Kraftwerk
Radio-Activity |
Label :
Capitol |
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Radio-Activity est un album assez inégal, mais difficile à remettre en cause niveau intégrité artistique. Sa grande valeur réside dans son aspect 'témoignage'. Je m'explique: en 1975, Kraftwerk est l'avant-garde électronique, annonçant la cold-wave et tous les genres de musique synthétiques qui émergèrent surtout au début des années 80. "Ohm Sweet Ohm" a fait l'objet d'un sample très reconnaissable placé en introduction de "Exit Planet Dust" des Chemical Brothers", Radioactivity" a été reprise par beaucoup de groupes sous influence (dont Kat Onoma).
A l'écoute de cet album, une chose est sûre, ça expérimente sans une once d'humour. Le groupe semble tester son matériel plutôt que de construire un objet fortement touchant sur sa -courte- durée. L'écoute est incrédule, parfois enthousiaste, mais les sommets seront atteints par la suite, sur Trans-Europe Express et The Man-Machine, qui contiennent tous deux un florilège de trouvailles géniales...
La chanson "Radioactivity" file un cafard assez intense. Et il y a des interludes robotiques, à la "Fitter Happier" (Radiohead), mais placées à la suite sans qu'on sache vraiment où ça peut bien mener...
L'album est tout de même réussi, mais reste assez hermétique. L'électro se cherche encore...
A l'écoute de cet album, une chose est sûre, ça expérimente sans une once d'humour. Le groupe semble tester son matériel plutôt que de construire un objet fortement touchant sur sa -courte- durée. L'écoute est incrédule, parfois enthousiaste, mais les sommets seront atteints par la suite, sur Trans-Europe Express et The Man-Machine, qui contiennent tous deux un florilège de trouvailles géniales...
La chanson "Radioactivity" file un cafard assez intense. Et il y a des interludes robotiques, à la "Fitter Happier" (Radiohead), mais placées à la suite sans qu'on sache vraiment où ça peut bien mener...
L'album est tout de même réussi, mais reste assez hermétique. L'électro se cherche encore...
Pas mal 13/20 | par Sam lowry |
Posté le 03 juin 2008 à 16 h 13 |
Autobahn s'est très bien vendu. La musique électronique peut séduire. Mais Florian & Ralf veulent être des robots et suivrent leur programme. Radio-Activity sera la suite, suite sans vue commerciale, mais fidèle à leur absence de désir propre aux robots.
La pochette présente une radio style Seconde Guerre pleine de crin crin, bien manuelle, à gros boutons avec de la toile sur le haut parleur. L'image ressemble à une photocopie. Suite au dynamisme d'une route montagneuse, les robots désignent un plan austère sans horizon, proche même de l'esthétique minimaliste: Kosuth n'est pas loin.
Le disque est avant toute chose tautologique, c'est à dire que la musique désigne l'objet que sont le disque et la radio. Au lieu de renvoyer à un ailleurs (ca n'est pas le disque que j'écoute mais la musique), Kraftwerk, en bons robots amoureux de la technologie veulent écouter un disque ou une radio.
"Geiger Counter", la première plage est seulement composée d'un "poc" pouvant s'apparenter à une poussière sur la vinylite. La tranche temporelle qui sépare la répétition du "poc" se réduit et le compte à rebours s'accélère peu à peu jusqu'à ce que la reverb transcende l'évènement minimal pour ouvrir l'espace sur du morse. De même le morse est un langage et non une musique dans le sens où c'est un outil et non une musique dans une définition romantique du terme, un outil technique afin de communiquer comme la radio. La chanson éponyme Radio-Activity démarre alors, l'orchestration est extrêmement épurée, le chant est détaché, celui d'un robot, ou d'un morse. Une étrange mélancolie ressort de ce titre. Une description technique de la vie industrielle, des centrales nucléaires et de tout ce qui s'y rapporte ne peut apparaitre comme un hymne à la technologie (faute de joie dans l'air), ni d'une critique (les textes ne commentent pas, ils décrivent uniquement). D'où cette impression de flottement où l'on ne sait si l'on doit s'extasier devant le Spleen ambiant ou bien y voir une dénonciation de la morosité propre aux régions d'habitation des robots Florian & Ralf: La Rurh. Le nom même du groupe peut nous éclairer sur cette dimension à double tranchant.
Kraftwerk signifie "Centrale électrique". Ce nom a été choisi parce qu'il permettait une publicité gratuite et efficace (les panneaux indiquant des centrales électriques étant nombreux dans la Rurh). Ainsi l'on peut voir une forme d'ironie toute Warholienne qui consiste à critiquer par l'adhésion extrême. Une critique de la société de consommation par la sacralisation de boites de soupe, une critique de la technologie par une transformation en robot, prêcher le faux pour démontrer le vrai.
Continuons...
Le titre "Radioland" présente une atmosphère si puissante qu'elle méritera d'être ré-exploitée (merveilleusement) par RadioHead avec le morceau "Kid A". Puis toujours cette dénomination tautologique des moyens de communications ("Radiowaves", "Intermission", "Antenna", "Transistor"). De courtes plages abstraites séparent des compositions plus traditionnelles. "Airwaves" dévoilent comment les robots métamorphosent leur amour de toujours pour la musique de Brian Wilson. "Home Sweet Home" qui clôture le disque est un crescendo désuet démontrant la dimension religieuse qui est conférée aux progrès techniques.
Les interludes expérimentales créent une écoute différente, proche des interventions hétéroclites qui séparent chaque musique à la radio: changement de station, spots publicitaires, chanson, annonce, changement de station, musique, changement...".
Radio-Activity est un album étrange dans la discographie de Kraftwerk. Peut être est-il le juste milieu entre la verve expérimentale des deux compères provenant de l'école de Dusseldörf, et l'amour pour la pop musique. En tout cas c'est un album qui s'écoute comme une radio qui crépite ou se tait lorsqu'une montagne s'élève et encadre la route. Les interférences sont synonymes de poésie... Pour les robots en tout cas.
La pochette présente une radio style Seconde Guerre pleine de crin crin, bien manuelle, à gros boutons avec de la toile sur le haut parleur. L'image ressemble à une photocopie. Suite au dynamisme d'une route montagneuse, les robots désignent un plan austère sans horizon, proche même de l'esthétique minimaliste: Kosuth n'est pas loin.
Le disque est avant toute chose tautologique, c'est à dire que la musique désigne l'objet que sont le disque et la radio. Au lieu de renvoyer à un ailleurs (ca n'est pas le disque que j'écoute mais la musique), Kraftwerk, en bons robots amoureux de la technologie veulent écouter un disque ou une radio.
"Geiger Counter", la première plage est seulement composée d'un "poc" pouvant s'apparenter à une poussière sur la vinylite. La tranche temporelle qui sépare la répétition du "poc" se réduit et le compte à rebours s'accélère peu à peu jusqu'à ce que la reverb transcende l'évènement minimal pour ouvrir l'espace sur du morse. De même le morse est un langage et non une musique dans le sens où c'est un outil et non une musique dans une définition romantique du terme, un outil technique afin de communiquer comme la radio. La chanson éponyme Radio-Activity démarre alors, l'orchestration est extrêmement épurée, le chant est détaché, celui d'un robot, ou d'un morse. Une étrange mélancolie ressort de ce titre. Une description technique de la vie industrielle, des centrales nucléaires et de tout ce qui s'y rapporte ne peut apparaitre comme un hymne à la technologie (faute de joie dans l'air), ni d'une critique (les textes ne commentent pas, ils décrivent uniquement). D'où cette impression de flottement où l'on ne sait si l'on doit s'extasier devant le Spleen ambiant ou bien y voir une dénonciation de la morosité propre aux régions d'habitation des robots Florian & Ralf: La Rurh. Le nom même du groupe peut nous éclairer sur cette dimension à double tranchant.
Kraftwerk signifie "Centrale électrique". Ce nom a été choisi parce qu'il permettait une publicité gratuite et efficace (les panneaux indiquant des centrales électriques étant nombreux dans la Rurh). Ainsi l'on peut voir une forme d'ironie toute Warholienne qui consiste à critiquer par l'adhésion extrême. Une critique de la société de consommation par la sacralisation de boites de soupe, une critique de la technologie par une transformation en robot, prêcher le faux pour démontrer le vrai.
Continuons...
Le titre "Radioland" présente une atmosphère si puissante qu'elle méritera d'être ré-exploitée (merveilleusement) par RadioHead avec le morceau "Kid A". Puis toujours cette dénomination tautologique des moyens de communications ("Radiowaves", "Intermission", "Antenna", "Transistor"). De courtes plages abstraites séparent des compositions plus traditionnelles. "Airwaves" dévoilent comment les robots métamorphosent leur amour de toujours pour la musique de Brian Wilson. "Home Sweet Home" qui clôture le disque est un crescendo désuet démontrant la dimension religieuse qui est conférée aux progrès techniques.
Les interludes expérimentales créent une écoute différente, proche des interventions hétéroclites qui séparent chaque musique à la radio: changement de station, spots publicitaires, chanson, annonce, changement de station, musique, changement...".
Radio-Activity est un album étrange dans la discographie de Kraftwerk. Peut être est-il le juste milieu entre la verve expérimentale des deux compères provenant de l'école de Dusseldörf, et l'amour pour la pop musique. En tout cas c'est un album qui s'écoute comme une radio qui crépite ou se tait lorsqu'une montagne s'élève et encadre la route. Les interférences sont synonymes de poésie... Pour les robots en tout cas.
Excellent ! 18/20
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