Fruit Bats
The Pet Parade |
Label :
Merge |
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Il y a une légende, urbaine ou campagnarde, je ne sais pas trop, qui court dans le rock comme quoi un groupe ou un artiste aurait tout dit après deux ou trois disques. Comme dans toute légende qui se respecte, il y a un fond de vérité dans celle-ci. Des formations qui auraient dû s'en tenir à deux albums, on en connaît tous. D'autres dont on aurait aimé qu'elles aillent plus loin aussi, tout autant que certaines qui n'auraient jamais dû franchir la porte d'un studio ou qui en ont beaucoup trop fait. Encore différent est le cas de celles qui, après une carrière bien remplie et des adieux forcément déchirants, décident de revenir sur le devant de la scène. Et dans ce cas précis et pour aller vite, ce retour plus ou moins inattendu peut s'avérer à double tranchant : soit le groupe en question se vautre totalement et provoque ainsi regrets du bon vieux temps parmi ses admirateurs éplorés et honte éternelle pour lui-même, soit il peut le réussir et sortir des albums n'ayant rien à envier à ceux de sa première période, parvenant alors plus ou moins à contenter la majorité. Les débats parmi les "vrais fans" sont évidemment sans fin, entre ceux qui apprécient les nouveautés pour une raison x ou y et ceux qui crient à l'infamie. Tout ça pour dire que des groupes qui ont foiré leur reformation, on en connaît, tout comme certains qui l'ont réussie. Et je place les Fruits Bats d'Eric D. Johnson dans cette seconde et heureuse catégorie.
Car il faut bien reconnaître que depuis son retour aux affaires en 2015, suite à une brève pause entamée en 2013, le groupe originaire de Chicago reste sur un sans-faute remarquable, avec deux excellents disques (Absolute Loser en 2016 et Gold Past Life en 2019) que, si j'osais, je placerais peut-être devant les meilleurs albums de la première partie de sa carrière dans les années 2000. Et ce n'est pas sa nouvelle livraison, The Pet Parade, qui me fera changer d'avis sur sa belle santé actuelle. Évoluant toujours dans la folk pop qu'il développe et cisèle depuis maintenant vingt ans, Johnson semble, depuis la réactivation de son projet à géométrie variable, avoir atteint une sorte de plénitude, d'épanouissement total dans l'expression et l'élaboration de sa musique. Même si la majorité des chansons de The Pet Parade ont été composées avant la pandémie que nous connaissons actuellement, cet album restera comme un témoin de ces temps troublés, d'un point de vue technique surtout, les différents musiciens que l'on entend n'ayant pu enregistrer ensemble. Mais grâce à la magie de la technologie qui opère au cœur des studios, on ne s'en rend même pas compte et le son, les textures sont ici un régal pour les oreilles. Johnson fait notamment équipe avec Josh Kaufman, un de ses comparses de Bonny Light Horseman, le batteur Matt Barrick (croisé sur le magnifique Crack-Up des Fleet Foxes) et Jim Becker, le violoniste attitré d'Iron & Wine.
Rien ne surprend vraiment sur The Pet Parade quand on connaît les Fruit Bats, on est en terrain connu. Sur des thèmes traitant du passage inéluctable du temps ou de l'isolation sur un ton plutôt réconfortant, on retrouve de douces et belles ballades ("Cub Pilot" et "Discovering", mais qu'est-ce que c'est bon !) et l'enchaînement "On The Avalon Stairs" - "Eagles Below Us" est simplement parfait, tout comme celui entre "All In One Go" et la rêveuse "Gullwing Doors", pleine de nappes d'orgue, d'une guitare aérienne et de chœurs éthérés. Et quand Johnson appuie sur la pédale et fait un pas de côté, ça donne l'entêtante "The Balcony" et son étonnant mélodica ou "Holy Rose" où le mélange de guitares et autres synthé, orgue et piano aboutissent à un joli et inspirant vacarme. L'inaugurale "The Pet Parade" s'impose d'emblée comme la grande chanson de l'album. Elle est dotée d'une lente et subtile progression parfaitement gérée et d'un ensemble de cordes (violon, autoharpe, mandoline, cuatro) qui lui donne un aspect un peu irréel et suspendu. Du grand art. Johnson se charge de conclure seul à la guitare avec "Complete" et nous offre ce faisant un nouveau disque de haute tenue, chaleureux, recelant des trésors de mélodies à découvrir ici et là et nous prouve que, plus que jamais, il est dans une excellente phase créative depuis le retour de ses Fruit Bats. Et si même une pandémie mondiale n'est pas parvenue à le stopper, il n'y a aucune raison pour que ça ne continue pas à l'avenir !
Car il faut bien reconnaître que depuis son retour aux affaires en 2015, suite à une brève pause entamée en 2013, le groupe originaire de Chicago reste sur un sans-faute remarquable, avec deux excellents disques (Absolute Loser en 2016 et Gold Past Life en 2019) que, si j'osais, je placerais peut-être devant les meilleurs albums de la première partie de sa carrière dans les années 2000. Et ce n'est pas sa nouvelle livraison, The Pet Parade, qui me fera changer d'avis sur sa belle santé actuelle. Évoluant toujours dans la folk pop qu'il développe et cisèle depuis maintenant vingt ans, Johnson semble, depuis la réactivation de son projet à géométrie variable, avoir atteint une sorte de plénitude, d'épanouissement total dans l'expression et l'élaboration de sa musique. Même si la majorité des chansons de The Pet Parade ont été composées avant la pandémie que nous connaissons actuellement, cet album restera comme un témoin de ces temps troublés, d'un point de vue technique surtout, les différents musiciens que l'on entend n'ayant pu enregistrer ensemble. Mais grâce à la magie de la technologie qui opère au cœur des studios, on ne s'en rend même pas compte et le son, les textures sont ici un régal pour les oreilles. Johnson fait notamment équipe avec Josh Kaufman, un de ses comparses de Bonny Light Horseman, le batteur Matt Barrick (croisé sur le magnifique Crack-Up des Fleet Foxes) et Jim Becker, le violoniste attitré d'Iron & Wine.
Rien ne surprend vraiment sur The Pet Parade quand on connaît les Fruit Bats, on est en terrain connu. Sur des thèmes traitant du passage inéluctable du temps ou de l'isolation sur un ton plutôt réconfortant, on retrouve de douces et belles ballades ("Cub Pilot" et "Discovering", mais qu'est-ce que c'est bon !) et l'enchaînement "On The Avalon Stairs" - "Eagles Below Us" est simplement parfait, tout comme celui entre "All In One Go" et la rêveuse "Gullwing Doors", pleine de nappes d'orgue, d'une guitare aérienne et de chœurs éthérés. Et quand Johnson appuie sur la pédale et fait un pas de côté, ça donne l'entêtante "The Balcony" et son étonnant mélodica ou "Holy Rose" où le mélange de guitares et autres synthé, orgue et piano aboutissent à un joli et inspirant vacarme. L'inaugurale "The Pet Parade" s'impose d'emblée comme la grande chanson de l'album. Elle est dotée d'une lente et subtile progression parfaitement gérée et d'un ensemble de cordes (violon, autoharpe, mandoline, cuatro) qui lui donne un aspect un peu irréel et suspendu. Du grand art. Johnson se charge de conclure seul à la guitare avec "Complete" et nous offre ce faisant un nouveau disque de haute tenue, chaleureux, recelant des trésors de mélodies à découvrir ici et là et nous prouve que, plus que jamais, il est dans une excellente phase créative depuis le retour de ses Fruit Bats. Et si même une pandémie mondiale n'est pas parvenue à le stopper, il n'y a aucune raison pour que ça ne continue pas à l'avenir !
Parfait 17/20 | par Poukram |
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