Björk
Vulnicura |
Label :
One Little Indian |
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Au départ de "Stonemilker", on se sent rapidement en terrain connu. L'impression d'avoir parcouru ça sur Homogemic, comme si, par exemple, la sortie de "Joga" avait été déviée (on y retrouve le mot "emotional"), et qu'en repassant sur la route des années après, on découvrait cet autre chemin. Une ouverture sereine nous met en confiance.
C'est qu'on approche la dizaine de galettes islandaises avec notre Björk : on ne sait plus trop à quoi s'attendre, ou s'il faut s'attendre à quelque chose... Alors, du coup ? Si Volta était une grosse boîte de crayon de couleur arc-en-ciel et Biophilia une petite boîte à musique enchantée, Vulnicura nous apparaît alors comme un voyage serein dans une toute autre boî-boîte : un train moelleux glissant à toute allure sur la flore fraîche de son pays. Un voyage sans embûche et (presque) sans surprise, au grand bonheur ou malheur de chacun.
Par la longueur des plages comme par leurs arrangements, Vulnicura se dissocie des mosaïques d'un Volta pour faire dans l'aplat de couleurs. Ici, neuf parts de galettes suffisent. Des ingrédients simples pour une recette précise et un estomac contenté à l'arrivée. Le terme "plages" prend son sens : elles sont longues, s'étalent à perte de vue, traînant avec grâce des nappes déposées avec soin sur le spectre sonore. C'est délicat, même quand une pulsion rythmique s'impose ou que le vent tourne brusquement ("Family"). Le voyage est linéaire, mais pas sans turbulences. Le plus complexe "Notget." en témoigne. Et le gros morceau – dans tous les sens du terme – c'est assurément "Black Lake". Déroulée sur dix minutes, cette intrigue sensuelle, tout en douceur, trace lentement sa trajectoire sous les pieds de l'auditeur. Le chant en comptine maladive pour adulte, ses accompagnements variés en gouttelettes, ses citations rythmiques de Homogenic... L'intention est claire, le trajet va prendre tout son temps, pour mieux nous bercer, que le voyage soit le plus agréable possible (Les illustrations visuelles expérimentales de son compte youtube en suppléments artistiques parfaits...).
Bien que l'intention s'explicite en 1997 sur le "Unravel" de Homogenic, ce sont bien les plages de Vulnicura qui "se déroulent lentement comme des pelotes de laine"... Et c'est là le reproche que peut-être certains lui feront : voici près de vingt ans que l'islandaise a choisi sa vitesse de croisière, et à part quelques embardées expérimentales saupoudrées sur chaque disques (et malgré le concept de Medulla puisqu'il reste accessible), Björk sort rarement de sa zone de confort. Au pire, c'est parfois trempé du bout de l'orteil dans l'air du temps (dont la beauté anecdotique de "History Of Touches"), ce qui au bout du compte ne fait d'elle qu'une victime collatérale des sons en vogue... Les routes déjà empruntées ont alors l'intérêt de nous permettre d'attraper des détails du paysage qu'on n'avait pas vu la fois précédente ; des idées qui ont germées, bien poussées. Variations sur les mêmes thèmes, comme une couche de glaçage supplémentaire pour notre plus grand délice. Faisant volontairement du surplace et du tire-bouchon, le motif obstiné de "Atom Dance" fait monter à bord Anthony Hegarty (Anthony And The Johnsons), risquant ainsi un fac simile de Volta... pour en réalité progressivement éclore en coin de paysage sonore inédit et sublime, bourré d'idées.
Et heureusement, la voix reste. Et elle reste unique. De ses tics mélodiques à cette transmission d'émotions, on trouve trop rarement une telle personnalité pour se plaindre des redites, bien au contraire. Sans âge et sans défaut, la voix de celle qui franchie actuellement la cinquantaine est comme hors du temps. Là, peut-être, réside l'illusion statique : un chant qui n'a pas pris une ride, et des disques qui semblent toujours plus sortir de la carte du temps...
C'est qu'on approche la dizaine de galettes islandaises avec notre Björk : on ne sait plus trop à quoi s'attendre, ou s'il faut s'attendre à quelque chose... Alors, du coup ? Si Volta était une grosse boîte de crayon de couleur arc-en-ciel et Biophilia une petite boîte à musique enchantée, Vulnicura nous apparaît alors comme un voyage serein dans une toute autre boî-boîte : un train moelleux glissant à toute allure sur la flore fraîche de son pays. Un voyage sans embûche et (presque) sans surprise, au grand bonheur ou malheur de chacun.
Par la longueur des plages comme par leurs arrangements, Vulnicura se dissocie des mosaïques d'un Volta pour faire dans l'aplat de couleurs. Ici, neuf parts de galettes suffisent. Des ingrédients simples pour une recette précise et un estomac contenté à l'arrivée. Le terme "plages" prend son sens : elles sont longues, s'étalent à perte de vue, traînant avec grâce des nappes déposées avec soin sur le spectre sonore. C'est délicat, même quand une pulsion rythmique s'impose ou que le vent tourne brusquement ("Family"). Le voyage est linéaire, mais pas sans turbulences. Le plus complexe "Notget." en témoigne. Et le gros morceau – dans tous les sens du terme – c'est assurément "Black Lake". Déroulée sur dix minutes, cette intrigue sensuelle, tout en douceur, trace lentement sa trajectoire sous les pieds de l'auditeur. Le chant en comptine maladive pour adulte, ses accompagnements variés en gouttelettes, ses citations rythmiques de Homogenic... L'intention est claire, le trajet va prendre tout son temps, pour mieux nous bercer, que le voyage soit le plus agréable possible (Les illustrations visuelles expérimentales de son compte youtube en suppléments artistiques parfaits...).
Bien que l'intention s'explicite en 1997 sur le "Unravel" de Homogenic, ce sont bien les plages de Vulnicura qui "se déroulent lentement comme des pelotes de laine"... Et c'est là le reproche que peut-être certains lui feront : voici près de vingt ans que l'islandaise a choisi sa vitesse de croisière, et à part quelques embardées expérimentales saupoudrées sur chaque disques (et malgré le concept de Medulla puisqu'il reste accessible), Björk sort rarement de sa zone de confort. Au pire, c'est parfois trempé du bout de l'orteil dans l'air du temps (dont la beauté anecdotique de "History Of Touches"), ce qui au bout du compte ne fait d'elle qu'une victime collatérale des sons en vogue... Les routes déjà empruntées ont alors l'intérêt de nous permettre d'attraper des détails du paysage qu'on n'avait pas vu la fois précédente ; des idées qui ont germées, bien poussées. Variations sur les mêmes thèmes, comme une couche de glaçage supplémentaire pour notre plus grand délice. Faisant volontairement du surplace et du tire-bouchon, le motif obstiné de "Atom Dance" fait monter à bord Anthony Hegarty (Anthony And The Johnsons), risquant ainsi un fac simile de Volta... pour en réalité progressivement éclore en coin de paysage sonore inédit et sublime, bourré d'idées.
Et heureusement, la voix reste. Et elle reste unique. De ses tics mélodiques à cette transmission d'émotions, on trouve trop rarement une telle personnalité pour se plaindre des redites, bien au contraire. Sans âge et sans défaut, la voix de celle qui franchie actuellement la cinquantaine est comme hors du temps. Là, peut-être, réside l'illusion statique : un chant qui n'a pas pris une ride, et des disques qui semblent toujours plus sortir de la carte du temps...
Parfait 17/20 | par X_YoB |
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