Weezer

Maladroit

Maladroit

 Label :     Geffen 
 Sortie :    vendredi 17 mai 2002 
 Format :  Album / CD   

Une nouvelle fois, après le Green Album, la séparation entre les deux premiers albums de Weezer et ceux qui les suivent se fait ressentir. Ici, il s'agit du quatrième opus, ayant vu le jour sur CD au mois de mai 2002, mais étant apparu sur Internet bien avant.
Ne dépassant qu'à peine les trente minutes, cet album-ci a trois chansons de plus au compteur que les précédents. (Ce qui fait que les chansons sont, donc, encore plus courtes que sur les autres : on va d'1 minute 50 à 3 minutes.) Comme d'habitude, on pourrait ignorer ce petit détail au fond bien insignifiant. Mais, le problème, c'est que la qualité n'est pas vraiment au rendez-vous. (Alors, au fond, c'est peut-être mieux que les chansons soient courtes.) On est certes très loin de certaines merdes qui voient le jour à notre époque, mais le tout n'est pas vraiment palpitant. On trouve tout de même, parfois, de jolies mélodies qui peuvent aussi bien mettre de bonne humeur que rester dans nos esprits ("Burnt Jamb", "Love Explosion"). Toujours est-il qu'on est bien loin du disque de "heavy metal" qu'on nous avait annoncé, juste parce que Rivers Cuomo c'était remis à écouté Kiss et autres, et c'est tant mieux. Mais c'est un album sans aucun doute bien plus agressif que les précédents. Vu le résultat, on s'en serait bien passés. Du côté des paroles, il semblerait que le leader du groupe ait fait encore plus fort que sur le Green Album : tout son talent, que l'on pouvait savourer sur les deux premiers albums a ici complètement disparu. On se retrouve avec des choses totalement insignifiantes, parfois même incompréhensibles. ("Space Rock" restera pour moi un grand mystère.) Tout simplement déconseillé à toute personne n'étant pas fan du groupe.
La magie qui faisait le Blue et Pinkerton semble être morte. Allez, gardons un peu d'espoir : tout n'est peut-être pas perdu...


Pas terrible   9/20
par Donnie


 Moyenne 11.50/20 

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Posté le 07 avril 2016 à 14 h 46

Avec la sortie du nouvel album, j'ai bien envie de me taper un petit retour nostalgique sur Weezer. Forcément, les deux premiers, qui seront évidemment rapprochés du dernier album (j'ai l'impression que ça fait 10 ans que Weezer sort des albums qui sont "un retour au premier album et à Pinkerton") sans que celui-ci ne leur arrive à la cheville. Pour simplifier, on pourrait arrêter leur carrière à Pinkerton, en fait. Allez, et on gardera l'album vert parce qu'il y a quand même quelques tubes bien foutus dessus. Et puis on peut même garder Maladroit. Il était quand même sympa, Maladroit. Tiens, on doit sûrement en parler sur Xsilence. Il est noté combien? 9 avec une seule chro?? Et le précédent, l'album vert? 11, mais oscillant entre 14 et 15 si on omet deux critiques hargneuses!!?? Il y a comme un soupçon d'injustice dans l'air...

Et me voilà partie pour réhabiliter ce disque de Weezer dont on se fout royalement, et qu'à peu près tout le monde range hâtivement dans les ratés du groupe. Ratés qui sont quand même nombreux, avouons-le. Cependant, les critiques qu'on retrouve le plus souvent à l'égard de Weezer sont assez paradoxales. D'un côté, on leur reproche de faire toujours la même chose. De l'autre, on leur reproche de chercher à faire autre chose que ce qu'ils savent faire de mieux. Et sur Maladroit, les critiques ont eu de quoi faire, puisqu'on retrouve ces deux aspects.

En remettant un peu les choses dans leur contexte, on ne peut que trouver respectable la volonté du groupe d'avoir une approche différente. L'album vert vient de sortir, et c'est un succès publique et critique après le four qu'a été Pinkerton ; à l'époque, on ne reconnait pas encore ce dernier comme le chef d'oeuvre de Weezer. Selon l'avis général, le premier album est la référence absolue qu'il faut sans cesse imiter dans l'espoir de (peut-être) l'égaler, et en ce sens le retour au source que représente le vert est vu comme la voie à suivre, surtout avec le carton de son tube "Island In The Sun". Cuomo et sa bande auraient tout à fait pu continuer à enchaîner les tubes power pops imparables comme ils en sont tout à fait capable, mais ils n'ont pas envie de tomber dans la facilité. Ils savent aussi que la critique est versatile, se souvenant très bien de l'avalanche d'étrons qu'ils se sont pris dans la gueule avec Pinkerton après avoir été portés aux nues sur le premier disque. Du coup, pas question de faire un album pour plaire à la critique, mais plutôt pour les fans qui les ont soutenus.

Ainsi, l'idée d'impliquer fortement les fans par le biais d'internet pour prendre leur avis pendant la construction de Maladroit peut paraître démagogique, mais elle est inédite à ma connaissance à l'époque (on est en 2000-2001, pour rappel), et je ne pense pas qu'elle tienne à un désarroi complet de Weezer (qui ne s'était pas encore pris dans la gueule à chaque sortie d'album que c'était mieux avant et que ça ne vaudrait jamais Pinkerton de toute façon). Dans l'absolu, elle permet un point de vue extérieur intéressant, même si évidemment le groupe tranchera seul sur les décisions.

Bon, là, je parle beaucoup autour du disque, mais qu'y a-t-il vraiment dessus? Et bien, on nous promettait à l'époque un disque plus heavy/hard rock car c'est ce que Cuomo avait envie de faire, et on peut dire que la promesse est tenue : le gros son bien présent, les gros riffs (genre "Take Control"), le côté épique de certains morceaux comme "Slob" et "December" ferait même presque power ballad. Cependant, ça reste du heavy à la Weezer, plus du Weezer que du heavy, d'ailleurs. Finalement, le groupe reprend à sa sauce des influences différentes, fait sa tambouille et nous sert quelque chose d'agréable avec une touche bien personnelle. On pourrait presque dire que c'est l'apanage des grands! Et pour ce qui est de sa baisse de qualité quand il s'agit de faire toujours la même chose, je pense que les mélodies omniprésentes sur le disque, la présence de pop songs décalées bien foutues comme "Burnt Jamb" ou "Fall Together" et la qualité irréfutable de "Dope Nose" et surtout "Keep Fishin", les morceaux les plus classiques qui n'auraient pas fait tâche sur l'album bleu (ou au moins le vert pour "Dope Nose"), démontrent bien que ce problème est loin d'être visible sur Maladroit.

Alors est-ce aussi bon que les deux premiers? Non, malheureusement. Le premier disque avait quelque chose de frais et innocent que la confrontation au succès ne pouvait pas vraiment garder intact, et Pinkerton était beaucoup plus viscéral. On ne peut pas dire non plus que c'est la catastrophe, et j'irais même jusqu'à dire que Maladroit n'a rien à envier à l'album vert. Finalement, en tant que formation power pop, Weezer a énormément de qualité, c'était encore flagrant sur Maladroit, et on en vient à regretter que son premier disque ait eu autant de succès. Avec un succès plus limité, ils auraient pu continuer à faire de bons petits albums sans attentes démesurées sur les épaules, avec la légèreté inhérente à ce style. Cuomo ayant été considéré comme un génie, il se retrouve aujourd'hui à tenter tour à tour de se détacher ou d'émuler ce qui lui a valu ce statut, avec un résultat plus que médiocre.
Dommage...
Sympa   14/20







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