Great Lake Swimmers
Lost Channels |
Label :
Nettwerk |
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Ontario mon amour. Ces vastes plaines verdoyantes, ces lacs solitaires immobiles et ces champs de céréales qui dansent délicatement avec le vent. On en oublierait presque que c'est la province la plus peuplée du Canada. Et c'est pourtant à l'abri de Toronto et du reste de la civilisation que Tony Dekker a construit son ponton. Il y a gravé au couteau Great Lake Swimmers non parce qu'il aimait se baigner mais parce qu'il avait appris à faire de cette immensité terrestre, aquatique, son domaine. Depuis ce ponton, il s'abreuvait de la prolifique quiétude de la nature. Cela lui réussissait si bien... Et puis le canadien a fait son baluchon et a voulu tenter sa chance en ville. Seulement il a perdu un peu ses repères et on sentait en lui le mal du pays sur Ongiara un peu trop produit.
Lost Channels signe son retour au bercail. Dekker semble vouloir retrouver les bonnes habitudes, il n'y a qu'à regarder les endroits qu'il a déniché : des châteaux, des églises, de vieilles bâtisses. On va pouvoir enfin retrouver cette acoustique si particulière au groupe, qui nous confronte à chaque fois à un espace sans limite et sans fin mais également représente un gage d'authenticité. Pourtant quel album étrange avons-nous là. On attendait un retour aux sources, une réconciliation et voilà que Great Lake Swimmers essaie d'entrée et avec maladresse de nous surprendre avec des rythmes un peu plus enlevés qui peinent à dissimuler la fadeur de "Palmistry" et de "Pulling On A Line" aux pâles refrains. Autant je demandais un peu de renouveau sur Ongiara vu qu'ils ne parvenaient pas à faire sortir quelque chose de vraiment bon dans leur studio tout neuf, autant là le virage est clairement mal négocié. On appréciait leurs deux premiers albums avant tout pour leur détachement vis-à-vis d'un peu tout et là on a l'impression qu'ils éprouvent le besoin de se rattacher à la folk country de base et de piquer le balancement que produit les mélodies pop. Les guitares prennent les devant notamment sur "She Comes To Me In Dreams" sans finesse alors qu'on garde en mémoire qu'il ne fallait de fois rien au songwriter pour faire naître une chanson entêtante et de toute beauté. Tout cela paraît un peu trop soigné et partitionné.
Et quand bien même ils voudraient convaincre avec leurs nouvelles compositions, on découvre qu'entre chacun de ces titres poussifs subsistent des bribes de ce qu'ils furent naguère. On ne se raccroche plus à une quelconque logique mais tout de même...Un pied dans deux barques différents rien de tel pour chavirer. Surtout lorsque des cloches esseulées sur "Singer Castle Bells" scindent brusquement le disque pour ne laisser place qu'à des ballades ensommeillées, plombantes jusqu'à la fin. Cette fébrilité est en grande partie due au fait que le groupe a définitivement perdu son son, cet écho lointain renvoyant à l'immensité alentour qu'il pouvait déclenché avec la simple conviction de le faire traverser tout le pays. Cet écho est ici étouffé à jamais. Est-ce donc l'acoustique, l'envie qui manque ou moi qui suis devenu trop exigeant et obtus ? Je ne sais pas. Les chansons ne sont pas véritablement mauvaises ("New Light" très belle ou "Unison Falling Into Harmony" à l'instrumentation plus poussée) mais je ne suis plus animé de la même vibration, happé par la même profondeur que d'antan. Le chant de Dekker n'a plus d'effet. Et le filet de béatitude qui émane de Lost Channels n'est pas glorieux mais plutôt corrompu par le paysage parasite qui s'est dressé tout autour. Il est peut-être même factice bien que je l'espoir qu'il redevienne ce torrent sauvage et libre.
Great Lake Swimmers a passé la main et ne représente plus l'assurance de plonger dans une douceur imperturbable. Il y en a certes peut-être une pointe mais cela reste furtif, sympathique mais inoffensif ("The Chorus In The Underground" yeepaah) dans le sens où l'on est pas pris au piège de planer éternellement. Le bon point c'est que cela propulse du coup un peu plus leur prouesse Bodies And Minds comme une caresse d'une légèreté jusqu'à maintenant inégalable.
Lost Channels signe son retour au bercail. Dekker semble vouloir retrouver les bonnes habitudes, il n'y a qu'à regarder les endroits qu'il a déniché : des châteaux, des églises, de vieilles bâtisses. On va pouvoir enfin retrouver cette acoustique si particulière au groupe, qui nous confronte à chaque fois à un espace sans limite et sans fin mais également représente un gage d'authenticité. Pourtant quel album étrange avons-nous là. On attendait un retour aux sources, une réconciliation et voilà que Great Lake Swimmers essaie d'entrée et avec maladresse de nous surprendre avec des rythmes un peu plus enlevés qui peinent à dissimuler la fadeur de "Palmistry" et de "Pulling On A Line" aux pâles refrains. Autant je demandais un peu de renouveau sur Ongiara vu qu'ils ne parvenaient pas à faire sortir quelque chose de vraiment bon dans leur studio tout neuf, autant là le virage est clairement mal négocié. On appréciait leurs deux premiers albums avant tout pour leur détachement vis-à-vis d'un peu tout et là on a l'impression qu'ils éprouvent le besoin de se rattacher à la folk country de base et de piquer le balancement que produit les mélodies pop. Les guitares prennent les devant notamment sur "She Comes To Me In Dreams" sans finesse alors qu'on garde en mémoire qu'il ne fallait de fois rien au songwriter pour faire naître une chanson entêtante et de toute beauté. Tout cela paraît un peu trop soigné et partitionné.
Et quand bien même ils voudraient convaincre avec leurs nouvelles compositions, on découvre qu'entre chacun de ces titres poussifs subsistent des bribes de ce qu'ils furent naguère. On ne se raccroche plus à une quelconque logique mais tout de même...Un pied dans deux barques différents rien de tel pour chavirer. Surtout lorsque des cloches esseulées sur "Singer Castle Bells" scindent brusquement le disque pour ne laisser place qu'à des ballades ensommeillées, plombantes jusqu'à la fin. Cette fébrilité est en grande partie due au fait que le groupe a définitivement perdu son son, cet écho lointain renvoyant à l'immensité alentour qu'il pouvait déclenché avec la simple conviction de le faire traverser tout le pays. Cet écho est ici étouffé à jamais. Est-ce donc l'acoustique, l'envie qui manque ou moi qui suis devenu trop exigeant et obtus ? Je ne sais pas. Les chansons ne sont pas véritablement mauvaises ("New Light" très belle ou "Unison Falling Into Harmony" à l'instrumentation plus poussée) mais je ne suis plus animé de la même vibration, happé par la même profondeur que d'antan. Le chant de Dekker n'a plus d'effet. Et le filet de béatitude qui émane de Lost Channels n'est pas glorieux mais plutôt corrompu par le paysage parasite qui s'est dressé tout autour. Il est peut-être même factice bien que je l'espoir qu'il redevienne ce torrent sauvage et libre.
Great Lake Swimmers a passé la main et ne représente plus l'assurance de plonger dans une douceur imperturbable. Il y en a certes peut-être une pointe mais cela reste furtif, sympathique mais inoffensif ("The Chorus In The Underground" yeepaah) dans le sens où l'on est pas pris au piège de planer éternellement. Le bon point c'est que cela propulse du coup un peu plus leur prouesse Bodies And Minds comme une caresse d'une légèreté jusqu'à maintenant inégalable.
Correct 12/20 | par TiComo La Fuera |
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