Tool
Undertow |
Label :
Zoo |
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Pénétrer dans l'univers de Tool c'est comme être aspiré dans un trou noir et aboutir dans une terra incognita aux repères disparus et aux lois physiques nouvelles: ça ne ressemble en rien à ce qu'on a déjà connu. La première fois qu'on écoute cette musique étrange et inquiétante, c'est un choc, on reste comme paralysé par tant de froideur, de mysticisme, de puissance sonore. On ne se souvient de rien, comme si les synapses neuronales s'étaient volontairement déconnectées afin d'éviter la surchage informationnelle qui nous aurait conduit à la schizophrénie.
De plus, le visuel associé, que ce soit par le packaging (pouvant heurter certaines sensibilités), les prestations scéniques ou les clips comme "Sober" ou "Prison sex" (véritables chef-d'oeuvres traumatisants), dégagent une ambiance ténébreuse, presque cosmique dont l'impact physique suffit à filer la chair de poule et à glacer les sangs.
Puis, à force de s'offrir des balises (qui tombent à chaque fois) on finit par découvrir mille merveilles, par se laisser fasciner devant ce monstre d'aggressivité contenue, cette épopée martiale, ce métal métaphysique.
Oeuvre quasi-originale, Undertow ne ressemble à rien et pourtant dégage une aura incroyable. Les opus suivant seront dans la même veine, mieux maîtrisés mais moins directs. Devant cet édifice grandiose, on ne peut que rester bouche bée. On y surprend de la violence, beaucoup de complexité et un tourbillon d'idées noires. Danny Carey (un des meilleurs batteurs de sa génération) assène des coups comme on enfonce des clous, la basse de Paul d'Amour est lourde, trainante, sinueuse et les riffs incisifs et implacables d'Adam Jones causent des courants d'adrénaline le long de la colonne. Une sensation enivrante d'abandon nous submerge lorsqu'on se perd dans ces structures labyrinthiques, longues et tortueuses. Les coupures de rythme sont incessantes, créant des pauses pour des passages planants, presque psyché, si bien qu'on ne sait jamais ce qui va suivre. L'écoute se transforme en rite satanique, une transe. Tool dénonce dans ses paroles des carcans (religion, drogue, manipulations etc...) qu'il va détruire et décomposer pour élaborer des règles nouvelles. Undertow atteint le comble du malsain lorsqu'on vacille devant cette remise en cause.
Et puis il y a cette voix, celle de Maynard, chaude, profonde, qui marque les esprits. Atteinte par mille troubles psychiques, cette âme torturée se laisse aller à l'expression de ces démons intérieurs, au service total de cette musique féroce et intelligente. Tour à tour mysterieuse ou énervée, on ne sait jamais l'identifier. Seul subsiste l'émotion qu'elle incite.
Undertow offre un visage trompeur, calme, subtil ou agressif, loin d'être accessible. En effet comment décrire ce qu'on ressent ? On peut l'écouter, le décomposer, le numériser, mais on ne peut la définir, mettre de concept dessus. C'est une oeuvre d'art à part entière.
Car en réalité le but de Tool n'est pas de livrer des clés mais de se contenter d'exposer les états d'âme de l'humanité dans sa plus crue expression. Cette musique adopte plutôt une attitude contemplative, un exposé d'émotions ; elle prend le temps de décrire un monde bien à elle.
Mais on se rend compte finalement que ce monde c'est le notre. Et qu'il s'agit de s'échapper des contraintes qu'on s'impose à nous même. Les sources d'endoctrinement ont pour objet de masquer la condition humaine, bien dérisoire devant l'assemblage mécanique de l'Univers. A l'image des clips géniaux et déroutants (court-métrages d'animations réalisés par Adam Jones lui-même qu'on dirait sortis d'un chauchemar de David Lynch), on apprend que devant la révélation de la cage dans laquelle nous sommes enfermés (par la société) on peut finir par la folie ou la drogue, seuls états où l'immatérialité peut s'exprimer encore. C'est tout le sujet d'Undertow, exposition magnifique et brutale de la psychose humaine. Seule la compréhension et l'acceptation de la douleur sartrienne née de notre condition de mortels permet la progression de l'être (Adam Jones était très influencé par "A Joyful Guide To Lachrynology" de R. Vincent et par Nieztche). L'univers de Tool est ainsi très riche et très profond.
Au final, comme les héros lovecraftiens devant Nyarlathotep, on sort de Tool marqué et profondément bouleversé. A jamais...
De plus, le visuel associé, que ce soit par le packaging (pouvant heurter certaines sensibilités), les prestations scéniques ou les clips comme "Sober" ou "Prison sex" (véritables chef-d'oeuvres traumatisants), dégagent une ambiance ténébreuse, presque cosmique dont l'impact physique suffit à filer la chair de poule et à glacer les sangs.
Puis, à force de s'offrir des balises (qui tombent à chaque fois) on finit par découvrir mille merveilles, par se laisser fasciner devant ce monstre d'aggressivité contenue, cette épopée martiale, ce métal métaphysique.
Oeuvre quasi-originale, Undertow ne ressemble à rien et pourtant dégage une aura incroyable. Les opus suivant seront dans la même veine, mieux maîtrisés mais moins directs. Devant cet édifice grandiose, on ne peut que rester bouche bée. On y surprend de la violence, beaucoup de complexité et un tourbillon d'idées noires. Danny Carey (un des meilleurs batteurs de sa génération) assène des coups comme on enfonce des clous, la basse de Paul d'Amour est lourde, trainante, sinueuse et les riffs incisifs et implacables d'Adam Jones causent des courants d'adrénaline le long de la colonne. Une sensation enivrante d'abandon nous submerge lorsqu'on se perd dans ces structures labyrinthiques, longues et tortueuses. Les coupures de rythme sont incessantes, créant des pauses pour des passages planants, presque psyché, si bien qu'on ne sait jamais ce qui va suivre. L'écoute se transforme en rite satanique, une transe. Tool dénonce dans ses paroles des carcans (religion, drogue, manipulations etc...) qu'il va détruire et décomposer pour élaborer des règles nouvelles. Undertow atteint le comble du malsain lorsqu'on vacille devant cette remise en cause.
Et puis il y a cette voix, celle de Maynard, chaude, profonde, qui marque les esprits. Atteinte par mille troubles psychiques, cette âme torturée se laisse aller à l'expression de ces démons intérieurs, au service total de cette musique féroce et intelligente. Tour à tour mysterieuse ou énervée, on ne sait jamais l'identifier. Seul subsiste l'émotion qu'elle incite.
Undertow offre un visage trompeur, calme, subtil ou agressif, loin d'être accessible. En effet comment décrire ce qu'on ressent ? On peut l'écouter, le décomposer, le numériser, mais on ne peut la définir, mettre de concept dessus. C'est une oeuvre d'art à part entière.
Car en réalité le but de Tool n'est pas de livrer des clés mais de se contenter d'exposer les états d'âme de l'humanité dans sa plus crue expression. Cette musique adopte plutôt une attitude contemplative, un exposé d'émotions ; elle prend le temps de décrire un monde bien à elle.
Mais on se rend compte finalement que ce monde c'est le notre. Et qu'il s'agit de s'échapper des contraintes qu'on s'impose à nous même. Les sources d'endoctrinement ont pour objet de masquer la condition humaine, bien dérisoire devant l'assemblage mécanique de l'Univers. A l'image des clips géniaux et déroutants (court-métrages d'animations réalisés par Adam Jones lui-même qu'on dirait sortis d'un chauchemar de David Lynch), on apprend que devant la révélation de la cage dans laquelle nous sommes enfermés (par la société) on peut finir par la folie ou la drogue, seuls états où l'immatérialité peut s'exprimer encore. C'est tout le sujet d'Undertow, exposition magnifique et brutale de la psychose humaine. Seule la compréhension et l'acceptation de la douleur sartrienne née de notre condition de mortels permet la progression de l'être (Adam Jones était très influencé par "A Joyful Guide To Lachrynology" de R. Vincent et par Nieztche). L'univers de Tool est ainsi très riche et très profond.
Au final, comme les héros lovecraftiens devant Nyarlathotep, on sort de Tool marqué et profondément bouleversé. A jamais...
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Vic |
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