Iggy Pop

On a pu ces derniers temps jacasser sur le retour d'un certain Iggy Pop à la chose rock'n'roll, au long d'un album qui compte facilement dans ses plus énergiques depuis bien plus d'une décennie. La faute à Josh Homme peut-être, qui accompagne Papi Iggy sur ledit Post Pop Depression. Peut-être aussi grâce à un projet comme le présent EP, Leaving the Grass, dans lequel notre iguane chéri exorciserait ses velléités plus austères (cf ses disques de chanson française raplaplas qui sonnaient un peu comme un départ anticipé à la retraite) pour mieux se concentrer sur son comeback rock.

De fait, Iggy exécute ici un pas de côté aussi curieux que discret, en s'associant avec Tarwater et Alva Noto pour un projet électronique et minimaliste en spoken-word. Ça vous étonne ? Moi aussi. Mais le projet tient debout contre toute attente, et n'a rien de la lubie sénile et excentrique. La voix de Mister Pop, on a pu en avoir brièvement la preuve auparavant, est aussi bien taillée pour le rôle d'agitateur hystérique que celui de crooner rauque ou celui de conteur abimé. C'est sur ce dernier terrain qu'il joue ici. Il se voit accompagné de deux pointures dans leurs domaines respectifs ; Alva Noto dans l'électronique pure (notamment via son label Raster Noton) ; Tarwater pour leurs travaux entre électronique et post-rock.

Le décor est donc planté : un background électronique accompagne tout en douceur la lecture d'un poème de Walt Whitman par Iggy Pop. Et c'est... tout. Leaving the Grass n'a visiblement pas l'ambition d'être autre chose qu'une séance de lecture mystérieuse. Agréable, mais pas bien folichonne, surtout au vu du CV des participants, qui donnent l'air de n'avoir surtout pas voulu se bousculer, au risque de rendre leur projet finalement assez anecdotique. Ainsi, Leaving the Grass restera comme une parenthèse étrange et fugace dans le parcours de ses trois auteurs ; rien d'indispensable, mais rien non plus qui empêche d'y jeter une oreille curieuse.