Kraftwerk
Electric Café |
Label :
Elektra |
||||
L'ennui avec les groupes qui se servent de leurs albums pour pousser le quidam de base à philosopher, c'est que le jour où ils proposent de la musique qui n'est finalement que de la musique – aussi bonne soit-elle – l'amertume ne peut s'empêcher d'envahir la bouche du mélomane adepte de concepts marquants. En la matière, il faut reconnaître que Kraftwerk faisait partie du gratin. Le groupe a souvent su, via une musique totalement en avance sur son temps, se trouver un thème marquant à exploiter exclusivement le temps d'un tour de vinyl. Et bien pas cette fois (bah oui sinon je n'aurais pas commencé ma chronique comme ça, suivez un peu ! ).
Car malheureusement, le temps consacré à pondre une galette n'a jamais été représentatif de sa qualité et les cinq années destinées à mettre au point Electric Café ne l'empêcheront pas de se faire maltraiter par ses frères aînés, indéniablement plus musclés et charismatiques. En replaçant tout cela dans son contexte, on se rend compte que le pauvre rejeton s'est retrouvé sapé de la tête aux pieds de synthés et autres rythmes electros à une époque où tout cela était devenu la norme, que dis-je, le passage obligé pour tout blaireau en mal d'argent résolu à faire de trois mots qui s'emboitent bien le nouvel hymne electro-pop de la radio du coin. Mauvais départ dans la vie me direz-vous. Pour la première fois en effet, Kraftwerk semble avoir perdu cet avant-gardisme qui faisait de la formation un chef de file incontestable de l'électronique. Pourtant, toute mauvaise foi et formules bien senties mises à part, on reconnaîtra que certains morceaux restent agréables et accompagnent efficacement quelques moments de béatitude totalement improductive. On oubliera certes les trois premiers morceaux ("Boing Boom Tschak", "Techno Pop", "Musique Non Stop"), qui sans être inintéressants ne forment malgré tout qu'une succession de rythmiques relativement faiblardes entourées ci et là de bonnes idées. A éventuellement garder pour le dancefloor. Non, le côté sympa de la chose se dévoile au quatrième essai ("The Telephone Call") où le duo, sur des samples de répondeurs automatiques ou de tonalités téléphoniques, pousse la chansonnette autour d'un refrain dansant. Des morceaux suivants on retiendra également ce qui semble bien être des violons et une guitare ("Sex Object") pour le côté 'tiens c'est nouveau ça ! ', et des textes sans déformation electro aucune ("Electric Café") pour le côté 'tiens c'est ridicule ça ! ' (textes en français, oui monsieur ! ). Et ça s'arrête là. Six morceaux pour 35 minutes emballez c'est pesé. Considérant de plus que l'on ne gardera en mémoire que les trois dernières plutôt bonnes, l'album pèse finalement bien peu.
Pourtant, difficile de ne pas mettre la moyenne à cet album qui vous arrachera probablement quelques tapements de pied entre deux beats bien sentis. Mais difficile également de se dire que cet album est une production du duo qui avait pris les commandes de la musique électronique mondiale quelques cinq albums plus tôt, le temps d'une balade sur l'autoroute. Finalement, Kraftwerk nous a signé là un album correct, ancré dans son époque et vierge de tout éclair de génie. Et c'était bien la première fois que Kraftwerk rimait avec contemporain.
Car malheureusement, le temps consacré à pondre une galette n'a jamais été représentatif de sa qualité et les cinq années destinées à mettre au point Electric Café ne l'empêcheront pas de se faire maltraiter par ses frères aînés, indéniablement plus musclés et charismatiques. En replaçant tout cela dans son contexte, on se rend compte que le pauvre rejeton s'est retrouvé sapé de la tête aux pieds de synthés et autres rythmes electros à une époque où tout cela était devenu la norme, que dis-je, le passage obligé pour tout blaireau en mal d'argent résolu à faire de trois mots qui s'emboitent bien le nouvel hymne electro-pop de la radio du coin. Mauvais départ dans la vie me direz-vous. Pour la première fois en effet, Kraftwerk semble avoir perdu cet avant-gardisme qui faisait de la formation un chef de file incontestable de l'électronique. Pourtant, toute mauvaise foi et formules bien senties mises à part, on reconnaîtra que certains morceaux restent agréables et accompagnent efficacement quelques moments de béatitude totalement improductive. On oubliera certes les trois premiers morceaux ("Boing Boom Tschak", "Techno Pop", "Musique Non Stop"), qui sans être inintéressants ne forment malgré tout qu'une succession de rythmiques relativement faiblardes entourées ci et là de bonnes idées. A éventuellement garder pour le dancefloor. Non, le côté sympa de la chose se dévoile au quatrième essai ("The Telephone Call") où le duo, sur des samples de répondeurs automatiques ou de tonalités téléphoniques, pousse la chansonnette autour d'un refrain dansant. Des morceaux suivants on retiendra également ce qui semble bien être des violons et une guitare ("Sex Object") pour le côté 'tiens c'est nouveau ça ! ', et des textes sans déformation electro aucune ("Electric Café") pour le côté 'tiens c'est ridicule ça ! ' (textes en français, oui monsieur ! ). Et ça s'arrête là. Six morceaux pour 35 minutes emballez c'est pesé. Considérant de plus que l'on ne gardera en mémoire que les trois dernières plutôt bonnes, l'album pèse finalement bien peu.
Pourtant, difficile de ne pas mettre la moyenne à cet album qui vous arrachera probablement quelques tapements de pied entre deux beats bien sentis. Mais difficile également de se dire que cet album est une production du duo qui avait pris les commandes de la musique électronique mondiale quelques cinq albums plus tôt, le temps d'une balade sur l'autoroute. Finalement, Kraftwerk nous a signé là un album correct, ancré dans son époque et vierge de tout éclair de génie. Et c'était bien la première fois que Kraftwerk rimait avec contemporain.
Correct 12/20 | par JoHn DoriAne |
Posté le 01 avril 2014 à 09 h 12 |
Kraftwerk, une fois le succès des années 70 passées (jusqu'en 1982), devient une formation de musique électronique pop comme les autres. En effet, ils ont pu défricher le genre dans les années 1970, ils ont maintenant de nombreux concurrents ; OMD, The Human League, Depeche Mode, New Order...
Electric Café est le dernier vrai album de Kraftwerk dans la mesure ou c'est le dernier enregistré avec Karl Bartos et Wolfgang Flûr (même si celui-ci n'a pas vraiment participé a cet album). En effet, la conception de ce disque est obscur ; après le succès mondial de Computer World en 1981, Kraftwerk temporise et annonce la sortie d'un album pour 1983 ; Techno Pop. Les enregistrements de cette époque ne plaisaient pas à Ralf Hûtter qui a voulu tout recommencer. Le seul morceau restant de cette session est "Tour De France" qui sort alors en single la même année (1983). Un autre problème a empêché la production de l'album. En effet, Ralf et Florian étant devenus adepte du cyclisme vers 1982, ceux-ci ont préféré faire du vélo plutôt que de la musique et en 1983 d'ailleurs, Ralf a connu un gros accident de vélo (au point de tomber dans le coma). Au final, c'est Karl Bartos qui s'est occupé de fignoler presque tout l'album (Hûtter étant sans doute en réparation - c'est un robot, ne l'oublions pas), ce qui explique sans doute pourquoi il n'y a que 6 morceaux et que c'est Bartos qui chante sur "The Telephone Call".
L'album s'ouvre donc sur "Boing Boom Tschak", morceau assez amusant car construit uniquement sur les onomatopées "boing", "boom" et "tschak" justement. Le reste du morceau est accompagné d'un très léger synthétiseur que l'on entend rapidement et seulement a deux reprises. "Techno Pop" s'enchaine directement a la suite. Ici, on entend distinctement un morceau assez rythmique et instrumental ponctué de quelques phrases au vocoder dans différentes langues (anglais, espagnol et allemand) qui expliquent que la musique ne s'arrêtera jamais.
"Musique Non Stop", effectivement, est un morceau minimaliste construit sur une mélodie de speech synthesis (voix de femme/d'homme crée sur ordinateur) et d'une rythmique très puissante faite a la boite a rythme TR-808 (Karl Bartos était le percussionniste du groupe, rappelons le). Le morceau reste d'ailleurs en tête et on se surprend plus tard a chanter la phrase musicale de speech synthesis. Cette première partie de l'album est donc instrumentale, très rythmique et forme un tout. L'autre partie rappelle ce que Kraftwerk a déjà fait dans le passé, notamment avec " The Telephone Call " qui peut rappeler la thématique de la communication déjà présente sur Computer World.
"Telephone" est donc un morceau sympathique basé sur une phrase mélodique joué au violon (pardon, au synthétiseur) et des sons d'opératrices téléphoniques (on sent que l'Emulator est passé par là (Emulator → premier synthé-sampler du monde)).
"Sex Object" est un drôle de morceau pour Kraftwerk. En effet, mis a part "The Model" dans l'album The Man-Machine, Kraftwerk n'a jamais parlé d'amour ou de sexe dans leurs chansons, ce qui est assez cocasse (encore plus aujourd'hui car Ralf Hûtter agé de 67 ans le chante en live lors des rétrospectives The Katalogue). Ce morceau est rigolo car il utilise des basses MIDI crées sur synthétiseur ainsi que les même violons que sur "Telephone", le morceau a donc pris un peu d'âge depuis 1986...
L'album se termine par "Electric Cafe", un morceau qui sent le bâclé de la part de Kraftwerk. Bien que Ralf chante en français, cela ne sert pas à nous amadouer car il parle de "l'art politique/l'âge atomique", tout ça sur (une fois de plus) une mélodie sur des synthés violons et du speech synthesis.
Pour conclure, cet album de Kraftwerk est assez mitigé pour les fans. Il sent le bâclé pour certains mais pour d'autres (comme moi) c'est un chef-d'oeuvre de minimalisme (et c'est personnellement mon album préféré de Kraftwerk avec Trans-Europe Express). Ce n'est pas pour autant que cet album est oublié par le groupe ; depuis 1990, un medley de la première partie de l'album ("Boing Boom Tschak"/"Techno Pop"/ "Musique Non Stop") clôture chacun de leur concert, avec de la part de chacun des membres un magnifique solo de leur instrument.
Electric Café est le dernier vrai album de Kraftwerk dans la mesure ou c'est le dernier enregistré avec Karl Bartos et Wolfgang Flûr (même si celui-ci n'a pas vraiment participé a cet album). En effet, la conception de ce disque est obscur ; après le succès mondial de Computer World en 1981, Kraftwerk temporise et annonce la sortie d'un album pour 1983 ; Techno Pop. Les enregistrements de cette époque ne plaisaient pas à Ralf Hûtter qui a voulu tout recommencer. Le seul morceau restant de cette session est "Tour De France" qui sort alors en single la même année (1983). Un autre problème a empêché la production de l'album. En effet, Ralf et Florian étant devenus adepte du cyclisme vers 1982, ceux-ci ont préféré faire du vélo plutôt que de la musique et en 1983 d'ailleurs, Ralf a connu un gros accident de vélo (au point de tomber dans le coma). Au final, c'est Karl Bartos qui s'est occupé de fignoler presque tout l'album (Hûtter étant sans doute en réparation - c'est un robot, ne l'oublions pas), ce qui explique sans doute pourquoi il n'y a que 6 morceaux et que c'est Bartos qui chante sur "The Telephone Call".
L'album s'ouvre donc sur "Boing Boom Tschak", morceau assez amusant car construit uniquement sur les onomatopées "boing", "boom" et "tschak" justement. Le reste du morceau est accompagné d'un très léger synthétiseur que l'on entend rapidement et seulement a deux reprises. "Techno Pop" s'enchaine directement a la suite. Ici, on entend distinctement un morceau assez rythmique et instrumental ponctué de quelques phrases au vocoder dans différentes langues (anglais, espagnol et allemand) qui expliquent que la musique ne s'arrêtera jamais.
"Musique Non Stop", effectivement, est un morceau minimaliste construit sur une mélodie de speech synthesis (voix de femme/d'homme crée sur ordinateur) et d'une rythmique très puissante faite a la boite a rythme TR-808 (Karl Bartos était le percussionniste du groupe, rappelons le). Le morceau reste d'ailleurs en tête et on se surprend plus tard a chanter la phrase musicale de speech synthesis. Cette première partie de l'album est donc instrumentale, très rythmique et forme un tout. L'autre partie rappelle ce que Kraftwerk a déjà fait dans le passé, notamment avec " The Telephone Call " qui peut rappeler la thématique de la communication déjà présente sur Computer World.
"Telephone" est donc un morceau sympathique basé sur une phrase mélodique joué au violon (pardon, au synthétiseur) et des sons d'opératrices téléphoniques (on sent que l'Emulator est passé par là (Emulator → premier synthé-sampler du monde)).
"Sex Object" est un drôle de morceau pour Kraftwerk. En effet, mis a part "The Model" dans l'album The Man-Machine, Kraftwerk n'a jamais parlé d'amour ou de sexe dans leurs chansons, ce qui est assez cocasse (encore plus aujourd'hui car Ralf Hûtter agé de 67 ans le chante en live lors des rétrospectives The Katalogue). Ce morceau est rigolo car il utilise des basses MIDI crées sur synthétiseur ainsi que les même violons que sur "Telephone", le morceau a donc pris un peu d'âge depuis 1986...
L'album se termine par "Electric Cafe", un morceau qui sent le bâclé de la part de Kraftwerk. Bien que Ralf chante en français, cela ne sert pas à nous amadouer car il parle de "l'art politique/l'âge atomique", tout ça sur (une fois de plus) une mélodie sur des synthés violons et du speech synthesis.
Pour conclure, cet album de Kraftwerk est assez mitigé pour les fans. Il sent le bâclé pour certains mais pour d'autres (comme moi) c'est un chef-d'oeuvre de minimalisme (et c'est personnellement mon album préféré de Kraftwerk avec Trans-Europe Express). Ce n'est pas pour autant que cet album est oublié par le groupe ; depuis 1990, un medley de la première partie de l'album ("Boing Boom Tschak"/"Techno Pop"/ "Musique Non Stop") clôture chacun de leur concert, avec de la part de chacun des membres un magnifique solo de leur instrument.
Bon 15/20
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