Jay Reatard
Clermont-ferrand [Coopérative De Mai] - dimanche 08 novembre 2009 |
Par cette chronique j'aimerai témoigner mon admiration pour ce musicien si rare que j'ai eu la chance de découvrir sur scène un dimanche soir au cœur de l'Auvergne.
Après les péripéties de son début de tournée en Europe (il avait viré sa section rythmique du jour au lendemain et avait annulé un concert parisien parce qu'on ne l'autorisait pas à jouer à la puissance qu'il voulait) c'est sans grand espoir que j'attends le bonhomme. Pourtant il est bien là, à la bourre certes, mais bien là. Il installe son matos en tirant une gueule de quatre mètres, fait les balances à l'arrache et c'est parti !
D'abord visuellement le groupe dégage une grande puissance, notamment physiquement; les trois gaillards, devant bien taper autour d' 1,90 mètre n'ont pas de mal à remplir l'espace. Musicalement c'est la grand claque. Déjà jouissif sur disque, le punk de Jay Reatard devient carrément sulfureux, complètement électrique. Pas de pause entre les chansons, rien à calculer, rien à penser, de la sensation pure, du rock'n'roll à s'en agenouiller ! Les compos sont limpides, ce mec écrit comme il respire; du talent brut. On apercevra même pas son visage, masqué par sa chevelure d'où sort quelques postillons. Le rythme est infernal: "See/saw", "An Ugly Death", et beaucoup de morceaux du dernier album s'enchaînent dans la plus grande évidence. On jette parfois un coup d'œil rapide vers ses musiciens, et on se demande comment ils font pour suivre l'ami Jay. Ce dernier à l'air énervé, il pourrait se barrer à n'importe quel moment. L'ambiance est précaire, à chaque chanson je me dis que c'est peut-être la dernière, du coup je m'y lance entièrement, aiguisant mon attention et pariant que ce sera l'apothéose finale.
Il parle enfin, du moins baragouine un truc peu compréhensible. Il fait part de son amertume quant aux décibels : il aimerait jouer plus fort pour que ça soit plus rock'n'roll... on n'ose imaginer ce que ça pourrait donner ! Il sort alors sa guitare sèche, et là je me dis qu'il va se venger en nous pondant une fin de concert acoustique, juste pour faire chier. Loin de là ! Aucune différence d'avec sa Flying V si ce n'est que les chansons sont plus pop, mais toujours aussi bonnes ("I'm Watching You" est à tomber par terre). Pas de baisse de régime donc.
Le concert touche à sa fin, et quelle fin ! "Trapped Here" clôt le set avec brio. De la vitesse, des hurlements, des larsens. Je suis submergé par cette ultime déflagration sonique dont il a le secret. Et puis il se casse, ne revient pas. Le public erre hagard et savoure ce repos bien mérité. Sur le moment je ne calcule pas trop ce qui s'est passé, impossible c'était trop inhabituel, trop radical. L'apnée aura duré environ 45 minutes. Je ne sais pas si j'aurais pu tenir comme ça un quart d'heure de plus. Lui semblait pouvoir jouer ainsi pendant des heures, éternellement même.
Sans l'évènement tragique de sa mort, qui m'a bouleversé, j'aurais sans doute mis 18/20 à ce concert qui m'a complètement lessivé ; mais dorénavant ce show sera pour moi intemporel et ne cessera de me hanter. Ce soir là j'ai rencontré un musicien profondément habité par ce qu'il faisait, au talent insolent. Un petit génie du rock'n'roll aux chansons fougueuses et brûlantes. Mon hommage est bien modeste. Tu me manqueras Jay Reatard.
Après les péripéties de son début de tournée en Europe (il avait viré sa section rythmique du jour au lendemain et avait annulé un concert parisien parce qu'on ne l'autorisait pas à jouer à la puissance qu'il voulait) c'est sans grand espoir que j'attends le bonhomme. Pourtant il est bien là, à la bourre certes, mais bien là. Il installe son matos en tirant une gueule de quatre mètres, fait les balances à l'arrache et c'est parti !
D'abord visuellement le groupe dégage une grande puissance, notamment physiquement; les trois gaillards, devant bien taper autour d' 1,90 mètre n'ont pas de mal à remplir l'espace. Musicalement c'est la grand claque. Déjà jouissif sur disque, le punk de Jay Reatard devient carrément sulfureux, complètement électrique. Pas de pause entre les chansons, rien à calculer, rien à penser, de la sensation pure, du rock'n'roll à s'en agenouiller ! Les compos sont limpides, ce mec écrit comme il respire; du talent brut. On apercevra même pas son visage, masqué par sa chevelure d'où sort quelques postillons. Le rythme est infernal: "See/saw", "An Ugly Death", et beaucoup de morceaux du dernier album s'enchaînent dans la plus grande évidence. On jette parfois un coup d'œil rapide vers ses musiciens, et on se demande comment ils font pour suivre l'ami Jay. Ce dernier à l'air énervé, il pourrait se barrer à n'importe quel moment. L'ambiance est précaire, à chaque chanson je me dis que c'est peut-être la dernière, du coup je m'y lance entièrement, aiguisant mon attention et pariant que ce sera l'apothéose finale.
Il parle enfin, du moins baragouine un truc peu compréhensible. Il fait part de son amertume quant aux décibels : il aimerait jouer plus fort pour que ça soit plus rock'n'roll... on n'ose imaginer ce que ça pourrait donner ! Il sort alors sa guitare sèche, et là je me dis qu'il va se venger en nous pondant une fin de concert acoustique, juste pour faire chier. Loin de là ! Aucune différence d'avec sa Flying V si ce n'est que les chansons sont plus pop, mais toujours aussi bonnes ("I'm Watching You" est à tomber par terre). Pas de baisse de régime donc.
Le concert touche à sa fin, et quelle fin ! "Trapped Here" clôt le set avec brio. De la vitesse, des hurlements, des larsens. Je suis submergé par cette ultime déflagration sonique dont il a le secret. Et puis il se casse, ne revient pas. Le public erre hagard et savoure ce repos bien mérité. Sur le moment je ne calcule pas trop ce qui s'est passé, impossible c'était trop inhabituel, trop radical. L'apnée aura duré environ 45 minutes. Je ne sais pas si j'aurais pu tenir comme ça un quart d'heure de plus. Lui semblait pouvoir jouer ainsi pendant des heures, éternellement même.
Sans l'évènement tragique de sa mort, qui m'a bouleversé, j'aurais sans doute mis 18/20 à ce concert qui m'a complètement lessivé ; mais dorénavant ce show sera pour moi intemporel et ne cessera de me hanter. Ce soir là j'ai rencontré un musicien profondément habité par ce qu'il faisait, au talent insolent. Un petit génie du rock'n'roll aux chansons fougueuses et brûlantes. Mon hommage est bien modeste. Tu me manqueras Jay Reatard.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par M_le_maudit |
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