Kraftwerk
Computer World |
Label :
Kling Klang |
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Après le succès, autant créatif que commercial, de The Man-Machine 4 ans auparavant, il n'était pas si évident d'espérer de la part de Kraftwerk un album suivant aussi convaincant !
Comment aborder un album de Kraftwerk sans le situer dans son contexte culturel au sens large ? Car au-delà de l'avant-garde musicale, le groupe s'est toujours démarqué en tant que révélateur enjoué d'angoisses culturo-scientifiques. Lorsque Fritz Lang fait le parallèle Robot = Homme aliéné dans Metropolis dans les années 20, Kraftwerk fait 50 ans plus tard de la cravate noire sur chemise rouge un 'modèle' de look snob-rebel. Tout ceci pour nous amener, non pas à l'album de 1978, véritable précurseur de la tendance 'froide' en matière d'électro soit dit en passant, mais à Computer World, réalisé en 1981.
Ayant écouté l'inégal Electric Café auparavant, j'ai été doublement conquis par ce projet d'une musique qui se voudrait assistée par ordinateur. Car malgré tout ce que veulent bien nous raconter Ralf Hutter et Florian Schneider, leur musique électronique est l'une des plus 'humaines' de cette (future) mouvance. Ils ont de fait une façon artisanale et laborantine (ils éditent leur propre boîte à rythmes par exemple) de composer qui évite l'écueil de l'anonyme ... ou encore celui de 'la musique au kilomètre' pour citer notre ami Guy Marchand !
La comparaison est relative et surtout à dessein, je l'accorde, mais la même année sort l'album Faith de The Cure. Du point de vue concept (le musical étant évident), on note un réel décalage entre la recherche (vaine) d'un secours dans la foi par le trio british, et le regard de 4 pinces-sans-rire allemands porté sur le désenchantement religieux de la société contemporaine et future (relative à l'invasion pernicieuse de l'ordinateur dans les différentes 'entrées' de celle-ci).
Mis à part le titre "Numbers" relevant davantage du manifeste expérimental (unique rythmique ponctuée de chiffres cités en 4 langues européennes), le reste de l'album allie parfaitement recherche sonore et mélodies pop. En se référant aux styles de l'époque on peut même parler des prémices la dance music (New Order et Section 25 seront sur ce terrain 2/3 ans plus tard ). Ainsi, "Pocket Calculator" revendique avec génie un nouveau statut de l'artiste 'composant avec son seul calculateur', une calculatrice faisant office d'arpeggiateur à l'appui : ' I'm the operator with my pocket calculator. I'm handling (...), I'm controlling, I'm composing'. Ce sera évidemment le simple ...
Quant à "Computer Love", titre le plus mélodique du LP, il fait le constat visionnaire de nos prochains rendez-vous informatisés. Plus généralement, cet album est très uni dans ses arrangements. Il faut avouer que les sons de synthétiseur sont peu variés, seulement ils ont l'avantage d'avoir un son : plein, puissant avec une touche de poisse papy ! Sérieusement, la section rythmique possède un timbre tout aussi mat, et le chant-parlé fait tilt tout au long des 7 morceaux. Car c'est fou comme les paroles 'Interpol and Deutsche Bank; FBI and Scotland Yard' peuvent être lyriques.
Computer World se termine alors sur une boucle dégressive aux accents dépressifs (malgré le fun annoncé), que déjà l'envie nous prend de remettre le disque. 34 minutes et 35 secondes, c'est un peu court tout de même ...
Anticipant l'aspect ludique et dansant des sons électroniques comme personne, Kraftwerk signe avec Computer World l'un de ses albums les plus en phase avec son concept de 'Recherches Sonores Dansantes' !
Comment aborder un album de Kraftwerk sans le situer dans son contexte culturel au sens large ? Car au-delà de l'avant-garde musicale, le groupe s'est toujours démarqué en tant que révélateur enjoué d'angoisses culturo-scientifiques. Lorsque Fritz Lang fait le parallèle Robot = Homme aliéné dans Metropolis dans les années 20, Kraftwerk fait 50 ans plus tard de la cravate noire sur chemise rouge un 'modèle' de look snob-rebel. Tout ceci pour nous amener, non pas à l'album de 1978, véritable précurseur de la tendance 'froide' en matière d'électro soit dit en passant, mais à Computer World, réalisé en 1981.
Ayant écouté l'inégal Electric Café auparavant, j'ai été doublement conquis par ce projet d'une musique qui se voudrait assistée par ordinateur. Car malgré tout ce que veulent bien nous raconter Ralf Hutter et Florian Schneider, leur musique électronique est l'une des plus 'humaines' de cette (future) mouvance. Ils ont de fait une façon artisanale et laborantine (ils éditent leur propre boîte à rythmes par exemple) de composer qui évite l'écueil de l'anonyme ... ou encore celui de 'la musique au kilomètre' pour citer notre ami Guy Marchand !
La comparaison est relative et surtout à dessein, je l'accorde, mais la même année sort l'album Faith de The Cure. Du point de vue concept (le musical étant évident), on note un réel décalage entre la recherche (vaine) d'un secours dans la foi par le trio british, et le regard de 4 pinces-sans-rire allemands porté sur le désenchantement religieux de la société contemporaine et future (relative à l'invasion pernicieuse de l'ordinateur dans les différentes 'entrées' de celle-ci).
Mis à part le titre "Numbers" relevant davantage du manifeste expérimental (unique rythmique ponctuée de chiffres cités en 4 langues européennes), le reste de l'album allie parfaitement recherche sonore et mélodies pop. En se référant aux styles de l'époque on peut même parler des prémices la dance music (New Order et Section 25 seront sur ce terrain 2/3 ans plus tard ). Ainsi, "Pocket Calculator" revendique avec génie un nouveau statut de l'artiste 'composant avec son seul calculateur', une calculatrice faisant office d'arpeggiateur à l'appui : ' I'm the operator with my pocket calculator. I'm handling (...), I'm controlling, I'm composing'. Ce sera évidemment le simple ...
Quant à "Computer Love", titre le plus mélodique du LP, il fait le constat visionnaire de nos prochains rendez-vous informatisés. Plus généralement, cet album est très uni dans ses arrangements. Il faut avouer que les sons de synthétiseur sont peu variés, seulement ils ont l'avantage d'avoir un son : plein, puissant avec une touche de poisse papy ! Sérieusement, la section rythmique possède un timbre tout aussi mat, et le chant-parlé fait tilt tout au long des 7 morceaux. Car c'est fou comme les paroles 'Interpol and Deutsche Bank; FBI and Scotland Yard' peuvent être lyriques.
Computer World se termine alors sur une boucle dégressive aux accents dépressifs (malgré le fun annoncé), que déjà l'envie nous prend de remettre le disque. 34 minutes et 35 secondes, c'est un peu court tout de même ...
Anticipant l'aspect ludique et dansant des sons électroniques comme personne, Kraftwerk signe avec Computer World l'un de ses albums les plus en phase avec son concept de 'Recherches Sonores Dansantes' !
Excellent ! 18/20 | par Alanbyond |
Posté le 01 avril 2014 à 09 h 07 |
Après le succès plus ou moins modéré de The Man-Machine en 1978, le groupe passe deux années complètes a remplacer leur matériel et à améliorer leur placement scéniques. Bien sûr, le groupe n'est plus tout seul dans la catégorie techno-pop. En effet, des groupes tels que Depeche Mode ou même Gary Numan ont intégré des synthétiseurs dans leur toutes dernières productions. Pourtant, avec Computer World, Kraftwerk frappe très fort dans l'industrie de la musique. En effet, avec Trans-Europe Express, cet album a clairement inspiré le hip-hop mais également l'électro américaine (qui donneront naissance a la techno a Detroit vers 1986). Bref, Ralf et Florian font ici avec Computer World leur dernier coup de maître. La tournée mondiale qui suivra la sortie de l'album en 1981 verra Wolfgang Flûr jouer en live dans le groupe pour la dernière fois (il quittera le groupe définitivement en 1987, Karl Bartos y restera jusqu'à la production de The Mix et de la tournée Italienne de Kraftwerk en 1990).
Cet album s'ouvre avec les boucles synthétiques et hypnotiques de "Computer World", qui prédit un monde contrôlé par ordinateur (ce qui arrive aujourd'hui). Le morceau, assez répétitif est loin d'être le meilleur de l'album. Les premières notes de "Pocket Calculator" font sourire de part leur son vintage de minis-synthés (comme le Stylophone de 1967). En effet, ce morceau se veut être une ode a la miniaturisation et les sons de calculatrice sont amusants a entendre. Comme le reste de l'album, les prédictions de Kraftwerk seront justes ! Qui n'a pas aujourd'hui un portable avec fonction calculatrice dans sa poche ?
Le morceau suivant, mélangé avec "TEE" a donné "Planet Rock" d'Afrika Bambataa en 1982. En effet, " Numbers ", avec son rythme très électronique qui sera repris plus tard dans nombre de morceaux hip-hop, est novateur. Le morceau contient également des voix samplées et vocodorisées qui répètent des chiffres de 1 a 8 dans toutes les langues (allemand, anglais, français, italien, espagnol, russe et japonais). Ce morceau a ouvert tout les concerts de Kraftwerk à cette période.
"Computer World 2" garde le même rythme que "Numbers" mais reprends la mélodie de "Computer World". Ici, le morceau est plutôt sympathique et même assez planant quand les chiffres samplés refont leur apparition.
La face B de l'album s'ouvre sur LE chef-d'œuvre de Kraftwerk, leur morceau le plus connu sans doute (avec "The Model" et "Autobahn"). Il s'agit de "Computer Love" qui a récemment fait l'objet d'une reprise assez réussie de Coldplay, nommée "Talk" dans son album X&Y de 2005. Ainsi, ce morceau est très connu des jeunes générations. La chanson, très mélodique, prédit encore notre époque et les sites de rencontres en ligne. "Home Computer" commence sur une phrase de synthétiseur rappelant les sons d'un ordinateur personnel de l'époque. Encore une fois, les phrases répétitives et peu mélodiques ont beaucoup inspiré les futurs géniteurs de la techno aux USA. Ici, Kraftwerk glorifie bien-sûr le fait de posséder un micro-ordinateur chez soi (prédiction juste une fois de plus). L'album se termine sur "It's More Fun To Compute ", un morceau dans la continuité de "Home Computer" (en concert, le groupe jouera un mélange des deux morceaux). Les boucles rythmiques et instrumentales du morceaux sont assez hypnotiques et planantes, pour terminer l'album en beauté et annoncer l'explosion des groupes de synth-pop et de techno-pop qui va suivre cet album.
Pour conclure, cet album de Kraftwerk est un des plus réussis et le plus apprécié des fans. En effet, le genre musical électronique devient enfin populaire a cette période, la pop finit par intégrer des synthétiseurs dans tous leurs morceaux (voir par exemple la Madonna des débuts, vers 1982/83). Kraftwerk atteint aussi malheureusement son apogée avec cet album. D'ailleurs, le plus gros succès du groupe arrivera en 1982 aux R-U avec la sortie single de "Computer Love/The Model" qui devient numéro 1 des charts. Il faudra alors attendre encore cinq ans pour que Kraftwerk donne un dernier signe de vie avant de re-disparaitre.
Cet album s'ouvre avec les boucles synthétiques et hypnotiques de "Computer World", qui prédit un monde contrôlé par ordinateur (ce qui arrive aujourd'hui). Le morceau, assez répétitif est loin d'être le meilleur de l'album. Les premières notes de "Pocket Calculator" font sourire de part leur son vintage de minis-synthés (comme le Stylophone de 1967). En effet, ce morceau se veut être une ode a la miniaturisation et les sons de calculatrice sont amusants a entendre. Comme le reste de l'album, les prédictions de Kraftwerk seront justes ! Qui n'a pas aujourd'hui un portable avec fonction calculatrice dans sa poche ?
Le morceau suivant, mélangé avec "TEE" a donné "Planet Rock" d'Afrika Bambataa en 1982. En effet, " Numbers ", avec son rythme très électronique qui sera repris plus tard dans nombre de morceaux hip-hop, est novateur. Le morceau contient également des voix samplées et vocodorisées qui répètent des chiffres de 1 a 8 dans toutes les langues (allemand, anglais, français, italien, espagnol, russe et japonais). Ce morceau a ouvert tout les concerts de Kraftwerk à cette période.
"Computer World 2" garde le même rythme que "Numbers" mais reprends la mélodie de "Computer World". Ici, le morceau est plutôt sympathique et même assez planant quand les chiffres samplés refont leur apparition.
La face B de l'album s'ouvre sur LE chef-d'œuvre de Kraftwerk, leur morceau le plus connu sans doute (avec "The Model" et "Autobahn"). Il s'agit de "Computer Love" qui a récemment fait l'objet d'une reprise assez réussie de Coldplay, nommée "Talk" dans son album X&Y de 2005. Ainsi, ce morceau est très connu des jeunes générations. La chanson, très mélodique, prédit encore notre époque et les sites de rencontres en ligne. "Home Computer" commence sur une phrase de synthétiseur rappelant les sons d'un ordinateur personnel de l'époque. Encore une fois, les phrases répétitives et peu mélodiques ont beaucoup inspiré les futurs géniteurs de la techno aux USA. Ici, Kraftwerk glorifie bien-sûr le fait de posséder un micro-ordinateur chez soi (prédiction juste une fois de plus). L'album se termine sur "It's More Fun To Compute ", un morceau dans la continuité de "Home Computer" (en concert, le groupe jouera un mélange des deux morceaux). Les boucles rythmiques et instrumentales du morceaux sont assez hypnotiques et planantes, pour terminer l'album en beauté et annoncer l'explosion des groupes de synth-pop et de techno-pop qui va suivre cet album.
Pour conclure, cet album de Kraftwerk est un des plus réussis et le plus apprécié des fans. En effet, le genre musical électronique devient enfin populaire a cette période, la pop finit par intégrer des synthétiseurs dans tous leurs morceaux (voir par exemple la Madonna des débuts, vers 1982/83). Kraftwerk atteint aussi malheureusement son apogée avec cet album. D'ailleurs, le plus gros succès du groupe arrivera en 1982 aux R-U avec la sortie single de "Computer Love/The Model" qui devient numéro 1 des charts. Il faudra alors attendre encore cinq ans pour que Kraftwerk donne un dernier signe de vie avant de re-disparaitre.
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