Kraftwerk
The Man-Machine |
Label :
Capitol |
||||
Kraftwerk a su, tout au long d'une trentaine d'années de carrière, doser à la perfection une alliance entre musique électronique la plus avant-gardiste, et pop dans son acceptation la plus populaire. Ce parti pris sera à la source de beaucoup d'incompréhensions et de reproches, certains regrettant justement le côté trop "synthétique" de leur musique, et d'autres leurs mélodies faciles devenues autant de tubes planétaires.
Ici encore Kraftwerk ne déroge pas à ses habitudes, The Man-Machine est un savoureux mélange de sons électroniques novateurs pour l'époque, et de petites ritournelles pop voire funky.
Ce disque n'est sans doute pas le meilleur album de Kraftwerk, mais c'est sûrement le plus accessible, celui qui inspirera beaucoup de groupe New Wave (Depeche Mode et autres...).
Des morceaux comme "Spacelab" ou " The robots" permettent d'appréhender en peu d'efforts, un univers musical extrêmement personnel et sublime.
Il faut aussi noter la très grande homogénéité de cet album, pour ceux qui (comme moi) aiment l'unité et la continuité logique entre les chansons ; c'est vraiment un disque exemplaire.
Le seul petit reproche qu'on pourra faire, c'est une certaine facilité dans les mélodies qui peuvent par moment sonner commerciales, mais c'est à ce prix-là que Kraftwerk a pu par ailleurs développer une musique fascinante et intellectuelle.
Et puis ils sont peu, nombreux les groupes pouvant se targuer d'avoir composé un album qui se réécoute 26 ans après sans avoir pris une ride.
Ici encore Kraftwerk ne déroge pas à ses habitudes, The Man-Machine est un savoureux mélange de sons électroniques novateurs pour l'époque, et de petites ritournelles pop voire funky.
Ce disque n'est sans doute pas le meilleur album de Kraftwerk, mais c'est sûrement le plus accessible, celui qui inspirera beaucoup de groupe New Wave (Depeche Mode et autres...).
Des morceaux comme "Spacelab" ou " The robots" permettent d'appréhender en peu d'efforts, un univers musical extrêmement personnel et sublime.
Il faut aussi noter la très grande homogénéité de cet album, pour ceux qui (comme moi) aiment l'unité et la continuité logique entre les chansons ; c'est vraiment un disque exemplaire.
Le seul petit reproche qu'on pourra faire, c'est une certaine facilité dans les mélodies qui peuvent par moment sonner commerciales, mais c'est à ce prix-là que Kraftwerk a pu par ailleurs développer une musique fascinante et intellectuelle.
Et puis ils sont peu, nombreux les groupes pouvant se targuer d'avoir composé un album qui se réécoute 26 ans après sans avoir pris une ride.
Bon 15/20 | par Zéro |
Posté le 07 décembre 2004 à 14 h 59 |
Cet album des quatre de Düsseldorf n'est pas leur meilleur et on peut lui preferer Radio-Activity ou Autobahn, cependant The Man-Machine est incontournable.
illustré par une pochette sublime qui fige pour toujours les membres de ce groupe culte dans leurs fameuses tenues( chemise rouge -pantalon noir-cravate noire et coupe de cheveux au cordeau.) The Man-Machine restera l'album qui reussit le mieux la synthèse de ce que peut représenter la musique électronique de ce groupe d'avant-garde
Kraftwerk a toujours fait l'unanimité tant chez les puristes de l'électro qui reconnaissent en Keux leur père spirituel , mais également dans le monde du rock et même dans celui du rap (Afrika Bambaataa Gourou et fondateur de la Zoulou Nation détourna Trans-Europ-Express pour son hymne historique 'planet rock').
Noyé a l'époque de sa parution parmi la masse des groupes utilisateurs de synthés Kraftwerk nous apparaît aujourd'hui comme un groupe exceptionnellement en avance sur son époque.
Avec ce disque fondamental, ils annoncent dès 1978 la pop synthétique et la new-wave qui vont débarquer bientôt et on retrouvera leur incluence dans divers groupes tels que Taxi Girl, Devo, Human League, ou New Order. Il seront bien des années plus tard la reference majeure de The Orb ; L.F.O , ou encore The Future Sound Of London.
On retrouvera dans The Man-Machine le standard "The Model", titre emblématique du courant new-wave, ainsi que "The Robots" qui ouvre l'album en installant ce son et ce climat déshumanisé, froid et électronique si particulier au groupe.
De par leur démarche artistique et de part leurs oeuvres musicales, Kraftwerk fait l'oeuvre d'un véritable culte partout dans le monde et The Man-Machine reste l'album qui les définit le mieux.
"We are the robots, we're fonctionning automatic" sont les premières paroles de ce disque intemporel; et comme vous le savez 'les robots ne meurent jamais, d'ailleurs ils ne vieillissent meme pas.
illustré par une pochette sublime qui fige pour toujours les membres de ce groupe culte dans leurs fameuses tenues( chemise rouge -pantalon noir-cravate noire et coupe de cheveux au cordeau.) The Man-Machine restera l'album qui reussit le mieux la synthèse de ce que peut représenter la musique électronique de ce groupe d'avant-garde
Kraftwerk a toujours fait l'unanimité tant chez les puristes de l'électro qui reconnaissent en Keux leur père spirituel , mais également dans le monde du rock et même dans celui du rap (Afrika Bambaataa Gourou et fondateur de la Zoulou Nation détourna Trans-Europ-Express pour son hymne historique 'planet rock').
Noyé a l'époque de sa parution parmi la masse des groupes utilisateurs de synthés Kraftwerk nous apparaît aujourd'hui comme un groupe exceptionnellement en avance sur son époque.
Avec ce disque fondamental, ils annoncent dès 1978 la pop synthétique et la new-wave qui vont débarquer bientôt et on retrouvera leur incluence dans divers groupes tels que Taxi Girl, Devo, Human League, ou New Order. Il seront bien des années plus tard la reference majeure de The Orb ; L.F.O , ou encore The Future Sound Of London.
On retrouvera dans The Man-Machine le standard "The Model", titre emblématique du courant new-wave, ainsi que "The Robots" qui ouvre l'album en installant ce son et ce climat déshumanisé, froid et électronique si particulier au groupe.
De par leur démarche artistique et de part leurs oeuvres musicales, Kraftwerk fait l'oeuvre d'un véritable culte partout dans le monde et The Man-Machine reste l'album qui les définit le mieux.
"We are the robots, we're fonctionning automatic" sont les premières paroles de ce disque intemporel; et comme vous le savez 'les robots ne meurent jamais, d'ailleurs ils ne vieillissent meme pas.
Parfait 17/20
Posté le 23 avril 2006 à 17 h 47 |
The Man Machine est sans doute l'album le plus accessible de Kraftwerk. Le groupe signe là son huitième album et on se demande où ils vont encore chercher autant d'inventions et de simplicité réunies. L'album commence avec "The Robots", et son incantation "We are de robots", entêtante, comme sortant de la bouche d'un automate. Et on rentre dans le jeu... Suis-je moi aussi un automate ? Suit "Space Lab" et "Metropolis" chefs-d'oeuvre d'électro, rythme rapide mais feutré et mélodies lentes et d'une simplicité outrageante tant elle accroche. Vient ensuite "The Model", étrange joyaux inqualifiable de pop et d'élecro minimaliste. Ca paraît naïf tellement c'est simple et pourtant, quelle pefection ! Suit "Néon Light" et "The Man-Machine" dans la même veine que tout l'album: simplicité, innovation, rythme entêtant, une sorte de naïveté et de la perfection. Si vous n'aimez pas l'électronique ou vous demander par quel bout la prendre, commencer par cet album !
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 14 juin 2009 à 23 h 50 |
Kraftwerk n'est pas l'inventeur de la musique électronique, mais sans doute est-il le groupe qui l'a rendue accessible à un large public... Car nous sommes ici loin des longues plages planantes de Tangerine Dream, le but du quatuor allemand ayant très rapidement été de créer des disques de musique pop. Une pop bien sûr composée uniquement de sons électroniques et ultra conceptuelle (mais rarement prise de tête cela dit). Un album sur les autoroutes, le suivant sur la radio-activité, ensuite le trans-europe express... Sujets incroyablement sexy n'est-ce pas ?
A force de vouloir artificialiser leur musique, les Kraftwerk produisent exactement l'effet contraire. Leur musique est incroyablement humaine : elle est marquée par une volonté tellement forte de robotisation, que la présence de l'esprit humain derrière chaque son est très forte. Autre qualité paradoxale, ce genre de musique pourrait sonner complètement datée, en réalité, mais surtout dans ce disque il n'en est rien. Portés par une vision personnelle et forte, ces quatre chercheurs créent à travers The Man-Machine un voyage dans un univers futuriste où la machine aurait remplacé l'humain. Ces ballades robotiques, mélancoliques et glaciales plongent dans univers que je n'arrive pas à imaginer autrement que rétro futuriste même si je me projette à l'époque de la sortie de cet album. "We're Fonctionning Automatic" déclame une voix artificielle et monocorde sur le titre d'ouverture. Constat de la déshumanisation qui nous guette ? Critique ou fascination pour les progrès technologiques ? Un peu des deux sans doute. La musique de Kraftwerk a toujours laissé le champ libre aux interprétations, c'est en ce sens qu'elle est précieuse, outre le fait qu'elle annonce tout ce qui va suivre dans la création sonore synthétique.
A force de vouloir artificialiser leur musique, les Kraftwerk produisent exactement l'effet contraire. Leur musique est incroyablement humaine : elle est marquée par une volonté tellement forte de robotisation, que la présence de l'esprit humain derrière chaque son est très forte. Autre qualité paradoxale, ce genre de musique pourrait sonner complètement datée, en réalité, mais surtout dans ce disque il n'en est rien. Portés par une vision personnelle et forte, ces quatre chercheurs créent à travers The Man-Machine un voyage dans un univers futuriste où la machine aurait remplacé l'humain. Ces ballades robotiques, mélancoliques et glaciales plongent dans univers que je n'arrive pas à imaginer autrement que rétro futuriste même si je me projette à l'époque de la sortie de cet album. "We're Fonctionning Automatic" déclame une voix artificielle et monocorde sur le titre d'ouverture. Constat de la déshumanisation qui nous guette ? Critique ou fascination pour les progrès technologiques ? Un peu des deux sans doute. La musique de Kraftwerk a toujours laissé le champ libre aux interprétations, c'est en ce sens qu'elle est précieuse, outre le fait qu'elle annonce tout ce qui va suivre dans la création sonore synthétique.
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 13 novembre 2014 à 14 h 20 |
1978.
Nous sommes a l'heure de l'explosion disco dans la culture mainstream et des débuts du post-punk dans l'underground.
Après nous avoir fait l'éloge des autoroutes allemandes, des émissions radio et des trains européens, Kraftwerk s'occupe a présent d'un thème qui les intéresse depuis deux/trois ans...
En 1975, alors que le célèbre groupe composé du line-up "classique" Ralf Hütter, Karl Bartos, Wolfgang Flür et Florian Schneider présente son album Autobahn à travers les États-Unis, les posters et autres publicités annoncent Kraftwerk comme les "Synthetic Boys" ou encore les "Men Machine".
L'expression plaît aux deux leaders qui la gardent de coté pour un prochain concept. En rentrant en Allemagne, le groupe oublie un certain temps l'idée pour se concentrer sur une autre idée née aux USA, Radio-Activity qui s'enchaine logiquement dans le romantico-industriel Trans-Europe Express.
Après le succès modéré de ce dernier album, le groupe décide de faire une pause dans les tournées pour se consacrer à leur nouvelle idée : créer des mannequins de vitrine à leur effigie. Après un certain temps, les mannequins sont prêts. Hütter et Schneider sautent sur l'occasion (trop belle) pour transposer leur dernière création dans leur prochain concept : "L'Homme Machine".
Inspiré par la nouvelle ère qui commence a se former (grandes métropoles, mécanisation intensive, voyages spatiaux...) et par les vieux films expressionnistes Allemands des années 20, le groupe commence a composer. The Man-Machine est également un tournant dans l'histoire de Kraftwerk. En effet, avec l'arrivée du séquenceur utilisé avec parcimonie en 1977 pour Trans-Europe Express, le groupe change sa façon de travailler. Après avoir montré son potentiel entre 1975 et 1977 en tant que second percussionniste, Karl Bartos est directement impliqué dans l'écriture des morceaux. L'enregistrement du premier morceau ("Metropolis", en l'occurrence) se fera par l'action de Bartos sur les tout nouveaux séquenceurs que le groupe venait de faire fabriquer. Hütter et Schneider, épatés par la ligne de basse que Bartos venait de produire décidèrent de construire mélodie et accompagnement. C'est ici que Kraftwerk prend pleinement conscience de l'importance du séquenceur dans leur musique et décident donc de travailler cette voie sur tout l'album.
The Man-Machine commence par "The Robots", grand classique du groupe et repris un nombre incalculable de fois depuis (par le groupe lui même par exemple, en 1991). Avec des riffs de synthbass répétitifs, une petite mélodie imparable accompagnée de phrases monotones dite au vocoder ("We are programmed just to do/anything you want us to/we are the robots"), "The Robots" frappe fort et marque directement l'entrée de Kraftwerk dans la déshumanisation de leur musique.
"Spacelab", second morceau de la galette joue la carte de l'espace. Pour un groupe qui se fonde sur les sons du quotidien, on peut dire de ce morceau qu'il est inhabituel dans la discographie du groupe. Cependant, c'est la première fois que Kraftwerk montre le potentiel de la musique électronique comme musique dansante. Peut-être étaient-ils influencés par les hits disco de Giorgio Moroder (avec "From Here to Eternity") ou de Space (avec "Magic Fly") ? Quoi qu'il en soit, Spacelab fait entrer Kraftwerk dans la disco intergalactique.
"Metropolis" creuse le même sillon. Après une introduction glaçante rappelant un peu une alarme, le morceau part dans une explosion disco qui aurait tout d'un "Utopia" de Giorgio Moroder. Drôle de coïncidence, quand on sait que c'est ce même Moroder qui massacrera le chef d'œuvre de Fritz Lang quelques années plus tard en le réadaptant aux années 80...
Au final, "Metropolis" serait parfaite pour illustrer un voyage rapide à travers une gigantesque ville.
La seconde face débute sur le morceau le plus accessible (et peut-être le plus connu) de Kraftwerk, "The Model". A l'époque de la première sortie single du morceau en 1978, rien d'extravagant. Ce n'est qu'après la sortie de Computer World en 1981 que "The Model" explosera les charts anglais (en 1982). On a ici la preuve que Kraftwerk était trop en avance sur son temps, même a 4 ans près. "The Model" est d'ailleurs l'une des chansons les plus humaines de Kraftwerk, parlant de désir sexuel et de culte du beau, qui se veut également comme une critique pleine d'ironie de la société de consommation de l'époque.
Vient mon morceau préféré de l'album, "Neon Lights". Véritable symphonie pour séquenceur, ce morceau fleuve de 9 minutes fait directement écho au magnifique "Europe Endless" de l'album précédent.
Tout en mélodie romantique, "Neon Lights" fait dans la complainte mélancolique électronique. C'est avec ce morceau aussi qu'on se rend compte du travail mené pendant des jours entiers sur les séquenceur afin de mesurer l'impact d'une petite variante de mélodie ou de ligne de basse.
Se présentant tout d'abord comme un conventionnel morceau de 3 minutes, les 6 dernières mettent en place un ballet de synthétiseur doux et progressif, plein de micro-évolutions afin de construire le morceau parfait.
Pour terminer l'album en beauté, le morceau éponyme est un hymne à la répétition qui évoque bien sûr des machines ou des robots travaillant a l'unisson. C'est également une autre pierre posée par Kraftwerk sur les fondations du hip-hop, le morceau, tout comme "Trans-Europe Express", sera énormément samplé dans des classiques du rap depuis sa sortie...
Au final, Kraftwerk propose ici une idée de la perfection. En six titres et 35 minutes, le groupe résume le concept de techno : synthétiseur, groove funky et rythmique mécanique.
En plus de la musique révolutionnaire, l'imagerie du groupe de trouve changée. En plus de leur robots mannequins qui dorénavant poseront en lieu et place des véritables musiciens, la pochette de l'album est tout simplement révolutionnaire. Toutes en formes géométriques et en angles a 90°, le graphisme est directement inspiré des dadaïstes, du Bauhaus et du constructivisme cher aux années 1920 (décidément).
Les couleurs rouges et noir font écho aux dictatures nazies et communistes mais permettent surtout d'attirer l'œil et vont influencer tout le travail de graphisme musical dans les années 80 (notamment le travail de Peter Saville pour Factory...)
The Man-Machine aux yeux de Ralf Hütter, c'est de la science-fiction quotidienne. Cet aspect sera encore plus de mise dans leur album suivant Computer World.
Les propos de Benoît Carretier refermeront cette chronique : "en étant le dernier album à utiliser des éléments du passé pour en tirer une œuvre accessible a tous, The Man-Machine de Kraftwerk est devenu un modèle."
Nous sommes a l'heure de l'explosion disco dans la culture mainstream et des débuts du post-punk dans l'underground.
Après nous avoir fait l'éloge des autoroutes allemandes, des émissions radio et des trains européens, Kraftwerk s'occupe a présent d'un thème qui les intéresse depuis deux/trois ans...
En 1975, alors que le célèbre groupe composé du line-up "classique" Ralf Hütter, Karl Bartos, Wolfgang Flür et Florian Schneider présente son album Autobahn à travers les États-Unis, les posters et autres publicités annoncent Kraftwerk comme les "Synthetic Boys" ou encore les "Men Machine".
L'expression plaît aux deux leaders qui la gardent de coté pour un prochain concept. En rentrant en Allemagne, le groupe oublie un certain temps l'idée pour se concentrer sur une autre idée née aux USA, Radio-Activity qui s'enchaine logiquement dans le romantico-industriel Trans-Europe Express.
Après le succès modéré de ce dernier album, le groupe décide de faire une pause dans les tournées pour se consacrer à leur nouvelle idée : créer des mannequins de vitrine à leur effigie. Après un certain temps, les mannequins sont prêts. Hütter et Schneider sautent sur l'occasion (trop belle) pour transposer leur dernière création dans leur prochain concept : "L'Homme Machine".
Inspiré par la nouvelle ère qui commence a se former (grandes métropoles, mécanisation intensive, voyages spatiaux...) et par les vieux films expressionnistes Allemands des années 20, le groupe commence a composer. The Man-Machine est également un tournant dans l'histoire de Kraftwerk. En effet, avec l'arrivée du séquenceur utilisé avec parcimonie en 1977 pour Trans-Europe Express, le groupe change sa façon de travailler. Après avoir montré son potentiel entre 1975 et 1977 en tant que second percussionniste, Karl Bartos est directement impliqué dans l'écriture des morceaux. L'enregistrement du premier morceau ("Metropolis", en l'occurrence) se fera par l'action de Bartos sur les tout nouveaux séquenceurs que le groupe venait de faire fabriquer. Hütter et Schneider, épatés par la ligne de basse que Bartos venait de produire décidèrent de construire mélodie et accompagnement. C'est ici que Kraftwerk prend pleinement conscience de l'importance du séquenceur dans leur musique et décident donc de travailler cette voie sur tout l'album.
The Man-Machine commence par "The Robots", grand classique du groupe et repris un nombre incalculable de fois depuis (par le groupe lui même par exemple, en 1991). Avec des riffs de synthbass répétitifs, une petite mélodie imparable accompagnée de phrases monotones dite au vocoder ("We are programmed just to do/anything you want us to/we are the robots"), "The Robots" frappe fort et marque directement l'entrée de Kraftwerk dans la déshumanisation de leur musique.
"Spacelab", second morceau de la galette joue la carte de l'espace. Pour un groupe qui se fonde sur les sons du quotidien, on peut dire de ce morceau qu'il est inhabituel dans la discographie du groupe. Cependant, c'est la première fois que Kraftwerk montre le potentiel de la musique électronique comme musique dansante. Peut-être étaient-ils influencés par les hits disco de Giorgio Moroder (avec "From Here to Eternity") ou de Space (avec "Magic Fly") ? Quoi qu'il en soit, Spacelab fait entrer Kraftwerk dans la disco intergalactique.
"Metropolis" creuse le même sillon. Après une introduction glaçante rappelant un peu une alarme, le morceau part dans une explosion disco qui aurait tout d'un "Utopia" de Giorgio Moroder. Drôle de coïncidence, quand on sait que c'est ce même Moroder qui massacrera le chef d'œuvre de Fritz Lang quelques années plus tard en le réadaptant aux années 80...
Au final, "Metropolis" serait parfaite pour illustrer un voyage rapide à travers une gigantesque ville.
La seconde face débute sur le morceau le plus accessible (et peut-être le plus connu) de Kraftwerk, "The Model". A l'époque de la première sortie single du morceau en 1978, rien d'extravagant. Ce n'est qu'après la sortie de Computer World en 1981 que "The Model" explosera les charts anglais (en 1982). On a ici la preuve que Kraftwerk était trop en avance sur son temps, même a 4 ans près. "The Model" est d'ailleurs l'une des chansons les plus humaines de Kraftwerk, parlant de désir sexuel et de culte du beau, qui se veut également comme une critique pleine d'ironie de la société de consommation de l'époque.
Vient mon morceau préféré de l'album, "Neon Lights". Véritable symphonie pour séquenceur, ce morceau fleuve de 9 minutes fait directement écho au magnifique "Europe Endless" de l'album précédent.
Tout en mélodie romantique, "Neon Lights" fait dans la complainte mélancolique électronique. C'est avec ce morceau aussi qu'on se rend compte du travail mené pendant des jours entiers sur les séquenceur afin de mesurer l'impact d'une petite variante de mélodie ou de ligne de basse.
Se présentant tout d'abord comme un conventionnel morceau de 3 minutes, les 6 dernières mettent en place un ballet de synthétiseur doux et progressif, plein de micro-évolutions afin de construire le morceau parfait.
Pour terminer l'album en beauté, le morceau éponyme est un hymne à la répétition qui évoque bien sûr des machines ou des robots travaillant a l'unisson. C'est également une autre pierre posée par Kraftwerk sur les fondations du hip-hop, le morceau, tout comme "Trans-Europe Express", sera énormément samplé dans des classiques du rap depuis sa sortie...
Au final, Kraftwerk propose ici une idée de la perfection. En six titres et 35 minutes, le groupe résume le concept de techno : synthétiseur, groove funky et rythmique mécanique.
En plus de la musique révolutionnaire, l'imagerie du groupe de trouve changée. En plus de leur robots mannequins qui dorénavant poseront en lieu et place des véritables musiciens, la pochette de l'album est tout simplement révolutionnaire. Toutes en formes géométriques et en angles a 90°, le graphisme est directement inspiré des dadaïstes, du Bauhaus et du constructivisme cher aux années 1920 (décidément).
Les couleurs rouges et noir font écho aux dictatures nazies et communistes mais permettent surtout d'attirer l'œil et vont influencer tout le travail de graphisme musical dans les années 80 (notamment le travail de Peter Saville pour Factory...)
The Man-Machine aux yeux de Ralf Hütter, c'est de la science-fiction quotidienne. Cet aspect sera encore plus de mise dans leur album suivant Computer World.
Les propos de Benoît Carretier refermeront cette chronique : "en étant le dernier album à utiliser des éléments du passé pour en tirer une œuvre accessible a tous, The Man-Machine de Kraftwerk est devenu un modèle."
Intemporel ! ! ! 20/20
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