger dans une certaine léthargie s'il n'est pas bien réveillé. Cet album me fait un peu l'effet de quelques-uns de ces films de sabre lents et stylisés venus d'Asie que j'ai pu voir (relevant du fameux genre du wu xia pian) qui peuvent provoquer quelque apathie chez le spectateur non averti qui se risquerait à en regarder un après avoir passé une mauvaise nuit. Et comme avec ces films-là (pas tous évidemment !), il faut s'accrocher et se repasser Echolocation un bon nombre de fois s'avère nécessaire pour bien tout capter.
Cette impression nébuleuse et cotonneuse concerne surtout la première moitié du disque où peu de morceaux, qui font presque tous plus de quatre ou cinq minutes, se distinguent vraiment, à part peut-être "Glass In Your Feet", plus entraînant que le reste avec son banjo et ses douces guitares. D'autres, comme "Black Bells (Make Me Ok)" ou "Strange Little Neck Of The Woods", étirent le temps de façon un peu déraisonnable. Mais on sent tout de même quelque chose là-dessous, il y a un certain plaisir à se perdre dans ces chansons. Le groupe fait preuve de plus de vigueur dans la deuxième moitié de l'album, bien que la forme ne change pas tellement (plusieurs titres dépassent là aussi les cinq minutes), mais l'ensemble paraît plus fluide, mieux construit et donc plus agréable à écouter, comme si les musiciens parvenaient enfin à mettre le doigt sur ce qu'ils recherchaient depuis le début. Les deux instrumentaux "Echolocation Stomp" et "Coal Age" les mettent sur de bons rails et la suite est nettement plus aboutie que ce qui précède. Des morceaux comme "A Dodo Egg" (qui invente peut-être la "country bruitiste"), "Dragon Ships" et "Blue Parachute", vraiment réussis, témoignent bien de cette volonté.
Et si ces titres passionnent davantage que le reste, ils arrivent tout de même trop tard pour nous empêcher de conclure sur un sentiment passablement mitigé, laissant penser que si Johnson et ses amis étaient parvenus plus tôt à cet équilibre, Echolocation en aurait été bien meilleur et captivant. Mais je vais être indulgent, c'est un premier album, avec ses qualités et ses défauts, et il ne faisait guère de doute qu'en arrondissant les angles, les Fruit Bats trouveraient leur voix. Et au vu de la suite de leur belle discographie, je crois ne pas m'être trompé.
Pas mal 13/20 | par Poukram |
à écouter ici : https://fruit-bats.bandcamp.com/album/echolocation
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