Fruit Bats
The Ruminant Band |
Label :
Sub Pop |
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Quatre années séparent Spelled In Bones de The Ruminant Band, les troisième et quatrième albums des Fruit Bats. Pourquoi un tel délai alors que le groupe livrait jusqu'ici ses productions tous les deux ans ? Et bien parce qu'Eric D. Johnson, le fondateur et principal membre de la formation, avait décidé de prendre le large et d'aller voir un peu ce qui se passait chez ses copains. Il s'est ainsi retrouvé à jouer avec les Shins de son pote James Mercer, puisqu'après avoir participé à l'enregistrement de Wincing the Night Away fin 2006, il est parti en tournée avec eux jusqu'en 2009, les rejoignant aussi lors de quelques apparitions à la TV. Il est également passé du côté de Vetiver, mené par un autre de ses amis, Andy Cabic, et a notamment contribué à leur Tight Knit en 2009. Il a continué à collaborer avec ces deux groupes par la suite (Port of Morrow en 2012 avec les Shins, The Errant Charm en 2011 avec Vetiver) et sans doute régénéré par ces expériences, il s'est décidé à réactiver sa propre formation en 2009 car, malgré ses divers engagements extérieurs, il n'y avait jamais renoncé.
Sur les albums précédents des Fruit Bats, Johnson était entouré des mêmes musiciens, qui se remplaçaient avantageusement les uns les autres selon les possibilités d'agenda de chacun. Pour The Ruminant Band, il est accompagné d'un tout nouveau groupe, certains de ses anciens comparses apparaissant néanmoins çà et là, le temps de quelques interventions. Ce presque total renouvellement de personnel a sans doute à voir avec le temps passé par Johnson loin des Fruit Bats. Immergé qu'il était dans d'autres projets, sur la route la plupart du temps, de nouvelles perspectives ont dû se faire jour en lui qui l'ont guidé vers l'envie de travailler autrement. Et rien de mieux pour cela que s'adjoindre de nouvelles personnes pour repartir du bon pied et explorer des horizons inédits. Cette pause lui a aussi permis de repenser sa manière de faire en studio. Auparavant plutôt enclin à vouloir diriger lui-même les sessions d'enregistrement, il a cette fois-ci largement laissé la place à ses partenaires et joue au final assez peu sur l'album (un peu de guitare et de piano, en plus du chant et de l'écriture).
Arrivé en studio sans vraiment de plan précis, sinon celui de faire sonner ce nouvel effort un peu différemment des autres, Johnson laisse donc ses compagnons jouer à leur guise, ce qui donne un album un peu plus libre, relâché et aventureux dans la forme qu'auparavant. Les bases folk et pop, agrémentées de soupçons d'americana, sont toujours bien présentes, mais on sent un Johnson définitivement mûr, sûr de lui et désireux de surprendre. C'est ainsi qu'au cœur du disque, il nous offre "The Hobo Girl", une sorte de récréation autour d'un piano un peu bastringue et de chœurs qui partent dans tous les sens, et plus loin "Flamingo" qui, une fois n'est pas coutume, ressemble à un morceau oublié des Shins période Oh, Inverted World, notamment par son traitement des voix et des claviers. On a aussi droit à quelques belles ballades un peu tristes à la guitare acoustique avec "Beautiful Morning Light" et "Singing Joy to the World".
Mais la grande affaire du disque, ce sont ces titres qui s'orientent vers un certain classicisme pop avec belles guitares et piano de sortie. Dans certains morceaux, les premières sont davantage mises en avant, alors que d'autres les voient s'allier au piano pour le meilleur des effets. Placé en éclaireur, "Primitive Man", en prenant de l'ampleur au fur et à mesure qu'il avance, annonce bien la couleur pour ce qui va suivre. Et juste après arrive déjà le véritable tube du disque, l'absolument parfait "The Ruminant Band", entraînant et donc doté de guitares (acoustiques et électriques) incisives et sautillantes. Dans une lignée semblable, on peut également citer "The Blessed Breeze", qui témoigne bien de la nouvelle maîtrise de Johnson pour composer des morceaux pop efficaces et harmonieux. Plus avant, "Tegucigalpa" bénéficie des mêmes atouts. Et quand le piano entre vraiment dans le jeu, ça donne des perles comme "My Unusual Friend", où les deux se répondent dans une conversation aussi soutenue que fluide et agréable, ou "Feather Bed" qui, sur un rythme plus tranquille, nous fait nonchalamment dodeliner de la tête. Enfin, "Being on Our Own" teste le mélange piano et pedal steel, pour une sorte d'americana pop super cool et super évidente. Peut-être, à cet instant de l'histoire des Fruit Bats, le morceau qui amalgame avec le plus d'acuité les styles que le groupe modèle et pétrit depuis ses débuts.
Et tout cela aboutit à un album très réussi et enthousiasmant, qui nous montre aussi, malgré le changement de personnel et de méthode, ainsi que la longue pause que s'est octroyé Johnson avant de l'enregistrer, que sa musique était en quelque sorte parvenue, à ce moment précis de l'existence de son groupe, à un épanouissement certain, à un aboutissement sans doute recherché depuis ses origines, et déjà aperçu sur Spelled In Bones, et cela autant dans la forme que dans le fond. La suite n'en promettait que davantage et nous donnera largement raison.
Sur les albums précédents des Fruit Bats, Johnson était entouré des mêmes musiciens, qui se remplaçaient avantageusement les uns les autres selon les possibilités d'agenda de chacun. Pour The Ruminant Band, il est accompagné d'un tout nouveau groupe, certains de ses anciens comparses apparaissant néanmoins çà et là, le temps de quelques interventions. Ce presque total renouvellement de personnel a sans doute à voir avec le temps passé par Johnson loin des Fruit Bats. Immergé qu'il était dans d'autres projets, sur la route la plupart du temps, de nouvelles perspectives ont dû se faire jour en lui qui l'ont guidé vers l'envie de travailler autrement. Et rien de mieux pour cela que s'adjoindre de nouvelles personnes pour repartir du bon pied et explorer des horizons inédits. Cette pause lui a aussi permis de repenser sa manière de faire en studio. Auparavant plutôt enclin à vouloir diriger lui-même les sessions d'enregistrement, il a cette fois-ci largement laissé la place à ses partenaires et joue au final assez peu sur l'album (un peu de guitare et de piano, en plus du chant et de l'écriture).
Arrivé en studio sans vraiment de plan précis, sinon celui de faire sonner ce nouvel effort un peu différemment des autres, Johnson laisse donc ses compagnons jouer à leur guise, ce qui donne un album un peu plus libre, relâché et aventureux dans la forme qu'auparavant. Les bases folk et pop, agrémentées de soupçons d'americana, sont toujours bien présentes, mais on sent un Johnson définitivement mûr, sûr de lui et désireux de surprendre. C'est ainsi qu'au cœur du disque, il nous offre "The Hobo Girl", une sorte de récréation autour d'un piano un peu bastringue et de chœurs qui partent dans tous les sens, et plus loin "Flamingo" qui, une fois n'est pas coutume, ressemble à un morceau oublié des Shins période Oh, Inverted World, notamment par son traitement des voix et des claviers. On a aussi droit à quelques belles ballades un peu tristes à la guitare acoustique avec "Beautiful Morning Light" et "Singing Joy to the World".
Mais la grande affaire du disque, ce sont ces titres qui s'orientent vers un certain classicisme pop avec belles guitares et piano de sortie. Dans certains morceaux, les premières sont davantage mises en avant, alors que d'autres les voient s'allier au piano pour le meilleur des effets. Placé en éclaireur, "Primitive Man", en prenant de l'ampleur au fur et à mesure qu'il avance, annonce bien la couleur pour ce qui va suivre. Et juste après arrive déjà le véritable tube du disque, l'absolument parfait "The Ruminant Band", entraînant et donc doté de guitares (acoustiques et électriques) incisives et sautillantes. Dans une lignée semblable, on peut également citer "The Blessed Breeze", qui témoigne bien de la nouvelle maîtrise de Johnson pour composer des morceaux pop efficaces et harmonieux. Plus avant, "Tegucigalpa" bénéficie des mêmes atouts. Et quand le piano entre vraiment dans le jeu, ça donne des perles comme "My Unusual Friend", où les deux se répondent dans une conversation aussi soutenue que fluide et agréable, ou "Feather Bed" qui, sur un rythme plus tranquille, nous fait nonchalamment dodeliner de la tête. Enfin, "Being on Our Own" teste le mélange piano et pedal steel, pour une sorte d'americana pop super cool et super évidente. Peut-être, à cet instant de l'histoire des Fruit Bats, le morceau qui amalgame avec le plus d'acuité les styles que le groupe modèle et pétrit depuis ses débuts.
Et tout cela aboutit à un album très réussi et enthousiasmant, qui nous montre aussi, malgré le changement de personnel et de méthode, ainsi que la longue pause que s'est octroyé Johnson avant de l'enregistrer, que sa musique était en quelque sorte parvenue, à ce moment précis de l'existence de son groupe, à un épanouissement certain, à un aboutissement sans doute recherché depuis ses origines, et déjà aperçu sur Spelled In Bones, et cela autant dans la forme que dans le fond. La suite n'en promettait que davantage et nous donnera largement raison.
Très bon 16/20 | par Poukram |
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