The Ramones
Adios Amigos |
Label :
Radioactive |
||||
Cet album est le dernier d'un groupe qui aura tout simplement révolutionné le rock n' roll. Leurs premières apparitions publiques en 1976 auront fait l'effet d'une déflagration sonique qui résonne encore aujourd'hui comme un des traumatismes électriques les plus excitants de l'histoire du rock, à l'époque où le mot "punk" n'était pas encore né dans le cerveau des acteurs futurs du mouvement. Personne n'avait jamais joué aussi vite qu'eux des riffs aussi ... comment dire ?? En réalité ils avaient leur propre style : trois accords de riffs joués à 300 à l'heure, tantôt punk, tantôt pop. Le plus souvent c'était un mélange entre la violence du premier et la sensibilité du second. Un véritable déluge.
Qui a inventé le punk ? En 1977, vous êtes sûrs ? Quelle est l'influence principale des Clash ? Les Ramones. Quand sont-ils nés ? Avant 1977, je vous assure ...
Et cette voix ... inimitable, d'une sensibilité exacerbée, ronde comme celle d'un crooner et aiguisée comme celle d'un punk. Cette voix fait reconnaître le groupe parmi tous les autres. On ne peut pas se tromper.
Adios Amigos constitue donc leur dernière œuvre (comme le nom l'indique). Elle s'ouvre, pied au plancher, avec une reprise de Tom Waits sous speed : "I Don't Wanna Grow Up" et sa mélodie à se damner, sa fougue et sa rage acharnée qui n'ont de pair que les paroles d'une spontanéité, d'une évidence et d'une simplicité à pleurer de joie en sautant partout dans tous les sens à ce rythme effréné. "When I see my parents fight, I don't wanna grow up / They all go out drinkin' all night / I don't wanna grow up (...)". Fidèles à eux-mêmes, les Ramones sont les meilleurs de ce qu'ils peuvent donner. Le deuxième titre est chanté par le bassiste, CJ Ramone (remplaçant de Dee Dee qui a quitté l'aventure en 1984 ou 85), il est percutant, dense, violent, rageur ... Ramones, quoi ! Tout s'enchaîne comme si, après la période creuse qui a précédé, ils avaient retrouvé l'énergie adolescente des premiers jours, comme s'ils sentaient que c'était fini pour eux et qu'il fallait mettre le paquet et tout balancer à fond pour la dernière fois. La 5e piste, "Life's A Gas", est magnifique de mélancolie nostalgique. Toujours énergique, elle comporte une mélodie fraîche et accrocheuse. Le rythme se ralentit (mais tout est relatif).C'est une chanson pop que les Beach Boys auraient pu écrire s'ils avaient un jour introduit de l'électricité dans leurs guitares. Ensuite, "Take The Pain Away" revient illico à du punk mais dans une veine carrément mélancolique, emplie même de tristesse, désarmante là encore de sincérité. Les pics de violence sont atteints avec "Cretin Family" et "I Got A Lot To Say", agressifs à souhait, qui donnent envie de tout casser autour de soi dans un sursaut d'excitation juvénile.
L'album s'achève dans la mélancolie, avec la lucidité que semble parfois apporter la déprime, sur un ton lancinant et malheureusement plein de sens : "Born To Die In Berlin".
En 2001, Joey Ramone meurt d'un cancer du foie. En 2002, Dee Dee meurt d'une overdose et, en 2005, Johnny meurt d'un cancer de la prostate. Tout était bel et bien fini en 1995. Le rock ne s'en remet pas et ne cesse de les pleurer, encore aujourd'hui. Au revoir les amis.
Qui a inventé le punk ? En 1977, vous êtes sûrs ? Quelle est l'influence principale des Clash ? Les Ramones. Quand sont-ils nés ? Avant 1977, je vous assure ...
Et cette voix ... inimitable, d'une sensibilité exacerbée, ronde comme celle d'un crooner et aiguisée comme celle d'un punk. Cette voix fait reconnaître le groupe parmi tous les autres. On ne peut pas se tromper.
Adios Amigos constitue donc leur dernière œuvre (comme le nom l'indique). Elle s'ouvre, pied au plancher, avec une reprise de Tom Waits sous speed : "I Don't Wanna Grow Up" et sa mélodie à se damner, sa fougue et sa rage acharnée qui n'ont de pair que les paroles d'une spontanéité, d'une évidence et d'une simplicité à pleurer de joie en sautant partout dans tous les sens à ce rythme effréné. "When I see my parents fight, I don't wanna grow up / They all go out drinkin' all night / I don't wanna grow up (...)". Fidèles à eux-mêmes, les Ramones sont les meilleurs de ce qu'ils peuvent donner. Le deuxième titre est chanté par le bassiste, CJ Ramone (remplaçant de Dee Dee qui a quitté l'aventure en 1984 ou 85), il est percutant, dense, violent, rageur ... Ramones, quoi ! Tout s'enchaîne comme si, après la période creuse qui a précédé, ils avaient retrouvé l'énergie adolescente des premiers jours, comme s'ils sentaient que c'était fini pour eux et qu'il fallait mettre le paquet et tout balancer à fond pour la dernière fois. La 5e piste, "Life's A Gas", est magnifique de mélancolie nostalgique. Toujours énergique, elle comporte une mélodie fraîche et accrocheuse. Le rythme se ralentit (mais tout est relatif).C'est une chanson pop que les Beach Boys auraient pu écrire s'ils avaient un jour introduit de l'électricité dans leurs guitares. Ensuite, "Take The Pain Away" revient illico à du punk mais dans une veine carrément mélancolique, emplie même de tristesse, désarmante là encore de sincérité. Les pics de violence sont atteints avec "Cretin Family" et "I Got A Lot To Say", agressifs à souhait, qui donnent envie de tout casser autour de soi dans un sursaut d'excitation juvénile.
L'album s'achève dans la mélancolie, avec la lucidité que semble parfois apporter la déprime, sur un ton lancinant et malheureusement plein de sens : "Born To Die In Berlin".
En 2001, Joey Ramone meurt d'un cancer du foie. En 2002, Dee Dee meurt d'une overdose et, en 2005, Johnny meurt d'un cancer de la prostate. Tout était bel et bien fini en 1995. Le rock ne s'en remet pas et ne cesse de les pleurer, encore aujourd'hui. Au revoir les amis.
Excellent ! 18/20 | par Psychocandyxx |
Posté le 15 septembre 2012 à 20 h 10 |
Histoire du punk. Nul n'ignore qui sont les Ramones pour qui connait de l'histoire du rock de ces 30 dernières années un peu plus que Muse ou Linkin Park. Souvent considéré comme un groupe relativement cool, les compères originaux se rassemblent en 1974, avant la vague anglaise du punk mené par des groupes plus ou moins bien. En effet, beaucoup trouveront dans les crétins des Sex Pistols une idée, un no future, un goût pour la provocation, un rejet du monde tout entier, comme un gamin jette sa soupe au visage de sa mère. "Elvis est mort, enterrons le rock" crie t-on en Angleterre, pendant que 4 ricains de base crée leur pseudonyme familiale en référence à McCartney et des Beatles qui, dans le genre gros classique, se placent là. Bref, les Ramones arrivent, commencent les concerts vêtu de vieux jean's, de pompes cradingues et des fameux perfecto noirs imposé (si, si) par Johnny Ramone. Tout est réuni pour foirer. Pourtant, sortira une quantité non négligeable d'albums de bonne facture, de hits à faire danser les gamins et des LP aussi mythiques que les plus grands. Oui, Dylan à sa trilogie folk, Lou Reed sa trilogie berlinoise et les Ramones leur trilogie... Leur trilogie. Sorti sur 2 ans seulement, The Ramones (1976), Leave Home (1977), Rocket To Russia (1977) sont une chimère inséparable de l'histoire de la musique de la fin des années 70, complètement indispensable. Des chansons comme "Blitzkrieg Bop" (Hey ho let's go!), "Today Your Love", "Tomorrow The World", "Beat On The Brat", "Judy Is A Punk", "I Wanna Be Sedated", "Sheena Is A Punk Rocker", "We're A Happy Family"... Je pourrais continuer longtemps et même citer les trois tracklistings en entier tellement chaque piste est un hymne à une facette du punk, parfois romantique, parfois plus hardcore, parfois juste pop. Alors pourquoi est-ce que l'on parle nettement plus de Bowie, Joy Division, ou d'autres, et qu'on entend rarement les Ramones cités comme groupe préféré ? Nous y reviendrons.
Moi, je découvre le groupe jeune. Très jeune. Avant que les Damned me donne mon pseudonyme, avant que les Vaselines me poussent à une perversité telle que noter les noms de mes conquêtes sur moi reviendrait à faire un tatouage intégrale du corps-Non, bien avant cela. J'avais 14 ans et la musique je m'en foutais un peu. A ma décharge, ma mère écoutait ABBA, ce qui me valu mes premiers calembours : A bas ABBA ! J'étais jeune, vous dis-je.
Bref. La trilogie sus-citée m'est rentrée en pleine face et de là tout à découlé. La fille qui avait horreur de ces jupes qu'elles mettaient s'est rendu compte qu'un jean troué pouvait, à défaut de transformation en mignonne, séduire des mecs moins cons. J'ai commencé la basse car pour moi le punk ce n'est pas des gauchos hystériques qui manifestent à Brixton, mais des mecs un peu losers qui, au lieu de geindre, avait pris le contrôle, faisait leur fanzines, leurs musiques, dessinaient, fabriquaient leurs fringues... DIY. Do It Yourself. C'est ça qui m'a plu dans ce mouvement, que j'ai connu par ces minimalistes de New York. Des sortes de Philipp Glass de la musique rock. Ouais, j'suis une ouf. Parce que, définitvement, non, les Ramones ce n'est pas juste "cool", ou "sympa". Je refuse ces termes qu'on reserve à quelques groupes mous à qui on trouve malgré tout quelques qualités superflues.
Après une discographie assez constante malgré quelques ups and downs, après plusieurs histoires de départ, de drogues, de droits, de menace au flingue par Phil Spector (periode End Of The Century (1980))... Après un amas de lose en barre, sort l'ultime album des Ramones. J'ai toujours écouté ce que me disaient les Ramones. Adios Amigos. Je sais déjà quand je met ce CD dans le lecteur de mon premier appartement parisien de 20m² tout pourri, je sais que je devrais dire au revoir à mon groupe préféré. Oui, devant The Vaselines qui m'ont pervertie à tel point que si je devais marquer d'une croix chaque fois que j'ai été foutrement obscène avec The Way Of en fond sonore, je devrais subir un tatouage intégral du corps. Devant encore Dinosaur Jr. qui a accompagné mes nombreux exils en Suède, Suisse, Canada... Parce que les Ramones sont intemporels, et accompagnent aussi bien des évènements que des soirées bien arrosées. Vous comprendrez alors un peu mieux messieurs dames, ma note pour cet album.
1995 donc.
Adios Amigos.
Mais finalement dans le fond, de cet album, qu'est ce que l'on peut en retenir ? Les riffs percutants de Johnny, la voix toujours au top de Joey ? Oui. Certes. Est-ce que ça en fait le meilleure album du groupe ? Non. Certainement pas. Mais il y a à noter cette persistance. Car, bien qu'aujourd'hui tout les petits vieux de la côte ouest diront véhément le contraire, ils n'étaient pas là aux premiers concerts des gaillards. La vérité, les Ramones n'ont jamais marché de leur vivant. Oh, il y a bien eu quelques télévisions, et quelques cars de groupies vers la fin. Facile. Mais combien d'années de tubes sortis albums sur albums sans aucune radio, combien de concerts enchaînés dans l'unique but de se nourrir, avec des public plus abrutis de villes en villes ? Combien encore de trajets dans le métro New-Yorkais sans roadies, les guitares à porter soi-même. Alors que les photos des Clash adoptent le luxe par les années, les Ramones continuent de ne pas pouvoir se payer de housses de grattes décentes, portant leurs instruments dans des sacs plastiques à travers les couloirs fumeux du métro. Et on s'étonnait de certaines musiques plus sombres, parfois... Bah tiens.
Les Ramones ont la difficile tâche d'être des losers. C'est beaucoup plus dur qu'on ne le pense. Avoir 20/20 demande d'apprendre par coeur, de bifurquer sa logique vers celle du prof parfois, de se plier aux règles. D'accord. Mais il n'y a rien de dire à faire ce qui marche, vos parents vous féliciteront, les écoles s'arracheront votre entrée. Avoir un 0/20 volontaire, c'est continuer dans sa pensée, accepter frontalement le combat avec les parents. Oui, ils font mal les choses et ne changent pas leur manière de faire malgré les échecs à répétition ; ils choisissent mal les gens qui les entourent, vus qu'ils ne s'entendent pas eux-mêmes. Ce sont d'éternels ados. Ouais, des jeunes cons. J'adore la jeunesse. La connerie sympa, la découverte obscène, les corps pas finis et les idées neuves. Qu'on vienne me dire ici qu'un bon coup de trique sauvage dans un buisson derrière la fac ne vaut pas mieux que la tendresse de deux mains octogénaires qui se serrent avant de s'oublier. Adios Amigos c'est, et c'est un thème récurrent dans les musiques que j'écoute j'en suis consciente, le refus de vieillir. En témoigne le choix de la reprise du pourtant très large répertoire de Mr. Waits : "I Don't Want To Grow Up". Inutile de rajouter de l'emphase, la boucle est bouclée.
Il est aisé aujourd'hui de dire que c'est cool, fun, et bien d'autres termes fadasses du fion. Non, les Ramones c'est la quintessence ultime de la pop music. Je n'avais jamais compris pourquoi mes amis du lycée, adorateurs des Beach Boys et autres Beatles n'avaient même jamais entendu parler de ce groupe magistral. Je sais aujourd'hui que le mot "punk", qu'on associe trop facilement aux édentés Sex Pistoliens, à leur musique crasseuse comme caleçon d'ado mâle en rut, à leur provocation aussi prétendument choquante que consternante ; ce fut une étiquette trop lourde à porter. Cet album nous le prouve encore. Où est la subversion ? Ou sont les slam et hardocre présumés que s'imaginaient ces chères (putain de) têtes blondes ? Rien de cela. De la pop avant toute chose.
Guitares disto, sans fuzz ni bavures, basse claire et simple, reprise fun de Tom Waits ("I Don't Wanna To Grow Up" donc), chanson d'amour sobre, "I Love You". Les mecs loubards au manteaux noirs racontent des histoires d'adolescentes en fleur, de films d'horreur crétin, de quelques questions existentiels et, allez, parfois de politique, avec la même naiveté touchante du communiste de 16 ans. Pendant que le très conservateur Johnny décide du look du quatuor avec le strict d'un officier allemand en 39, et vanne avec ses mêmes références deutsh l'origine juive de Joey, ce dernier, imposant par sa taille apparait comme un leader aux yeux des gens : encore une fois, une imagerie du punk éronnée. Malade génétique, Joey ne pouvait presque pas se mouvoir normalement, d'où sa grande taille, d'où son manque de vivacité physique sur scène. On le décrit dans divers ouvrages (dont l'auto-biographie de Dee Dee) comme un agneau inofensif.
Mais non, si ce n'est pas avec les géniaux The Ramones (1976) et Rocket To Russia (1979) que les garçons se sont fait hautement remarqué, ce ne sera pas avec ce finalement bon mais commun Adios Amigos.
On tentera des les canoniser au Hall Of Fame du rock américain, mais cela n'a à vrai dire bien que peu de sens. Les 4 garçons deviennent un logo, leur musique un simple "hey ho let's go" et leurs visages s'impriment sur les t-shirts bon marché d'H&M ou de Zara, portés par des pétasses à gloss qui ignorent fondamentalement la différence entre une basse et une guitare. Non, il n'y a pas de césars ou d'oscars, de grammy ou de MTV awards qui ait de sens pour les vrais punks, on ne donne pas les honneurs aux jean's troués. On reprends juste l'image de ceux sur qui l'on crachait.
Cet album n'est pas intemporel à dire vrai, ni même génial ou excellent. Ce n'est ni le meilleur, ni le pire, il est bon c'est tout. Constant en tout point aux débuts de la famille Ramone, un luxe que n'a pas pu se payer bon nombre de groupes de la première vague vieillissante dite "77" comme les Clash, foutrement affublé de ridicules LP comme Cut The Crap dont on pourrait --et dont on devrait, se dispenser.
Dee Dee reste faché avec le reste du groupe, vexé de leur attitude et du "vol" de la musique "Poison Heart" sur Mondo Bizarro, vendu au manager du groupe qu'il avait quitté plusieurs années auparavant pour se payer l'héro. L'avait pas qu'à être dépendant, diront les mauvaises langues dont je fais parti quand qui verront qu'il n'ira pas se réconcilier avec ce pauvre Joey sur son lit de mort. Tous s'éteignent peu à peu. Plus jamais une musique aussi simple et efficace ne verra le jour.
J'arrive alors sur ma vingtaine bien tassée, j'ai une pensée ému en entendant les Strokes sortir Is This It ? , petite référence à une mesure binaire qui me rappelait celle de Joey, Marky, DD et Johnny, mais trop lisse quand même, trop "jean-slim" quand même. Le mot punk se perdra alors entre quelques californiens rageurs et quelques ados boutonneux élevés à Jackass avant de s'éteindre objectivement durant la décennie de la sodomie éléctro, dans les années 2000/2010. Le punk est mort et enterré. Les Ramones sont des losers. Les Ramones sont même des éternels losers. Mais les Ramones étaient là avant tout les groupes que l'on porte aujourd'hui au trône du mouvement punk, il étaient là encore après.
Les Ramones sont mort. Vive les Ramones.
Adios Amigos.
Moi, je découvre le groupe jeune. Très jeune. Avant que les Damned me donne mon pseudonyme, avant que les Vaselines me poussent à une perversité telle que noter les noms de mes conquêtes sur moi reviendrait à faire un tatouage intégrale du corps-Non, bien avant cela. J'avais 14 ans et la musique je m'en foutais un peu. A ma décharge, ma mère écoutait ABBA, ce qui me valu mes premiers calembours : A bas ABBA ! J'étais jeune, vous dis-je.
Bref. La trilogie sus-citée m'est rentrée en pleine face et de là tout à découlé. La fille qui avait horreur de ces jupes qu'elles mettaient s'est rendu compte qu'un jean troué pouvait, à défaut de transformation en mignonne, séduire des mecs moins cons. J'ai commencé la basse car pour moi le punk ce n'est pas des gauchos hystériques qui manifestent à Brixton, mais des mecs un peu losers qui, au lieu de geindre, avait pris le contrôle, faisait leur fanzines, leurs musiques, dessinaient, fabriquaient leurs fringues... DIY. Do It Yourself. C'est ça qui m'a plu dans ce mouvement, que j'ai connu par ces minimalistes de New York. Des sortes de Philipp Glass de la musique rock. Ouais, j'suis une ouf. Parce que, définitvement, non, les Ramones ce n'est pas juste "cool", ou "sympa". Je refuse ces termes qu'on reserve à quelques groupes mous à qui on trouve malgré tout quelques qualités superflues.
Après une discographie assez constante malgré quelques ups and downs, après plusieurs histoires de départ, de drogues, de droits, de menace au flingue par Phil Spector (periode End Of The Century (1980))... Après un amas de lose en barre, sort l'ultime album des Ramones. J'ai toujours écouté ce que me disaient les Ramones. Adios Amigos. Je sais déjà quand je met ce CD dans le lecteur de mon premier appartement parisien de 20m² tout pourri, je sais que je devrais dire au revoir à mon groupe préféré. Oui, devant The Vaselines qui m'ont pervertie à tel point que si je devais marquer d'une croix chaque fois que j'ai été foutrement obscène avec The Way Of en fond sonore, je devrais subir un tatouage intégral du corps. Devant encore Dinosaur Jr. qui a accompagné mes nombreux exils en Suède, Suisse, Canada... Parce que les Ramones sont intemporels, et accompagnent aussi bien des évènements que des soirées bien arrosées. Vous comprendrez alors un peu mieux messieurs dames, ma note pour cet album.
1995 donc.
Adios Amigos.
Mais finalement dans le fond, de cet album, qu'est ce que l'on peut en retenir ? Les riffs percutants de Johnny, la voix toujours au top de Joey ? Oui. Certes. Est-ce que ça en fait le meilleure album du groupe ? Non. Certainement pas. Mais il y a à noter cette persistance. Car, bien qu'aujourd'hui tout les petits vieux de la côte ouest diront véhément le contraire, ils n'étaient pas là aux premiers concerts des gaillards. La vérité, les Ramones n'ont jamais marché de leur vivant. Oh, il y a bien eu quelques télévisions, et quelques cars de groupies vers la fin. Facile. Mais combien d'années de tubes sortis albums sur albums sans aucune radio, combien de concerts enchaînés dans l'unique but de se nourrir, avec des public plus abrutis de villes en villes ? Combien encore de trajets dans le métro New-Yorkais sans roadies, les guitares à porter soi-même. Alors que les photos des Clash adoptent le luxe par les années, les Ramones continuent de ne pas pouvoir se payer de housses de grattes décentes, portant leurs instruments dans des sacs plastiques à travers les couloirs fumeux du métro. Et on s'étonnait de certaines musiques plus sombres, parfois... Bah tiens.
Les Ramones ont la difficile tâche d'être des losers. C'est beaucoup plus dur qu'on ne le pense. Avoir 20/20 demande d'apprendre par coeur, de bifurquer sa logique vers celle du prof parfois, de se plier aux règles. D'accord. Mais il n'y a rien de dire à faire ce qui marche, vos parents vous féliciteront, les écoles s'arracheront votre entrée. Avoir un 0/20 volontaire, c'est continuer dans sa pensée, accepter frontalement le combat avec les parents. Oui, ils font mal les choses et ne changent pas leur manière de faire malgré les échecs à répétition ; ils choisissent mal les gens qui les entourent, vus qu'ils ne s'entendent pas eux-mêmes. Ce sont d'éternels ados. Ouais, des jeunes cons. J'adore la jeunesse. La connerie sympa, la découverte obscène, les corps pas finis et les idées neuves. Qu'on vienne me dire ici qu'un bon coup de trique sauvage dans un buisson derrière la fac ne vaut pas mieux que la tendresse de deux mains octogénaires qui se serrent avant de s'oublier. Adios Amigos c'est, et c'est un thème récurrent dans les musiques que j'écoute j'en suis consciente, le refus de vieillir. En témoigne le choix de la reprise du pourtant très large répertoire de Mr. Waits : "I Don't Want To Grow Up". Inutile de rajouter de l'emphase, la boucle est bouclée.
Il est aisé aujourd'hui de dire que c'est cool, fun, et bien d'autres termes fadasses du fion. Non, les Ramones c'est la quintessence ultime de la pop music. Je n'avais jamais compris pourquoi mes amis du lycée, adorateurs des Beach Boys et autres Beatles n'avaient même jamais entendu parler de ce groupe magistral. Je sais aujourd'hui que le mot "punk", qu'on associe trop facilement aux édentés Sex Pistoliens, à leur musique crasseuse comme caleçon d'ado mâle en rut, à leur provocation aussi prétendument choquante que consternante ; ce fut une étiquette trop lourde à porter. Cet album nous le prouve encore. Où est la subversion ? Ou sont les slam et hardocre présumés que s'imaginaient ces chères (putain de) têtes blondes ? Rien de cela. De la pop avant toute chose.
Guitares disto, sans fuzz ni bavures, basse claire et simple, reprise fun de Tom Waits ("I Don't Wanna To Grow Up" donc), chanson d'amour sobre, "I Love You". Les mecs loubards au manteaux noirs racontent des histoires d'adolescentes en fleur, de films d'horreur crétin, de quelques questions existentiels et, allez, parfois de politique, avec la même naiveté touchante du communiste de 16 ans. Pendant que le très conservateur Johnny décide du look du quatuor avec le strict d'un officier allemand en 39, et vanne avec ses mêmes références deutsh l'origine juive de Joey, ce dernier, imposant par sa taille apparait comme un leader aux yeux des gens : encore une fois, une imagerie du punk éronnée. Malade génétique, Joey ne pouvait presque pas se mouvoir normalement, d'où sa grande taille, d'où son manque de vivacité physique sur scène. On le décrit dans divers ouvrages (dont l'auto-biographie de Dee Dee) comme un agneau inofensif.
Mais non, si ce n'est pas avec les géniaux The Ramones (1976) et Rocket To Russia (1979) que les garçons se sont fait hautement remarqué, ce ne sera pas avec ce finalement bon mais commun Adios Amigos.
On tentera des les canoniser au Hall Of Fame du rock américain, mais cela n'a à vrai dire bien que peu de sens. Les 4 garçons deviennent un logo, leur musique un simple "hey ho let's go" et leurs visages s'impriment sur les t-shirts bon marché d'H&M ou de Zara, portés par des pétasses à gloss qui ignorent fondamentalement la différence entre une basse et une guitare. Non, il n'y a pas de césars ou d'oscars, de grammy ou de MTV awards qui ait de sens pour les vrais punks, on ne donne pas les honneurs aux jean's troués. On reprends juste l'image de ceux sur qui l'on crachait.
Cet album n'est pas intemporel à dire vrai, ni même génial ou excellent. Ce n'est ni le meilleur, ni le pire, il est bon c'est tout. Constant en tout point aux débuts de la famille Ramone, un luxe que n'a pas pu se payer bon nombre de groupes de la première vague vieillissante dite "77" comme les Clash, foutrement affublé de ridicules LP comme Cut The Crap dont on pourrait --et dont on devrait, se dispenser.
Dee Dee reste faché avec le reste du groupe, vexé de leur attitude et du "vol" de la musique "Poison Heart" sur Mondo Bizarro, vendu au manager du groupe qu'il avait quitté plusieurs années auparavant pour se payer l'héro. L'avait pas qu'à être dépendant, diront les mauvaises langues dont je fais parti quand qui verront qu'il n'ira pas se réconcilier avec ce pauvre Joey sur son lit de mort. Tous s'éteignent peu à peu. Plus jamais une musique aussi simple et efficace ne verra le jour.
J'arrive alors sur ma vingtaine bien tassée, j'ai une pensée ému en entendant les Strokes sortir Is This It ? , petite référence à une mesure binaire qui me rappelait celle de Joey, Marky, DD et Johnny, mais trop lisse quand même, trop "jean-slim" quand même. Le mot punk se perdra alors entre quelques californiens rageurs et quelques ados boutonneux élevés à Jackass avant de s'éteindre objectivement durant la décennie de la sodomie éléctro, dans les années 2000/2010. Le punk est mort et enterré. Les Ramones sont des losers. Les Ramones sont même des éternels losers. Mais les Ramones étaient là avant tout les groupes que l'on porte aujourd'hui au trône du mouvement punk, il étaient là encore après.
Les Ramones sont mort. Vive les Ramones.
Adios Amigos.
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