Tool
Parabola |
Label :
Volcano |
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Parabola fait figure de petite révolution dans l'œuvre discographique de Tool.
Tout d'abord, il s'agit du clip le plus long, puisqu'il résulte de la fusion de deux chansons: "Parabol" et "Parabola". Ensuite parce qu'il est le premier à avoir un semblant de linéarité. Pour une fois, il semblerait y avoir une histoire avec un début et une fin. Mais ce n'est qu'une apparence. Car le film d'animation (dans lequel joue Tricky) qui illustre le clip est en fait plein de faux-semblant.
Découpée en deux parties pour un total de dix minutes, l'une calme, l'autre plus agressive, le film présente les deux facettes d'une même chanson, puisque le même thème musical se retrouve dans les deux. D'une beauté esthétique à couper le souffle, aidé en cela par des moyens techniques à la pointe du numérique, il illustre parfaitement l'univers visuel qui accompagne Tool. Un monde très personnel, froid, étrange et légèrement angoissant, façonné par l'esprit dérangé d'Adam Jones, le guitariste, ancien créateur d'effets spéciaux. Un monde souvent situé à la frontière du fantastique, peuplé de personnages étranges et à la signification sibylline, qui ne fait que rajouter un caractère mythique à l'ensemble.
Tout d'abord Maynard James Keenan chante de manière doucereuse, fatiguée presque, une sorte de berceuse, dessinée par une guitare fragile, avec en arrière fond des croassements imperceptibles. La ritournelle est prenante, mais aussi légèrement angoissante. Elle accompagne l'apparition de personnages aux visages inaccoutumés (qui rappellent étrangement celui rencontré dans "Aenima") et presque sans forme, habillés en costard, qui se rassemblent autour d'une table. Etonnant comme quelques détails (pas de nez, des yeux de poissons, des plis proéminents) peuvent à ce point éloigner ces créatures de l'être humain. On est très vite mal à l'aise. On est à la limite entre l'appréhension inexpliquée et la peur. Voire de la fascination, comme lorsqu'ils se mettent à vomir une sorte de liquide informe et à tracer un pentacle sur la table. Cette hypnose est renforcée par le côté lancinant de la musique. La sobriété des décors, se limitant (comme toujours dans les clips de Tool) à une pièce sans fenêtre, amplifie cet étourdissement. Les gestes des personnages prennent une dimension fabuleuse, comme lorsqu'ils dissèquent un fruit, apparemment anodin, mais qui prend une signification hautement symbolique, lorsqu'on sait que la dissection est un thème récurent chez Tool.
Puis tout à coup, ça explose. Les guitares se font plus lourdes, plus énergiques, la batterie plus offensive, on assiste à une apothéose sur le même thème et le même refrain. Les musiciens se déchaînent comme des brutes mais avec une impeccable maîtrise, dessinant des arabesques et des dessins baroques. La structure se complexifie, on se perd devant ce déchaînement de violence.
La deuxième partie met en scène une petite créature, de quelques centimètres seulement, à la surface aussi molle qu'une limace, dont on découvre les membres progressivement par une succession de gros plans. Apparaît également un humanoïde (joué par Tricky) dont la seule différence avec un humain se situe au niveau de deux antennes à l'arrière de son crâne (mais qui suffisent pour que notre cortex rejette l'association avec notre espèce). Il n'y a plus aucun lien narratif avec la première partie et déjà on est perdu. Qui est cet homme ? Que fait-il ? Que signifie cette pierre qui tombe au sol et se fracasse ? Elle fait penser à la table des Dix Commandement ou au monolithe de 2001, l'Odyssée de l'Espace.
On retrouve ensuite des récurrences avec les clips précédents : un homme enfermé dans une pièce, l'observation minutieuse des objets qui l'entourent (Tricky semble regarder dans un microscope, un peu comme dans Aenima où on zoomait sur une plante), l'arborescence, la symétrie, les atomes.
Seule nouveauté : la présence d'une fenêtre que le personnage va longuement regarder.
Puis le ton soudain prend une pause. La voix de Maynard James Keenan se fait plus douce, le tempo ralentit mais prend plus d'insistance aussi. Le personnage principal est confronté à la mort. Tout d'abord il crie et se révolte. Puis cherche à comprendre : il va disséquer la petite créature pour s'apercevoir que cet être doué de vie, n'est qu'un ensemble de chair et de vaisseaux sanguins. Parabole de la condition humaine, réduite à une construction matérielle dont le souffle animant la vie semble être exclu. Et renvoie alors l'homme à ses questionnements : comment passe-t-on de la vie à la mort ?
Tool a toujours confronté ses personnages à leur propre nature, que ce soit la poupée mécanique dans "Prison Sex" qui finissait par se suicider ou les créatures d'"Aenima" qui découvraient leur constitution avec effarement.
Et que penser de la conclusion ?
Cet homme qui finit par sortir de sa cage pour explorer la forêt qui l'entoure. Cet initiative trouvera sa conclusion dans la transformation du personnage en être luminescent. Ce passage est souligné par le changement d'intonation de la musique, plus martiale, plus énervée avant de s'achever dans une déferlante de guitares saturées, tout juste appuyée par quelques roulements de caisse. Plusieurs transitions se réalisent: tout d'abord le passage à la couleur, puis la métamorphose en être de lumière, totalement transparent. On passe à un être où tout est visible: les os, les muscles, les organes, les veines... Comme si la nature exacte apparaissait enfin à découvert. Une sorte de réponse, idée que semble indiquer ce troisième œil, symbole de la clairvoyance qui vient au final venir prendre sa place.
Une fois encore, on retrouve ici la philosophie à la base du concept de Tool. Avec, entres autres, cette idée que l'épanouissement de l'homme ne peut s'accomplir sans la compréhension de sa nature. L'homme est un être vivant dans un carcan (symbolisé par les boites et les univers carrés mais aussi par le monochromatisme des plans), imposé par lui-même comme par la société. Pour échapper à se confinement, il doit prendre conscience de sa nature. Seulement celle-ci ne peut s'accompagner sans une certaine désillusion: celle de la matérialité des choses.
Mais Tool ne livre pas toutes les clés. Au contraire, le groupe semble fournir plus de questions que de réponses. Il semble s'entourer de mystère. A l'image de sa musique, fascinante car compliquée, pleine de détournement, de ralentissement, de prise de risque, d'inventivité. Les constructions soniques et schizophrènes mettent en exergue un chaos que Tool veut racé, sombre et torturé, cérébral comme physique. A l'image aussi de ce clip qui finit en queue de poisson, sans qu'on ait bien compris grand-chose à toute l'histoire finalement. Ou bien encore à l'image du packaging et de l'habillage qui accompagne le DVD, volontairement séparé de Schism, habilement réalisés et remplis d'énigmes.
Tool prend un caractère mythique parce qu'il est insaisissable.
Tout d'abord, il s'agit du clip le plus long, puisqu'il résulte de la fusion de deux chansons: "Parabol" et "Parabola". Ensuite parce qu'il est le premier à avoir un semblant de linéarité. Pour une fois, il semblerait y avoir une histoire avec un début et une fin. Mais ce n'est qu'une apparence. Car le film d'animation (dans lequel joue Tricky) qui illustre le clip est en fait plein de faux-semblant.
Découpée en deux parties pour un total de dix minutes, l'une calme, l'autre plus agressive, le film présente les deux facettes d'une même chanson, puisque le même thème musical se retrouve dans les deux. D'une beauté esthétique à couper le souffle, aidé en cela par des moyens techniques à la pointe du numérique, il illustre parfaitement l'univers visuel qui accompagne Tool. Un monde très personnel, froid, étrange et légèrement angoissant, façonné par l'esprit dérangé d'Adam Jones, le guitariste, ancien créateur d'effets spéciaux. Un monde souvent situé à la frontière du fantastique, peuplé de personnages étranges et à la signification sibylline, qui ne fait que rajouter un caractère mythique à l'ensemble.
Tout d'abord Maynard James Keenan chante de manière doucereuse, fatiguée presque, une sorte de berceuse, dessinée par une guitare fragile, avec en arrière fond des croassements imperceptibles. La ritournelle est prenante, mais aussi légèrement angoissante. Elle accompagne l'apparition de personnages aux visages inaccoutumés (qui rappellent étrangement celui rencontré dans "Aenima") et presque sans forme, habillés en costard, qui se rassemblent autour d'une table. Etonnant comme quelques détails (pas de nez, des yeux de poissons, des plis proéminents) peuvent à ce point éloigner ces créatures de l'être humain. On est très vite mal à l'aise. On est à la limite entre l'appréhension inexpliquée et la peur. Voire de la fascination, comme lorsqu'ils se mettent à vomir une sorte de liquide informe et à tracer un pentacle sur la table. Cette hypnose est renforcée par le côté lancinant de la musique. La sobriété des décors, se limitant (comme toujours dans les clips de Tool) à une pièce sans fenêtre, amplifie cet étourdissement. Les gestes des personnages prennent une dimension fabuleuse, comme lorsqu'ils dissèquent un fruit, apparemment anodin, mais qui prend une signification hautement symbolique, lorsqu'on sait que la dissection est un thème récurent chez Tool.
Puis tout à coup, ça explose. Les guitares se font plus lourdes, plus énergiques, la batterie plus offensive, on assiste à une apothéose sur le même thème et le même refrain. Les musiciens se déchaînent comme des brutes mais avec une impeccable maîtrise, dessinant des arabesques et des dessins baroques. La structure se complexifie, on se perd devant ce déchaînement de violence.
La deuxième partie met en scène une petite créature, de quelques centimètres seulement, à la surface aussi molle qu'une limace, dont on découvre les membres progressivement par une succession de gros plans. Apparaît également un humanoïde (joué par Tricky) dont la seule différence avec un humain se situe au niveau de deux antennes à l'arrière de son crâne (mais qui suffisent pour que notre cortex rejette l'association avec notre espèce). Il n'y a plus aucun lien narratif avec la première partie et déjà on est perdu. Qui est cet homme ? Que fait-il ? Que signifie cette pierre qui tombe au sol et se fracasse ? Elle fait penser à la table des Dix Commandement ou au monolithe de 2001, l'Odyssée de l'Espace.
On retrouve ensuite des récurrences avec les clips précédents : un homme enfermé dans une pièce, l'observation minutieuse des objets qui l'entourent (Tricky semble regarder dans un microscope, un peu comme dans Aenima où on zoomait sur une plante), l'arborescence, la symétrie, les atomes.
Seule nouveauté : la présence d'une fenêtre que le personnage va longuement regarder.
Puis le ton soudain prend une pause. La voix de Maynard James Keenan se fait plus douce, le tempo ralentit mais prend plus d'insistance aussi. Le personnage principal est confronté à la mort. Tout d'abord il crie et se révolte. Puis cherche à comprendre : il va disséquer la petite créature pour s'apercevoir que cet être doué de vie, n'est qu'un ensemble de chair et de vaisseaux sanguins. Parabole de la condition humaine, réduite à une construction matérielle dont le souffle animant la vie semble être exclu. Et renvoie alors l'homme à ses questionnements : comment passe-t-on de la vie à la mort ?
Tool a toujours confronté ses personnages à leur propre nature, que ce soit la poupée mécanique dans "Prison Sex" qui finissait par se suicider ou les créatures d'"Aenima" qui découvraient leur constitution avec effarement.
Et que penser de la conclusion ?
Cet homme qui finit par sortir de sa cage pour explorer la forêt qui l'entoure. Cet initiative trouvera sa conclusion dans la transformation du personnage en être luminescent. Ce passage est souligné par le changement d'intonation de la musique, plus martiale, plus énervée avant de s'achever dans une déferlante de guitares saturées, tout juste appuyée par quelques roulements de caisse. Plusieurs transitions se réalisent: tout d'abord le passage à la couleur, puis la métamorphose en être de lumière, totalement transparent. On passe à un être où tout est visible: les os, les muscles, les organes, les veines... Comme si la nature exacte apparaissait enfin à découvert. Une sorte de réponse, idée que semble indiquer ce troisième œil, symbole de la clairvoyance qui vient au final venir prendre sa place.
Une fois encore, on retrouve ici la philosophie à la base du concept de Tool. Avec, entres autres, cette idée que l'épanouissement de l'homme ne peut s'accomplir sans la compréhension de sa nature. L'homme est un être vivant dans un carcan (symbolisé par les boites et les univers carrés mais aussi par le monochromatisme des plans), imposé par lui-même comme par la société. Pour échapper à se confinement, il doit prendre conscience de sa nature. Seulement celle-ci ne peut s'accompagner sans une certaine désillusion: celle de la matérialité des choses.
Mais Tool ne livre pas toutes les clés. Au contraire, le groupe semble fournir plus de questions que de réponses. Il semble s'entourer de mystère. A l'image de sa musique, fascinante car compliquée, pleine de détournement, de ralentissement, de prise de risque, d'inventivité. Les constructions soniques et schizophrènes mettent en exergue un chaos que Tool veut racé, sombre et torturé, cérébral comme physique. A l'image aussi de ce clip qui finit en queue de poisson, sans qu'on ait bien compris grand-chose à toute l'histoire finalement. Ou bien encore à l'image du packaging et de l'habillage qui accompagne le DVD, volontairement séparé de Schism, habilement réalisés et remplis d'énigmes.
Tool prend un caractère mythique parce qu'il est insaisissable.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Vic |
Posté le 13 mars 2006 à 11 h 46 |
Houla ! 20/20... Ça me parait largement sur-noté ! Pourquoi ? Même si je suis d'accord avec Vic pour dire que la musique de Tool est géniale, ce DVD n'apporte rien de nouveau.
En effet il s'agit juste d'un DVD comprenant un seul clip, le tout pour la modique somme de 12 euros... Evidement tout fan de Tool s'est empressé de télécharger ce clip sur internet donc l'intérêt est vraiment limité.
Deuxième souci Tool sort un deuxième DVD, Schism avec lui aussi un seul clip... C'est limite nous prendre pour des vaches a lait. Même un DVD de tous les clips de Tool à 12 euros ça me paraît léger alors avec un seul clip par DVD...
Troisième problème, c'est le clip en lui même. Certes c'est très beau, la musique excellente, etc... Cependant tous les clips de Tool se ressemblent et au bout d'un moment ça lasse. En fait je suis encore incapable de m'en rappeler tellement ils ont tous le même aspect.
La sale note que je lui met me semble amplement méritée... En attendant (enfin un vrai DVD de Tool...)
En effet il s'agit juste d'un DVD comprenant un seul clip, le tout pour la modique somme de 12 euros... Evidement tout fan de Tool s'est empressé de télécharger ce clip sur internet donc l'intérêt est vraiment limité.
Deuxième souci Tool sort un deuxième DVD, Schism avec lui aussi un seul clip... C'est limite nous prendre pour des vaches a lait. Même un DVD de tous les clips de Tool à 12 euros ça me paraît léger alors avec un seul clip par DVD...
Troisième problème, c'est le clip en lui même. Certes c'est très beau, la musique excellente, etc... Cependant tous les clips de Tool se ressemblent et au bout d'un moment ça lasse. En fait je suis encore incapable de m'en rappeler tellement ils ont tous le même aspect.
La sale note que je lui met me semble amplement méritée... En attendant (enfin un vrai DVD de Tool...)
Très mauvais 4/20
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