Iggy Pop
Paris [Salle PLeyel] - dimanche 08 mai 2022 |
Dimanche 8 mai 2022, Paris 8ème arrondissement.
Je me demande ce que je fabrique un jour de commémoration dans cet arrondissement on ne peut plus chic, tout en passant devant un Palace aux voitures indécentes de luxe, et comment je peux m'en offusquer puisque, je fais moi-même partie du cliché, en allant voir un concert Salle Pleyel à 80 euros. Rien que ça.
20h20 Un peu d'attente, on s 'impatiente gentiment.
Les lumières se tamisent, mais pas de première partie qui tienne, on se retrouve de façon inattendue à regarder un court métrage "The Stooge", évoquant les péripéties d'un fan anglais traquant les Stooges sur plusieurs tournées et semblant ne manquer aucune apparition du groupe. Connu comme le loup blanc du staff, un côté un peu ahuri, attachant, excentrique et buveur comme savent être les Anglais, il parle comme une rock star qui se fout de tout, filmé montant sur scène faire le mariole au côté du groupe. Le film fait glousser la salle.
Bon, ok c'est drôle, mais pas que. Il y a quelque chose qui résonne en chacun de nous dans ce film, et on l'envie, ce Robert Pargiter, qui explique ne pas travailler, boit beaucoup, et va d'un concert à l'autre dans le monde entier, sur les pas de son idole.
Je ne réalise pas tout de suite, mais ce type a de la profondeur, et semble être en quête. J'apprendrais par la suite que le documentaire date de 2017 et on dirait que cet homme a entrepris un voyage à la rencontre de lui-même, en suivant son groupe de cœur, tel Mr Nightingale recherché par Rossignol. Et après tout, pourquoi pas ?
Suivent 20 minutes d'entracte, tout le monde se trouve affairé au bar du hall à récupérer son breuvage, pendant que je me retrouve nez à nez avec le Rob' du film en question, j'en garde une photo souvenir, trouvant la situation comique : faire une photo avec "le" fan number one, à défaut de la star elle-même.
Nous remontons dans la salle.
Depuis la veille, je redoute un peu le concert de vieux, assis sagement à nos places numérotées, écoutant fébrilement Iggy, heureux de le voir avant la cataracte.
J'ai en tête la retransmission du concert assez lisse mais néanmoins élégant de la Gaîté Lyrique en 2019.
Et bien non, je me fourre le doigt dans l'œil jusqu'au coude (pour la cataracte, ça fera moins cher l'opération), car la tranquillité de la salle établie avant l'arrivée du Pop(e) n'a plus été :
Après une intro un plutôt sombre de la superbe guitariste Sarah Lipstate, magnant l'archet comme personne (mis à part Jonsi), Iggy apparaît, tel Jésus au milieu de ses disciples, dans un brouhaha d'aboiements et de grognements de molosses, suivi de près par "five foot one", entrainant une levée de spectateurs en 2 secondes : j'en ai perdu mon dentier, mais pas ma bière, rassurons le lecteur.
Il enchaîne avec le magistral et tranchant "Loves Missing", voix parfaite et musiciens accomplis.
Les titres s'enchaînent, The passenger, I wanna be your dog, search and destroy, parsemé de morceaux tirés du très bel album "Free", le fameux "Bowiesque".
Dieu que nous sommes crétins à nous attacher autant à des personnes qui s'avèrent être des humains lambdas et aussi angoissés que nous quant au non-sens de la vie. Mais, lui, c'est un performer. Et c'est bien là, la différence.
En effet, pour jouer le rôle d'Iggy Pop à 75 ans, il en va de la performance.
Et il semble l'aimer, ce personnage sans filtre, qui lui colle à la peau : Boitant, mais gesticulant sans cesse, entouré de supers-musiciens, montrant son postérieur dès les premières minutes, nous traitants de fuckers à plusieurs reprises, plongeant la main dans son pantalon, arborant un corps sans complexe, prenant des poses improbables et reprenant ses titres sans fausse note : le tour est joué, nous sommes heureux, et béats.
Alors oui, évidemment, c'est du show pour groupies ou pour nostalgiques, mais on assume ce plaisir coupable de voir ce septuagénaire, toujours aussi sexy, drôle, intelligent et talentueux, et on en revient pas, 1h40 plus tard, de l'avoir vu, ce Monsieur.
J'ai fini devant, prête à grimper sur le fauteuil du premier rang pour tenter de lui toucher la main telle une fan de Céline Dion.
Ridicule, mais si bon.
Je me demande ce que je fabrique un jour de commémoration dans cet arrondissement on ne peut plus chic, tout en passant devant un Palace aux voitures indécentes de luxe, et comment je peux m'en offusquer puisque, je fais moi-même partie du cliché, en allant voir un concert Salle Pleyel à 80 euros. Rien que ça.
20h20 Un peu d'attente, on s 'impatiente gentiment.
Les lumières se tamisent, mais pas de première partie qui tienne, on se retrouve de façon inattendue à regarder un court métrage "The Stooge", évoquant les péripéties d'un fan anglais traquant les Stooges sur plusieurs tournées et semblant ne manquer aucune apparition du groupe. Connu comme le loup blanc du staff, un côté un peu ahuri, attachant, excentrique et buveur comme savent être les Anglais, il parle comme une rock star qui se fout de tout, filmé montant sur scène faire le mariole au côté du groupe. Le film fait glousser la salle.
Bon, ok c'est drôle, mais pas que. Il y a quelque chose qui résonne en chacun de nous dans ce film, et on l'envie, ce Robert Pargiter, qui explique ne pas travailler, boit beaucoup, et va d'un concert à l'autre dans le monde entier, sur les pas de son idole.
Je ne réalise pas tout de suite, mais ce type a de la profondeur, et semble être en quête. J'apprendrais par la suite que le documentaire date de 2017 et on dirait que cet homme a entrepris un voyage à la rencontre de lui-même, en suivant son groupe de cœur, tel Mr Nightingale recherché par Rossignol. Et après tout, pourquoi pas ?
Suivent 20 minutes d'entracte, tout le monde se trouve affairé au bar du hall à récupérer son breuvage, pendant que je me retrouve nez à nez avec le Rob' du film en question, j'en garde une photo souvenir, trouvant la situation comique : faire une photo avec "le" fan number one, à défaut de la star elle-même.
Nous remontons dans la salle.
Depuis la veille, je redoute un peu le concert de vieux, assis sagement à nos places numérotées, écoutant fébrilement Iggy, heureux de le voir avant la cataracte.
J'ai en tête la retransmission du concert assez lisse mais néanmoins élégant de la Gaîté Lyrique en 2019.
Et bien non, je me fourre le doigt dans l'œil jusqu'au coude (pour la cataracte, ça fera moins cher l'opération), car la tranquillité de la salle établie avant l'arrivée du Pop(e) n'a plus été :
Après une intro un plutôt sombre de la superbe guitariste Sarah Lipstate, magnant l'archet comme personne (mis à part Jonsi), Iggy apparaît, tel Jésus au milieu de ses disciples, dans un brouhaha d'aboiements et de grognements de molosses, suivi de près par "five foot one", entrainant une levée de spectateurs en 2 secondes : j'en ai perdu mon dentier, mais pas ma bière, rassurons le lecteur.
Il enchaîne avec le magistral et tranchant "Loves Missing", voix parfaite et musiciens accomplis.
Les titres s'enchaînent, The passenger, I wanna be your dog, search and destroy, parsemé de morceaux tirés du très bel album "Free", le fameux "Bowiesque".
Dieu que nous sommes crétins à nous attacher autant à des personnes qui s'avèrent être des humains lambdas et aussi angoissés que nous quant au non-sens de la vie. Mais, lui, c'est un performer. Et c'est bien là, la différence.
En effet, pour jouer le rôle d'Iggy Pop à 75 ans, il en va de la performance.
Et il semble l'aimer, ce personnage sans filtre, qui lui colle à la peau : Boitant, mais gesticulant sans cesse, entouré de supers-musiciens, montrant son postérieur dès les premières minutes, nous traitants de fuckers à plusieurs reprises, plongeant la main dans son pantalon, arborant un corps sans complexe, prenant des poses improbables et reprenant ses titres sans fausse note : le tour est joué, nous sommes heureux, et béats.
Alors oui, évidemment, c'est du show pour groupies ou pour nostalgiques, mais on assume ce plaisir coupable de voir ce septuagénaire, toujours aussi sexy, drôle, intelligent et talentueux, et on en revient pas, 1h40 plus tard, de l'avoir vu, ce Monsieur.
J'ai fini devant, prête à grimper sur le fauteuil du premier rang pour tenter de lui toucher la main telle une fan de Céline Dion.
Ridicule, mais si bon.
Excellent ! 18/20 | par 17 seconds |
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